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| [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt | |
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Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Ven 24 Fév - 9:51 | |
| Avec son costume, sa mine, Maximilien frappa l'imagination d'Eugénie. Elle l'avait déjà croisé durant ses escapades mais son identité, sa vie, lui demeuraient inconnues. Ne restait que le respect envers celui qui porte un beau costume. Comme une pucelle, Eugénie rougit quand l'homme s'adresse à elle avec obligeance et un rien de compassion.
— Merci m'sieur. C'est qu'c'était l'enfer là d'dans.
Eugénie s'assit à même le trottoir, repliant ses jupes sous elle afin de s'en faire un coussin un peu près confortable. Le médecin vint aider l'homme blond blessé, ce qui ôta un peu de pression des épaules de la vagabonde. Elle pouvait donc observer les alentours sans craindre que l'homme ne connut pire sort - imaginez il aurait pu bien s'évanouir ! C'était même un miracle qu'Eugénie ne l'ait pas fait. Les femmes ont les nerfs si fragiles.
Le cri la fit sursauter. Un cri poussé par la tenancière qu'on avait réussi à faire sortir du café qui, là, bouche grande ouverte, tendait son doigt vers la scène. Le couteau brillait, fil d'argent tendu vers sa victime. Eugénie cria aussi, mais elle était trop sidérée pour se lever, trop tremblante pour bouger. Au lieu de quoi ses nerfs lâchèrent, son esprit ordonna "STOP". Elle s'évanouit. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Dim 26 Fév - 7:01 | |
| Le chaos, en un instant, sembla s'être organisé autour d'un point focal. Tous les regards, toutes les énergies se tournèrent vers la lame qu'avait brandie Renaud Berger. Le commissaire Roche reçut le coup sans trop l'avoir prévu - grossière erreur. Il avait cru l'auteur trop faible pour riposter avec une telle vivacité, oubliant peut-être, avec ses lassitudes et ses soupirs, l'énergie que pouvait donner une cause, un idéal, une passion. La tenancière hurla de nouveau :
- C'est lui, c'est lui ! Grand Dieu, mais attrapez-le !
Le médecin qui s'occupait de Jean de Fréneuse se leva aussitôt, et rattrapa le corps massif d'Auguste Roche qui chancelait. La mendiante perdit connaissance et atterrit, comme un paquet de linge humide, sur les genoux de Fréneuse, le rivant au sol. Tout le monde, alentours, regardait, passif, hésitant ... La force d'inertie des foules se vérifiait. Bien peu tressaillirent au nom de la Commune - tous avaient vu l'acte, tous oublièrent trop vite les mots. Cependant, les deux policiers qui s'étaient postés derrière Renard réagirent presque aussitôt. Ils se jetèrent tous deux sur l'agresseur, pesant sur son dos, le maintenant par les épaules. Et les policiers qui jusque là s'occupaient à contenir la foule arrivaient en renfort, plusieurs d'entre eux ayant sorti leurs pistolets - quelques badauds attroupés suivaient, enfin, bien décidés à tâter de l'anarchiste. Ceux qui s'avançaient étaient ceux à la peau brunie par le travail au soleil, les bras forts et marqués par le labeur physique : ouvriers du bâtiment et de la voirie, palefreniers, chiffonniers ... Les femmes hurlaient, poussant au massacre. Ah, il était beau, le peuple pour lequel on se battait ... Quant aux bourgeois, aux gens de bien; ils demeuraient, immobiles, stupides, devant un langage qu'ils ne comprenaient pas - combien à cette heure qui craignaient les bains de sang de la révolution, qui redoutaient un nouveau 1848, ou un nouveau 1870 ? Les femmes de ces gens-là partaient, un mouchoir sur les yeux, l'éventail à la main, dans une panique un peu ridicule - et rêvant peut-être de crier avec leurs consœurs ... C'est ainsi qu'apparaissait le peuple de Paris ... C'est alors qu'à travers le brouhaha, un des agents lança distinctement au Renard :
- T'es fait, Berger. T'es bon pour te faire raccourcir, quoi que t'ait fait d'autre.
La situation était critique : par ce monde, amassé devant la scène, il semblait difficile de s'échapper et s'en prendre encore aux cognes devant une foule en colère serait peut-être plus risqué encore ... Mais il est une victoire pourtant qu'il est possible de savourer : aux pieds des policiers, à même le caniveau, le médecin, donnait les premiers soins au commissaire Roche, comme il pouvait, avec les moyens du bord. Mais les yeux de ce dernier étaient vitreux, et il ne disait rien.
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| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Lun 27 Fév - 5:28 | |
| S'il était une chose que l'on pouvait dire, c'était que Jean de Fréneuse s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Alors que le médecin avait découpé le tissu rougi du pantalon et fait un garrot pour arrêter l'hémorragie, les choses alentours s'étaient accélérées. L'homme assis à ses côtés, celui qu'il avait rencontré, voilà quelque jours, à Eboli, bondit soudain avec une force prodigieuse, une énergie qu'on ne lui soupçonnait pas, et fondit sur le commissaire ... Celui-ci poussa un cri étouffé, recula d'un pas, trébucha contre la jambe que Jean avait gardé étendue - ce qui lui arracha un cri à son tour. Le médecin cependant s'était levé d'un bond, et avait rattrapé le commissaire, dont l’œil se troublait déjà. Cela bougeait, criait à côté, et Jean s'était tourné - rivé au sol, impuissant - vers la scène. C'est là qu'il sentit un poids tomber brutalement sur son épaule. La mendiante, assise à côté de lui, avait perdu connaissance. Maladroitement, il lui attrapa le visage, l'étendit à moitié sur lui - non sans saisir son visage crasseux du bout des doigts - l ’œil rivé à la scène. Il lui tapota les joues, en répétant :
- Reprenez-vous, reprenez-vous ! Tout va bien, il n'y a plus de danger, je vous promets - C'était beaucoup s'avancer - Allons, reprenez-vous !
Et ses gestes avaient quelque chose de fiévreux. Autour, les policiers semblaient maîtriser la situation - n'est-ce pas qu'ils maîtrisaient la situation ... ? - , et, écrasé, hagard, il servait de paillasse à tous les déchus. Singulière chose ... |
| | | Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
Messages : 97
| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Lun 27 Fév - 12:17 | |
| En quelques instant ce fut le chaos, l'anarchie diront sans doute plus tard les contemporains, mais il n'est rien de plus ordonné que l'ordre sans l'ordre, que l'Anarchie. Le Renard avait la tête en feu, le corps plein de milles douleurs, mais l'esprit clair. Il voyait autour de lui les cognes s'amasser, se préparer à l'hallali, mais il sentait la peur tout autour de lui. Qu'on le prenne ou qu'il s'en sorte la messe était dite, le Noir avait encore frappé et bientôt tout le monde saurait qu'Elle n'en était qu'a ses balbutiements, que le monde préparait un changement, nourrissait en son sein des hommes nées pour ça.
Il ne pensait pas être un élu, ne souhaitait pas faire de lui un martyr à la Cause. Il tentait juste de vivre en humain, de faire vivre à travers lui les rêves de tous les oubliés du progrès.
Son corps trembla tandis que les policiers s'approchaient pour le saisir. Son cerveau parcourait la liste de tout ce qu'il pouvait faire et ne voyait qu'un seul échappatoire à la capture. Les obliger à tirer, à l'abattre comme un chien. Et il en était hors de question, si il n'était pas question de se rendre, il n'était pas question de mourir, il n'était plus question ! Non ! Il ne leur donnerait pas le droit de faire de lui un martyr, un nom qu'on répéterait à voix basse, un nom qu'on graverait sur une tombe, un nom qu'on écrirait dans les journaux.
Il allait les laisser poser, encore une fois, leurs mains sur lui, laisser les chaînes se poser, l'étouffer. Mais ils n'enchaineraient jamais son esprit et il saura leur échapper. Il le saura !
Renard laissa tomber le couteau, la douleur revenant encore plus forte. Les cognes qui le saisirent rudement n'eurent aucun mal à le contraindre à l'immobilité. Renaud Berger était déjà loin, les yeux dans le vague, un sourire éclatant sous sa broussaille noirci par l'explosion.
"Ce n'est que l'début !" Lança t-il d'une voix forte avant que l'on se soustraie au regard de la foule. |
| | | Maximilien DebongureFutur pélago !
Messages : 75
| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Dim 11 Mar - 5:57 | |
| La mendiante s’était évanouie. Le commissaire Roche perdait son sang. Et le révolutionnaire se trouvait immobilisé. Le couteau était tombé au sol et personne ne pensa à le ramasser. Il aurait voulu croiser le regard de Berger –car c’était bien son nom. Vraiment, il allait devoir tout retenir.
Il entendit finalement le cri de l’homme et, tout à coup, l’admira. Ses collègues auraient traité le bonhomme de dément révolutionnaire, d’utopiste à interner ou à pendre. Mais Maximilien avait une toute autre idée. Berger était l’homme le plus prêt de la vérité qu’il ait jamais rencontré, parce qu’ils se battaient pour une cause. Et que la lutte ne ment jamais.
Il s’écarta de la mendiante, car un autre homme s’occupait d’elle. Il n’alla pas se pencher sur le commissaire Roche, car il ne le reconnaîtrait certainement pas. Non, le journaliste regarda Berger disparaître, englouti par les bras des policiers. Puis il partit, comme si de rien. Il n’avait été qu’un témoin de la scène. Comme toujours.
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| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Messages : 358
| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Mar 13 Mar - 5:58 | |
| "Ce n'est que le début !" Comme un second coup de couteau à travers la foule, et au plus profond de l'âme de Ludwig. Comme tout était allé si vite ! Le roux était déjà à terre, "neutralisé". Mais tout ce bruit ! Les yeux du garçon balayaient la scène, ses sens étaient aiguisés, et toutes les informations pénétraient son crâne à une vitesse désagréable. Il n'en avait analysé qu'un maigre tiers, en encore. Ce qu'il pouvait néanmoins ressentir, c'était une vigoureuse et sourde montée de violence. Toute cette haine, tous ces cris ! Il regardait la populace enragée. A mort l'assassin ! A mort l'assassin ! Et ses yeux de se braquer sur des visages comme possédé. Il scrutait les traits de ces démons mais son esprit déjà appliquait à leur visage le masque de son père, quand il se désolait par de grandes engueulades du sort bien ingrat qui lui avait porté un fils bien indigne.
Oh comme il se sentait poussé par un élan furieux. Il avait envie de crier lui aussi. De leur crier à tous d'aller au diable ! D'aller en enfers ! De rentrer chez eux ! Ils ne comprenaient rien, ces perfides pourritures ! Pour Ludwig, les paroles du roux n'avaient pas de sens il est vrai, mais vrais les actes ; mais vrai cet Homme ! En son cœur il y avait cette ardeur palpitante, poussant aux confins de son corps, stridente envie de vivre. Oh si seulement il avait pu tous les faire taire ! Mais que pouvait-il faire, au milieu de cette agitation, tout seul ? Il finirait avec Berger, au bagne, et sans même avoir payé quelque tribu à la noble cause des Grandes Luttes. Il serra fort les poings, à s'en faire mal, mais décida plutôt d'aller retrouver de Fréneuse. Il se fraya un chemin aussi bien qu'il put et ce faisant, n'oublia pas d'observer le plus minutieusement possible l' "assassin" et ensuite le policier qu'il avait planté. Puis il aperçut brusquement de Fréneuse et la mendiante de tout à l'heure. Son sang ne fit qu'un tour et son état changea de tout au tout : c'était la panique dedans son cœur à lui aussi. Il se précipita vers la tenancière, et d'un ton péremptoire quoiqu'agité : "Wasser, Himmel ! De l'eau ! Il faut de l'eau pour la fille, qu'est-ce que vous attendez !" Satané vacarme ! foutue panique ! On eût pu mourir dans cette foule en délire, dans cette indifférence hystérique : et tout ce beau monde criait à l'assassin.
Dernière édition par Elke Von Herzfänger le Mar 20 Mar - 11:04, édité 1 fois |
| | | Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Jeu 15 Mar - 9:53 | |
| Le corps du commissaire avait disparu, mené par ses hommes pour qu'il soit soigné, les autres menant le criminel derrière les barreaux. Eugénie n'en voyait rien, les paupières demeurées closes, l'esprit en bataille. Il fallut le cri de l'Allemand pour sortir la tenancière de sa torpeur, et que quelques secours viennent en aide à la vagabonde. Les quelques petites gifles dispensées par Fréneuse n'arrivaient nullement à éveiller Eugénie. L'eau – glacée, jetée sur le visage d'Eugénie, nettoyant la crasse accumulé – éveilla la jeune femme qui poussa un cri. Le froid la mordait, le choc l'avait tiré d'un bond des vapes.
Tremblante, Eugénie se rassit, frictionna ses bras pour ramener un peu de chaleur dans ses membres. L'eau dégouttait de ses cheveux trempés. La tenancière lui jeta un tissu – probablement un torchon ayant servi à essuyer des tables – mais la vagabonde s'en saisit pour essuyer son visage, le rendit.
— Merci. (Se tournant vers Fréneuse, elle constata le garrot) Monsieur, on vous a soigné. C'tant mieux, j'espère que vous n'avez pas grand mal.
Se remettant de ses émotions et de son brutal réveil, Eugénie vit que la foule se dissipait, qu'il ne restait plus rien de l'affrontement entre le Renard et le commissaire – peut-être quelques gouttes de sang sur le trottoir. Eugénie tentait de comprendre ce qui s'était passé, ce qui était advenu pendant son malaise.
— J'espère que cet homme sera bien jugé.
Se relevant en époussetant ses jupes, la vagabonde tremblait encore. N'osait pas partir, ni rester, ne savait quoi faire. Elle remarqua le second homme, brun qui semblait bien connaître celui qu'elle avait aidé à sortir du café.
— Prenez bien soin de votre ami m'sieur. C'était l'enfer là d'dans, oh oui... l'enfer...
Répétant sans cesse les derniers mots, Eugénie partit. Fendit la foule qui s'écartait pour la laisser repartir alors qu'elle clopinait, blessée à multiples coups par les éclats de bois, la chute dans le café. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Ven 16 Mar - 11:36 | |
| On éloignait déjà le commissaire, avec force cris. Les derniers blessés parurent même un peu oubliés devant l'événement, et certains râlaient encore, l'un une main recroquevillée sur sa poitrine, l'autre blessé au bras ... La tenancière se tenait debout, pâle comme un fantôme, et courut presque mécaniquement demander de l'eau au pompier, quand la voix d'Elke von Herfänger retentit ... Une partie des passants suivit le panier à salades dans lequel on faisait monter le suspect, et lui lançaient des cailloux et des gravats ramassés sur le trottoir. Quelques autres, bien moins nombreux, encombraient le chemin que l'on tentait de percer pour mener M. Roche à bon port, le mettant sans doute plus en danger qu'il ne l'eût été au départ.
Puis la mendiante s'éveilla, le journaliste partit. On voulut rappeler la Noiraude qui partait avec ses égratignures :
- Attends !
Un des pompiers accourut vers elle et lui tira le bras, sous les railleries des autres.
- Prends au moins ça.
Et il lui tendait quelques chiffons, de quoi se faire une charpie, ainsi qu'un petit flacon d'alcool. Il ajouta d'un ton paternel :
- Ça ne se boit pas, c'est pour les plaies.
Pendant ce temps-là, René, l'assistant de M. Roche, s'exclamait, visiblement nerveux. Il retenait ceux qui souhaitaient partir, importunait ceux qui restaient, exigeait de connaître leur identité et leurs coordonnées, pour de possibles interrogatoires. Bien qu'on sache déjà le coupable, pour voir s'il avait des complices ... Un pompier qui sortait du bâtiment alla voir la tenancière - on n'entendit point ce qu'il lui annonça, mais elle recommença à sangloter bruyamment, les mains tremblantes. Elle avait ramassé le torchon utilisé par Eugénie et le serrait, fiévreusement, entre ses doigts. A elle seule, elle semblait l'image du désastre qui venait de se produire ... - Spoiler:
La petite note de la Modération RP : sauf désir contraire, c'est à mon sens l'avant-dernier post de Modération. Entre temps, vous pouvez bien sûr vous répondre les uns les autres pour interagir, mais l'idée serait de s'acheminer doucement vers une fin. Il suffira ensuite de me signaler que tout est bon pour que je procède au post conclusif et que je clôture. En vous remerciant pour vos participations !
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| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Mer 4 Avr - 11:24 | |
| La mendiante reprit conscience par un cri : de l’air dans les poumons, elle respire, elle revit. Elle ne mit pas longtemps à recouvrer ses esprits et sans perdre le nord :
— J'espère que cet homme sera bien jugé.
Ludwig grogna mais l’agitation et sa dissipation ne lui permirent ni la réflexion ni l’aboutissement logique de la pensée par une phrase prononcée. La jeune femme ne l’avait même pas remarqué jusqu’à ce que leur regard se croise, au moment où elle se redressa.
— Prenez bien soin de votre ami m'sieur. C'était l'enfer là d'dans, oh oui... l'enfer...
Puis elle partit, sans que l’allemand pu la retenir, ne serait-ce qu’un instant. Néanmoins son intervention lui remis les idées au clair et toute son attention se porta sur de Fréneuse. Il avait presque oublié qu’il était blessé.
Il posa genoux à terre et essaya d’enjoindre le français à s’appuyer sur lui et dans ce mouvement, il balaya la scène des yeux, encore une fois. Ce faisant, il aperçut les policiers non loin qui commençaient à reprendre les choses en main et à rétablir l’ordre ; ils interrogeaient également les badauds, tentant de récolter des informations – identité, s’ils étaient sur le lieu de l’incident : cela déplaisait fortement à Elke qui comprit l’urgence de quitter la scène dans les plus brefs délais.
« Allez, Herr von Fréneuse, il faut partir, la police, ils sont en train de demander votre identité à tout le monde. Nous devons nous en aller ! »
Et il passa le bras du blond blessé par-dessus son épaule, l’invitant à se redresser promptement et se remettre en route. Il n’était pas l’heure que les lumières se posent sur lui. |
| | | Jean de FréneuseJ'ai bu le lait divin que versent les nuits blanches
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Dim 8 Avr - 5:13 | |
| La mendiante ouvrit les yeux, lentement, se leva presque aussitôt, vacillante - sans un regard ... Elle s'éloignait déjà, puis se tourna vers l'allemand, lui dit quelques mots. Elle ne le regardait pas. Le commissaire avait été emmené, l'anarchiste aussi et le tumulte s'éloignait ... Jean se demande alors s'il n'était pas devenu un fantôme, pour que la vie se déroulât ainsi devant ses yeux, sans plus prêter d'attention à son égard. Qui sait ? Peut-être son corps gisait-il encore à l'intérieur, méconnaissable ... Mais la voix de l'allemand qui s'adressait à lui résonna alors comme la cloche grêle du collège à l'heure alors que le déjeuner finit à peine. Parmi les vagues songeries apitoyées et les sons étouffés qu'il percevait, elle avait cette même voix criarde et impérieuse - celle d'un retour à la réalité. Il sentit de nouveau la chaleur dans sa jambe, le froid de l'eau qu'il avait reçue sur lui ... S'appuyant pour se redresser, non sans mal, Jean secouait la tête. Il balbutia :
- Mon identité ? Vous devez faire erreur, Monsieur, vous devez faire erreur ...
Et boitillant, il suivit Elke qui, bien que plus frêle, le soutenait fermement. La marche était lente, affreusement lente ... Mais par chance, cette absence de précipitation fit qu'on les laissa partir, persuadé qu'ils avaient déjà été interrogés, ou qu'on les relâchait en vu d'un interrogatoire futur ... Alors qu'ils s'éloignaient à leur tour, Jean reprit, avec une grimace pitoyable :
- Vous n'auriez pas oublié votre canne quelque part ? Je l'emprunterai bien ...
Il remercia le jeune homme qui l'avait raccompagné, non sans maladresse. Les oreilles encore sifflantes du bruit de l'explosion, le souvenir plein des cris du Renard, de la chute d'Auguste Roche, de la perte de conscience de la mendiante, repartie par les rues, sanglante, sonnée ... Lorsqu'ils poussèrent la porte de la garçonnière, Jean aperçut sur le sol un billet venant de l'hôtel de Lambresac, posé sur la console. Mais sans l'ouvrir encore, il se tourna vers M. von Herzfänger. Épuisé, mais l'esprit raffermi par ce douloureux périple au grand air, il dit :
- Je vous remercie pour votre sollicitude, Monsieur et me réjouis du fait que vous ne soyez pas blessé. Vous connaissez mon adresse, à présent. J'aimerais recevoir de vos nouvelles. On ne fait pas d'entrée plus fracassante dans le monde ...
Quand la porte se ferma sur ce jeune homme qui s'en retournait, Jean appela son domestique, qui l'aida à monter l'escalier, et le fit s'étendre sur une méridienne avant d'appeler le médecin de famille. A sa demande, il lui apporta également le fameux billet. Pour comble de l'histoire, c'était bien une lettre de la duchesse, lui annonçant qu'il n'était plus le bienvenu chez elle. Jean la laissa tomber sur le sol, songeur, avec une impression étrange ...
Il semblait bien qu'une nouvelle vie commençait, réellement. Il avait simplement fallu que toutes ses prétentions lui explosent au visage, alors qu'il n'avait su s'en défaire seul. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt Mar 17 Avr - 1:01 | |
| Ce qu'il nous en coûte Conséquences C'est ainsi que tous regagnèrent, cahin-caha, clopin-clopant, les ruines ou les vestiges de leur vie. Renaud Berger fut conduit au commissariat, fouillé, interrogé. On trouva sur lui une petite clé couleur argent qui ouvrait une loge d'Opéra. Il refusa de dire ce qu'elle faisait en sa possession, et on cria de joie en pensant avoir attrapé le coupable de l'attentat meurtrier ... D'interrogatoires en interrogatoires, c'est une créature affaiblie, épuisée, que l'on jeta dans l'une des cellules humides de Sainte-Pélagie. Cependant, il paraîtrait que pour le Renard, les rebondissements ne feraient que commencer ... Le d'Harcourt sera fermé pendant plusieurs semaines, le temps de reconstruire. La façade est à présent couverte par les échafaudages, et les cris, les chants des ouvriers ont remplacé les gémissements et les pleurs. On dénombre en tout cinq morts, et une dizaine de blessés, légers ou graves. Le tenancier est bien mort, enseveli sous les décombres de l'arrière boutique. M. Roche, grièvement blessé, est toujours gardé inconscient à l'Hôpital. On ignore dans lequel il a été conduit, l'information ayant été gardé secrète pour sa sécurité. La Noiraude s'en sortira, elle en sera quitte de quelques cicatrices. M. de Fréneuse,mal soigné au départ, boitera toute sa vie. M. von Herzfänger, fraîchement arrivé à Paris, intéresse à présent les journaux et les coeurs pour son héroïsme ; il y gagne sans doute quelque réputation. M. Debongure, discret mais pas assez, s'est attiré la méfiance de la Police, maintenant qu'Auguste Roche est hors jeu. Il va devoir faire cavalier seul pendant un temps. L'événement défraiera la chronique parisienne dans les semaines à venir. Les rumeurs vont vite, et on dit de plus en plus que le Renard est le coupable qui a fait sauter l'Opéra Garnier. Mais n'est-ce pas trop facile ... ? Suivez les journaux, poursuivez vos propres doutes ... Tandis que se prépare l'un des procès du siècle, le dénouement de l'affaire n'est sans doute pas si loin ... |
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| Sujet: Re: [Intrigue] Attentat au café d'Harcourt | |
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