C'était soudain, oui. Enfin c'était une idée qu'elle mûrissait depuis un certain temps, mais sa décision n'avait été prise que le matin même. Elle avait écrit à Charlotte qu'elle venait. Le temps de mettre ses affaires en ordre, de s'organiser, de préparer ses malles...
Elle laissa Dominique apprivoiser l'idée, souriant tandis qu'il pensait à voix haute, lui prodiguait ses conseils de vieil ami. Soudain, elle éclata de rire :
« Un fanfaron d'Américain... ! Mon Dieu, qu'allez-vous chercher ? »
Les mains dans les siennes, elle se leva et retrouva un semblant de sérieux (mais ses yeux ne souriaient-ils pas encore ?) :
« Je n'ai que faire d'un fanfaron. Croyez-moi, je préfère l'austérité française. » Elle avait appuyé sur le mot "austérité" avec un frémissement de sourire. « Un peu désuète, parfois, mais quel charme... ! »
Soudainement, spontanément, elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur la joue de Dominique. Oh, léger, à peine un effleurement des lèvres. Puis, vivement, elle dégagea ses mains, s'éloigna de quelques pas en reprenant son babil.
« Je pars... dans une poignée de jours, deux semaines, peut-être. Nous nous reverrons avant, bien entendu. »
Elle se tourna de nouveau vers lui. Calmement.
« C'est moi qui pars, cette fois. »
C'était une constatation.
Leurs regards se croisèrent. Elle songea à leur amitié. La scène avec Pauline Mapelaut lui parut soudain ridicule, sans aucune importance. Même Edmond semblait si loin...
La tempête était bel et bien passée. Lise était résolument tournée vers l'avenir.