Il était un peu fort, ce capitaine. « … un plaisir de répondre par l'affirmative à votre invitation ». Haha. Quelle invitation, au juste ? Lise se souvenait très bien lui avoir proposé de venir le visiter chez lui, et non le contraire. Mais sans doute le capitaine Dumont avait-il lu un peu trop vite. En recevant la réponse, Lise avait d’abord tiqué, puis franchement ri. Ces scientifiques, vraiment ! Enfin, elle allait le rencontrer, et c’était le principal.
Lise réajusta sa robe devant le miroir de sa chambre – elle avait choisi une robe légère et sobre d’un bleu pâle proche de celui de son papier à lettres (le capitaine ne serait pas trop dépaysé, ainsi) –, déposa deux gouttes de parfum à la naissance de son cou et passa au salon. Elle avait répondu au capitaine, évidemment, et l’avait finalement invité pour le thé (pour le cognac, plus vraisemblablement), ce samedi après-midi.
Elle n’était pas nerveuse, non, pas vraiment. Pourtant, recevoir le capitaine Dumont… Oh, elle ne se faisait pas trop de souci quant à ce dont elle pourrait l’entretenir : pour la conversation, elle avait de la ressource. C’était plutôt tout ce qu’on entendait sur le personnage. Les rumeurs pouvaient laisser croire que le capitaine était un peu… eh bien, dérangé. Voire dérangeant. Toutes ces histoires de spiritisme… Oh, c’était tout de même bien excitant de rencontrer ce capitaine, il fallait l’avouer ! Si seulement elle avait pu retrouver le livre dont elle s’était promis de faire l’éloge ! Mais impossible de mettre la main dessus – et pourtant, Lise avait quasiment retourné la bibliothèque. Non, rien à faire, elle ne se souvenait même plus du titre. Cap sur le Grand Nord ? Récit de mon voyage aux pôles ? Ô ciel, la sonnette ! Et ce titre qui ne revenait pas !
« Capitaine Dumont, cher Capitaine ! Je suis si heureuse de vous recevoir ! »
Et elle accueillit le nouvel arrivant avec un grand sourire et une main tendue, élégante.