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| Bavarde moins, parle plus | |
| Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Bavarde moins, parle plus Lun 8 Avr - 15:31 | |
| Elle ouvrit délicatement le grand recueil de poèmes et fit tourner les pages du bout des doigts. Catharina ne s’arrêta pas tout de suite aux textes, s’attardant plutôt sur les images. À son fils, elle pointa les doux visages des femmes de la mythologie, traçait les drôles de monstres nordiques. Snowden parut d’abord étonné, peu habitué à voir une telle façon de dessiner, mais se laissa rapidement charmer par les illustrations scandinaves. Le jeune garçon était posé sur les genoux de sa mère, appuyé contre son buste et celle-ci se trouvait affalée dans un coin du divan.
Après ces réceptions et sorties de fiançailles et de mariage, Catharina tentait de reprendre un mode de vie casanier, ne quittant sa demeure qu’en cas d’extrème nécessité. Elle avait dans son sac une liste d’excuses toutes faites et pas complètement fausses : Du « Il y a encore beaucoup à faire à la maison. » au « Gardenia a passé une mauvaise nuit, je préfère rester avec elle aujourd’hui. » Des histoires d’enfants et de décorations, la norvégienne en avait toutes une pelletée et elle n’hésitait pas à en abuser. Raconter des histoires de mythologie à son fils était largement plus agréable que d’aller parler avec Madame Qu’on-doit-connaitre et Madame Indispensable. Bientôt, l’on ne jugera plus la nouvelle Princesse de Fréneuse pour son divorce, mais pour sa présence en pointillé dans le monde.
Snowden se pencha un peu plus sur le livre, un titre avait attiré son attention. « Une chanson de soleil ! » Le soleil c’était beau, c’était la lumière. Le soleil c’était joyeux. Il battit des paupières, se concentra pour déchiffrer le poème suédois alors que Catharina jouait dans ses cheveux ou embrassait sa joue. Il parut un peu perdu, ne sachant pas où donner de la tête, alors sa mère lui pointa un verset sur lequel se concentrer. Il pointa ce qu’il réussit à traduire : « Le soleil que j’avais vu. Il… a mal ? Et… il est puissant. Et là, encore plus puissant. » Catharina étira un large sourire, fière de son ainé. « Comme tu es doué, meg elske. » Passant un bras autour de son corps frêle, elle le blottit contre elle et redressa le livre pour mieux voir ce qui y était inscrit. « Tu as bien Solen såg jag, mais sargad veut plutôt dire qu’il est blessé, av blodrunor, avec des runes de sang. » Elle plissa les yeux, trouvant l’image plutôt sombre.
Catharina continua à déchiffrer le texte avec l’aide de son fils. Celui-ci se servait à merveilleux de ses notions apprises et arrivait à comprendre le sens très général des versets. Il s’agissait après tout de poésie, on lui pardonnait d’être encore trop jeune pour tout comprendre. Des bruits de pas –soyons francs, des bruits de canne- attirèrent alors son attention et elle se détourna du cocon qu’elle c’était créé avec son fils. Jean n’était pas loin. Lorsqu’il passa près du divan et fut suffisamment proche d’elle, Catharina tendit le bras dans sa direction et agrippa sa manche. « Mon cher, je vous prie, venez vous asseoir à nos côtés un moment. » Sur ces mots, elle lui lança l’irrésistible sourire de l’épouse parfaite.
- Spoiler:
L'extrait que lisent Catharina et Snowden est tiré de Den Poetiska Eddan. Il s'agit d'un verset du poème islandais Solsången : Solen såg jag sargad av blodrunor, jag var på väg från världen; mäktig hon tycktes på många sätt, mäktig som aldrig förr Google traduction le traduit comme ci : Le soleil que j'ai vu blessés avec des runes de sang, Je venais du monde; puissante, elle semblait à bien des égards; puissant comme jamais auparavant Évidemment, je parle pas couramment le suédois hein, alors c'est sûr qu'il y a des erreurs mais chuuuut !
Dernière édition par Catharina de Fréneuse le Mer 10 Avr - 2:00, édité 1 fois |
| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Mar 9 Avr - 2:56 | |
| Jean était soucieux, ce matin-là. La journée avait pourtant commencé sous de bons augures... Ah... ! Plaisir des matinées où, sa tendre épouse s'étant déjà levée - aux aurores, comme les poules et les enfants - Jean pouvait profiter de l'espace et dormir encore une petite heure ou deux, étalé de tout son long sur le lit conjugal... Il étaient des plaisirs qu'on ne se refusait pas ! La félicité, cependant, fut de courte durée. Lorsque Jean sonna François et que ce dernier ouvrit les rideaux, l'héritier de Fréneuse eut la désagréable surprise - lui, d'ordinaire si robuste ! - de se trouver un rien migraineux... et ce, sans pourtant que ses occupations de la veille, somme toute bien sages, pussent expliquer son état. Il avait sonné François - oh, ce brave homme, d'une fidélité à toute épreuve ! il avait suivi son maître après son mariage et son déménagement, une chance... on n'en faisait plus des comme lui - qui lui avait apporté une tasse de thé clair et du pain beurré. Ce frugal petit déjeuner, pris au lit - Jean eut soin de pousser les miettes du côté de Catharina avant de se lever* - lui remet un peu les idées en place. Il se leva. Temps humide - sa jambe lui faisait mal. Il grinça des dents, profitant de sa solitude. Pensant ce temps, François préparait le tub et M. de Fréneuse fit le même rituel que celui qui avait sans doute consacré le lever de sa femme. L'eau lui ruissela sur la nuque - cascades amères et arpèges descendants. Il frissonna... D'ailleurs, Catharina était étonnamment peu frileuse pour une femme, c'était un des avantages, sans doute des femmes scandinaves - Jean aimait les généralités, à certains jours. Un peu plus réveillé, l'héritier de Fréneuse s'enferma dans son bureau où, allumant la première cigarette du jour, il éplucha les journaux afin de suivre les variations de la Bourse. Quelques mauvaises nouvelles le firent grimacer - décidément, ce n'était point son jour - et il envoya François - toujours lui, pauvre homme ! - porter un télégramme indiquant l'évolution de placements importants. La mathématique des finances, avec ses algorithmes étranges faisait partie de ces langages ennuyeux qu'on vous obligeait à comprendre, pour tenir votre rang. Cela nécessitait de guetter, chaque jour, les hausses et les baisses du blé, des chemins de fer ou du commerce de banane - ce sont de exemples comme ça - et Dieu ! - oui, nous jurons - que c'était ennuyeux ! Les heures de travail matinal, où Jean de Fréneuse entretenait sa fortune, étaient ceux où il écoutait le plus son petit bavardage intérieur. Au bout d'un moment, fatigué, il promena son regard d'un coin de la pièce à l'autre. Dans un coin, une moitié de coquillage échouée là, vestige d'un ancien bénitier, qu'il avait - fantaisie bizarre - déniché aux Puces. Pour ne pas faire crier sa femme, toute occupée d'aménagement intérieur ces derniers temps, il l'avait laissée là, et avait même commencé à entasser différents bibelots à l'intérieur... dont quelques livres ennuyeux qu'il ne voulait pas jeter mais qui trouvaient difficilement place sur ses étagères. En contemplant la coquille moirée, Jean se surprit à songer aux embruns des mers du Sud - ressouvenance d'un voyage à Alger, il y a maintenant quelques temps... puis son regard vagabonda encore... Il se posa sur un livre qui dépassait un peu de la bibliothèque et que Jean alla replacer. La Femme, cette étrange créature... Jean n'avait même pas lu ce livre et savait à peine de quoi il retournait, mais il songea à son épouse, sûrement occupée à des activités futiles de dame... Cette pensée, étrangement, le réjouit. A vrai dire, il devait sortir de ces valeurs qui lui avaient envahi l'esprit... d'autant plus qu'il avait choisi des placements fort prudents, devant l'adversité des choses, et qu'il n'avait plus qu'à... attendre, sans trop se poser de questions, pour voir si ce coup de roque allait payer. Jean se dirigea donc vers le salon, où il entendait la voix de sa femme et des exclamations d'enfant. Il hésita à entrer, soucieux de ne point montrer sa mauvaise humeur à son épouse, mais finit par pousser la porte. Cependant, entre l'intention de se changer les idées et les faits, il y avait un monde... Le spectacle qui se déroulait présentement était sans nul doute attendrissant mais, avec son reste de migraine et ses chiffres dans la tête, Jean était assez peu disposé à entendre les balbutiements de Snowden... Il fit mine d'aller chercher quelque chose - un livre, une chandelle, une babiole - et de partir, mais Catharina le retint. « Mon cher, je vous prie, venez vous asseoir à nos côtés un moment. »Jean hésita et se passa la main sur les yeux. Pouvait-on dire non à cet air-là ? - Eh bien, je vous obéis ma chère, voyez, je m'installe. Bonjour, ma petite femme, bonjour Snodeune. - Et, s'adressant à son épouse - Avez-vous bien dormi, ma chère ? Il déposa la canne, avec précaution, contre le fauteuil, et ajouta : - N'avez-vous pas peur que je vous dérange en pleine leçon de lecture ? Et il espérait secrètement qu'elle poserait le livre et renverrait l'enfant - quand bien même il n'osait lui demander, en époux attentionné. Si elle y songeait d'elle-même, en bonne épouse parfaite soucieuse du confort de son époux, assurément il lui eût fait un triomphe... * C'était de ce genre de petites attentions délicates qu'un mariage était fait. François ferait le lit de toute façon, et à moins de devoir s'aliter en raison d'un malaise quelconque, Madame de Fréneuse ne devrait point prendre conscience du soin bienveillant de son mari. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Mer 10 Avr - 2:55 | |
| Elle suivit des yeux, amusée, Jean qui venait se poser près d’elle. Snowden se cacha dans son silence, bien élevé qu’il était –et atrocement timide. Catharina se pencha vers lui, lente et vint poser un doux baiser sur sa pommette « Bonjour, Jean ». La jeune mère passa ses mains autour de la taille de son fils et approcha ses lèvres de sa tête. « Meg Hjertet, veux-tu te mettre à la table ? » Il attrapa le livre et se laissa glisser le long de la robe sur laquelle il était assis. L’ouvrage se retrouva sur la table et, agenouillé, l’enfant continuait à regarder les images, un peu désintéressé des textes suédois.
Bref hochement de tête « Oui, j’ai bien dormi… Et vous ? » Le matin, Catharina prenait soin de se lever dans un silence de moine pour laisser dormir son mari. Parce qu’elle se souciait de son petit confort, des heures de sommeil qu’il lui fallait rattraper pour perdre cet air nonchalamment fatigué qu’il trainait tout le temps, mais aussi pour aller rejoindre ses enfants et les couver d’une toute particulière attention maternelle. En journée on la faisait sortir, les devoirs d’épouse la rappelaient, mais le matin elle s’y soustrayait. D’ailleurs, elle se redressa sur le divan, adoptant une droite et élégante posture.
Elle cligna des yeux. « Ce n’était év… Ce n’était pas une leçon. Je montrais à Snowden le livre que j’ai trouvé l’autre jour. » Catharina serra les dents, faussement affectée par ce qu’elle allait dire. « Ce n’est pas un vrai livre, de toute façon. Comment pourrais-je en faire une leçon ? » Puis elle se pinça l’arrête du nez, se remémorant ces très brillantes paroles que Jean avait glissées lorsqu’il était tombé sur un ouvrage norvégien. Cela ne dura pas longtemps. En vérité, elle s’en était pas tant affectée.
Ses yeux, encore un peu lourds, passèrent de Jean jusqu’à son fils attablé. Catharina étendit sa jambe et sa chaussure alla se coller à celle du garçon. Éternelle tactile ! Si ce n’était pas de l’époux, elle se serait jetée par terre pour garder l’enfant contre elle. Ses s’écarquillèrent et elle lâcha un « Snowden ! » qui fit sursauter l’interpelé. Celui-ci se leva et se tourna rapidement vers sa mère. « Regarde tes culottes*. » Il se plia grossièrement en deux pour voir, ne remarqua rien d’anormal et se questionna sur la soudaine agitation de sa mère. « Regarde comme il est court ! » Affolé –un rien le gênait- il tira sur ce dernier pour l’allonger mais le releva rapidement pour ne pas le perdre. Il balbutia un petit « Désolé… » tout honteux de sa personne. Devant le mari de sa mère en plus, il se sentait mal ! « Ce n’est pas grave, meg elske. Ça arrivera jusqu’à ce que tu sois grand comme Jean ! » Snowden le regarda, se disant que ça lui prendrait toute une vie pour atteindre une telle hauteur.
- Spoiler:
Culottes : Shorts que portent les enfants, bouhahaha.
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Sam 13 Avr - 3:01 | |
| - Très bien dormi, merci. Vous êtes d'une discrétion exemplaire !
Politesses courantes : expédiées. Et dire que ce genre de prévenances l'ennuyait... serait un peu un mensonge, dans les faits, mais allez avouer cela quand vous êtes Jean de Fréneuse, vous... L'intéressé écouta ensuite la réponse de son épouse, qui rappela avec un rien d'aigreur une de ses dernières plaisanteries en date. Très brillantes paroles, en effet ! et Catharina avait bien tort de se formaliser de la plaisanterie. Jean, d'ailleurs, la contempla un instant, incrédule : il avait oublié ce méfait - parmi tant d'autres, vous pensez !
- Oh ma chère, si vous prenez au pied de la lettre tout ce que je raconte, nous n'en avons pas fini, vous savez.
Cependant, leur petit échange d'amabilités s'arrêta net à cause d'un drame somme toute... bien féminin. Jean regarda, incrédule, cette nouvelle scène qui se jouait sur le petit théâtre de son existence conjugale. On en était au drame - ou pire ! à la tragédie. L'héritier de Fréneuse n'aimait point ces genres-là : trop pompeux, trop fatalistes, trop "finissent mal et dans d'atroces souffrances" - accessoirement. Tout de même un peu touché par l'air honteux du gamin, il s'adressa tout d'abord à lui, d'un ton rassurant :
- Ne vous inquiétez pas, mon garçon ! J'en ai vu plein des jambes, je ne suis pas choqué le moins du monde...
.............................En fait, il eût peut-être mieux fait de ne pas chercher à rassurer le petit garçon... Jean se tourna vers son épouse avec un air un peu gêné :
- Enfin je voulais dire...
Il adressa à Snowen un sourire de gamin pris la main dans le pot de confiture. L'essentiel, à présent, était de faire diversion ! Jean reprit donc, le plus sérieusement possible, à l'intention de son épouse :
- Il est à la maison, ce n'est pas très grave... Vous irez lui commander de nouvelles culottes cet après-midi et le problème sera réglé.
Et, presque malgré lui, Jean de Fréneuse avait transformé le drame en vaudeville.
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| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Dim 14 Avr - 14:03 | |
| Mais Jean avait lancé cette réplique avec une telle spontanéité que Catharina n’avait pas pu s’empêcher d’y croire. Elle devait être moins rigide et prendre sur elle-même pour ne pas considérer chaque parole de son mari comme indiscutable. Lors de leurs fréquentations de fiançailles, elle avait bien remarqué qu’il plaisantait sur pas mal de choses mais… Ayant été mariée avec quelqu’un de méchamment franc et ayant vécu avec une femme vénérablement raide, les plaisanteries lui échappaient un peu.
Elle leva la main. « Je… suis si crédule ! » Passa ses doigts dans ses cheveux blonds fortement négligés.
Le drame tomba. L’enfant se tenait droit comme un poteau et la mère l’observait. Catharina s’avança sur le divan pour voir plus clair et jaugea les dégâts de ces culottes trop courtes, puis… plus rien. Elle ouvrit la bouche, surprise par plein de jambes !, choquée par ces paroles impensées. Catharina se tourna vers son époux et s’inclina vers lui sans émettre de protestations. Monsieur Ainsworth avait déjà souillé les oreilles de la pauvre norvégienne mais, son cœur de femme avait tout de même du mal à le prendre. L’enfant, lui, ne comprenait pas. Il voyait les jambes de ses cadets, ça ne le gênait pas. « Elske, va te changer. » Elle lui fit une petite tape –caresse- dans le dos et le renvoya dans sa chambre. Peut-être trouverait-il quelque chose de plus adapté, parce qu’il avait franchement l’air d’un pauvre, vêtu ainsi.
« …Mais avant d’aller chez la couturière, je vais devoir vérifier les vêtements des autres… »
Les quatre ne cessaient de pousser, et de pousser… Hansel restait tout petit, mais il poussait tout de même ! Et que dire de Gardenia, elle, dépassait largement ses frères ! Il était facile de deviner qu’elle atteindrait rapidement la taille de sa mère. Snowden partit en expédition dans sa garde-robe, Catharina rejeta toute son attention d’épouse sur Jean. Elle sourit, comme si elle avait oublié sa bavure et faufila ses mains blanches autour de son bras.
« Je ne doute pas du nombre de jambes que vous avez vues, mais, elskling… » Elle tenta un regard un peu strict, à bout de patience, mais tentez de le faire avec sérieux avec de grands yeux bleus et devant Jean de Fréneuse. « … loin de moi l’idée de me soustraire à mes devoirs d’épouse, j’aime vous écouter parler et vous le savez… préservez-moi de ces histoires. » Naïve demande de la part de son « amante. »
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Mar 16 Avr - 4:42 | |
| Avant que vous ne condamniez Jean de Fréneuse pour avoir tenu un propos aussi vulgaire devant son épouse et un petit garçon, permettez-nous de vous rappeler combien il était difficile, pour un homme, de parler à une femme en cette fin de siècle - certaines argueront que la difficulté est toujours là, mais nous ne saurons leur donner raison ! En vérité, un homme devait changer de discours selon qu'il se trouvait face à des hommes ou à des femmes et devais châtier son langage et tenir sa langue jusque dans la sphère privée, lorsqu'épouse ou enfants traînaient dans les parages. Paradoxalement, ce n'était point chez lui que Jean de Fréneuse était le plus vrai ou le plus naturel... il n'en avait pas le droit. Soucieux de réparer son erreur, il acquiesça calmement, avec une certaine contenance, à tout ce qui disait son épouse, jusqu'à ce que l'enfant fût renvoyé. Ce n'est qu'ensuite qu'il tenta de se rattraper :
- Mais vous n'y êtes pas du tout, Catharina, croyez-le bien !
Vite : une excuse, une raison, un prétexte... ! Et puis une idée lui vint, lumineuse - quoique...
- Vous rappelez-vous notre première entrevue ? Depuis ce jour où j'avais réussi à échapper à la société de mon frère et où je vous ai rencontrée, j'ai pris goût aux promenades dans les parcs. Pendant un moment, du temps où nous n'étions pas mariés, j'ai pris l'habitude de me promener régulièrement au parc des Tuileries ou au jardin des Champs Élysées. C'est plein d'enfants là-bas - peut-être était-je en train de m'habituer, va savoir... Et par conséquent, il y avait plein de jambes là-bas.
Il ponctua cette dernière phrase d'un hochement de tête un peu grave, de ceux qui veulent dire "CQFD" ou "N'ai-je point raison ?"
- Pensez-vous que j'aurais osé parler... de cela devant vous et votre petit garçon ? C'eût été inadmissible... !
Tu parles... Mais le sourire rassurant qu'il adressa à son épouse respirait fort la sincérité, au fond. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Jeu 18 Avr - 14:40 | |
| Pas de « Je vous le promets, ma chère ! » Jean se débattit en excuses et en arguments. Attentive, Catharina l’écouta. Elle se souvenait bien évidemment de leur première entrevue. Celle-là même ou –fait cocasse- il lui avait glissé qu’il serait un mauvais mari. Cette même journée qui fut le battement d’aile qui déclencha une tempête. Qui aurait cru, à ce moment-là, qu’ils se retrouveraient tous les deux plus que de simples connaissances ? Excluant Gabriel, qui avait tout de suite vu en Catharina une conquête de plus. De son frère. Jean se jetait-il dans tous les jupons qui passaient, même les plus respectables ? Elle continuait de retourner la question dans sa tête.
Tout en gardant son bras glissé autour du sien, elle étira les mains et vint prendre sa jupe entre ses doigts. « Inadmissible, mais pas impossible, Jean… » Et l’idée qu’il puisse inventer toute une histoire pour cacher ce méfait ne lui plaisait. Il fallait y penser avant. Elle serait néanmoins une mauvaise épouse si elle laissait la situation se dégrader et son mari devenir trop inconfortable. Elle lâcha donc ses jupons pour venir prendre sa main. Geste tout particulièrement rassurant chez Catharina, il fallait le dire.
Elle s’anima. « Oh ! Mais cela veut-il dire que… » Elle cligna des yeux, regarda son époux. Elle approcha son visage pâle « Que vous accepteriez de venir vous promener avec moi au parc… » Catharina tourna, retourna la main de Jean, écartait et recollait ses longs doigts. « …ainsi qu’avec mes enfants ? »
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Ven 26 Avr - 2:44 | |
| - Eh bien..
Fichtre ! Il l'avait bien cherché... Dans les faits, Jean ne détestait point les parcs...mais cela s'arrêtait là. Oh, tout de même, il y avait une chose qu'il adorait, jadis : se promener seul à cheval, en début d'après-midi, au bois de Boulogne. Hélas, aujourd'hui, ce genre de loisirs lui étaient fortement déconseillés par M. Leduc et il ne s'y adonnait qu'occasionnellement. Pour le reste...
- Je... Bien sûr, ma chère, si cela vous fait plaisir, répliqua-t-il finalement, pour gagner du temps.
Elle lui tripotait la main doucement, et il lui prit l'envie de se sauver en courant - ou presque - au premier prétexte venu. Lâcheté des hommes, n'est-ce pas... ? Il resta là, cependant, vissé sur le siège, à faire tourner ses méninges et à tenter de gérer au mieux la situation.
- Mais cela ne fait-il pas beaucoup d'enfants à surveiller ? Vous savez que je ne suis pas vraiment en mesure de leur courir après...
Mais, soucieux de ne point peiner son épouse, il ajouta tout aussitôt :
- Nous pourrions y aller avec eux mais confier leur sort à la gouvernante. S'afficher sans elle pourrait faire croire que nous sommes nécessiteux au point de devoir surveiller nous-même vos enfants...
Et il avait bien dit "vos enfants". Sans dureté, sans méchanceté et même sans mépris... mais tout de même. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Sam 27 Avr - 0:50 | |
| Lentement, elle hocha la tête. Oui, ça lui ferait plaisir. Catharina aimait bien se promener dans les parcs, et pas toute seule. Elle aimait bien y emmener ses enfants, même si ceux-ci étaient un peu turbulents et, qu’au nombre de quatre, ils devenaient difficiles à gérer. Elle-même l’avouait, la portée Ainsworth était tout un défi à contenir. C’est qu’ils s’encourageaient l’un l’autre, les petits ! Honey faisait une bêtise, Gardenia se sentait le besoin de faire pire et Hansel s’agitait, désireux de répéter les actes de ses ainés alors que Snowden tentait de réparer les pots cassés mais, parfois, ne faisait qu’empirer les choses. Ah ! Elle les aimait plus que tout, ces enfants, mais ce n’était pas le cas de tout le monde. Et Jean, faisait parti de ce monde, désirait qu’ils soient accompagnés d’une nourrice.
« Si une nourrice peut vous rassurer, cela… cela ne me dérange pas du tout. »
En sortie, la gouvernante pouvait se montrer utile, Catharina ne s’y opposait habituellement pas –et si ça pouvait faire plaisir à Jean !- mais, de là à abandonner la chair de sa chair à une autre femme six jours par semaine, s’en était trop. Son pauvre cœur de femme ne saurait le supporter. Distraitement, elle s’attaqua à la manche de Jean, replaçant celle-ci bien droite par-dessus son poignet.
« …Mais dites-moi, mon cher…. »
Elle marqua une pause, cligna des yeux pour trouver ses mots. Le sujet à venir semblait sérieux et délicat. Catharina commença à taper le terrain.
« …Êtes-vous pris par les affaires du monde, aujourd’hui ? Voyez-vous, je… pas que j’ai l’intention de vous trainer au parc dès l’après-midi, au contraire… »
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Sam 4 Mai - 8:12 | |
| Madame de Fréneuse était une femme douce, attentionnée... et un peu envahissante. A chaque instant, elle posait ses doigts sur le bras de Jean, rajustait un épi rebelle, lissait une manche. Jean en venait à bénir les cols de carton amidonnés : son épouse n'avait pas à replacer continuellement son col dès lors qu'il était habillé pour sortir. A croire qu'il représentait parfois un bouclier entre elle et le monde ! C'était... étrange. Oh, pas inhabituel : les femmes que Jean ramenait chez lui, autrefois, avaient elles aussi ce genre de petites agaceries, amusant prolongement de l'amour, mais il était difficile pour Jean, en homme du XIXe siècle, de retrouver chez sa femme, en toute innocence, les manies amoureuses des filles faciles. La dichotomie naturelle entre les femmes - celles que l'on aime et celles que l'on épouse - devenait peu claire, et ça n'était pas simple à gérer.
« …Êtes-vous pris par les affaires du monde, aujourd’hui ? Voyez-vous, je… pas que j’ai l’intention de vous trainer au parc dès l’après-midi, au contraire… »
Jean haussa un sourcil. Cela ne signifiait-il pas exactement le contraire ? Il ne parlait pas le féminin comme une seconde langue, c'était acquis, mais il savait déchiffrer depuis longtemps les manœuvres les plus évidentes de ces dames. Quant aux autres... cela viendrait bien en temps voulu, sans doute...
- Eh bien... J'ai réglé les affaires d'argent pour la journée... commença-t-il à répondre. Je crois bien que les visites d'usage attendront. C'est bien une réponse de ce genre qu'on attend d'un jeune marié, n'est-ce pas ? Y a-t-il un endroit en particulier auquel vous songez... ?
Il agrémenta la phrase d'un sourire. Il pensa d'abord à réaffirmer la nécessité de la présence de la gouvernante, mais c'était inviter son épouse à emmener les enfants - et tous les enfants. Il préféra donc ne rien dire, attendant de découvrir plus avant les projets de sa "petite femme" qui, décidément, obtenait un peu trop de lui. |
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Lun 6 Mai - 13:56 | |
| Oh ! Elle essayait, tant bien que mal, de calmer ses mains. C’était impossible. Si elle n’était pas en train de glisser deux doigts sur le rebord de la manchette, elle tapotait doucement la paume de Jean. Avec sa vue devenue rapidement trop courte, elle avait opté pour le tactile. Catharina faisait sensiblement la même chose avec ses enfants, leur tenant une main, replaçant leurs cheveux ou les calant au creux de ses bras. C’était envahissant, mais tout à fait inoffensif… Heureusement !
« Je ne sais pas… ! »
Grossier haussement d’épaules et sourire coupable. Même si l’idée était tentante, elle n’avait pas l’intention d’emmener Jean au parc. D’autres soucis accaparaient son esprit de jeune femme tourmentée.
« La vérité est que... Je dois me rendre chez Madame Beaumont*, mais… » Catharina leva ses grands yeux au ciel. « Cette femme est si détestable ! J’avais dit que si je le pouvais, j’irai prendre le thé chez elle mais… »
Catharina fronça les sourcils. L’on pourrait croire qu’elle cherchait, peut-être, une énième excuse pour ne pas sortir de la maison. Éviter le monde, c’était sa seconde nature, une preuve concrète qu’elle se portait bien. Une main vint se glisser dans ses cheveux pâles et les ramena vers l’arrière. Ils se faisaient lourds et retombaient un peu. Devant Snowden, ce n’était pas bien grave, mais devant Jean…
« Mais je ne veux pas m’y rendre. » Était-ce surprenant ? La jeune mère soupira, peu enjouée, mais continua d’une façon un peu plus animée. « Il y a, en effet, quelques endroits vers lesquels je serais ravie de me rendre avec vous. Nous pourrions nous y rendre avec Hansel pendant que les autres étudient. » Soucieuse de rassurer Jean, elle continua. « Hansel est le plus jeune de mes fils, vous savez, celui dans lequel vous avez trébuché l'autre jour parce que vous ne l’aviez pas entendu* ? Il est très calme, nous n’aurions pas besoin de gouvernante. » Un hochement de tête vint soutenir ses dires, ainsi qu’un sourire un peu fière. Ah ! Mais qu’est-ce qu’elle parlait lorsqu’il s’agissait de ses enfants ! Ce serait une bénédiction si elle pouvait parler autant en société.
- Spoiler:
Madame Beaumont : C'est un nom sorti totalement au hasard, je t'avoue, mais Madame de X ça sonnait pas très bien alors....
Et Jean qui trébuche dans Hansel, ça devait arriver un jour ou l'autre. Si tu veux que je change, pas de problème, mais j'imagine tellement ça arriver. Hansel est si petiiiit. J'suis sûre que même Catharina rentre dedans parfois.
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Mar 14 Mai - 2:23 | |
| Jean ne sut réprimer un air d'étonnement.
- Pourquoi lui avoir dit que vous viendriez alors, si vous n'en aviez aucunement l'intention ?
Mais la question était, au fond, de peu d'importance. Il était même souhaitable, selon les logiques du monde, de promettre de venir et de s'excuser, des mois après, de n'avoir pu le faire - ces empêchements, toujours ces empêchements, qui nous mènent la vie dure... ! Jean ajouta donc, songeur :
- Enfin... Vous êtes princesse de Fréneuse à présent, vous aurez tout le loisir de trouver des obligations assez graves pour vous empêcher de tenir votre promesse... Vous savez que Madame de Lambresac use de ce tour de passe-passe aussi souvent qu'elle le peut ? C'est à ce prix-là que les gens de rang inférieur la trouvent enviable : elle n'exprime jamais devant eux le mépris qu'ils lui inspirent... Vous êtes plus mondaine que vous ne le laissez croire, Catharina...
Mais il dut bien cesser là ses réflexions, car la conversation revint à tout ce qui ennuyait Jean et enthousiasmait son épouse au plus haut point : les promenades et les enfants. Jean de Fréneuse fut cependant soulagé, lorsqu'il apprit qu'un seul gamin serait de la partie. Les gérer tous à la fois était encore hors de ses attributions.
- Vous ne m'avez toujours pas dit où vous souhaitez nous emmener, lui et moi, remarqua-t-il judicieusement.
Et, après un silence, repensant avec un peu de gêne à l'incident dont parlait son épouse, il se surprit à poser cette question :
- Cet enfant est tellement silencieux... ! Pensez-vous que je l'effraie ?
S'il n'avait point l'habitude des gamins, il était encore moins accoutumé à l'idée de les renverser comme un jeu de quilles ou de les terroriser... ! |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Jeu 16 Mai - 14:28 | |
| « Je lui ai seulement dit que j’essaierais. »
Le choix de mots était important, très important, car si elle avait dit à cette odieuse femme qu’elle serait présente, aujourd’hui, elle ne serait pas en train de chercher une excuse pour s’y rendre. Catharina avait ce fort désir d’être sincère, franche. Elle tenait toujours ses promesses et, de ce fait, n’en faisait pas à la légère. Comme celle de ne pas accorder à Jean de mauvaise pensées ou de vilaines intentions. Elle éprouvait parfois de la difficulté à ne pas réinterpréter ses paroles comme son bon vouloir, mais elle s’y reprenait à deux fois avant d’accuser le pauvre homme de gestes qu’il n’avait même pas l’intention de poser.
« Si je pouvais balayer d’un coup toutes mes visites et obligations à l’extérieur de chez moi tout en étant mondaine et enviée, croyez-moi, je serais la femme la plus mondaine de ce monde. »
Elle fit un grand geste de main, déplaçant le vent sous ses yeux. Jean venait de lui donner les armes pour riposter contre ses rencontres de courtoisies, ses échanges mondain d’hypocrisie et de cirage de pompe –oui, lorsque vous deveniez Princesse de Fréneuse, certains vous appréciaient déjà plus !
Catharina sauta par-dessus la remarque de son époux, peu préoccupée par celle-ci. Distraitement, elle avait hoché la tête. Parler de son fils était instinctivement plus intéressant. De plus, Hansel était un petit garçon un peu à part des autres, lorsqu’il ne se faisait pas trimballer à droite et à gauche par ses frères. Souvent seul, il avait pour habitude de se poster dans un coin avec deux ou trois cubes et de jouer seul. Lorsque Honey voulait se joindre à lui, il cessait tout et partait ailleurs, tout simplement. Hansel était un solitaire mais Catharina s’en inquiétait peu : Ils l’avaient tous été, à un moment ou à un autre, étant petits.
« Il ne serait pas resté dans vos jambes et il serait parti en paniquant, s’il aurait peur de vous. »
Catharina eut un sourire triste, comme désolé. Le mariage était nouveau, et il était difficile pour elle de côtoyer Jean sans craindre qu’il lâche un « Madame, vos enfants sont insupportables, envoyons-les à la campagne à dix ans de train d’ici ! » L’épouse était farouche, mais tâchait de s’excuser en bonne et due forme à chaque faux pas de ses enfants.
« Il est à un âge où il est très… centré sur lui-même. Si vous ne vous souciez pas de lui, il ne se souciera pas de vous. »
La jeune mère s’avança un peu sur le divan et se tourna pour faire davantage face à son époux. Elle adopta une attitude plus affable et convaincante, parlant plus clairement.
« Alors, que pensez-vous de mon plan pour éviter Madame Beaumont ? Je suis certaine que Madaaame comprendra parfaitement que je préfère passer du temps avec mon cher et tendre ! »
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
Messages : 305
| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Sam 1 Juin - 3:16 | |
| - Eh bien...
Jean promena son regard d'un coin à l'autre de la pièce, comme s'il cherchait un échappatoire. En vain. Catharina et lui n'étaient-ils pas jeunes mariés ? En ce sens, il n'était rien de plus convenable et de plus admis que de convoler en justes noces - c'était prévu pour fin juin - et de passer un peu de temps entre époux. Les affaires attendraient !
- Il n'est point de meilleure excuse, assurément ! Cependant... Il faudra vous en trouver d'autres. Je veux bien vous accompagner cette fois, mais j'ai bien des affaires à gérer et je ne pourrai, hélas, me libérer à chaque fois pour une promenade...
Et, sans laisser le temps à sa femme de s'inquiéter, il enchaîna, sonnant François :
- Mais trêve de bavardages. Allons-y, faites chercher votre capeline, faites habiller Hansel. A vous voir, on dirait que vous ne la désirez pas tant que ça, cette sortie !
Et, en deux temps trois mouvements (ou presque), ils furent dehors... Et Jean, qui ignorait toujours où l'on souhaitait le conduire, décidé de poser la question autrement :
- Devrons-nous prendre la voiture ou irons-nous par nous-même à l'endroit auquel vous songez... ?
Peut-être que cette fois, Madame de Fréneuse daignerait-elle lui répondre ? |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Bavarde moins, parle plus Sam 1 Juin - 16:58 | |
| Jean de Fréneuse avait suffisamment passé de temps avec les femmes pour replacer leur manie, le fil de leur pensée. La sienne ne semblait pas faire exception à la règle car, lorsqu’elle vint pour lui répondre, toute inquiète qu’elle était, il avait rapidement enchainé ! Catharina ne sut pas trop comment réagir, être surprise ou sourire. Elle sourit, comme toujours. Rapidement, de peur que son nouvel époux change d’avis, elle débarqua dans la chambre de ses enfants et, les embrassant et câlinant chacun leur tour, leur conseillant d’écouter la gouvernante et de bien étudier. La jeune mère habilla Hansel chaudement et rejoint Jean, faisant quelques pas sur le pavés extérieur.
« Ni vous ni mon fils êtes fait pour les marches, nous irons donc en voiture. »
La réponse ne se voulait pas insultante, loin de là. Hansel, pauvre enfant dépaysé, ne cessait de fixer Jean avec ses grands yeux. Mais qu’était-ce donc cet homme ? Pourquoi était-il là ? Perdu dans ses réflexions, il oublia de serrer les doigts autour de son petit jouet – une figurine de bois dont il c’était récemment entiché- et ce dernier tomba au sol. Catharina, en mère dévouée, s’accroupit pour le ramasser et le remit dans les mains de l’enfant « Mais ne l’échappe pas, cette fois-ci ! » murmura-t-elle à son fils avant de poser un, ou deux –ou trois- baisers dans ses cheveux blonds.
« Nous allons au Musée Grevin*, mon cher. J’imagine que vous y êtes déjà allé, vous habitez Paris depuis toujours. On m’a vanté les sculptures de cire et dit que mes connaissances sur la culture française étaient très… minimes… »
Elle termina sa phrase en suspens, comme pensive. Quelques battements de paupières et elle se retrouva sur la route, dans la voiture. Son enfant sur les genoux, elle semblait moins portée à toucher Jean, à lui prendre le bras. Hansel demeurait fidèle à lui-même et ne poussait aucun son. Il s’agitait un peu, mais rien d’alarmant, se contentant de promener son jouet sur lui, sur le rebord de la voiture, puis encore sur lui et ensuite sur Jean. Un peu en sursaut, Catharina ramena le jouet près d’elle.
« Nej, nej, my heart, Jean n’aime pas les enfants, il ne jouera pas avec toi. »
- Spoiler:
Grevin : Je l’ai mis en italique parce que Catharina doit le prononcer de manière un peu particulière, Krevin’, sans doute. Surtout qu’elle ne sait pas faire le son ‘in’…
Suite au musée Grévin ! |
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