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| [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... | |
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Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
Messages : 401
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Lun 11 Mar - 12:36 | |
| « J’ai beau ne pas apprécier l’agitation, je ne raterais jamais une soirée chez Marie-Gilbert. » Murmurais-je, préférant lui sourire pour cacher mon malaise en société. Sa chère épouse m’en voudrait de me montrer déplaisante auprès de Boniface, lui qui revenait de si loin ! Et il fallait dire que j’étais davantage effrayée par la colère de Marie-Gilbert que par le troupeau de mondain qui se dispersait autour de la table au centre de laquelle je pris place. Je me penchai vers mon voisin et, plutôt qu’approuver et accroitre le peu d’envie qu’il avait d’être là ce soir, je lui répondis « Vous devriez être content, Monsieur. N’importe qui voudrait vivre d’aussi excitantes aventures en terre étrangère ! » Paroles bien femmes et bien fades.
Un sourire plus enjoué éclaira mon visage lorsque je remarquai Marie-Madeleine assise devant moi. Je ne pus m’empêcher de me pencher un peu vers l’avant. « Je suis aussi très heureuse de vous revoir. Je dodelinai de la tête. « Hai, hai, je vais très bien. Et vous ? Vous me paraissez un peu pâle… » Mon sourire s’effaça et je jetai un regard inquiet à l’enfant –oui, c’en était toujours une.
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| | | Octave Canard-MauperchéEncore une victoire de canard !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 12 Mar - 4:00 | |
| Le sourire que la petite cantatrice était néanmoins charmant, et M. et Mme Canard-Mauperché y répondirent, avant de se concentrer sur le potage que l'on servait. Hélas, en bons derniers de bout de table, ils dégustèrent un potage un peu tiède - bien que délicieux. Cependant, tandis sur Raymonde semblait vouloir disparaître dans son bol et envoyait de petits signes à Séraphine, Octave fusillait du regard le prussien qu'il reconnaissait à son tour ... Il entreprit de ne rien dire, cependant, et préféré relever les mots de la petite cantatrice ... qui ne semblait pas si cruche que cela.
- Pardonnez-moi de faire irruption dans votre conversation, mais vous faites preuve d'un sens critique à toute épreuve, Mademoiselle... Peu d'artistes seraient prêtes aujourd'hui à chanter en allemand sans pousser des cris d'orfraie. A croire que c'est devenu la langue du diable... Vous auriez donc cette audace si on vous offrait cette chance ?
Il avait demandé cela d'un air fort intéressé... Après tout, sa librairie brassait beaucoup de wagnériens plus ou moins bien éveillés ... et une interprétation de Wagner fidèle à Bayreuth, en milieu restreint ... Oh il devrait en parler à Jules, l'événement pouvait faire du bruit. Nul doute que cela intéresserait le directeur du Théâtre d'art également.... Et avouons qu'il serait bien plus friand d'un opéra wagnérien là-bas, avec les pièces de Maeterlinck et le reste, qu'auprès de Verdi et de Meyerbeer. Question de cohérence - bien que le Théâtre d'art manquât un peu de moyen pour restituer toute la grandiloquence de Wagner, c'était bien fâcheux ...
- De mon temps, on ne rechignait point à chanter les lieders de Schubert ou à jouer du Beethoven dans les soirées éclairées ... ce n'est peut-être pas très moderne, mais c'était néanmoins charmant, n'est-ce pas Jules ? Heureusement, les gens redeviennent raisonnables, ces temps-ci...
Même si, songeait-il en avisant M. von Herzfänger, il était des allemands qui semblaient avoir à cœur de se faire détester. Octave dégusta un verre de vin avec lenteur, Raymonde trempa ses lèvres dans le sien ... Elle échangeait quelques politesses avec Constance : " Chanterez-vous tout à l'heure ? Je serais curieuse d'entendre votre voix ! Vous êtes donc entrée à l'Opéra dernièrement ? " et autres questions banales de prise de connaissance. A croire qu'elle et Octave semblaient vouloir réduire M. von Herzfänger au silence, par une entente tacite ... Puis la sole arriva et, attrapant au vol l'exclamation de Jules, Octave lui lança, avec un sourire :
- Je ne vous savais pas si gourmet, mon cher Jules !
Et la soirée suivant son cours, lentement...
Dernière édition par Octave Canard-Mauperché le Ven 15 Mar - 0:12, édité 1 fois |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 12 Mar - 10:27 | |
| Tout barbon flatté devient flatteur. Voilà qui ferait un beau proverbe, songea Lisa avec amusement. Elle était, en fait, assez reconnaissante au professeur Leduc de lui épargner le récit de ses travaux et accueillit son compliment avec un sourire. Le potage passa ainsi avec quelques mondanités gentiment déclamées… Lise fut soulagée de voir madame Pentois les interrompre pour porter un toast et trempa les lèvres avec délice dans son vin de Madère joliment ambré – ce qu’elle aimait cela ! Tandis que le service du plat suivant se faisait, elle promena son regard autour de la table… s’attardant sur Charles-Armand, martyr de l’ennui sacrifié sur l’autel de madame Pentois. Un sourire attendri et moqueur lui vint aux lèvres, inexplicable pour les observateurs. La sole vint à point pour faire diversion, et la couturière remarqua à ce moment-là seulement que son voisin de droite demeurait silencieux... La marquise de Carmoran le boudait assez ouvertement. Eh bien, quoi, que s’était-il passé entre ces deux-là ? Oh, qu'importe pour le moment, puisqu'il n'était pas désagréable de se porter au secours de l'esseulé ! Laissant momentanément (ou pas) le professeur de médecine à son poisson, Lise attaqua délicatement le sien et, inclinant la tête vers monsieur Bonjour, dit d’un ton badin : « Parmi tous les motifs pour lesquels monsieur Pentois doit être content de retrouver Paris, la cuisine n’est sans doute pas le moindre ! Imaginez-vous, manger du riz et des racines à chaque repas… ?! Les pauvres gens… Heureusement, le général Gallieni a amené avec lui quelques bons chefs, dit-on. Bientôt, les joies d’un millefeuille parisien pour tous les peuples… ! » - Spoiler:
Euh... ouais ?
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| | | ThalieMademoiselle Clairon
Messages : 542
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 12 Mar - 13:52 | |
| - Spoiler:
Une petite intervention, j'espère mieux faire la prochaine fois.
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Tel un petit moineau, Marie-Madeleine se contentait de peu. Le potage calmait les quelques douleurs, assez faibles, qui la prenaient depuis le début du repas. L'enfant quémandait peut-être ainsi son repas ? La demoiselle avait encore du mal à discerner ces signes et à les comprendre; elle n'avait pas pu encore consulter sa mère à ce sujet, tant elle avait été pressée par les évènements.
Oubliant pour un temps ces contraintes, elle adressa un sourire éclatant à son père lors du toast. Son bon papa avait l'air si triste depuis son retour ! Elle se promit d'aller le voir en privé après ces festivités. Une réunion père-fille ne leur ferait aucun mal !
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Mais revenons à Mme de Fréneuse qui s'inquiétait de l'état de santé de notre petite M.M. Cette dernière se pencha aussi vers sa confidente.
— C'est que le bébé fait des siennes... Auriez-vous des conseils à me donner ? Je n'ai pu consulter mère et, vous avez de l'expérience en la matière. J'aurais bien besoin d'avis éclairés.
Les discussions sur les opéras, du côté de Spéret, n’intéressèrent pas Marie-Madeleine qui picotait, du bout de sa fourchette, la sole. Cette dernière risquait d'être à peine mangée.
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| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Messages : 358
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Ven 15 Mar - 5:56 | |
| Pris de court. Ils le prirent de court. Les fieffés coquins ! Ils les observa goguenarder gaiement puis détourna le regard, scruta la salle et les intrigues qui s'y nouait. Une consultation brève, abrupte et rapidement régulée. Avec discrétion, il réintégra le cercle dans lequel on l'avait placé. Or, tout rebond connaît sa chute, et lorsque Raymonde cessa ses piaillements et qu'Octave fit semblant de connaître du monde, Elke relança la balle :
« Mademoiselle, je ne veux pas vous encombrer de davantage de questions qu'on ne l'a déjà fait. Si vous permettez, néanmoins, que je devance vos réponses pour un petit annonce ? » Dit-il à Constance en s'armant de son verre.
Ostensiblement et sans attendre qu'elle lui réponde, il revint sur le couple Mauperché et leva son verre à l'attention d'Octave : « Monsieur, moi c'est à vous que je porte mon toast. Si, je constate effectivement que vous avez une voix tout à fait remarquable ; et c'est un grand dommage que vous n'avez guère donner la occasion de nous le prouver, cet autre jour. Vous seriez parfait en Beckmesser, Monsieur. »
Et sur ces bonnes paroles, ne quittant pas Octave des yeux, il but solennellement une gorgée de son verre. Après quoi, il le reposa naturellement, et goûta le poisson sans cesser de fixer l'autre volatile. |
| | | Adélaïde d'ElméesLorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays.
Messages : 23
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Sam 16 Mar - 9:54 | |
| Madame Pentois me complimenta et m'affirma qu'on ne remarquait pas que j'avais quitté Paris depuis si longtemps. Ses paroles me mirent du baume au cœur : venant de cette femme admirable, cela avait d'autant plus d'impact. Notre hôtesse nous quitta car elle était très demandée. Avant de me laisser au bras de M. Hasard, Charles-Armand me gratifia d'une note d'humour malicieuse. Je lui souris avant de le laisser vaquer auprès des autres invités de nos hôtes.
Lorsque j'aperçus la décoration de la table, je fus assez étonnée qu'y soient disposées des fleurs exotiques. Mon frère était admiratif devant cette audace. À vrai dire, j'étais fort surprise de ce choix, mais étant donné que l'hôtesse était Madame Pentois, je ne pouvais que me ranger à son avis. Peut-être était-ce la nouvelle mode à Paris... J'eus l'impression que notre hôtesse venait de lire dans mes pensées lorsqu'elle répondit qu'il était audacieux de parer sa table avec des fleurs exotiques. Elle mentionna des amies qui trouvaient cela inconvenant ou déplacé ; je lui fis savoir d'un signe de tête que je ne les approuvais guère. J'acquiesçai ensuite à sa pensée.
Madame de Carmoran, marquise et épouse respectable, s'adressant à moi avant que le repas ne commence. Je me tournai vers elle et lui souris.
- Je suis également de cet avis. Cela donne une petite touche de couleur très agréable. Madame Pentois a toujours eu le goût et l’œil pour ces choses-là.
On nous apporta bientôt le potage, qui fut plus que délicieux. Le vin m'enchanta également : tout était bien choisi. Madame Pentois reprit alors la parole pour nous remercier d'être venus. Elle porta également un toast à son mari, qui revenait à peine des colonies – où il avait fait des merveilles. Je levai mon verre avec les autres invités pour célébrer cette occasion.
Le filet de sole au citron et aux herbes douces que l'on nous servit ensuite était tout bonnement exquis. Je me réjouissais d'être revenue à Paris, seule ville où je pouvais apprécier des mets dignes de ce nom. Non pas que la nourriture des pays que j'avais visités me déplaisaient tant que cela, mais elle était tellement différente de mes habitudes – trop épicée, trop salée, trop sucrée, il y avait toujours quelque chose qui ne convenait pas. À Paris, au moins, je ne risquais pas ce genre de déconvenue.
Délaissant un instant mon assiette, je me tournai vers mon frère et lui adressai la parole :
- Charles-Armand, ne trouvez-vous pas que ce repas est délicieux ?
J'entendis alors Madame Champmézières évoquer le riz et les racines que notre hôte avait dû supporter lors de son voyage. Cela ne devait pas être très agréable pour lui. Je me tournai alors vers Madame Pentois :
- Vos gens ont fait des merveilles, ma chère ! Je suis bien heureuse d'être revenue à Paris après tout ce temps. Je peux à nouveau savourer la cuisine française qui me manquait tellement. Je suppose qu'il en est de même pour votre mari ?
Disant cela, je jetai un œil à Monsieur Pentois pour en avoir la confirmation. Selon moi, l'on ne pouvait être mieux que chez soi.
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| | | Séraphine SpéretC'est à coups de mépris public qu'un mari tue sa femme ; c'est en lui fermant tous les salons.
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Sam 16 Mar - 12:01 | |
| « Ma foi monsieur, je dois dire que je passe une excellente soirée ! » répondit Séraphine avec un entrain exagéré à la question de son mari.
Elle avait conscience qu'il n’était pas précisément à son aise parmi cette assemblée. Tout était sans doute trop convenable à son goût ou – comme il l’aurait sans doute dit lui-même si la bienséance qu’il affectait d’afficher ce soir ne l’en avait pas empêché – souverainement ennuyeux. Elle l’observa à la dérobée alors qu’il contemplait ses couverts d’un air qui se fit, l’espace d’une seconde, clairement consterné. Elle n’ignorait pas ce qui devait le chagriner, devant cet étalage de mondanité et de bon goût. Mais elle savait aussi que, pour un motif qui restait encore à éclaircir entre eux, il avait décidé de faire un effort. Pour elle.
Et d’une certaine manière, cela revêtait plus de valeur aux yeux de Séraphine que s’il avait simplement décidé de rentrer – enfin – dans le rang des gentilshommes. Aussi, c’est en réprimant un léger sourire qu’elle rendit son salut à monsieur Gervais. Bientôt, elle détecta chez madame Canard-Mauperché, qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de saluer, une agitation suspecte. Aussi discrètement que possible, elle haussa un sourcil poliment intrigué dans sa direction. Raymonde semblait en proie à une détresse tout à fait inappropriée. Il paraissait cependant impossible d’en connaître l'origine pour l’instant, vu la distance qui les séparait.
Le couple Spéret avait en effet été installé non loin d’une jeune cantatrice que l’on interrogea bien vite sur l’opéra à venir. La conversation roula sur le sujet de la langue allemande, manifestement écartée dans le choix artistique fait pour cette représentation. Séraphine, profitant du dialogue entre Raymonde et Constance, s’inséra aisément dans la conversation.
« Je ne peux qu’être d’accord avec vous madame, j’ai hâte de l’entendre nous chanter quelque chose. »
La conversation s’arrêta cependant lorsque le jeune Elke sembla relever un gant lancé par monsieur Canard-Mauperché. Séraphine fit courir une œillade rapide sur leur petit cercle, avant de décider que la meilleure solution était encore de faire mine d’ignorer la légère tension qui s’y instaurait. A la place, elle se concentra sur sa sole. En grande amatrice de poisson, Séraphine ne bouda pas son plaisir. Oh, évidemment, elle évita prudemment de manger trop vite mais, lorsque Jules se laissa aller à une exclamation concernant la qualité du met, elle renchérit :
« Je ne peux qu’approuver : c’est tout à fait savoureux. »
Pour une fois qu’ils étaient d’accord sur quelque chose… Séraphine ne pouvait que constater que leur comédie de couple se poursuivait sans accroc. Octave sembla s’étonner de la réflexion de Jules, et Séraphine se permit un sourire volontairement neutre, bien que son ton soit très légèrement taquin :
« Oh, vous savez, Jules a toujours été un grand épicurien. »
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| | | Charles-Armand de LonsayDandynosaure
Messages : 167
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 19 Mar - 3:23 | |
| « Certainement, Madame. », répondit simplement le vicomte de Lonsay en prenant place au côté de l'hôtesse. L'on servit bien vite le potage, suivant les règles de mise lors de pareilles réceptions, et le vicomte mangea tranquillement le contenu de son assiette. Il n'était pas bavard, comme nous le savons, et ne discutait pas plus que ne l'exigeait la simple et pure politesse. Aussi les quelques phrases qu'il échangea avec madame Pentois furent-elles d'une fadeur et d'un convenu tout à fait honorables, raison pour laquelle nous ne jugeons pas utile d'en faire part au lecteur. Sans doute ne l'appréciait-il que tièdement, cette madame Pentois, mais il mettait un point d'honneur à se comporter en honnête homme avec elle, ne fût-ce que par égards pour les autres convives. Au reste, la conversation se lançait doucement et divisait la tablée en deux. L'on porta un toast au retour de monsieur Pentois, qui ne semblait pas des plus bavards d'ailleurs sur son expédition à Madagascar. Curieux ? Les affaires de l'État, parfois...
Et la conversation continua à rouler son train, posément à sa droite, plus énergiquement à sa gauche. L'on servit le poisson, et Charles-Armand ne put retenir un sourire paternel en voyant sa soeur se régaler ainsi. Vieille habitude d'aîné de famille, sans doute, puisqu'il avait été l'homme de la maison à la mort de leur père, en 1873... Sa pensée vagabonda un instant dans la direction du fougueux monsieur d'Elmées, sans doute reparti à l'aventure à l'heure actuelle, et qui aurait immédiatement pris en grippe une réunion mondaine comme celle à laquelle ils assistaient. Aussi mit-il un peu de temps à répondre à sa soeur : « Certes, chère Adélaïde, certes... » Au reste, si la réponse pouvait sembler froide et distante, l'assiette en disait long (puisqu'elle était presque vide) et la mine du vicomte, également. Sans doute était-il un peu avare de compliments. Sans doute était-il assez flegmatique. Mais il savait encore apprécier les petits bonheurs de la vie...
Il en était là de ses pensées lorsqu'à sa gauche, la conversation porta sur la musique. Beethoven... Le vicomte tourna légèrement les yeux vers MM. Spéret et Mauperché : allait-on donc jouer les derniers quatuors du Maître de Bonn, ici, à Paris ? Voilà tant de temps qu'on ne les avait plus entendus ! Il fallait bien reconnaître que ces oeuvres étaient difficilement accessibles, mais tout de même... elles restaient tellement visionnaires ! Voyons ce qu'on en dirait... |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 19 Mar - 5:04 | |
| | Ah, elle prenait son temps pour parler, mais c'est qu'elle avait de l'esprit, la petite Madame Spéret ! M. Pentois accueillit son commentaire d'un sourire radieux : "- Vos paroles sont d'or, Madame !" leur avait-il glissé avant de retourner à ses obligations. A table, il répliqua à Madame de Fréneuse, à qui la modestie seyait toujours : "Marie-Gilbert a bien de la chance d'avoir une amie si intentionnée" et il lui souhaita personnellement un excellent appétit avant de commencer son potage ... Les dernières paroles que Madame de Fréneuse lui avaient adressées le laissaient songeur ...
- Même vous, Madame ? répliqua-t-il d'un ton léger. Loin des vôtres ?
Et, bon seigneur, il n'insista en rien et laissa son interlocutrice discuter tranquillement avec Marie-Madeleine. Celle-ci, d'ailleurs, oubliait peut-être un peu trop les convenances d'un repas : parlait-on de ces choses-là à table ! M. Pentois se retint cependant d'intervenir : c'était à présent le rôle de M Gervais que de veiller à la conduite de la jeune femme ... |
A cette pensée, M. Pentois se sentit presque amer : il regrettait de n'avoir pu assister aux dernières années de jeunesse de sa fille tant aimée. La voilà bientôt mère de famille, maintenant ! Il avait manqué tant de choses ... D'ailleurs, voilà que justement, Madame d'Elmées évoquait le plaisir qu'elle avait à être de retour. Boniface lui adressa un sourire doux et renchérit après elle : "Madame, permettez-moi de répondre à la place de ma chère épouse, et cela pour dire, simplement : vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, - il désigna son assiette - les petits plats de notre cuisinière m'avaient horriblement manqué !" De là à dire qu'il n'avait mangé que du riz et des racines ... Il y avait un pas qu'il n'osait franchir. Cependant, il ne chercha point à couper la conversation entre les invités, soucieux de ne pas les contrarier ... et il mangea son poisson, assez distraitement, pensant toujours à sa fille ... avant d'attaquer le plat suivant avec un peu plus d'entrain. ~ * ~ | Philippe Leduc, médecin
Tout, dans les gestes du médecin, trahissait étrangement sa profession, une longue habitude du maniement du scalpel qui aurait fait blêmir de jalousie Jack l'Éventreur lui-même. Pour le potage, heureusement, ce n'était pas trop remarquable : entre pratiquer une ponction et vider un potage, il n'y avait, au fond, guère de différence, puisqu'il s'agissait de retirer un liquide de sa poche... Mais lorsqu'on en fut au poisson, l'attention du médecin semblait se focaliser par instants sur l'animal uniquement, qu'il disséquait méthodiquement et mangeait à petites bouchées, après avoir veillé à écarter chaque arête. Pendant ce temps, la couturière, qui semblait véritablement intéressée par la question politique du jour, à savoir la fuite de la reine Ranavalona III et (plus généralement) la vie à Madagascar, parlait de distribuer du mille-feuilles à l'ensemble de la population malgache... Curieuse idée ! « J'ignore si les autochtones sont en mesure d'apprécier les raffinements du général Gallieni. En tout cas, leur alimentation, aussi primitive soit-elle, semble fort bien leur convenir... » Un peu à côté de lui, on parlait musique. Nettement plus intéressé déjà, le docteur releva les yeux de son poisson quasi entièrement mangé. Voyons donc ce qu'on en dirait... |
~ * ~ | M. Bonjour passait la journée sous une mauvaise augure, c'était dit. D'une part, son invité avait décommandé à la dernière minute, sans lui donner justification, ce qui l'avait mis fort mal à l'aise auprès de Madame Pentois... Ensuite, son billet envoyé à la marquise de Carmoran semblait être bien mal reçu. Pourtant, M. de Belle-Fontaine lui avait glissé que Madame de Carmoran était littéralement folle de lui. Ah, si cela avait été une plaisanterie, elle était de fort mauvais goût ! M. Bonjour se promit plus que jamais de séduire Madame de Carmoran : question de fierté, tout simplement. Le problème était que celle-ci semblait avoir décrété qu'il ne lui adresserait pas un mot de la soirée. Elle l'ignorait superbement, rien de moins... Monsieur Bonjour fut d'autant plus ravi d'être abordé par sa charmante voisine, en qui il reconnut Madame Champmézières, et il sourit à sa déclaration, en connaisseur.
- Mais après avoir goûté cela, Madame, combien d'indigènes voudront venir découvrir les délices de la cuisine française. Cela dit, la royauté malgache au Vénitien, ce serait tout à fait pittoresque. |
Et il ajouta, en levant son verre à cette lueur qui se profilait, dans cette ennuyeuse soirée : - A l'esprit si délicat des parisiennes ! Madame de Carmoran, avec sa fierté mal placée, n'avait qu'à se faire voir ... ! ~ * ~ | Angélique de Carmoran, respectable marquise
Oh ! visiblement, monsieur Bonjour avait décidé de la bouder aussi superbement qu'elle-même... Si la femme vertueuse en elle s'en réjouissait, la mondaine s'en trouvait quelque peu vexée, au fond : l'attention qu'on porte à la femme la flatte toujours, malgré qu'elle en aie. Puisque tout semblait consommé entre eux, et qu'au reste madame Champmézières s'empressait de la débarrasser du brave monsieur Bonjour, madame de Carmoran se reporta tout entière sur madame d'Elmées et son voisin de table, monsieur Hasard. Un homme tout à fait différent de ce monsieur Bonjour, tellement plus agréable ! Décortiquant sa sole - madame de Carmoran n'avait bu du vin de Madère que par convenance, n'ayant que fort peu de goût pour les spiritueux -, Angélique renchérit aux derniers mots d'Adélaïde : « Oh ! combien mon avis rejoint le vôtre, chère amie, et plus encore lorsque l'on est chez soi à Paris... Y aurait-il sur terre un endroit plus aimable que notre Ville-Lumière ? » Des paroles peut-être un peu surprenantes venant de madame de Carmoran, qui partait en villégiature dès que faire se pouvait... |
~ * ~ | Tandis que le repas battait son plein, Marie-Gilbert guettait de l’œil les menus faits et gestes de ses invités, toujours soucieuse que tout se passe au mieux. Elle remarqua la mine de la marquise de Carmoran et s'en inquiéta. Heureusement, une conversation se nouait entre elle et Madame d'Elmées, pendant que le malheureux Monsieur Bonjour s'entretenait avec la couturière... Quant au Docteur Leduc, on le respectait assez pour l'inviter, mais il était difficile de ne pas le trouver un brin ennuyeux ... C'était presque dans l'ordre naturel des choses. Marie-Gilbert reporta son attention sur l'autre extrémité de la table. Elle remercia d'un signe de tête M. Spéret qui commentait le plat avec enthousiasme ... puis assista, curieuse, à l'échange qui se nouait en bout de table. Elle discernait mal ce qui se disait exactement - cela parlait de spectacle et d'art, apparemment ... Pour peu, sa soirée ressemblerait bientôt à une réception de la Forestière, songea-t-elle avec amusement... Cependant, elle fronça les sourcils lorsque le jeune protégé de M. Hasard rouvrit la bouche. Ah elle ne le laisserait pas troubler sa soirée, foi de Madame Pentois ! Elle se préparait à répliquer, afin de couper court, mais n'en eut pas le temps. D'abord Madame Spéret s'exclama de sa fort jolie voix et Madame Pentois dut bien la remercier pour son compliment, avant de sourire à sa plaisanterie. Puis les choses s'enchaînèrent ... |
Un premier événement vint troubler notre maîtresse de maison. La petite bonne de tout à l'heure vint se présenter, le rose aux joues : "Madamejevouspriedem'excusermais..." et elle lui murmura quelque chose à l'oreille. Le visage de Marie-Gilbert s'illumina : c'était une bonne nouvelle ! Profitant d'un instant de distraction de M. Pentois, elle forma silencieusement à Catharina les mots suivants : "Notre pianiste est arrivé". Elle demanda à la domestique d'en informer la petite Constance au bout de la table, pour la rassurer. La jeune bonne allait s'éloigner quand, se ravisant, Marie-Gilbert ajouta tout haut : "Servez son repas dans la cuisine, Marjorie, je ne peux décemment modifier mon plan de table à cette heure, et Monsieur ne devrait point s'en offusquer. Dites-lui bien que nous en sommes désolés ... Il gagnera le salon quand il le voudra." Entre temps, le maître d'hôtel débarrassait les assiettes et l'on servait le troisième plat : rôtis de biche et gelinotte. Monsieur Pentois semblait se régaler et faisait plaisir à voir ! Marie-Gilbert, cédant à l'attendrissement, ne put s'empêcher de dire à Charles-Armand : "Qu'il fait plaisir à voir, n'est-ce pas ? Il est si heureux de rentrer à Paris... ! Hélas, il semblait que M. Pentois ne devait pas profiter de sa soirée jusqu'au bout. Ce fut un valet qui, cette fois-ci, s'introduit dans la salle - sous le regard furieux de Marie-Gilbert - et murmura quelques mots à M. Pentois. Celui-ci pâlit, se leva, posa sa serviette sur la table d'un geste fébrile ... "Marie-Gilbert, je dois vérifier quelque chose dans mon bureau, je reviens dans un instant. Je suis vraiment navré, cela ne souffre aucun délai ..." Il s'excusa auprès des convives et se dirigea, pâle comme la mort, vers la sortie... Marie-Gilbert, un instant, sembla décontenancée ... mais, reprenant vite contenance, elle annonça avec un sourire rassurant : - Quand je vous disais qu'il était fort occupé ! Le Ministère exige une présence à toute heure et en toute circonstance... J'espère que vous n'en voudrez pas à Boniface, il reviendra au plus vite !Et appelant le maître d'hôtel d'un geste, elle lui murmura, si bien que seuls ses voisins les plus proches purent l'entendre : - Faites servir sa part dans le bureau s'il s'attarde un peu, je ne voudrais pas qu'il meurre de faim à cause de Madagascar !Et les fleurs exotiques alentours exhalèrent pour elle un parfum étrange, qui ressemblait à un regret. - Citation :
- La note de la Modération RP ~ Vous devinez sans doute qu'il est inimaginable pour un hôte de s'absenter ainsi, l'affaire est donc grave... Vous pouvez choisir d'intercepter M. Pentois avant qu'il passe la porte, mais il ne vous accordera que quelques instants. Pour ceux que la situation qui choisissent de parler à M. Pentois ou qui sont intrigués et ouvrent grand leurs yeux et leurs oreilles, vous pouvez faire un jet de perception, qui déterminera si vous remarquez quelque chose. Pour cela, suivez ce lien et postez le code suivant :
- Code:
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[rand]6[/rand] Un Metteur en scène vous enverra un MP qui vous indiquera si vous décelez quelque chose ou non ... et bon appétit bien sûr ! |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Ven 22 Mar - 11:57 | |
| « Pittoresque, absolument ! »
Lise était ravie. Elle avait trouvé en ce monsieur Bonjour un voisin charmant. La charité la poussa tout de même à jeter un coup d’œil à sa gauche, mais le professeur Leduc semblait absorbé tout à la fois par la dissection méthodique de son repas et par une discussion qui avait lieu à l’autre bout de la table… Bien… Parfait. Sans regrets.
En réponse au toast de monsieur Bonjour, elle leva son verre à son tour et, tournant la tête à demi vers son voisin (de droite, cette fois), le considéra du coin de l’œil et sourit :
« A l’amabilité de ceux qui l’apprécient ! »
Et elle but une gorgée, délicatement.
Mais elle n’eut pas le temps de prolonger leur petit échange que monsieur Pentois se levait et… quittait la table ?! Les conversations s’interrompirent, une onde de surprise et un léger malaise se propagèrent parmi les convives. Lise, sourcils levés, suivit du regard le départ de Boniface. Pauvre Boniface, qui s’efforçait de faire bonne figure, mais qui avait visiblement bien d’autres soucis ! Quelque chose ne tournait pas rond. Ne l’avait-elle pas remarqué plus tôt dans la soirée ?
« Eh bien, quelles sont les affaires si graves qu’elles privent monsieur Pentois de la soirée organisée en son honneur… ? » questionna-t-elle à haute voix, pas assez fort néanmoins pour que Marie-Gilbert puisse entendre et s’en trouver gênée. La pauvre hôtesse devait suffisamment ravaler sa déception ! Par pure compassion, Lise reprit sa fourchette et goûta la gelinotte, qui fondit dans sa bouche.
« Un délice ! » déclara-t-elle avec conviction. Suffisant pour rasséréner la pauvre madame Pentois ? Pas sûr ! |
| | | Octave Canard-MauperchéEncore une victoire de canard !
Messages : 62
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Sam 23 Mar - 0:24 | |
| Ah, le grossier personnage ! Raymonde lança alentours un regard affolé, croisa l’œil de Séraphine qui, bien vite, partit vers d'autres cieux, celui de Madame Pentois, qui fronça les sourcils ... Elle chercha enfin à appeler du regard M. Hasard qui discutait peu, morose, à l'autre bout de la table. Celui-ci le remarqua, et son œil perçant allait du couple Mauperché au jeune prussien ... et vice versa. Octave, lui, respirait bruyamment, visiblement outré. Mais il avait beau vivre dans son petit trou poussiéreux, il savait se tenir en société, lui, et il but avec lenteur, cherchant à retrouver contenance. Il répliqua enfin d'une voix douce : - Prenez garde, Monsieur, la réputation de M. Hasard ne fait pas tout.Et, parlant de Constance : - Vous allez importuner Mademoiselle.L'importuner, et même la compromettre, d'ailleurs : un comportement si exclusif auprès de sa cavalière laissant présager de sombres intentions ... et si elle n'osait relever, la pauvre, on pourrait croire qu'elle cautionnait ce comportement. Ce n'était décidément pas lui rendre service, à cette petite artiste venue de province, que de la pousser dans un tel piège. Il n'était donc rien de respectable pour ce homme ... ? L'éditeur envoya, à l'instar de son épouse avec Séraphine, un regard éloquent à M. Spéret qui se tenait non loin de là. Il était choqué, à vrai dire. Choqué mais pas inquiet : nul doute que M. von Herzfänger ferait figure d'indésirable à une soirée qu'il gâchait délibérément ... A vrai dire, que M. Hasard ait vu du potentiel en ce jeune homme commençait même à l'étonner. Octave, par la suite, n'ajouta rien de plus : en relevant la pique que son adversaire, il aurait contribué à ce que l'ambiance de la table se détériore ; en ne disant rien, il laissait le gamin s'enfoncer seul. En outre, M. Mauperché avait passé l'âge de se battre en duel, verbalement ou concrètement - et il aurait bien aimé voir cet obscur noble allemand le provoquer, lui qui était un vieil homme et qui n'était pas de son monde. La situation eût été du dernier ridicule, même aux yeux d'un progressiste barbu. Le libraire se concentra donc sur ses rôtis, soucieux de ne plus avoir affaire au détestable jeune homme ... Il se força à penser à autre cho... Allons bon, c'était inadmissible : ne lui avait-on jamais appris qu'on cachait ses inimitiés dans le monde ? Était-ce la coutume allemande, d'être déplaisant à l'égard de ses voisins ? Octave posa la main sur le bras de Raymonde, soit-disant dans le souci de l'apaiser... Il cherchait à s'apaiser lui-même. Il lui murmura à l'écart des oreilles indiscrètes. - J'aurai soin à ce que nous ne croisions plus ce malotru, ma mie, rassure-vous... Et, s'adressant de nouveau à la petite Saintoin, il ajouta : - Ne vous laissez point faire, Mademoiselle, et ne laissez point les gens parler pour vous. Vous avez eu des paroles tout à fait sensées tout à l'heure, et qui vous vaudront sans doute bien des succès un jour.Il n'en remarqua pas tout de suite l'agitation autour de lui, et ne vit qu'en dernier que M. Pentois s'apprêtait à partir. Le pire étant que, tout à sa colère, cela lui sembla un événement curieux, mais sans trop d'incidence. En son for intérieur, en effet, il s'était fait une promesse de grande importance : à l'instant où M. von Herzfänger ouvrit officiellement les hostilités, Octave se jura d'aider le parcours de la chanteuse, moins pour son talent propre, qu'il ne mesurait pas, que pour donner tort aux jeune homme goguenard qui leur faisait face, véritable tâche dans le paysage. - Citation :
- à Elke ~ Désolée, c'est un peu dur, mais le personnage fait vraiment quelque chose d'inadmissible socialement - je vais d'ailleurs être obligée de lui enlever de la réputation. Les joutes d'esprit ne sont pas prisées dans les salons bourgeois, et c'est d'abord la politesse et le savoir-vivre qui priment. MP en cas de souci ^^
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| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Dim 24 Mar - 13:34 | |
| Monsieur Pentois avait retourné ses paroles de faibles femmes contre elle. Catharina y songea, un moment. Lorsqu’elle était anciennement mariée à Monsieur Ainsworth, elle avait souvent voyagée, sans emmener sa précieuse progéniture à chaque fois dans ses bras. Les séparations étaient longues et pénibles. Ils finissaient par revenir bien vite ! Ce fut l’une des seules fois où Catharina tenta de se mettre à la place de quelqu’un et elle s’imagina à l’autre bout du monde, loin de ses petits amours pendant des mois et des mois. Boniface Pentois était décidemment un homme très brave. « Non, pas moi. » Répondit-elle timidement. Une autre femme, moins attachée à sa progéniture, peut-être ! Mais pas elle. « Cependant, je suis un peu à part. » Catharina agita la main pour ponctuer ses paroles et continua de déguster son repas.
La jeune Marie-Madeleine quémanda conseils auprès de la jeune mère. Celle-ci s’avança instinctivement sur sa chaise pour se rapprocher et ainsi mieux l’écouter. Elle termina la bouchée qu’elle mâchait lentement et posa ses yeux sur l’enfant –oui, c’était toujours une enfant. « C’est normal, tâchez de ne pas trop vous en inquiéter. » L’angoisse était une ennemie très perfide, lorsque l’on portait un enfant. « Je vous en parlerai davantage, si vous le désirez toujours, après le repas, lorsque nous seront entre femmes. » La maternité était bien embêtant pour les messieurs qui les entouraient, Catharina en était consciente et préféra taire le sujet sans pour autant laisser Marie-Madeleine dans l’ombre totale.
Un hochement de tête accompagné d’un sourire fut les réponses qu’elle accorda ensuite à Marie-Gilbert, quand celle-ci lui glissa que le pianiste venait de faire son arrivée. Catharina parut presque déçue de voir son voisin de table se lever et quitter l’assemblée. À côté de qui osait-il la laisser, maintenant ? À côté de monsieur Spéret ! Cet éditeur plutôt louche qui n’avait de respectable que son épouse. Heureusement pour la pauvre casanière, il y avait Marie-Gilbert ainsi que sa fille. Quelle vie remplie avaient les bourgeois ! « Oh, Marie-Gilbert, comment en vouloir à un homme aussi charmant ? » Elle leva les yeux vers son amie. « Si j’étais le Ministère, je le rappellerais tout le temps. » Allez dire ça à n’importe quelle épouse à propos de son mari, elle vous aurait fusillée, mais Madame Pentois connaissait suffisamment bien Catharina pour savoir que la blonde n’avait que très peut conscience du choix de ses mots.
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| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Messages : 358
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mer 3 Avr - 11:16 | |
| Elke savoura sa sole en silence, mais plus encore se délecta t-il de l'affolement qu'il lu dans les yeux de madame Mauperché et l'effarement dans ceux de son mari. Pauvre petit couple minable. Il était tant satisfait de sa mesquinerie qu'il ne s'aperçut pas qu'alentour, on s'étouffait d'une témérité aussi inconvenante. Et pourtant, c'est une douce rigueur qui s'opposa son ire déraisonnée. - Prenez garde, Monsieur, la réputation de M. Hasard ne fait pas tout. Vous allez importuner Mademoiselle.Au mots d'Octave, le cœur de Ludwig succomba. Il voulu y porter la main mais le geste ne suivit pas l’ordre impulsé par ses neurones. Que cet homme était exécrable. Que sa voix l'insupportait. Que sa douceur sucrée méritait bien des gifles. L'allemand lança un regard à Désiré, mais il ne reçut pour seule réponse que d'être foudroyé par les yeux anthracite et glacés de son mentor. Les palpitations se firent douloureuses et plus pressantes. Un arrière goût de cendres vint altérer la sauce au citron, et il n'était plus sûr d'où provenait l'acidité qui lui brûlait la gorge. Le souvenir n'était pourtant qu'à l'état intangible d'impression, mais il fallait croire que son corps avait si bien imprimé l'ascendant de son père que, Ludwig, même sans y penser, en subissait encore les assauts. Ah, tu te croyais souple félin, stupide ! Tu n'es qu'un pitre pantin ! Il serra sa fourchette. Oh Seigneur, un jour, un jour ! C'est lui qui présiderait à la table, et tous, tous ! ils seraient obligés de se soumettre à l'évidence. Mais dans l’immédiat... ne devait-il pas reconnaître, lui, qu'il avait complètement perdu la raison ? N'aurait-il pas pu se taire ? Répondre poliment à Constance, ou ciel ! - que sais-je ? Parler de pipistrelles, citer Montesquiou 1, ou tiens, évoquer les bourgeons axillaires de ces merveilleux végétaux foliolifères 3... Ou même, tiens, disserter sur Bach2 ! … Ciel, non, il ne pouvait décemment pas parler de Bach... Il desserra un peu sa fourchette. Le temps lecteur, est, comme tu le sais, relatif à chacun. Si les amants implorent son suspens quand, de désespoir à ces lignes, tu espéras qu'il coule à flot, il ne se passa dans la réalité de cette scaynette mondaine, qu'un laps assez court de temps. Elke, pensant à cet égard en avoir suffisamment gaspillé, se tourna avec ménagement vers Constance : « De plus... je bois aussi à le sole, qui est... très délicieuse, vraiment... » Et il tâcha d'accompagner sa galipette hasardeuse du plus crémeux des sourires. Le son de sa propre voix sembla le rassurer quelque peu. La vie lui revint à la conscience et les bruits, comme des milliers de petites aiguilles, revirent tisser leur cohérence tout autour de ses cellules grises. Il intercepta, au hasard, quelques chutes de conversation. _________________________ 1 Qui était grand poète, comme chacun le sait... 2 Ha ha ! Un allemand qui parle de Bach. 3 Comme le faisait un cher papillon lorsqu'à la contrée, il voulait faire ses annonces...
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| | | Adélaïde d'ElméesLorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays.
Messages : 23
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Lun 8 Avr - 2:57 | |
| Le dîner suivait son cours, et cela m'était tout à fait agréable de pouvoir enfin profiter de ce genre d'évènements. Charles-Armand me répondit distraitement, comme à son habitude, mais je vis bien à son assiette que le plat lui avait plu. Je lui adressai un sourire avant de me retourner vers Monsieur Pentois, qui réagissait à ma question posée à sa femme. Je hochai la tête à sa réflexion.
- Je n'en doute point, Monsieur. Votre cuisinière fait des merveilles !
Madame de Carmoran renchérit sur mes mots, ce qui me conforta dans mon idée.
- Je n'en ai point encore trouvé. Et je pense qu'il n'existe en effet pas, ceci expliquant cela. Il n'y a que Paris qui puisse éblouir autant les cœurs que les esprits, et briller de ces derniers. Ne trouvez-vous pas, ma chère ?
Pendant que nous parlions, les domestiques débarrassèrent les assiettes pour nous servir le plat suivant : un rôti de biche et de la gélinotte. J'entamai le premier lorsque Monsieur Pentois annonça qu'il devait régler quelques affaires urgentes. Il s'excusa auprès des convives et s'enfuit bien vite malgré le fait que ce genre de choses n'était absolument pas convenable. Marie-Gilbert prit la parole pour l'excuser, d'un air rassurant, mais cela ne m'empêchait pas d'être quelque peu étonnée du comportement de son mari, pourtant si civil d'habitude. Je ne pus m'empêcher de regarder Boniface s'éloigner, tout cela du coin de l’œil évidemment.
Toute cette histoire m'intriguait : quelle affaire pouvait bien nous enlever notre hôte lors d'une réception telle que celle-ci ? Lise Champmézières posa la question qui me taraudait, mais elle ne le fit pas assez fort pour que Madame Pentois l'entende. En effet, notre hôtesse devait se trouver fort embarrassée par la tournure des évènements. Ne voulant point la mettre encore plus mal à l'aise, je choisis de me taire. Je jetai cependant un œil à mon frère aîné, lui indiquant ainsi mon étonnement. Ensuite, je reportai mon attention sur le plat qui dégageait une délicieuse odeur.
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| | | ThalieMademoiselle Clairon
Messages : 542
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Lun 8 Avr - 10:29 | |
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Monsieur Gervais avait rappelé à sa femme d'un froncement de sourcils de savoir se tempérer. Les débordements pouvaient être acceptés dans l'intimité, mais sûrement pas au sein d'un repas ! Marie-Madeleine se mordit la lèvre, et hocha la tête. Oh un jour elle saurait dompter sa langue ! Un jour.
Mme de Fréneuse, elle-même, confirma les propos de l'époux. Marie-Madeleine s'en excusa, sincèrement contrite.
— Vous avez grandement raison. Il est des choses à ne point dire ici.
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Le départ de Mr Pentois surprit Marie-Madeleine et l'attrista. Pourvu que la nouvelle ne soit pas mauvaise ! Elle savait qu'elle ne devait pas montrer son inquiétude, mais Marie-Madeleine restait une fille qui appréciait beaucoup son père, et pensait avec nostalgie à l'époque où elle pouvait s'asseoir sur ses genoux.
Ne voulant point déranger sa mère dans son rôle d'hôtesse, la jeune femme se tourna vers son époux, posant sa main sur le poignet de Monsieur Gervais.
— Mon cher, pourriez-vous savoir ce qui a appelé mon père ? J'avoue grandement m'inquiéter.
La jeune femme avait tâché de parler bas, mais ses paroles avaient pu être entendues par les voisins de table les plus proches. Qu'une femme s'inquiète, cela demeure normal. Mais trop d'inquiétudes n'allait-il pas nuire à une femme enceinte ?
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| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 9 Avr - 11:26 | |
| | Angélique de Carmoran, respectable marquise
Cette Madame d'Elmées était tout bonnement délicieuse : pas un mot plus fort que l'autre, et un esprit doux et plaisant ! Angélique de Carmoran hocha la tête, ignorant toujours M. Bonjour qui faisait son bourgeois gentilhomme. Devant les péroraisons de son voisin, la marquise ne put retenir un soupir - très léger et sans affectation : c'étaient bien ces attitudes-là qui, parfois, lui faisaient regretter les calmes réunions à la campagne, où l'on n'était certes pas à la pointe de la mode et du chic, mais où l'on savait rester mesuré et de bon ton... Elle renchérit sur le sujet, soucieuse de montrer à Madame d'Elmées qu'elles avaient décidément le même point de vue sur les choses :
- Oh, sans doute. Certes, l'on se plaît toujours à vanter Venise, mais Paris... Êtes-vous allée à Venise durant vos voyages, Madame ? Les artistes en font un rêve brumeux, une légende... mais je crois bien que la réalité est tout autre. |
Arrivèrent alors nos événements perturbateurs... La jeune femme eut le bon goût de ne point relever le manquement de M. Pentois - et encore moins celui de M. Hasard... et pourtant Dieu sait que son attitude la décevait - et reprit comme si de rien n'était, avec une grâce certaine : - Mais quelles sont les réalités que nos artistes n'embellissent pas outre mesure, n'est-ce pas... ?Ces bourgeois, tout de même, ne savaient pas gérer les crises... ~ * ~ | M. Hasard avait beau connaître le monde, il était resté discret jusqu'ici. Il connaissait mieux Boniface que Marie-Gilbert, et il savait que celui-ci mettait ses nerfs à rude épreuve, en cette période troublée. Il était aussi très concentré sur son jeune protégé, qu'il savait sanguin et prompt à l'enthousiasme - et vous disiez les allemands flegmatiques... ! Cependant, il oublia Ludwig von Herzfänger un moment, lorsque M. Pentois se leva, pâle comme un mort, pour regagner son bureau. C'était assurément surprenant de voir un tel manquement aux convenances chez les Pentois, les bourgeois les plus convenables du monde ! Désiré attrapa Boniface au vol et réussit à lui tirer quelques mots - certains d'entre vous les ont peut-être entendus. Il hésita alors puis, se tournant vers Madame d'Elmées, qui semblait prendre plaisir à la fête :
- Madame, me pardonneriez-vous si j'accompagnais un instant un ami dans la détresse ? Je serai de retour d'ici quelques instants, vous avez ma parole : vous ne serez point abandonnée par votre cavalier.
Demande de pure forme, évidemment, car bientôt M. Hasard rattrapait M. Pentois, soucieux de savoir ce qui se tramait de si grave. | ~ * ~ | M. Bonjour, quant à lui, se souciait assez peu du trouble qui s'était installé autour de la table. Entouré de femmes charmantes, il relevait, avec charme et légèreté, les saillies de Madame Champmézières et les commentaires de Madame d'Elmées. Il se permit même de répondre à la comtesse en ces termes :
- Madame, on voit que votre retour vous rend heureuse, c'est un plaisir à voir !
Et, avec plus de légèreté, il rebondit sur ce que venait de dire l'aimable couturière - louer les douceurs de la vie parisienne avait du bon, mais une table bourgeoise n'était pas l'endroit pour parler des lieux et des occupations qu'il y préférait :
- Je ne sais, chère Madame, mais je suis sûr d'une chose : quiconque se mêle de politique doit pouvoir être présent à chaque instant, quitte à en négliger sa vie sociale. Je me souviens d'un gouvernement qui s'est constitué dans les couloirs de l'Opéra, en pleine représentation de Faust. | M. Grangier, à qui l'on allait confier un portefeuille, est un fervent amateur d'opéra. Le pauvre a dû partir de sa loge pendant le passage de la nuit de Walpurgis, son moment préféré ! Bien entendu, les affaires de l'état ne savent attendre, mais tout de même... Je ne renoncerais pas volontiers à la compagnie de ce soir, quand bien même ce serait pour devenir Ministre !Et il ajouta, à l'attention de Madame Pentois : - Mais je n'ai pas le sens politique de votre mari, c'est entendu.Il espérait, dans tous les cas, avoir détourné la conversation. ~ * ~ | Madame Pentois pouvait être fière de ses invités. Bien sûr, certains d'entre eux avaient fait parler leur curiosité et beaucoup avaient suivi Monsieur Pentois - et Monsieur Hasard - du regard lorsqu'ils s'étaient éclipsés... mais pouvait-on leur en vouloir ? En même temps, M. Bonjour et Madame de Carmoran relançaient déjà la discussion... Marie-Gilbert profita du petit temps de diversion pour glisser quelques mots à sa chère fille, qui semblait s'inquiéter de la situation... Pauvre Marie-Madeleine... dire qu'il fallait ménager ses émotions ! Marie-Gilbert lui fit servir d'autorité un verre d'eau pour se rafraichir et la surveilla du coin de l'oeil, tandis que M. Gervais rejoignait les deux déserteurs, mandé par son épouse... Décidément, la table se vidait. Marie-Gilbert pâlit et, du regard, sembla appeler sa chère Catharina au secours. Elle-même attrapa au vol les conversations qui se nouaient et s'étaient nouées :
- Monsieur et Madame Spéret, irez-vous écouter Wagner, maintenant que l'Opéra s'en est emparé ? |
Wagner semblait du dernier chic dans les hautes sphères, à présent ... mais il était passé de mode aux yeux des avant-gardes, qui lui préféraient... tiens, qui lui préféraient quoi, d'ailleurs... ?! Madame Pentois profita de l'apostrophe pour s'assurer que le différent qui était né, en bout de table, entre le couple Mauperché et M. von Herzfänger - qu'elle avait remercié au passage pour le compliment - s'était bien calmé... Puis elle passa à l'autre bout de le table. Un peu par lâcheté, elle renonça à relancer Madame Forestier, dont elle craignait le sarcasme - pour sûr, si La Forestière voulait lui adresser une raillerie, le moment était tout choisi... ! Elle n'osa pas déranger M. Leduc, tout affairé à la dissection de la gelinotte ... et se reporta sur Madame Champmézières, à qui elle parla couture : - Mais dites-moi, Madame, à quelle occasion verrons-nous votre prochaine création ? Y a-t-il une pièce de théâtre, un opéra allemand - subtile transition -, un gala exceptionnel pour lequel vous travaillez en ce moment ?Et la soirée suivit son cours, au gré des conversations nouvelles... Monsieur Gervais revint le premier, assez vite, mais refusa de rien dire à sa petite femme au sujet de l'affaire qui occupait ces messieurs. On desservit les viandes et l'on présenta l'assiette suivant : du foie gras agrémenté de salade fraîche. Le croquant et la légèreté de la feuille de salade étaient une bénédiction après un tel festin... Par la suite, on présenta des entremets sucrés, et du fromage. Marie-Gilbert toucha à peine à sa crème renversée, les yeux rivés sur la porte... Ce n'est que lorsqu'on servit les fruits - frais et confits - que M.Hasard et M. Pentois réapparurent. M. Hasard reprit rapidement sa place, avec une discrétion remarquable - l'attention n'était pas réellement portée sur lui après tout - gratifiant Madame d'Elmées d'un léger sourire, l'air de dire "Je vous l'avais promis". Pour M. Pentois, c'était autre chose... L'oeil hagard, le teint pâle, il avait l'air ravagé. En retrouvant sa place, il déclara d'un air qui se voulait léger et qui ne l'était pas : "Merci, Marie, pour le repas... nous en avons bien profité malgré tout." Et à tout le monde : "Veuillez encore m'excuser, tout est réglé à présent et je suis à vous." Et il picora quelques fruits confits, sans trop prendre part aux conversations. C'est alors que Marie-Gilbert se leva, inquiète mais souveraine. Elle fit signe à une domestique qui emmena Mademoiselle Saintoin, sans davantage de précisions, et elle déclara au reste de l'assemblée : "Mes chers amis, j'espère que vous aurez apprécié ce repas en dépit des circonstances. A présent, je vous invite à passer au salon, où des rafraichissement et une petite surprise vous attendent." Les domestiques rouvrirent les portes, et les couples durent se reformer, le temps de passer au salon. On avait servi diverses liqueurs raffinées et un pianiste famélique jouait du César Franck sur le piano de la maison... La salle était plus petite et, enveloppée des notes douceâtres égrenées par le musicien, elle semblait plus accueillante que la grande salle aux fleurs exotiques : on en oublierait presque que la soirée ne s'était pas déroulée comme prévu. - Citation :
- La note de la Modération RP ~ Attention au fromage ! Les femmes en sont automatiquement dispensées - question de convenance. Les duos pour regagner le salon sont les mêmes que précédemment. En revanche, vous vous installez comme bon vous semble au salon et discutez avec qui vous voulez ! Ceux qui sont intrigués par la situation peuvent réaliser un autre jet de perception pour ce tour, selon les mêmes modalités.
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| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 16 Avr - 2:25 | |
| Un homme, deux hommes, plusieurs hommes quittèrent la table et ce n’était pas plus mal. Marie-Gilbert paraissait de plus en plus inquiète et je gardai un air serein pour ne pas l’encourager dans sa panique. Lorsqu’elle me regarda, je me contentai d’hocher la tête, calme et de lui envoyer un sourire tout à fait contrôlé. Je continuai mon repas, silencieuse, venant de perdre mon voisin le plus bavard. J’échangeai néanmoins quelques mots avec la petite Marie-Madeleine sur des choses futiles et légères de femmes.
Je m’animai un moment le temps de répondre à la mère « Ne vous ai-je pas maintes fois vanté les talents de Madame Champmézières ? » Sourire appuyé. Ma voix ne se porterait peut être pas jusqu’à Lise, mais Marie-Giblert m’avait entendu. J’attaquai un peu de salade puis de fruits frais. Je mangeai peu et ne me mêlai à peine aux conversations. Je fus cependant ravie de voire Boniface revenir, mais il parut si dévasté que je me refusai à lui parler à nouveau, pour le laisser tranquille.
Le temps de quitter la table arriva et cela me réjoui. L’idée de ne plus être cordée avec d’autres invités me faisait envie et je fus sans doute l’une des premières à me lever pour quitter la salle à manger au bras de Monsieur Pentois. Je me posai plutôt à l’écart, éloignée de l’agitation des autres invités et m’adressai à Boniface, gentiment « Vous semblez préoccupé Monsieur, Marie-Gilbert serait très déçue de voir que vous êtes toujours aussi soucieux, même dans le confort de votre maison. » Sourire triste mais qui ne se voulait pas désagréable.
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| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Sam 20 Avr - 8:56 | |
| Curieuse ambiance... Curieuse ambiance, en vérité.
Plus douées que Lise pour afficher l'indifférence face aux événements, la supposée-sœur (il faudrait s'en assurer, tout de même...) du vicomte de Lonsay et madame de Carmoran rivalisaient de mondanités polies. Ah, la particule était tout à la fois d'un chic et d'un ennui... ! Il n'y avait pas à dire, les hommes étaient plus intéressants. Enfin... un nouveau coup d'œil vers le professeur Leduc la fit corriger sa pensée. Il n'y avait pas à dire, monsieur Bonjour était plus intéressant. (Charles-Armand aussi, évidemment, mais c'était différent, n'est-ce pas ?)
L'anecdote politico-artistico-mondaine relatée par son aimable voisin réjouit Lise qui bénit intérieurement Marie-Gilbert de l'avoir si bien entourée. Il lui rappelait un peu Edmond, celui-là... Cher Edmond... ! Elle se prit un instant à regretter le défunt - quels regards furtifs n'eussent-ils pas échangés ce soir-là ! Complices, ils l'eussent été dans la moquerie (pauvre Leduc !) et plus encore dans la curiosité... Peut-être même Edmond eût-il réussi à en savoir un peu plus sur cette curieuse affaire.
La couturière fut interrompue à point dans ses pensées inappropriées. La brave madame Pentois relançait les conversations tous azimuts.
« Oh, non pas un opéra allemand, mais français, Madame ! J'ai le grand plaisir de travailler sur les costumes de la prochaine Thaïs - vous savez que l'on redonne Thaïs dès le 31 mai prochain ? Quelle joie pour moi qui adore cet opéra ! Enfin... je travaille surtout sur les costumes des deux premiers actes, naturellement ! »
Evidemment, le troisième acte manquait un peu d'intérêt si l'on se rappelait que Thaïs entrée au couvent ne pouvait être vêtue qu'en religieuse...
« Dire qu'il faut faire oublier Sibyl Sanderson, dont le talent n'a d'égal que la beauté ! Même en nonne, elle était divine... »
Et Lise eut un léger soupir, à moitié admiratif et à moitié découragé (quel défi elle avait là ! la nouvelle soprano avait la taille un peu forte...).
Fort heureusement pour Lise qui ne pouvait plus rien avaler, le repas s'achevait. Elle tâcha de se montrer fort aimable avec le docteur Leduc lorsqu'il la reconduisit au salon. Elle chercha alors Catharina du regard, pressée de pouvoir lui parler, mais celle-ci accaparait Boniface, un peu à l'écart. Aussi prit-elle place sur un canapé, laissant à la Providence le soin de lui choisir des compagnons d'intérêt. |
| | | Adélaïde d'ElméesLorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays.
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Dim 21 Avr - 4:38 | |
| Je répondis à la question de Madame de Carmoran et lui expliquai que mon époux devait certainement se trouver à Venise, ou s'y rendre bientôt en tout cas, mais que j'avais préféré revenir à Paris me reposer de nos nombreux voyages. J'étais d'accord avec elle quant à la réalité qui était sans cesse embellie par nos artistes.
- La seule ville qu'ils ne peuvent embellir plus qu'elle ne l'est déjà est sans aucun doute Paris. Notre ville-lumière est déjà bien plus magnifique, ils peuvent à peine lui rendre justice dans leurs œuvres.
Lorsque Monsieur Pentois s'absenta, Monsieur Hasard l'attrapa avant qu'il ne s'éclipse. Étant fort proche des deux hommes, je pus entendre leur conversation à peine murmurée. Il était question d'un certain « dossier Chrysanthème », et notre hôte affirma que ce n'était pas Madagascar qui nous l'enlevait. Mon voisin de table se tourna alors vers moi pour me demander la permission de s'absenter quelques instants avec Monsieur Pentois, mais ne me laissa pas le temps de répliquer. Je hochai cependant la tête, le laissant s'en aller. La situation paraissait grave, et ne voulant pas me mêler de politique pour l'instant – ce n'était pas le rôle d'une femme – je ne cherchai pas à en savoir plus que ce que j'avais entendu. Mais malgré tout, tout cela m'intriguait énormément. Que pouvait-il y avoir de si grave pour que ces hommes s'absentent ainsi ?
Je me tournai alors vers Monsieur Bonjour, qui semblait vouloir changer de conversation. J'acquiesçai et souris à sa réflexion. En effet, j'étais très heureuse de revenir à Paris, et cela se voyait tant dans mes paroles que dans mes actes. Il s'adressa alors à Lise Champmézières, parlant de politique, avant de dire à Madame Pentois qu'il n'avait pas le talent de son mari dans ce domaine. Et la soirée suivit son cours, les conversations reprenant sur des sujets tout à fait divers. Aux viandes succédèrent le foie gras et la salade fraîche – magnifiquement rafraîchissant après les plats précédents –, puis les entremets sucrés et le fromage. Je ne mangeai pas de ce dernier, comme la convenance l'exigeait. De toute façon, je n'étais pas une grande amatrice de fromage.
Lorsque les fruits arrivèrent à table, M. Hasard et M. Pentois revinrent à nous après une assez longue absence. Le premier s'installa discrètement à mes côtés, me gratifiant d'un sourire qui avait l'air de dire « Je vous l'avais promis ». Je lui rendis un sourire de convenance avant d'observer M. Pentois, qui était bien moins discret, et surtout qui avait l'air dévasté. Il s'excusa et affirma que tout était réglé – mais fallait-il le croire ?
- Tant mieux si cela est réglé. Il serait dommage de ne pas pouvoir profiter de la soirée organisée en votre honneur, Monsieur Pentois.
Je me tournai vers Monsieur Hasard.
- N'êtes-vous pas d'accord avec moi, mon cher ?
La soirée reprit alors son cour. Bientôt il fut temps de se rendre au salon pour profiter des rafraîchissements ainsi que d'une surprise orchestrée par Madame Pentois. Je me levai et pris le bras de Monsieur Hasard, suivant les autres couples jusqu'au salon, une petite salle plus accueillante. Un pianiste jouait une musique assez douce et plutôt agréable.
- Marie-Gilbert, le repas était très agréable, et j'ai hâte de voir la surprise que vous nous avez préparée !
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| | | Octave Canard-MauperchéEncore une victoire de canard !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Lun 22 Avr - 22:02 | |
| M. et Mme Canard-Mauperché ne comprirent pas bien ce qu'il se passa. Isolés en bout de table, ils étaient loin d'entendre les murmures de ceux qui étaient dans le secret... et ils étaient même un peu loin pour attraper au vol les conversations qui se renouvelaient. Leur interlocuteur en face semblait résolu à ne plus leur adresser la parole et ils s'ignoraient mutuellement avec superbe, tous persuadés de leur supériorité par rapport à l'autre. Raymonde écoutait, l’œil brillant, les conversations de Mesdames d'Elmées et de Carmoran, admirait un peu l'élégance de M. de Lonsay - en silence, mais que son regard était éloquent ! - et puis elle écouta Madame Champmézières avec intérêt... Elle se rappela alors la proposition que la dame lui avait faite, dans des circonstances bien malheureuses... et tandis qu'on quittait la table, après des fruits et entremets délicieux, elle résolut d'aller lui parler.
- J'aimerais aller saluer Madame Champmézières, mon cher.
- Oh, Raymonde, répliqua Octave, qui avait plus envie de s'entremettre avec M. Pentois et M. Bonjour, mais ne voulait pas quitter sa femme, ce ne sera pas facile, Madame Champmézières est une femme occupée qui sera bien vite accapa...
- Mais non, voyez : elle s'est installée seule dans un fauteuil, il serait tout à fait convenable de l'aborder en ces conditions.
- Hé bien, ma chère, je vous suis...
Raymonde eut un joli sourire et s'approcha lentement de la couturière. Elle ne savait pas vraiment comment l'aborder et lancer la conversation, à vrai dire...
- Madame, je vous prie de m'excuser de ne point vous avoir saluée tout à l'heure. Vous comprendrez sans doute mon émoi - elle rougit un peu - quand j'ai vu arriver deux des acteurs - elle désigna Elke du regard, avec un air pincé - de cette affaire... Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous faire honorer votre promesse, mais je ne l'ai pas oubliée... Vos travaux semblent fort appréciés dans le monde et la robe que vous avez confectionnée pour Marie-Gilbert est magnifique !
Octave, quant à lui, avait salué Lise d'un air tranquille, et s'était légèrement décalé sur le côté, pour être à portée des petits gâteaux, qu'il dégustait lentement, avec un air de vieil hibou satisfait. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Mar 23 Avr - 4:55 | |
| | Ces dames semblaient apprécier l'Opéra et M. Bonjour put se féliciter d'avoir réussi à détourner la conversation. Il décela d'ailleurs dans le regard de ses voisines un certain intérêt pour son intervention et sa moustache en frémit de plaisir ! Il laissa ensuite parler Madame Champmézières et hocha la tête vigoureusement lorsqu'elle parla des deux premiers actes de Thaïs. Quelle femme intelligente que cette couturière ! Il renchérit :
- Comme vous avez raison, Madame ! Dans tous les cas, j'aurai soin d'aller voir vos costumes. Les chanteuses sont-elles faciles à vivre, d'ailleurs ? Suivent-elles volontiers vos avis ou font-elles des caprices ? C'est que ... - il jeta un regard à la jeune Constance - ces dames-là ont souvent fort caractère.
On continua un peu sur le sujet, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de sortir de table et de se rendre au salon. Monsieur Bonjour présenta alors son bras à Angélique et la conduisit à un fauteuil. Il tenta de lui faire la conversation plus librement qu'au début du repas, échauffé par le vin et par les succès qu'il avait eus à table, mais la mégère demeurait de marbre et M. Bonjour en vint à attendre avec impatience le moment où les hommes se retireraient au fumoir... ou de trouver quelque expédient pour délaisser sa boudeuse compagne et retrouver compagnie plus charmante, par la suite. | ~ * ~ | Angélique de Carmoran, respectable marquise
La belle Angélique hochait la tête, pensivement, aux propos de Madame d'Elmées. A vrai dire, elle commençait à trouver que son interlocutrice en faisait un peu trop. Elle ne se fit d'ailleurs pas prier pour lui faire remarquer, tout en douceur :
- Vous avez raison, Madame, en ce qui concerne les beaux hôtels particuliers du quartier du Marais ou les églises parisiennes d'autrefois. Oh, elles sont souvent bien discrètes par rapport aux monuments gigantesques que l'on érige aujourd'hui... mais ô combien plus raffinées ! En revanche, tous ces boulevards semblables... Et cette tour Eiffel qu'ils avaient promis de retirer après l'Exposition et qui défigure toujours le Champ de Mars... Paris n'est, hélas, plus aussi beau qu'il l'a été.
Propos un peu passéiste, certes, mais qui ne dirait pas cela après qu'une ville ait tant changé de visage... ? |
Mais alors qu'on servait les fruits frais, M. Pentois et M. Hasard réapparurent. Angélique ponctua leur retour d'un sourire distrait qui en disait long. Elle quitta ensuite la table au bras de M. Bonjour, qui avait un peu trop brillé à son goût. Lui adressant quelques propos ironiques, elle prit une tasse de thé qu'elle porta délicatement à ses lèvres. Elle profita enfin de la remarque de Madame d'Elmées pour renchérir : - Ce morceau est d'ailleurs tout à fait charmant ! Le pianiste adressa un sourire à la jeune femme mais continua à jouer pour l'heure... ~ * ~ | Fichtre... ! M. Hasard, que l'on savait si impassible d'habitude, revint fort préoccupé à son tour. Il ne sut d'ailleurs pas entamer la conversation avec sa charmante voisine, et fut très reconnaissant à Madame de Carmoran de le faire à sa place... Madame d'Elmées se tourna pourtant vers lui, sans doute soucieuse de l'intégrer de nouveau à la conversation. Il acquiesça :
- Ce serait assurément un grand dommage ! Mais heureusement, l'incident est passé et nous pouvons dès lors nous occuper de la soirée et d'elle seule.
C'était faux. Il était soucieux. Cela ne l'empêcha pas de présenter son bras avec un soin charmant à sa cavalière et à la raccompagner au salon quand il fut temps.
- Dois-je vous ramener à votre frère ou revendiquez-vous votre indépendance, chère Madame ?
Et ce faisant, il faisait signe à Ludwig von Herzfänger, qu'il invitait d'un regard sévère à le rejoindre. Il eût souhaité s'entretenir avec lui en privé quelques instants, mais les convenances lui interdisaient d'abandonner la charmante Adélaïde. | ~ * ~ | Mme Forestier était restée étonnamment discrète tout au long du repas. A vrai dire, elle n'appréciait pas vraiment la place qu'on lui avait attribuée, en bout de table, auprès de gens qu'elle estimait bien peu dignes de profiter de sa présence. La balourdise de son mari lui était aussi un peu restée sur le cœur. Cela expliqua son silence, bien surprenant de la part d'une telle femme... Oh, bien sûr, elle échangea quelques mots bien sentis avec son mari et ses voisins de table, mais rien de piquant ni de mémorable, comme on aurait pu s'attendre de sa part. De même, elle ne fit pas immédiatement de remarque quand M. Pentois dut s'absenter, ce qui sans doute étonna nos convives et leurs hôtes. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort... Anne-Marie attendait son heure.
Elle regagna d'un pas digne le salon où elle s'installa bien en vue de tous, et prit une tasse de thé que lui tendait une domestique. Le thé et les petits gâteaux étaient bons, d'ailleurs... mais inexorablement classiques. Alors que Madame Pentois passait près d'elle, Anne-Marie lança gentiment - bien qu'on devinât très bien le fond de sa pensée :
- Je vous admire, Marie-Gilbert, pour faire fi à ce point de convenances. Un dîner en l'honneur d'une personne qui s'absente pour la moitié du repas, c'est assurément nouveau et osé, moi-même je n'avais jamais osé dans mes réceptions. Inutile de dire que je m'inspirerai grandement de vous pour mes prochains salons... | Il fallait évidemment comprendre tout le contraire. Marie-Gilbert respirait par les convenances, vivait par les convenances. Lui faire remarquer ce manquement énorme, même voilé par un faux compliment, la mortifierait, Anne-Marie en était parfaitement consciente. Les mots avaient un tel pouvoir... Ils blessaient si sûrement, malgré les apparences... Rejoignant son mari, Madame Forestier ajouta, de son air le plus affable : - Qu'avez-vous donc prévu pour la suite ? J'ai fort hâte de découvrir votre surprise, dont Madame - elle désigna Adélaïde - parle avec tant d'enthousiasme.Inutile de dire qu'après la surprise du départ précipité de M. Pentois, toute autre surprise s'en trouvait affaiblie... ~ * ~ | M. Pentois profita du passage au salon pour se mettre un peu à l'écart et reprendre ses esprits un instant. Fort heureusement, il raccompagnait la princesse de Fréneuse, qui n'était pas du genre à se formaliser de ce genre d'entorses à la mondanité. Sa présence avait d'ailleurs quelque chose de rassurant, avec cette blondeur presqu'effacée, cette voix grave et douce et ce regard perdu dans le lointain... Mais ses mots le touchèrent en plein cœur. Dans un geste instinctif, incontrôlé, M. Pentois posa la main sur le bras de la princesse de Fréneuse (qui le dépassait presque tellement elle était grande) et s'y appuya un instant.
- Ah, Madame ! Croyez-vous que je l'ignore ? Ma pauvre Marie est sans doute fort blessée de mon silence... mais ce serait bien pire si je lui parlais de ce qui me préoccupe.
Il se pencha vers la princesse et ajouta, sur le ton de la confidence :
- Puis-je compter sur votre discrétion... ? Marie-Gilbert vous fait confiance, j'ose croire que c'est à raison. |
Et après s'être assuré qu'ils étaient assez isolés pour qu'on ne les entendît pas, il reprit : - Vous qui êtes mère, vous pouvez me comprendre mieux que tout autre. Que feriez-vous si l'on menaçait de s'en prendre à vos enfants... ?Mais il sembla soudain prendre conscience de ce qu'il venait de dire... Pâlissant, il reprit le ton mondain qu'on lui avait connu depuis le début de la soirée, et s'empressa d'ajouter : - Mais vous avez raison et je divague. Il ne faudrait pas faire de la peine à Marie-Gilbert. Si vous voulez bien m'excuser, je vais retourner sur le devant de la scène et faire honneur à sa réception, comme il se doit. Vos conseils sont d'or, Madame... - Il fit un pas, se ravisa ... - Suivez-moi si cela vous fait plaisir.Et M. Pentois vint rejoindre son épouse, souriant comme il pouvait, à disposition des invités. ~ * ~ | N'en déplaise à Madame Forestier et aux grincheux de tous poils (oh ! fi de la correction un instant, l'heure était grave !) Marie-Gilbert occupa ses invités du mieux qu'elle put. Elle hocha vigoureusement la tête lorsque Madame Champmézières parla de Thaïs et promit, à la suite de M. Bonjour, d'aller admirer son travail au palais Garnier. Elle releva les réponses des Spéret avec recul et philosophie et leur donna raison avec une modestie exemplaire, enjoignant le couple Mauperché et M. von Herzfänger à se prononcer sur la question. Il fallait à tout prix faire oublier l'incident ! Il fallut ensuite passer au salon, comme nous l'avons dit. Marie-Gilbert surveilla du coin de l’œil Ludwig von Herzfänger qui choisit non sans discernement d'accompagner Mademoiselle Saintoin jusqu'au domestique qui devait la conduire ailleurs... Elle adressa un signe de tête encourageant au jeune homme, comme pour s'excuser de l'avoir privé de cavalière pendant un temps. Elle dut ensuite faire face aux sarcasmes de la Forestière, qu'elle supporta plutôt bien et auxquels elle répondit par des remerciements un peu froids...
Arrivée au salon, elle salua le pianiste et répondit à l'exclamation de Madame d'Elmées - ignorant volontairement la remarque de Madame Forestier. | - Vous devinez sans doute de quoi il s'agit, Adélaïde. Vous aurez remarqué que la timide jeune fille qui était à notre table a disparu tandis que nous quittions la table et qu'un pianiste de talent nous berce de tendres mélodies. Je me suis dit qu'il serait plaisant d'entendre un peu de musique - dont M. Pentois est friand. Quelques morceaux de chant seulement, car je sais que vous n'êtes pas venu dans ce salon pour parler d'art... Juste assez pour nous ravir les sens et oublier un instant les soucis du monde... Notre interprète devrait arriver dans quelques minutes, et je profite de ce bref instant pour vous présenter notre pianiste : M. Louis Morel, du conservatoire de Paris.L'artiste termina sa phrase musicale par un accord doux qui s'estompa, et se leva pour saluer l'assistance. Il se garda bien de faire résonner le son de sa voix, cependant, mais ses signes de tête étaient plein de retenue, de déférence... et d'un peu de fierté. Malgré son air arachnéen dans son costume noir serré, il semblait assez agréable. Il se réinstalla bien vite au piano où il commença une valse légèrement mélancolique. Monsieur Pentois en profita pour lancer, d'un ton léger : - Dommage que ce salon soit trop petit, Marie, je vous aurais volontiers offert cette danse ! Madame Pentois eut un large sourire, et Constance réapparut, blanche de peur. Une fine gouttelette de sueur perlait à son front parfaitement fardé. Elle s'avança vers le piano, sans un mot ni un regard pour ceux qui l'avaient amenée ici ou recommandée (le trac, sans nul doute) et après quelques instants, le temps que tout le monde eût choisi sa place et que le silence s'installât... Elle entonna d'une voix cristalline trois airs courts : Il était un roi de Thulé et L'Air des bijoux de Faust, la Séguedille de Carmen et L'Heure exquise de César Franck. Le pianiste l'accompagnait avec talent, laissant parfois la voix au premier plan et reprenant parfois le pas, d'un doigté virtuose. Amateur de musique ou non, l'on pouvait se laisser séduire : l'instant fut plein de grâce. Entre deux morceaux, M. Bonjour en profita d'ailleurs pour rejoindre Madame Champmézières et lui glisser avec un sourire, avant de continuer à écouter : - Cette demoiselle... Est-ce sa voix qui la rend si belle, ou lui avez-vous confectionné une robe à elle aussi ?Bientôt la voix de Constance mourut sur une note douceâtre, enveloppée des accords du piano. Les deux artistes se levèrent et saluaient, tandis que Madame Pentois s'était levée et enjoignait tout le monde à reprendre du thé et des douceurs...
Dernière édition par Pierrot Lunaire le Ven 3 Mai - 3:53, édité 1 fois |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Dim 28 Avr - 8:06 | |
| Ainsi, la Providence avait choisi d’amener à elle le couple Canard-Mauperché. Lise cacha sa surprise et accueillit Raymonde avec un sourire bienveillant et Octave avec un signe de tête aimable. Lorsque Raymonde évoqua l’affaire, la couturière eut d'ailleurs un petit geste apaisant qui signifiait : c’est oublié, voyons ! Et son sourire s’épanouit encore aux compliments de l’affable madame Canard.
« Oh, je vous remercie, c’est très gentil à vous. Mais asseyez-vous, je vous en prie ! »
Et de la main elle l’invita à s’installer à côté d’elle.
A quelques pas se tenait l’odieux Prussien. Si Lise avait noté que le couple de libraires avait été placé juste en face de lui au dîner, l’altercation lui avait totalement échappé, occupée qu’elle était avec monsieur Bonjour. C’est pourquoi elle osa questionner Raymonde sans arrière-pensée, désignant Elke d’un geste discret :
« Savez-vous qui est ce jeune homme ? J’ai l’impression de le croiser sans cesse sans que nous ayons jamais été présentés… »
Pendant ce temps, Constance s’installait… Et sa voix surprit Lise qui n’avait pas assisté à son entrée. Elle tourna vivement la tête vers la cantatrice… et ne put s’empêcher de la détailler de haut en bas. Dieu qu’elle était charmante… ! Un peu pâlotte, un peu tendue, bien sûr. Mais sa robe lui allait à merveille (évidemment) et elle avait une grâce à la fois enfantine et féminine. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle chantait bien. Les pinces de la jalousie revinrent serrer le cœur de Lise. Spontanément, elle chercha Charles-Armand du regard. Il devait se ravir du spectacle, comme tous les hommes de l’assistance.
Quelques mots glissés à son oreille la firent cependant se retourner… et rencontrer le sourire de monsieur Bonjour, qui venait de tirer un fauteuil tout près d’elle. Elle l’observa un instant sans répondre, tandis que lui-même fixait toujours tranquillement la petite chanteuse. Voulait-il la flatter ? Mais pourquoi alors ses mots résonnaient-ils si désagréablement à l’oreille de Lise ? Était-ce une simple maladresse, ou bien monsieur Bonjour était-il définitivement un coureur ?
« Vous êtes perspicace, Monsieur, la robe sort bien de ma Maison. » répondit-elle à mi-voix.
Un peu amère, elle détacha son regard de l’homme en contemplation et le reporta doucement sur la chanteuse avant de poursuivre sur le même ton :
« Mais Mademoiselle Saintoin n’a pas besoin de mes services pour que rayonne sa beauté. Le charme de sa personne et de sa voix n’échappe à personne, je suppose… »
Les dernières notes de César Franck s’évanouirent alors, et Lise applaudit avec les autres. A l’invitation de madame Pentois, elle trempa les lèvres dans une tasse de thé avant d’adresser un sourire un peu ironique à monsieur Bonjour :
« Quant à savoir si elle présente le fort caractère des chanteuses que vous évoquiez tout à l’heure, je ne saurais vous répondre. » |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Jeu 2 Mai - 3:49 | |
| Quel homme, ce Monsieur Pentois ! Il semblait tout bouleversé, aussi mal à l’aise que la jeune mère dans le monde. Catharina garda son sourire affable et son air d’un naturel un peu triste mais amical. Cependant, elle se raidit lorsqu’il posa une main contre son bras. Tentant la subtilité, elle roula des épaules pour retrouver son petit espace personnel et faire tomber la vilaine main qui s’était abattue sur elle. Elle hocha la tête, pour lui assurer que la confiance de Marie-Gilbert ne tombait pas en de mauvaises mains.
« Hva ? »
La question l’avait surprise et elle porta une main à ses lèvres. Ciel ! Si l’on menaçait ses enfants… Elle plissa les yeux, suspicieuse et vint pour répondre mais fut coupée. Visiblement, Boniface préférait changer de sujet, se rendant compte de la pesanteur de ses mots. Elle trouvait que Monsieur agissait de manière curieuse, depuis son retour.
Plutôt que de le suivre, n’ayant pas l’impression d’être de bonne compagnie pour lui –et ne désirant pas se le faire reprocher par Marie-Gilbert, Catharina tourna sur elle-même et chercha Lise. Lise, Lise, qu’elle avait à peine saluée depuis le début de la soirée. Lise, de qui, pour faire changement, elle ne portait pas la robe mais, pour lui faire honneur, avait opté pour quelque chose de pas trop passé de date. Catharina s’apprêtait à la rejoindre, lorsqu’elle se souvint de la petite Marie-Madeleine, préoccupée par sa grossesse. Elle tourna encore et vint rejoindre la tout jeune femme, posant une main maternelle derrière son épaule.
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| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Jeu 2 Mai - 11:44 | |
| Le garçon s’était un peu repris lorsqu’on avait parlé d’opéra allemand, à l’autre bout de la table. Il avait suivi la conversation tant bien que mal mais n’avait pu y prendre part. Les évènements ensuite s’étaient tous enchaînés avec la fluidité exemplaire du merveilleux théâtre mondain. Les invités se disloquèrent, abandonnant leur place convenue pour une qui leur saillait mieux. Au fond de son cœur, la tempête faisait encore rage, mais il tâchait de se ragaillardir et de comprendre un peu mieux l’agitation qui avait bouleversé le repas. Ses états d’âme pourraient attendre après tout, n’était-il pas plus intéressant de s’enquérir un peu des extrémités qui avaient poussé Monsieur Pentois à s’absenter ? Et s’il était trop tard pour cela – n’aurait-il pas fallut s’en occupé un peu plus tôt, au lieu de fanfaronner ? – n’y avait-il pas possibilité de regagner un peu l’estime de Madame l’hôtesse ?
Dans le salon, nouvelles places, nouvelle attraction. Elke se laissa envouter par la musique, trouvant dans cette ivresse un moyen plus sûr de contrôler ses limites – l’alcool peut si insidieusement vous surprendre ! Cela était ravissant, sans nul doute. Au loin, il regardait Madame Champmézières, dont la voix ne semblait vouloir quitter son esprit. Elle le hantait, comme un fantôme étrange et pourtant familier. Il aurait presque voulu aller lui l’entretenir quelques instants mais il souffrait assez mal en réalité de l’éclat dont elle jouissait. Même en ayant raté le coche, on ne pouvait rater le rayonnement qui émanait d’elle et qui happait l’attention de tous à son endroit. Il se refusait à faire comme tous ces chiens.
Mais il ne pouvait se résoudre à rejoindre Désiré non plus. Il avait bien remarqué l’ordre silencieux qu’il lui avait donné, mais il profitait, pour l’heure, que son mentor fut accaparé par Madame d’Elmées. Il osa plutôt aller toucher un mot aimable à madame de Pentois, avec une réserve qui contrastait fort avec son impulsion précédente. A vrai dire, il ignorait si ce mouvement n’était pas risqué et s’il n’allait pas s’enfoncer davantage, mais l’élan lui vint de ce qu’il pensait ne pouvoir tomber plus bas.
« Madame, je dois bien confesser, je ne sais pas si j’irai moi-même entendre Wagner, mais assurément, je voudrais entendre Madame Saintoin par le futur. » Tout en parlant, et particulièrement sur sa dernière phrase, il regardait tour à tour le couple Pentois. Il parlait certes plutôt à Madame – et ne savait trop que dire à Monsieur - mais il tentait au possible de s’adresser au couple, n’était-ce que par un simple jeu de regard.
« Et, à ce propos, Madame Forestier, continua-t-il sur un ton naïf, faisant mine de ne pas avoir compris la pique de la salonnière, aurait grand raison de s’inspirer de votre connaissance : la voix de Madame Saintoin, sur le jeu de Monsieur est un surprise très délicieux. »
Alors que les dernières notes languissaient, il s’effaça quelque peu – ciel, il ne voulait plus paraître inopportun à présent – et se contenta d’applaudir sans trop faire de bruit.
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| | | Octave Canard-MauperchéEncore une victoire de canard !
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... Ven 3 Mai - 2:36 | |
| Raymonde ne se fit pas prier et s'installa aux côtés de Madame Champmézières. Octave fit de même. Le couple déchanta bien vite quand la couturière fit glisser la conversation au sujet de l'allemand. Raymonde eut un regard d'incompréhension et c'est Octave qui, grognon sous sa moustache, releva l'étrangeté :
- Je ne sais, Madame Champmézières, mais son comportement me semble loin d'être recommandable. Ne vous souvenez-vous donc pas... ?
Raymonde le fit taire d'un regard impérieux. Quelle lourdeur toute bourgeoise ils avaient, de s'attarder sur un incident que cette dame si élégante avait daigné oublier déjà... !
- Je puis dire, en tout cas, que j'ai à peu près cette même impression. Ce jeune homme est partout et il n'a pas la retenue que l'on attend de la jeunesse, glissa Madame Mauperché d'une voix douce.
Puis elle se tut, légèrement intimidée, à l'arrivée de M. Bonjour et de Madame de Fréneuse. Ce fut Octave qui reprit, voyant la blonde scandinave qu'il avait déjà rencontrée, lors d'une étrange séance de spiritisme chez Madame Forestier, tourner autour d'eux... avant de partir vers une autre direction :
- Je suis heureux de voir que Madame de Fréneuse, qui semble se porter à merveille depuis notre rencontre avec les esprits. Vous aussi, d'ailleurs, Madame... je n'avais pas fait le lien tout de suite, mais vous étiez là également. Nous, le jeune allemand là-bas... On rencontre toujours les mêmes personnes, dans le monde !
Il avait dit cela d'un ton neutre, presqu'indifférent, comme on parle de la pluie et du beau temps. Il ne manqua pas, d'ailleurs, d'applaudir Constance et de se servir une tasse de thé qu'il dégustait lentement, avec ce même flegme de vieil oiseau fatigué. |
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| Sujet: Re: [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... | |
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| | | | [Intrigue] M. et Mme Pentois ont le plaisir de vous convier à ... | |
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