C'est la vaste et belle scène de la haute vie mondaine. Bouleversé un temps, le ballet des dames et des messieurs a repris, bien vite, bien trop vite, entre les draperies dispendieuses d'un palais Garnier comme neuf ... Le souvenir y a sa place, et c'est presque un deuil comme un autre.

Bastion du symbolisme, et des jeunes écoles littéraires - un jour nouvelles, toujours dépassées ! - le Théâtre d'Art est le Théâtre des étudiants, des esthètes, des soucieux d'autre-chose ... Le public y est mêlé mais toujours avide d'Art, et les rues alentours respirent ce même parfum d'éclectisme ... exigeant.

Le Théâtre des Funambules, perché sur la Butte, accueille les diseuses, les divettes et les hirsutes. Ouvrant ses portes à un public mêlé et rieur, il dit avec naïveté, montre sans esprit. Et après le chahut ou la pantomime, les hommes et les femmes s’écoulent dans les rues grisâtres où la lumière manque, souvent, et où les artistes tutoient la misère.

Fantasmés par les dames dans leurs boudoirs, redoutés des hommes sensés, ce sont tous ces petits quartiers, ces arrières-cours trop vastes, ces usines puantes, ces ruelles plus étroites et plus noires que celles près de chez vous. On y trouve un peuple grouillant, moins bien intentionné qu'ailleurs, et une perdition certaine pour tout porte-monnaie ou gorge égarés. Enfin, il parait que l'on peut s'y faire une place, si d'aventure notre âme est plus noire que l'âtre réchauffant les cœurs froids alentours.