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 [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...

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Thalie
Mademoiselle Clairon
Thalie

Messages : 542

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyDim 12 Mai - 5:52


    — Pour sûr qu'il doit être fatigué, il s'est à peine remis de son voyage... (La jeune mère ajouta plus bas, ne voulant pas paraitre présomptueuse) Je ne remets pas en doute les choix de Mère, mais une réception si peu de temps après son retour... Pensez, c'est la première fois que je le revois !

    Enfin, ce qui était fait est fait. Nul besoin de se lamenter. Il y avait plus urgent, et Mme de Fréneuse le lui rappelait. Ah cet enfant ! Il n'était pas encore né que déjà il rendait la vie folle à sa mère.

    — Il bouge beaucoup, c'est même parfois dur de se reposer. Mais pour manger... Ce qu'il est difficile. Parfois je ne peux rien avaler, et d'autres moments je prendrais de tout...



Le départ de ces messieurs et ses confidences à Mme de Fréneuse semblaient redonner des couleurs à Marie-Madeleine. On ne peut mieux se sentir qu'entourée de ses semblables, après tout. Observant l'agitation typiquement féminine qui embrasait les lieux, la jeune mère ne put s'empêcher de se lancer dans les commérages.

— Voyez-vous Mme Forestier, elle se prend pour une reine même chez les autres. Enfin elle le peut, elle en l'allure quoique légèrement passée de mode...

Ils sont ainsi les jeunes gens, toujours à mépriser les anciennes générations.
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Adélaïde d'Elmées
Lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays.
Adélaïde d'Elmées

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyDim 12 Mai - 6:50

Ma conversation avec Madame de Carmoran se poursuivit, et elle évoqua bientôt la situation actuelle de notre ville, l'opposant à la situation passée. J'avais vécu dans cette ville recréée par Haussmann peu avant ma naissance. Je n'avais donc jamais connu l'ancien Paris. Mais effectivement, cette tour Eiffel était nouvelle dans ce paysage, et ayant été absente pendant plusieurs années elle ne m'était pas familière.

- Vous avez tout à fait raison, cette tour n'est pas à sa place ici. Mais savez-vous que l'on en parle dans tous les pays ? Certains disent que c'est le symbole de notre belle ville, je peux vous l'assurer ! Quel ennui pour nous...

Elle parla ensuite du morceau que l'on jouait. Je hochai la tête d'un air entendu : oui, ce morceau était charmant.

Monsieur Hasard m'assura que l'incident était passé et que nous pouvions à présent pleinement profiter de la soirée. Il me conduisit bientôt jusqu'au salon et nous nous approchâmes de Madame Pentois et du groupe formé autour d'elle. Madame Forestier eut une remarque acerbe envers elle, femme de toutes les convenances. Madame Pentois préféra l'ignorer et me répondre en m'expliquant que la surprise serait musicale : la jeune fille silencieuse présente à la table allait nous chanter quelques morceaux, accompagnée du pianiste.

- Du conservatoire de Paris ? Eh bien je peux vous dire que cela s'entend. Les musiciens des rues ont bien moins de doigté, alors que Monsieur Morel ne fait aucune fausse note. Je vous félicite pour votre choix, chère Marie-Gilbert.

Bientôt, ce fut l'heure pour les hommes d'aller fumer le cigare à l'écart des dames. Monsieur Hasard me quitta, Charles-Armand suivit le groupe. Nous restâmes entre femmes, dégustant le thé et les petits fours qui nous étaient servis. Nous parlions de la mode et d'autres choses, lorsque Lise Champmézières s'adressa à moi, assez timidement me sembla-t-il. En effet, nous n'avions pas eu l'occasion de beaucoup discuter, et je ne l'avais sans doute jamais rencontrée auparavant. Elle m'apprit connaître Charles-Armand, et elle ajouta que c'était dommage de ne pas avoir fait plus ample connaissance avec moi.

- En effet, j'ai beaucoup voyagé en suivant mon mari. confirmai-je en me tournant vers elle. - Vous savez ce que c'est ! Lorsque les hommes ont une idée en tête, leur épouse ne peut rien y faire.

Je lui souris, espérant l'avoir mise un peu plus à l'aise – je l'avais vue rougir après avoir entamé la conversation. Certes, ce n'était pas tout à fait convenable qu'elle l'ait fait, car son rang était bien inférieur au mien, mais le fait qu'elle connaisse mon frère m'intriguait. De plus, je me devais de faire honneur aux invités de Madame Pentois : si elle était ici, c'est qu'elle y avait sa place. N'est-ce pas ?

- Vous connaissez donc Charles-Armand ? Il ne m'a jamais parlé de vous. Comment vous êtes-vous rencontrés ? lui demandai-je pour en apprendre plus sur elle. Il était rare que mon frère fréquente le monde, et encore moins les dames, quel que soit leur rang.
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Charles-Armand de Lonsay
Dandynosaure
Charles-Armand de Lonsay

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyDim 12 Mai - 15:28

Et toute une partie de cette soirée s'effaça, sans aucun intérêt pour quiconque - et surtout pas pour le narrateur.

Ce n'était pas que les conversations sur les fleurs exotiques plaisaient particulièrement au vicomte, pas plus que les règlements de compte dans un coin de la table. De plus, son devoir d'hôte le plus titré de la maisonnée l'obligeait à faire la conversation à madame Pentois, ce qui ne lui plaisait pas au plus haut point... Heureusement que ces dames étaient là ! Bref, pendant la plus grande partie du repas, Charles-Armand de Lonsay s'en tint à des phrases de pure courtoisie, quelques mots lâchés çà et là, faisant tout à fait honneur à sa réputation de personne laconique... bien que l'absence soudaine de M. Pentois ne lui échappât pas. Mais la curiosité et lui, lorsqu'elle n'était pas intellectuelle... Quoi qu'il en soit, M. Pentois revint et l'on finit le repas plus tristement qu'il avait commencé. Une raison supplémentaire de se taire.

On quitta la table, on rejoignit le salon, et l'on écouta mademoiselle Saintoin chanter. Un observateur avisé aurait pu voir le visage du vicomte s'éclairer légèrement au son de la voix de la jeune fille, qui se sortit tout à fait honorablement de l'épreuve. Sans trop se départir de sa réserve ordinaire, il lui adressa un léger compliment - après tout, n'était-il pas son mécène ? Et l'on retomba dans les conversations ordinaires, avant que ces messieurs ne quitassent la pièce. Le vicomte était du nombre, quoique légèrement soucieux : lui et la fumée ne faisaient pas bon ménage, mais il fallait bien se plier aux conventions sociales, n'est-ce pas ? Il ferait donc un effort. Et puis, l'absence de ces dames - et surtout celle de madame Pentois, il se l'admettait tout de même - le mettrait quelque peu plus à l'aise, d'autant plus qu'il connaissait bien la plupart de ces messieurs.

L'hôte offrit des cigares et de l'alcool. Notre vicomte, poussé bien plus par l'instinct d'imitation que par un quelconque désir, accepta une fine cigarette - sous le regard lourd de menaces du docteur Leduc, d'ailleurs, qui pressentait déjà la crise d'étouffement... Bah ! on s'y ferait. Un peu impressionné quand même, le vicomte n'alluma pas tout de suite sa cigarette, préférant la tenir du bout des doigts alors qu'il amorçait une aimable conversation avec ce très distingué M. Hasard et, par voie de conséquence, avec son protégé, le jeune M. von... euh... Ertsfegner ? Quelque chose comme cela ? Si le jeune homme semblait encore mal dégrossi, s'il avait été tout à l'heure désagréable à l'égard de sa protégée, il paraissait avoir du goût et de la repartie, ce qui n'était pas pour déplaire au vicomte et à son esprit un peu hors du temps. L'opinion qu'il s'en faisait était donc tout en contraste. Au fur et à mesure de l'échange, l'on en vint à parler musique.

« Mais vous-même, Monsieur, fit-il alors en s'adressant directement à l'Allemand, que pensez-vous du choix de Louise Grandjean dans le rôle de Maddaleine* ? Je crains que le rôle soit difficile pour une si jeune femme... La musique de votre compositeur national est si puissante !» C'est vrai qu'à bien y songer, Wagner ne faisait pas vraiment dans la dentelle...


*Magdalena... Mais Charles-Armand a l'habitude - encore fréquente à l'époque - de franciser les noms, en plus d'avoir un certain accent parisien. ^^
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Octave Canard-Mauperché
Encore une victoire de canard !
Octave Canard-Mauperché

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyLun 13 Mai - 4:48

L'on passa à la meilleure partie de la soirée, pour sûr ! M. Mauperché prit soin, cependant, de glisser quelques mots rassurants à Raymonde avant de s'éclipser, et de jeter un regard à Lise, l'air de dire "Je vous la confie !" Il suivit ensuite la marche, de son pas nonchalant... Précisons même qu'il finit la montée du grand escalier les joues passablement rouges et le souffle court... Il se reprit cependant bien vite, et se servit joyeusement (liqueur et cognac) avant de retrouver son vieil ami Spéret, avec lequel il n'avait pas encore eu l'occasion de s'entretenir. C'est donc avec joie qu'il lui répondit, reprenant soudain toute son aisance et toute sa familiarité :

- Vous parlez des cigares ou de la soirée, mon ami ?

Il lui adressa un sourire.

- Tout de même, pourquoi diable sommes-nous montés dans cette galère... Que ne ferait-on pas pour sa douce épouse, n'est-ce pas ?

Il exprimait ainsi, certes de manière bien indirecte, son étonnement de croiser Jules au bras de sa femme dans une soirée de ce genre ... et de se retrouver lui-même dans une situation similaire, par la même occasion... !

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Elke von Herzfänger
Un jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Elke von Herzfänger

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyLun 13 Mai - 12:31

Elke regarda La Forestière s’imposer, éprouvant à l’égard de la salonnière une vive fascination : c’est qu’il y avait un raffinement tout artistique à être ainsi garce, assurément ! Et alors même qu’il était à peine admis chez une bourgeoise, il se prenait d’une folle envie d’aller plus haut encore, plus fort, et plus vite. Mais hélas, il ne put échanger avec Madame Forestier. Il se jura de trouver l’occasion de se faire remarquer – mais cette fois-ci, de le faire correctement.

D’ailleurs, l’audace ne lui avait-elle pas sourit ? Monsieur Pentois l’enjoignait déjà à goûter les liqueurs que l’on distribuait là. Le jeune homme essuya un sourire de circonstance et pris un verre à la volée. Cela pourrait toujours lui donner contenance, après tout... Puis cela lui flanquerait un peu de baume au cœur avant de se jeter dans la fausse aux lions !

Rejoint par Désiré, dont le silence était plus douloureux que le couperet de ses iris, Elke préféra se ranger du côté du Vicomte, et délaisser les cigares – d’une esthétique si disgracieuse ! – pour une fine cigarette qu’il alluma sans attendre. Lequel comte - et non pas le cigare - entama d’ailleurs la discussion :

« Mais vous-même, Monsieur, que pensez-vous du choix de Louise Grandjean dans le rôle de Maddaleine ? Je crains que le rôle soit difficile pour une si jeune femme... La musique de votre compositeur national est si puissante !»

Maddaleine…? Elke lança un coup d’œil très bref vers Désiré. Sans appel. Or très vite, un enchaînement d’idées lui vint et il reprit un équilibre satisfaisant. Wagner, Grandjean… Il eut une folle envie de soupirer. Dieu merci, il ne s’agissait pas ici de parler franchement ; mais le garçon, qui trouvait Wagner aussi digeste qu’une weißwürste*, dû néanmoins reconnaître l’effort que le Vicomte faisait, lorsqu’il émit une opinion favorable vis-à-vis de l’Allemagne.

« Je vous remercie, Monsieur, » Répondit-il, assez satisfait de pouvoir s’adresser à l’invité de marque. Au fond de son crâne, une envie de dire que la musique de Wagner était à la naturelle hauteur du pays. Mais il se contenta de le penser, avec amusement, et parce qu’il aurait d’abord fallut qu’il fût d’accord avec cette idée. Aussi reprit-il, mondainement chaleureux :

« Mais il n’y a pas d’intérêt à s’inquiéter : Paris étincelle des véritables bijoux… qui sont parfois mis au grand jour dans des circonstances semblables. Mais pour Madame Grandjean, elle donnait déjà un très bel interprétation de l’œuvre Wagnerienne cette année dernière, si vous avez vu Lohengrin ? »
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Pierrot Lunaire
La bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Pierrot Lunaire

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyDim 19 Mai - 12:09

~ Entre fumerolles et alcool, du côté des messieurs ~

Désiré Hasard avait à coeur sa réputation, et il se trouvait que cette réputation passât par celle de M. von Herzfänger, le jeune Teuton qu'il avait pris sous son aile. Et parce que le regard courroucé qu'il avait lancé audit Allemand n'avait peut-être pas suffi, ou du moins méritait sans doute une petite explication - on est tuteur ou on ne l'est pas ! -, il avait résolu de lui en toucher un petit mot, à voix basse, pendant qu'on ne faisait pas trop attention à eux. Cela dit, entre la théorie et la pratique, il y avait un monde, celui des mondanités, et ce monde-là... n'était pas vraiment au sommet lorsqu'il était question de rester discret !

Fort heureusement, Désiré Hasard avait réussi à placer quelques mots à son protégé entre la prise des cigares, celle de l'alcool et l'arrivée de M. de Lonsay. L'explication avait été rapide, mais efficace... ou du moins, il l'espérait. « Mon cher ami, lui dit-il, il n'est guère séant de faire de l'esprit sans connaître la maisonnée. Aussi fin fût-il, votre sarcasme ne pouvait qu'entraîner la désapprobation. » Un temps, histoire de laisser passer la nouvelle. Le regard du dandy s'adoucit notablement. « Du moins vous êtes-vous honorablement tiré de ce mauvais pas. Qu'il vous serve de leçon, et n'en parlons plus. »
Arriva alors M. de Lonsay, et l'on parla de théâtre. Si M. Hasard prisait tant le théâtre, c'était moins pour y voir que pour y être vu, en dépit de ses grandes prétentions artistiques, et il se fit muet comme carpe durant le brin de conversation sur la Grandjean et son rôle de Madeleine. Les rejoignit alors M. Pentois...

~*~


Après avoir, comme il se devait, présenté des cigares à tout le monde et proposé des liqueurs, M. Pentois rejoignit l'un des deux groupes qui se formaient dans le fumoir. Heureux d'échapper à la compagnie des dames pour se retrouver en plus petit comité, ou simplement soulagé de ne plus avoir à troubler sa femme par l'urgence de ses affaires, il alluma son cigare et échangea quelques mots avec Désiré Hasard. Puis, se tournant vers l'entièreté du petit groupe, auquel se joignit en outre MM. Forestier, Leduc et Gervais : « Ah ! soupira Boniface Pentois, si seulement tout pouvait être aussi simple qu'à l'Opéra... »

Une intervention qui dut surprendre nos deux mélomanes, MM. de Lonsay et von Herzfänger, mais qui ne sembla pas faire plus d'effet que ça à M. Hasard. Sans doute celui-ci vouait-il à la politique (et à son ami) un intérêt plus grand que la plupart des assistants. Aussi l'incita-t-il à poursuivre. « Cette affaire est épuisante !... » Un temps, encore. « Vous n'êtes pas sans savoir les tristes événements qui secouent Madagascar... Ah ! heureusement, la fin de mon travail est imminente. Sans cela... »

Un peu nerveusement, il tira deux bouffées de cigare et but une lampée d'alcool.

~*~


Quant à M. Bonjour, il n'eut pas tout de suite à coeur de se joindre au groupe majoritaire : c'est que le second groupe, celui des éditeurs, outre d'être un peu moins huppé que celui du reste des mondains, était aussi plus sympathique... et plus près de la cave à liqueurs. Ce qui constituait un argument de choix. Lorsqu'il entendit parler de femmes, il eut un petit sourire en coin, l'air de dire "Au moins, vous, vous n'avez pas été snobé de haut en bas par une petite bégueule de marquise dont on vous avait pourtant dit le plus grand bien... et les tendres inclinations !" Fort heureusement pour lui (car au fond, c'était lui, la dupe), il n'en dit rien. « Tout de même, Messieurs, se rendre à une réception mondaine n'est pas le plus haut sacrifice qui soit ! » dit-il plutôt, avec un sourire amusé. « Écoutez-les parler politique... Comme si nous n'avions pas déjà eu suffisamment l'expérience du pire... » Le sujet ne semblait pas passionner outre mesure M. Bonjour.

~ Dans un océan de douceurs, du côté des dames ~

Coincé. Et repéré. Lui qui aurait bien voulu se fondre dans le décor, comme un quelconque bibelot d'inanité sonore après la musique ! Ou une plante verte, ou quelque chose y ressemblant ! Louis Morel n'eut pourtant d'autre choix que de répondre à la question posée par la dame qui lui avait souri si gentiment et dont il ignorait le nom. « Oh, non, Madame... C'est un plaisir que d'être ici... » dit-il, mal à l'aise et un peu rosissant - une araignée en noir qui rougit, ça devait faire un sacré spectacle, d'autant plus qu'il avait à peine osé poser le bout d'une fesse sur un sofa. Déjà qu'il n'avait pas eu la trempe de suivre ces messieurs ! Qu'allait-il faire, maintenant ?... Se taire, sans doute, c'était le meilleur moyen de garder sauve sa fierté. Ah ! si seulement il avait pu retourner au piano !
~*~


Quelle soirée ! Madame Pentois accueillit presque avec soulagement le départ des hommes vers le fumoir. Au moins ces dames ne partiraient-elles point dans de gênantes digressions... ! Elle remercia chaleureusement Madame d'Elmées qui semblait fort apprécier la soirée : les paroles de cette charmante femme mettaient Marie-Gilbert plus à l'aise. Elle eut un léger doute, cependant, quand Adélaïde parla de musiciens des rues. Était-ce naïveté ? Madame d'Elmées semblait être assez au courant des façons du monde et des réalités de la vie, alors c'était peu probable... Ironie ? Elle n'avait point l'air de chercher l'affrontement ou le rapport de force, pourtant... Maladresse ? Cela ne semblait pas son genre non plus. Mystère... Madame Pentois ponctua cela d'un sourire doux, qui pouvait tout dire... et ajouta, avisant du coin de l’œil Louis Morel :

- D'ailleurs M. Morel a étrangement choisi de rester avec nous, vous pourrez lui exprimer vous-même votre goût pour son interprétation.
Et elle laissa la comtesse aux doux soins de Madame Champmézières, en profitant pour s'approcher de Catharina et de sa chère fille. Elle eut le temps, pendant ce moment d'accalmie, de demander à la jolie Marie-Madeleine :

- Vous avez l'air épuisé, mon enfant. Si vous souhaitez rester ici ce soir, dans le cas où le retour à la maison vous semblerait trop éprouvant, votre chambre est toujours prête... Si votre époux est d'accord, bien évidemment.

Mais hélas, il suffisait de laisser un court instant ses invités... et il digressaient dramatiquement. Voyez plutôt...

~*~


Allongée plus qu'assise dans un sofa, ayant répandu ses jupes autour d'elle avec la prolixité d'une déesse du printemps, l'harmonie d'un Boldini et le drapé d'un Fragonard, manipulant l'éventail avec désinvolture, la Forestière semblait régner sur le salon, tout à la différence de la véritable hôtesse. À croire qu'elle savait mieux recevoir qu'être reçue ! Reposant finalement son éventail - c'est que la musique donne tant d'émotions ! surtout quand on veut faire semblant de s'y intéresser au dernier point, étant donné que ces pièces étaient... tristement communes, dirait-elle - pour prendre un petit gâteau du bout des doigts, avec raffinement, et en porter un morceau à ses lèvres. Eh ! elle n'allait pas se priver, quand même ! Et puis, manger était sans doute l'une des rares compensations à l'ennui que lui causait cette réception... sans parler des conversations entre les dames, qui manquaient tout à fait de sel ! Tiens, et si elle en rajoutait un peu, sur tout ce sucre ? « Au fait, l'avez-vous appris ? Une autre jeune femme a disparu, une de plus... N'est-ce pas inquiétant, toutes ces volatilisations ? » En tout cas, sa mine légèrement affectée et son attitude générale laissaient bien voir qu'elle ne se sentait pas concernée le moins du monde par cette affaire... Fichtre, elle avait passé l'âge !

~*~


Le départ des messieurs avait sonné le glas de la gêne d'Angélique, qui sembla subitement bien plus à l'aise débarrassée de son monsieur Bonjour. Il était heureux qu'il n'ait pas insisté, en tout cas ! Comment aurait-elle réagi, si tout Paris avait su qu'elle avait été importunée par ce monsieur... donc, qu'on aurait eu de quoi la considérer comme galante ? Bref, l'affaire était close. Elle se promit de faire un peu moins la tête à son offenseur à la fin de la soirée... et se mêla, sans plus tergiverser, aux conversations. Mais la phrase de la Forestière la fit sursauter : évidemment, pour une femme qui n'avait que des fils, elle n'avait guère de tracas à se faire, celle-là ! « Oh, Madame, répondit-elle doucement, il n'y a rien de léger là-dedans... Les pauvres enfants ! »
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Séraphine Spéret
C'est à coups de mépris public qu'un mari tue sa femme ; c'est en lui fermant tous les salons.
Séraphine Spéret

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyJeu 23 Mai - 0:49

Madame Spéret avait passé une soirée tout à fait agréable, même si elle n’avait guère pu échapper au cercle restreint de conversations qui s’était tenu autour d’elle et dont la composante essentielle semblait avoir été une agressivité latente consciencieusement alimentée par Elke von Herzfänger. Quel ennui ! Le moment avait tout de même été embelli par les efforts manifestes effectués par Jules pour se conduire correctement en société. Séraphine lui en savait infiniment gré.

Et puis hommes et les femmes se séparèrent. Mme Spéret devait avouer qu’elle était soulagée d’échapper aux provocations constantes de Mr de Herzfänger. Elle s’assit non loin de Mme de Champmézières, sursautant légèrement lorsque le pianiste émergea de derrière une plante verte. Eh bien ! Voilà qui était inhabituel ! Le pauvre diable ne devait guère goûter les conversations d’hommes, mais il ne semblait guère plus rassuré de se trouver entouré de femmes.. Armée de sa décontraction habituelle, Mme de Champmézières l’invita à les rejoindre.

La conversation roulait cependant sur des sujets dangereux. Mme Spéret ne put s’empêcher d’être un peu affolée, quoique prodigieusement intéressée, lorsqu’une Mme de la Forestière effondrée théâtralement dans un sofa évoqua les disparitions de jeunes filles. Elle se redressa légèrement, affectant un raidissement qui pouvait être interprété comme de l’inquiétude ou de la désapprobation.

« Quelle affreuse affaire ! On pourrait se demander combien de jeunes femmes devront disparaître avant que le coupable ne soit trouvé... » s’interrogea-t-elle à voix haute.

Il ne s’agissait pas, cette fois, de s’exclure du cercle des conversations.
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Thalie
Mademoiselle Clairon
Thalie

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptySam 25 Mai - 10:36


    La proposition de Mme Pentois fut favorablement accueillie par sa fille.

    — Dès que mon époux sera libre, je lui en toucherais deux mots. J'avoue que me reposer dans le foyer familial me ferait du bien...

    Et alors que son coeur s'apaisait à l'idée de retrouver la douceur de la famille, les femmes troquaient les conversations futiles mais douces, à celles des faits-divers. On aurait cru entendre des conversations d'homme, parlant politique et économie. Mais l'ennui était ici remplacé par la peur, et le goût du scandale. Marie-Madeleine ne put s'empêcher de s'exprimer un peu fort pour se faire entendre :

    — Mesdames, je comprends que l'affaire vous bouleverse, je le suis de même mais... Ne pourrions-nous pas changer de sujet ? Tout ceci me donne des chaleurs...


Le coeur de Marie-Madeleine palpitait; ces enlèvements lui faisaient craindre d'en connaitre un. En tant que femme enceinte, elle était une proie facile, son père était connu... Que d'arguments pour s'attaquer à elle ! La jeune femme serra la main de Catharina de Fréneuse dans la sienne.

— Mon amie, pourriez-vous aller me quérir une boisson fraiche ? Ces histoires me bouleversent...

On n'a donc aucune pitié pour les futures mères !
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Catharina de Fréneuse
L'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
Catharina de Fréneuse

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyDim 26 Mai - 11:24

Catharina, toujours en gardant la petite et frêle main de Marie-Madeleine entre les siennes, se contenta d’hausse les épaules. Marie-Gilbert était une bourgeoise modèle, on ne pouvait lui en vouloir de faire une réception pour célébrer le retour de son mari. Il aurait été inutile d’en faire une plus tard, puisque la nouvelle ne serait plus à jour et passée. La mère se pencha sur la jeune femme et, presqu’amusée par les caprices d’un bébé qui n’était pas encore né, murmura :

« C’est la maternité qui vous dépossède. Vous devrez subir les gouts exigeant de votre enfant pendant encore un temps. »

Épaule contre épaule, Catharina n’accordait que très peu d’importance aux conversations et agitations de la soirée. Son attention allait aux petits doigts de Marie-Madeleine, qu’elle pliait et dépliait avec une précieuse concentration. La princesse ne fut pas choquée par les propos tenus par sa petite protégée. La jeune Pentois –Gervais- émit son commentaire sur l’attitude d’Anne-Marie Forestier et cela arracha un sourire à Catharina. La norvégienne jeta un regard amusé à Marie-Madeleine et lui répondit, enjouée :

« Si j’aurais la beauté et la prestance de cette femme, moi aussi je me comporterais comme une reine. »

Elle n’interrompit pas l’échange entre la mère et sa fille, ayant autre chose pour s’occuper sans avoir à s’interposer sur une question qui ne la regardait pas. Une nuit chez ses parents ne feraient que du bien à la future mère et celle-ci pourrait passer un peu de temps avec son bien-aimé père. Puis, elle fronça les sourcils. Une jeune fille encore enlevée ? Affreuse affaire ? Catharina leva le nez vers celles qui avaient prononcées ces horribles nouvelles mais abandonna bien vite, elles étaient trop loin pour être vues. La princesse de Fréneuse n’était pas au courant des évènements qui se produisaient dans tout Paris. Ça ne l’intéressait pas et ses enfants –ainsi que son mari, soyons francs- l’inquiétaient suffisamment, fallait-il rajouter des enlèvements de jeunes filles en plus ?

« Hai, meg Hjertet, pensez à des chatons pour vous ressaisir, le temps que je revienne. »


Catharina leva sa haute silhouette et lâcha –presqu’à regret- la main de Marie-Madeleine et se dirigea vers les boissons. Elle attrapa un verre et, alors qu’elle s’apprêtait à retourner auprès de sa protégée, la princesse fut interpelée par… Des gâteaux. Quelques pas sur le côté suffirent à réduire l’écart qui les séparait d’elle et la jeune mère en prit un –ou peut-être d’eux- et les dégusta. Elle en ramena un à jeune fille avec sa boisson.
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyLun 3 Juin - 22:17

La réaction ne manqua pas et, ciel, que cela valait le coup ! Un mince sourire se dessina sur les lèvres d'Anne-Marie, qui reprit son éventail pour jouer nonchalamment avec, en écoutant avec bien plus de plaisir le concert d'indignation de ces dames plutôt que ces morceaux déjà fort galvaudés - à part Franck, peut-être... Quand Madame Spéret renchérit, d'un ton un peu moins niais que les autres, Madame Forestier rétorqua :

- Mais dès que cela nous touchera d'un peu trop près, j'imagine ! D'ici là... D'ailleurs, Mesdames, vous pouvez faire avancer l'affaire, pressez-vous, faites entendre vos plaintes et tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

Mais qui ferait ça ? La peur du ridicule faisait mourir bien des pauvres femmes - donnez à cela le sens que vous voulez !

~ * ~

Les conversations allaient bon train, de part et d'autre, et tandis que ces Messieurs abordaient, tranquillement, les rivages de la politique et de la vie publique, ces dames s'égarèrent joyeusement sur l'actualité criminelle. Pour la défense de Madame Pentois, celle-ci ne voulut point frustrer ses invitées et les laissa deviser, en bonne hôtesse. Elle en profita pour s'approcher de sa fille adorée, la douce Marie-Madeleine :

- Ma chère amie, je vous remercie de protéger ainsi ma petite Madeleine... Petite Madeleine, ajouta-t-elle, avec un sourire, à l'attention de sa fille, qui ne devrait point reprocher aux invités leurs sujets de conversation et laisser à l'hôtesse le rôle de modérer les conversations de la soirée.

Elle caressa doucement l'épaule de sa fille et lui glissa, d'une voix douce :

- J'ai demandé à Marie de préparer votre chambre. Vous pouvez monter vous reposer si vous le souhaitez, la soirée touche à sa fin et on ne vous en voudra pas, vu votre état. Nous savons toutes ce que c'est...

Et, disant cela, Madame Pentois ne put empêcher son regard de se poser, tristement, sur la jolie Madame Spéret...

~*~



M. Pentois attendit tranquillement que le débat qui naissait entre ces Messieurs mourût, se laissant lui-même oublier, avec ses problèmes. Au bout d'un temps jugé raisonnable, il annonça :

- Le fumoir reste à votre disposition, Messieurs, mais je propose que nous rejoignions ces dames pour le café.

Et on retourna un temps à ces dernières mondanités, un peu languissantes, des fins de soirées. La pendule sonna bientôt minuit, et les convives, uns à uns, prirent congé. Angélique de Carmoran fut la première, bientôt suivie de M. et Mme Forestier et de M. Bonjour. Les autres invités s'attardaient un peu, terminant leurs échanges, prenant quelques contacts... Mais l'heure est venue, et c'est bientôt à votre tour de saluer les hôtes, reprendre vos effets et retourner chez vous - ou dans quelque endroit noctambule...

Citation :
Et c'est le dernier tour de jeu ! Sentez-vous libre, mais n'oubliez pas d'adresser un petit mot de remerciement à M. et Mme Pentois avant de partir ! [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 2483377738
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Lise Champmézières
Elle court, elle court, la cousette !
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyVen 7 Juin - 7:50

Spoiler:

Quelle gifle ! Sous ses apparences de douceur, madame d’Elmées était aussi mesquinement vexante qu’Anne-Marie Forestier. Lise accusa le coup et répondit avec une amabilité feinte :

« Oh, monsieur de Lonsay – Charles-Armand ! Peste, elle l’appelait Charles-Armand ! – a la bonté de venir parfois jeter un œil sur les pièces que je reçois… Son goût est sûr et son avis, précieux. »

Et elle préféra clore ici la discussion, avec un sourire qui, pour qui ne la connaissait pas, pouvait sonner juste. Ah, pourquoi le mari avait-il eu la fâcheuse idée de revenir s’installer à Paris ? Ne pouvait-il maintenir son épouse à une distance décente ?!

Il y avait, heureusement, nombre d’autres occupations pour la couturière. Madame Canard-Mauperché, en premier lieu, que son époux avait laissée avec un regard éloquent et vaguement inquiet, comme s’il craignait que la scène de la librairie se reproduisît… Lise se tourna vers elle et lui adressa quelques mots gentils et insignifiants (probablement quelque chose comme « cette-soirée-est-délicieuse-n’est-ce-pas-le-repas-était-exquis-la-chanteuse-chantait-bien »…). Il y avait aussi, bien sûr, le pianiste. Celui-ci était venu bien gentiment s’installer près de leur groupe, et Lise le couva un instant du regard – son nez, surtout ! –, l’enjoignant à prendre un gâteau. Puis, voyant qu’il n’y avait guère de chance de délier la langue de Louis Morel, Lise crut bon de le sauver :

« Savez-vous, Monsieur, vous seriez un ange si vous pouviez nous jouer un air… ! Un air pour dames… Tenez, du Brahms, par exemple ! J’adore Brahms ! » annonça-t-elle joyeusement à la cantonade (et au risque, sans doute, de s’attirer le mépris de La Forestière). « Oh, si seulement je savais jouer, je vous aurais volontiers accompagné ! Tenez, nous aurions joué des valses à quatre mains, ç’aurait été charmant ! … Allons mesdames, mesdemoiselles, n’y a-t-il personne pour accompagner notre pianiste ? »

Oh, comme elle eût aimé jouer de la musique ! Comme elle regrettait l’éducation raffinée qu’elle n’avait pas eue ! ...

Bref. Tandis que le piano se remettait à chanter (ou pas), la discussion volait déjà vers de lugubres sujets. La mine de Lise s’assombrit brusquement et elle cessa ses bavardages. Elle approuva gravement l’intervention de madame Spéret… et resta perplexe face à la proposition de madame Forestier. Que proposait-elle exactement, d’ailleurs ? Lise fronça les sourcils et son regard s’attarda sur Anne-Marie, portant une question muette. Tout exaspérante qu’elle était, La Forestière était terriblement intéressante, et son charisme suscitait l’admiration de la couturière. Pendant quelques secondes, Lise se laissa bercer par l’idée d’un soulèvement féminin contre le climat de terreur qui s’installait dans la ville. Elle murmura même quelques mots, songeuse : « Eh, mais pourquoi pas… ? S’il le faut… ».

La soirée s’achevait cependant, et après avoir échangé quelques mots avec la plupart des convives, Lise se dirigea vers le couple Pentois pour prendre congé dans les règles de l’art. Elle ne manqua pas de les remercier chaleureusement et d’adresser toutes ses félicitations à Marie-Gilbert pour la réussite de l’événement. Emportée par la convivialité des fins de soirées, elle lui glissa même un « Vous étiez très élégante... » complice mais respectueux. Le sourire qu’elle eut pour Boniface fut, lui, teinté d’un peu de tristesse. Que cette crème d’homme fût sujette à tant de tourments, c’était une pitié ! Elle voulut lui proposer de passer à la Maison Champmézières pour se faire tailler un beau costume, puis songea que peut-être cela ne suffirait pas à le consoler, et renonça.

Et puis il fallut s’en aller. C’était toujours un peu triste, ces fins de soirées… Quand le bruit et les rires se laissaient engloutir par le silence, ponctué seulement par les bruits de sabots sur le pavé… Et elle allait retrouver sa grande maison vide, noire, silencieuse et endormie… Et elle se coucherait dans son grand lit froid. Seule.
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Thalie
Mademoiselle Clairon
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyMer 12 Juin - 3:03



    L'eau fraîche arracha presque un soupir à Marie-Madeleine qui le retint, se rappelant les bienséances. Le gâteau fut de même promptement avalé; le sucre sur la langue rappelant tel une madeleine de Proust de beaux souvenirs d'enfance à la jeune femme. Que l'on regrette l'innocence de l'enfance lorsqu'on est adultes !

    Le retour des hommes poussa Marie-Madeleine pour deviser avec son époux. Un bref échange et les deux époux se quittèrent, laissant Marie-Madeleine retourner auprès de sa protectrice.

    — Excusez-moi, je faisais part à mon époux de mon souhait de rester ici pour la nuit. Cela semble l'arranger, il m'a dit vouloir discuter avec mon père.


La nouvelle n'était pas forcément des plus positives; la soirée en famille risquait d'être pleine de récits d'économie et de politique entre les deux hommes. Ce serait le prix à payer pour pouvoir profiter d'une chambre !

Prenant une des mains de Madame Fréneuse entre les siennes, Marie-Madeleine demanda comme une petite fille :

— Madame, me permettez-vous de vous laisser seule ? Je sens la fatigue me reprendre, et m'éloigner me serait bien profitable. Mais cela me gêne de vous abandonner ainsi.
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Lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays.
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyMer 19 Juin - 1:25



Spoiler:

Lise répondit à mes questions en m'informant du fait que mon cher frère se rendait parfois chez elle (ou ailleurs, elle ne le précisa pas) pour « jeter un œil sur les pièces qu'elle recevait ». J'avais cru comprendre, écoutant les conversations durant la soirée et les jours précédents, qu'elle était couturière. Charles-Armand aimait assez la mode pour avoir ce genre de passe-temps. Je lui souris, même si le fait qu'elle coupe court la conversation me donna une plutôt mauvaise image de la jeune femme : elle manquait quelque peu de politesse. Mais après tout, elle n'était pas issue du même monde que nous, il fallait le lui concéder...

La fin de soirée approchait tout doucement. Les messieurs nous rejoignirent bientôt pour prendre un dernier café ensemble. Je me dirigeai vers mon frère afin de lui glisser quelques mots à l'oreille.

- Il faudra que vous me parliez de cette charmante jeune femme qui trouve votre goût sûr et votre avis précieux, mon cher frère. Il me semble que mon absence m'a tenue éloignée de bien des sujets intéressants !

Sur ce, nous nous mîmes en peine de saluer ceux qui étaient encore présents, et nous remerciâmes nos hôtes pour cette agréable soirée.

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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyMer 19 Juin - 6:28

Or, il était déjà l’heure de partir. L’allemand n’avait pas vu le temps passer, et la conversation qui avait fini par prendre une tournure politique intéressante n’avait finalement apporté aucun renseignement plus précieux que la surprenante sortie de table de Monsieur Pentois plus tôt dans la soirée. Regrettable… Le garçon songea que peut-être la liqueur n’avait pas réussi à délier suffisamment les langues… Il faudrait apprendre, sans nul doute, à s’y escrimer sans dépendre de ce spiritueux bien ingrat.

Bienséant, l’hôte offrit tout de même que ce beau restât encore un peu :
- Le fumoir reste à votre disposition, Messieurs, mais je propose que nous rejoignions ces dames pour le café.

Mais, entendu, Désiré prenait déjà congé et Elke emboita le pas, étonnamment docile. Était-ce la retombée des évènements ; le coup de l’émotion, peut-être ? Il tâcha d’être raisonnable et charmant, et se fendit même d’un mot amical à Boniface :
« Puisse vos affaires, Monsieur, s’arranger bientôt. »
Gratiné d’un sourire mondainement affectueux.

En descendant, le couple* pu observer les convives s’en aller, plus ou moins révérencieusement. Elke suivit le départ de Madame de Champmézières avec attention, celui de "Madame de Fréneuse" avec le désagréable remord de n’avoir pu lui signifier à quel point son teint se marier à ravir avec les délicieuses plantes du salon. Quant à La Forestière, ils partirent avant elle, et à cette pensée, l’allemand fut ému. Une brûlure d’ambition en son sein ; douleur qu’il commençait à connaître intimement.
Il serait temps, à présent, de l’apprivoiser.


*(hihi !)
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L'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyMar 25 Juin - 12:24

Catharina fut abandonnée par sa charmante Marie-Madeleine qui était partie deviser avec son époux.  Elle demeura seule, suivant du regard la jeune femme comme elle put mais baissa rapidement les yeux vers ses genoux.  La Princesse de Fréneuse devrait se lever et se promener, parler aux autres mondains comme la Forestière ou Monsieur Hasard.  Hélas, la norvégienne n’accordait de coup d’œil à personne.  Elle aurait accueilli Lise avec un grand sourire, peut-être même lui aurait-elle envoyé un signe de main mais, Madame Champmézières se trouvait beaucoup trop loin pour que la princesse puisse la voir.  Et ce que Catharina ne voyait pas, Catharina ne s’y intéressait pas –façon de parler, bien entendu.  

Lorsque la petite Madame Gervais revint, Catharina leva le bras et attrapa sa main.  Les deux femmes échangèrent quelques mots encore discutant à voix basse de tout et de rien.  Lorsque Marie-Madeleine s’excusa et désira partir, la jeune mère lui répondit avec un doux sourire, nullement dérangée. 

« Ne vous inquiétez pas.  Allez plutôt vous reposer, vous en avez besoin. »

Catharina fit une discrète accolade à la jeune femme tout en lui souhaitant un bon rétablissement.  Elle lui glissa, au passage, quelques rassurantes paroles sur son état mais, qui pouvait vraiment se vanter d’avoir réussi à rassurer une femme qui portait un enfant ? 

Peu de temps après le départ de sa protégée, Catharina rejoignit le couple Pentois et leur fit ses salutations.  Une bribe de conversation commença à naitre avec Marie-Gilbert mais la princesse sut aisément l’arrêter et, toute respectueuse qu’elle était, quitter la soirée en voiture pour retourner vers ses enfants. 
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MessageSujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...    [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ...  - Page 3 EmptyVen 28 Juin - 20:27

Madame Champmézières avait raison : c'était toujours un peu triste, les fins de soirées... Un arrière-goût d'inachevé, d'occasions manquées - et dans le tête, le tourbillon de tout ce que l'on aurait voulu dire, de tout ce que l'on aurait dû dire... Monsieur et Madame Pentois retrouvèrent, le temps des adieux, leur vernis d'hôtes impeccables. Boniface distribuait les sourires - certes un peu mécaniquement - tandis que Marie-Gilbert redoublait de prévenances et de gentillesses. Elle remercia chaleureusement Mme Champmézières pour son compliment qui, semble-t-il, la toucha. Boniface, quant à lui, considéra favorablement le jeune M. von Herzfänger et lui répliqua, d'un ton apaisé :

- Puissent les vôtres se porter au mieux !

Une fois tous les invités partis, loin de Marie-Madeleine, le couple Pentois se retrouva. Bien qu'exténués, Marie-Gilbert et Boniface parlèrent, sans doute pendant des heures... et se couchèrent bien après que la dernière domestique ait soufflé sur sa chandelle. La soirée était passée - et elle s'était bien passée, malgré tout - mais quelque chose planait, au loin - comme l'ombre d'une menace.
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