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 Nouvelles de café

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Pierrot Lunaire
La bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Pierrot Lunaire

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MessageSujet: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMar 27 Sep - 6:59

Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.


C’est une autre ville que ce Paris du petit matin, de l’ouverture des cafés et de la fermeture des théâtres. Les balayeurs y terminent leurs danses et des commis, roides en leurs costumes, se précipitent vers leurs offices, leurs bureaux, leurs ministères … Nous sommes dans un quartier populaire, où les danseuses, les blanchisseuses et les couturières ont ce même air vanné des lundis matins. Des ouvriers y posent des pavés neufs – et l’on murmure que le bois qui les a faits vient des forêts allemandes. Vous, jeune demoiselle, évoluez-vous parmi ces populations bigarrées et criardes, les mains rougies par le froid et le labeur, ou avez-vous déjà trouvé votre place ? Peut-être devrez-vous traverser encore quelques rues, droites et modestes en leur tailleur de pierre grise … Jusqu’à la place du marché.

Le café du rendez-vous est un des bistroquets typiques du quartier : toute la nuit, des tziganes sous leurs beaux habits rouges y ont fait crisser leurs violons, et des jeunes bohèmes ont voulu y refaire le monde. A présent, au petit matin, il est plus calme. Le patron est devant son bar, les manches retroussées, l’air affable. Deux vieux à moustache, sous le bec de gaz toujours allumé parce que le café est sombre, jouent aux cartes. Une ménagère, sur une table près de l'entrée, y houspille un mari point assez pressé de retourner au bercail - vous entendez sa voix criarde et les mots d'argot qu'elle crache … Et c’est là, entre les cartes, l’odeur des fumées, les bruits de coupelles et de verres, que deux jeunes femmes se sont donné rendez-vous ... Jane, vous êtes la première.

Le patron vous a remarquée et vous observe, sans mot dire, l'air indéfinissable. Dans les rues, les premiers étals du marché se dressent, et des marchands de nouveautés vendent rubans et falbalas à la criée.

Miss Jane, choisirez-vous de vous installer tout de même en l'attente de votre compagne, sachant qu'une femme seule ne va point au café sans être mal vue, ou l'attendrez-vous, dans le mouvement perpétuel d'une rue qui s'éveille ?

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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMer 28 Sep - 2:03


Cela s’anime. La Place du marché, encore et toujours, est un théâtre sans fin, un théâtre modeste, le théâtre du peuple. Comme toile de fond se dressent un café, quelques étals, des maisons biscornues, tout un décor qui campe là depuis bien trop d’années pour n’être pas fané. L’on distingue la richesse d’un quartier à son renouvellement. Et Les Funambules sont bien trop fixes depuis quelques décennies.
Au milieu de ce décor sombre et populaire, Jane flâne, presque outrageuse dans sa nonchalance. Elle vient de quitter la demeure du Cousin et attend désormais Zatanna, l’imparfaite Zatanna. Jane avait appris de la bouche d’une camarade commune la présence de son amie à l’Opéra, le fameux soir. Aussitôt, elle avait expédié ce billet de rendez-vous, et la réponse de la danseuse avait été favorable, bien évidemment. Jane n’aurait manqué pour rien au monde une occasion de voir Zatanna, -à son goût- la plus belle danseuse de Paris. Les deux exilées s’entendaient à merveille, bien qu’aucune n’intervînt jamais dans l’existence de l’autre. Elles étaient amies, juste l’une pour l’autre, et non pour être reconnues comme telles dans la société.
Jane arpente le trottoir, prenant soin de s’éloigner des flaques de boue qui pourrait tacher sa jupe tant de fois rapiécée. Elle prête attention aussi, à rester éloignée de ces quelques femmes de joie qui espèrent trouver des clients du matin, homme levé tôt ou pas encore couché, Qu’importe, elles prennent. Jane ne les méprise pas et sait bien qu’elle aussi aurait eu peu de dignité si son généreux cousin Emile n’avait pas proposé d’être son hôte à Paris. Elle repense à ces hommes inconnus venus la visiter sans y avoir été invités, sans avoir respecté aucune convenance, répondant simplement à l’appel de la chair fraîche et sans défenses. Elle songe aux regards désapprobateurs, cruels, avides, des femmes de la société. Que serait-elle devenue ?
François vend ses journaux, sur le trottoir d’en face. Jane lui sourie, le salue d’un bref signe de tête. Elle garde ses quelques sous pour le café, n’en a pas pour acheter le journal. Mais elle sait que le bonhomme s’en fiche, qu’il n’attend pas qu’elle soit sa cliente pour l’apprécier.
Jane remonte son châle, tente en vain de se réchauffer, de s’emmitoufler encore davantage. Elle jette un coup d’œil à sa montre gousset, réglée sur l’heure londonienne. Le froid est prenant et Zatanna en retard.


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Pierrot Lunaire
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyDim 2 Oct - 11:56

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Les nuits de février sont rudes aux vagabonds. Gaspard le sait bien, lui qu'a passé toute la nuit, une bûche sous l'tête et les vents froids d'hiver pour l'bercer. Ce matin, 'y fait sa tournée dans les p'tits quartiers, criant ses chansons, faisant sonner sa cloche – p'tite cloche qu'il fait tinter, avec son sourire édenté. C'est comm' ça tous les matins : il en profite, avec ses valises sous les yeux, pour réclamer eun' piécette aux travailleurs du matin, aux noctambules qui rentrent, aux femmes qui vont à l’Antonne*. Et puis, quand midi sonne et qu'il a faim, il s'trouve un bout de pain dur et du vin … Ou il dort, au soleil, sous les ponts, avec les sabots des chevaux qui claquent sur les pavés. Les argousins l'connaissent – il a déjà fait d'la prison parce qu'il était là, qu'il travaillait pas, qu'il dormait à la belle étoile. Mais, à charge de nos braves officiers de police, Gaspard a la peau dure – et quelques amis persuasifs. C'est probablement de leur faute si, miss McCillian, vous trouverez ce vieux bonhomme crasseux, mais bonhomme quand même, qui s'approche de vous. Vous avez une jupe rapiécée, pas
assez d'argent pour un journal – mais vous avez tout d'même l'air mieux lotie que lui, alors … Faut le comprendre !

- Bonjour, mamzelle ! Une petite piécette pour un vieux poète - il prononçait « pouet »- qu'a plus d'chansons ! Gaspard d'la Nuit vous r'trouve une joliesse si vous lui donnez d'quoi becqueter.

Il vous parle, mademoiselle, avec l'accent rude du peuple et du faubourg. L'entendrez-vous, ce pauvre homme ? Il fronce soudain un sourcil, examine son bras - manteau pelucheux d'un vert canard improbable, et s'approche de vous, d'un air pénétré. Il sent le vieux vin et les petites rues obscures.

- Z'auriez pas un parapluie ? J'ai perdu l'mien, et croyez-moi, c'est qu'ça sert en cas d'duel !

Mlle McCillian, à vous de répondre à cet homme étrange, ou d'essayer de le congédier. Mais étrangement, Gaspard de la Nuit ne semble pas de ces hommes dont l'on se débarasse bien facilement.

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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMar 4 Oct - 8:48


Jane connaît bien les Funambules. C’est chose coutumière de croiser au coin d’une rue un vagabond, un mendiant ou un pauvre gamin. Quelqu’un qui veut juste vous parler ou vous soutirer quelques sous, que vous lui donnerez finalement par simple compassion.
Elle écoute le vagabond déblatérer, de cette voix nasillarde, d’un ton trop haut. Elle l’écoute quémander sans en avoir l’air, raconter des histoires qui ne sont qu’à moitié vraies.
Ca n’est pas la première fois que Jane rencontre Gaspard et que Gaspard rencontre Jane. Cependant, il n’y a que Jane qui en a le souvenir.
Elle n’ose pas répondre au vieillard, son franc parler est trop brutal, elle est intimidée. Elle remonte de nouveau son châle, s’en veut de jouer les jeunes bourgeoises trop prude, se dit qu’elle aussi fait partie des Bonnes Gens après tout. Il n’y a qu’un pas entre Gaspard et elle. Mais elle n’ose pas le franchir, car le vagabond semble imprévisible. Il lui parle de duel, à elle, une jeune fille qui n’a jamais vu un autre homme que son père en colère. A une jeune fille qui n’a jamais ressenti la haine profonde ni l’amour véritable, pas même un semblant de mépris ou une quelconque attirance.
Gaspard baragouine encore quelques phrases. Jane l’observe, ses yeux gris fixés sur son gros nez un peu rouge.
C’est presque une confrontation pour la Londonienne. Gaspard l’aborde, lui parle de la misère et de la violence, s’approche d’elle. Jane se recroqueville, recule contre la façade du café, ne trouve pas d’image pour illustrer les propos tenus. Gaspard n’est pas méchant, elle le sait, mais elle a la terrifiante impression que ses paroles lui vont droit au cœur, à elle, qui ne sait pas grand-chose de la vie.
Et Zatanna, qui n’est toujours pas là !
Jane a froid, n’a pas de pièce pour l’homme de la Nuit, pas de quoi « becqueter », ni même de parapluie. Elle se demande si elle aussi, elle va finir comme ça un jour. Parce qu’il faut se rendre à l’évidence, elle n’est pas une grande actrice, n’a peu ou pas d’autres talents, a amené d’Angleterre une modeste fortune et aucune réputation, n’a été remarqué par aucun homme de la société. Elle se demande si elle aussi, elle quémandera des pièces ou du pain, si, elle aussi, elle provoquera des gens en duel et parlera un argot d’ivrogne. Parce que c’est comme cela qu’on finit, lorsqu’on s’éternise aux Funambules.
La rue autour s’anime un peu moins. Les gens ralentissent pour observer Gaspard de la Nuit importuner la jolie Anglaise, qui recule craintivement. Certains hommes sont prêts à le congédier, certaines femmes à consoler Jane.
Le patron passe même la tête par la porte de son café, pour veiller à ce que l'ordre règne. Ils la regardent tous, la toute petite actrice aux cheveux d’ange, au teint de poupée. Ils se disent qu’elle n’ira pas loin, si elle courbe l’échine devant Gaspard.
Mais Jane prend sur elle, chasse l’angoisse du futur qui l’étreint chaque jour davantage. Elle lâche son châle, se fiche bien d’avoir froid au cou.


-Taisez-vous, assène-t-elle à Gaspard, d’une voix parfaite, à mi-chemin entre l’injonction et la supplication.


Tous, alors, détachent leur regard de la jeune fille pour s’accrocher à celui de Gaspard…



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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMer 5 Oct - 12:57

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En effet, les regards tombent maintenant sur notre vieux Gaspard. Celui-ci n’apprécie pas trop de s’être fait rabrouer par eun’jolie donzelle, qui connaît sans doute rien à la vie – la dure vie qui l’attend, elle et ses compagnonnes d’vie toutes grises. Alors il s’enflamme, avec sa bouche édentée en large sourire – et il a l’air d’un requin mourant et hilare, quand il réplique :

- Allons bon, ma petite d’moiselle ! On s’énerve comme ça ! – et il faisait d’implacables moulinets de son bras droit, comme s’il voulait brandir quelque chose.

Un jeune garçon dans la foule applaudit et quelques mauvaises têtes éclatent de rire. Le vieux, lui, continue son spectacle, le chapeau vacillant sur ses cheveux sales.


- Et on n’a pas d’scrupules, vilaine fille, pour rabrouer un pauv’vieux dans mon genre ? On peut pas juste lui dire, mamzelle, qu’on n’a pas d’sous à donner au vieux Gaspard ? Est-ce que j’vous agresse, moi ?

On serait tenté de répondre oui, mais ce ne serait pas très prudent. Cependant, derrière vous, une voix sourde retentit - et vous reconnaissez peut-être le tenancier à drôle de mine qui est sorti de la pénombre du bar :

- Si vous me montrez qu'vous avez d'quoi payer - on insista bien sur ces quelques mots - v’nez donc vous mettre au chaud ici. C’vieil édenté vous suivra pas, j'en fais mon affaire.

De quoi payer, c’était toute la question … Il était temps que Zatanna Boischevalier pointe le bout de son nez, n’est-ce pas ?

Citation :
[Hors RP : Zatanna, tu surgis quand tu veux, hein ? ^^
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 8 Oct - 3:18

La Zatanna fend le groupe de badauds avec aisance. Sa robe, tout comme les rubans extravagants de son chapeau, rayée de gris et de rouge est visiblement coûteuse, à l’instar de son manteau noir dont le col de fourrure soyeuse chatouille la ligne de sa mâchoire. Le scintillement de ses lourdes boucles d’oreille fait loucher la foule démunie qui déambule dans cette rue pas forcément la plus fréquentable pour une dame dont le mari possède un compte en banque raisonnable. Pour ceux qui sont en position de l’envier, elle est élégante, la Zatanna. Pour ceux qui la regardent de haut, elle est criarde, bien sûr. Dans tous les cas, elle se démarque et c’est plus ou moins le but recherché.

En approchant du lieu de rendez-vous, Zatanna a remarqué que la petite Jane est entourée d’un nombre anormal de personnes. La danseuse s’est penchée pour observer entre les passants et a vu un vieux bonhomme ennuyer son amie. Ça ne lui a pas plu et elle s’est avancée.
La russe tient à sa relation avec Jane : une amitié simple entre deux étrangères venues pratiquer leur art dans la Ville Lumière. Si les gloussements absurdes des salons amusent Zatanna, elle aime avoir quelques réels proches. Bien sûr, la jeune anglaise ne sait pas tout des secrets de Zatanna, mais pour ça, il y a Armand.

La russe s’adresse à son amie en premier, bien qu’elle n’ait rien raté des propos du tenancier du café.

« Je suis en retard. Mais vous savez bien, les chevaux peuvent être d’une lenteur »

Elle prend le bras de Jane et se tourne vers le tenancier.

« Souhaitez-vous fouiller mon sac ? »

Aucune ironie n’est perceptible dans sa voix à l’accent naïf.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyLun 10 Oct - 23:54

Le tenancier renifla, visiblement surpris, sans nul doute gêné. Que deux bonnes femmes aillent boire en son tripot lui déplaisait, lui qui était habitué aux ouvriers, aux noctambules et aux vieux ménages du coin - mais après tout, tant qu'ça faisait tourner le commerce ... Il hocha donc la tête et s'effaça dans l'ombre, ponctuant d'un "Qu'est-ce que j'vous sers ?" ce qui était un renoncement.

Et si vous entrez, Mesdames, vous vous soustrayez également à la silhouette divaguante de Gaspard d'la Nuit qui harange à présent les passants amasseux, heureux d'avoir trouvé un public.

Si j'ose dire, les choses sérieuses peuvent à présent commencer, n'est-ce pas ?

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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 15 Oct - 6:27

Jane sourit à son amie, arrivée à la bonne heure. Elle est sauvée, enfin, d’une situation qu’elle ne maîtrisait pas. Elle admire et admirera toujours la spontanéité et le dynamisme de la Zatanna.
Les deux jeunes femmes, que la foule a déjà oublié, pénètrent fièrement dans le café. Jane sent la chaleur lui chatouiller la peau, lui réchauffer les joues. Elle pense à se dévêtir un petit peu, mais se rétracte finalement. Une femme honnête ne se déshabille jamais en public, encore moins dans un café !
Le bistrot est un peu vide, mais l’odeur de café et d’alcool emplit déjà l’atmosphère. La fumée et le paisible brouhaha enveloppent Jane tout doucement. Elle est tranquille, loin du tumulte de la rue (qui rentre tout de même par la porte grande ouverte). Et puis, Zatanna est là, désormais.
La Londonienne et la Russe s’installent à une table, sous l’œil lointain du tenancier. Qu’elles sont belles, ces deux exilées ! Quelle prestance, quelle jeunesse ! Elles respirent la santé, la gourmandise, le talent ! Si des gentlemans étaient là, ils ne pourraient sans doute pas résister à leur charme nonchalant.
Après avoir baladé son regard sur l’ensemble de la pièce, Jane pose ses yeux d’ange sur la Zatanna, à l’air toujours affairé.

-Zatanna, dites-moi tout, ce que je sais et ce que je ne sais pas !

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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 12 Nov - 4:58

[HJ : J'ai utilisé le vouvoiement instinctivement, si tu trouves que ça ne colle pas, on peut changer. =)
Et pardon pour le retard, mes vacances ont été plus chargées que prévu. >.< ]


Les deux jeunes femmes s’installent à la première table qu’elles rencontrent. Sans façons (ou plutôt de la façon qui choque), Zatanna se laisse tomber sur son siège avec un soupir d’aisance. Elle a l’impression de se retrouver dans cet endroit populeux, sans manières. Le bourdonnement des conversations, la chaleur humaine, les odeurs fortes et la fumée lui rappellent qu’elle est différente des dames qu’elle fréquente au salon de la Présidente, car elle connaît tout cela. Elle ne doit pas, mais elle s’en sent fière.

« Un doigt de cognac, lance-t-elle au tenancier, sans se soucier des qu’en-dira-t-on. »

La Zatanna aime bien l’alcool. C’est idéal pour se réchauffer, se détendre ou se requinquer. Depuis qu’elle a dépassé le stade de simple danseuse en épousant Armand, elle s’intéresse particulièrement au sujet et est devenue étrangement érudite sur le sujet. Ce n’est probablement pas convenant pour une dame, mais comme toujours, Zatanna profite de son statut d’étrangère ignorante pour faire passer la pilulle.

La russe sourit à son amie qui semble très impatiente de savoir tout ce qui s’est passé à l’Opéra le soir de l’attentat, comme l’indiquait le message qu’elle lui a envoyé. Bien sûr, Zatanna ne peut pas tout raconter.

« Je n’était pas à l’Opéra pour danser. J’y suis venue avec Armand pour profiter du spectacle depuis l’autre côté de la scène, pour cette fois. Nous étions dans notre loge quand la bombe a explosé. C’était terrible ! J’étais si sonnée qu’Armand a dû me tirer hors de l’Opéra. Nous étions couverts de poussière, défaits, l’air hagard, sachant à peine où rentrer pour dormir. À vrai dire, je ne saurais pas raconter tout ce qui s’est passé tellement nous étions choqués. »
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMar 22 Nov - 8:10

Zatanna a commandé de l’alcool. Jane n’est pas surprise, ni choquée, ni même gênée. Elle ne s’inquiète pas pour Zatanna, à vrai dire. Car Zatanna a sa carrière, Zatanna a Armand, Zatanna a ce visage sublime. La Russe n’a pas à s’en faire, pense sincèrement Jane. Elle écoute le cours discours, parfois couvert par le bruit des autres conversations et se retrouve un peu déçue lorsque Zatanna lui apprend qu’elle ne sait rien. C’est qu’elle est un peu curieuse quand même, la Jane !

« Le principal, c’est que vous alliez bien. Vous et Armand. »

Le cognac arrive. Jane, timidement, demande la même chose au tenancier. Après tout, un petit verre ne peut pas salir une réputation qu’elle n’a pas. Et puis, ce ne sera pas la première fois qu’elle boit. Son cousin lui sert, de temps à autre, un petit verre de bon whisky, les soirs où ils restent tard pour discuter. Elle se souvient, aussi, avoir bu quelques verres au Fumoir, après une représentation médiocre et huée, accompagnée d’une collègue. Une collègue qu’elle n’a pas revu depuis quelques semaines, d’ailleurs !

« Vous aviez de la chance de ne pas danser ce soir-là, Zatanna ! Le hasard fait drôlement bien les choses tout de même. »

Une fois son cognac servi, Jane le boit un peu trop vite et enchaîne tout de suite, d’une voix qu’elle ne maîtrise pas bien :

« Comme si le métier d’artiste n’était pas assez difficile comme cela, il faut en plus que l’on se fasse assassiner sur scène, maintenant ! »

Ce genre de réflexion ne ressemble pas à la petite londonienne. Mais cela ne pose pas de problème aux deux jeunes femmes : il est assez fréquent que Jane sorte de ses gonds.
Elle se reprend tout de même, un sourire honteux mais amusé sur les lèvres.

« Avez-vous perdu quelqu’un dans l’explosion ? Certaines de vos collègues dansaient sûrement et puis, vous deviez avoir des connaissances parmi les spectateurs, je me trompe ? »
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMar 21 Fév - 11:32

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▬ Mais vas-y donc !
▬ Oh non je n'oserais jamais...
▬ Mais quel empoté !


Ces chuchotements faisaient bruisser un coin de la salle - à bien y regarder, ils venaient d'un groupe de jeunes hommes aux costumes d'étudiants. Des verres à moitiés vides devant eux, les coudes sur les tables, ils observaient les dames depuis leur entrée dans les lieux. On n'a point l'habitude de voir des demoiselles ici, ou alors elles ont des haillons et la cuisse légère comme disent les mauvaises langues.

L'un des étudiants, moustache fine, quelques poils ombrant son menton, finit par se lever sous les acclamations de ses pairs. Lentement, comme s'il allait à l'échafaud, l'étudiant s'avança vers les dames. On a beau dire que les femmes-artistes sont connues pour leurs moeurs légères, il est toujours difficile d'approcher une femme.

▬ Mesdames...

L'étudiant effectua une courbette un peu gauche, se releva en se tordant les doigts. "De l'audace" lança un de ses amis dans son dos, observant le spectacle non sans joie.

▬ Pardonnez moi de vous déranger, mais... accepteriez-vous de rejoindre notre compagnie ? (D'un ton plus bas, comme s'il se confessait) En toute politesse, bien sûr.

Et dans le groupe déjà on pariait sur la réussite de l'ami.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 25 Fév - 5:41

Zatanna jeta un regard hautain au jeune homme.

-Je dois vous quitter Jane, dit-elle avec un accent tout aussi hautain.

Jane fût quelque peu surprise mais n’osa pas retenir son amie, ni s’éclipser à son tour. Ce jeune homme ne pouvait pas être méchant, et la jeune anglaise ne pouvait se résoudre à le planter ainsi.
Elle observa le groupe à quelques mètres de là. Une bande de jeunes hommes qui avaient tous une bonne mine.

-Ce serait avec plaisir, répondit-elle, espérant que son accent n’était pas déjà découvert. Elle n’avait aucune envie d’être la petite anglaise de service.

Elle se leva, regarda partir Zatanna et suivit le jeune homme. Sans empressement, sur la pointe des pieds. Avec une certaine délicatesse même.

Elle salua tout le groupe et leur offrit un sourire des plus sincères. Elle attendit debout que le plus gentleman lui offre une chaise.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 25 Fév - 11:02


Le refus de la première dame fut saluée avec quelque peu de froideur. Encore une qui se croyait meilleure que les autres ! Mais la seconde, charmante avec un accent accepta et tous acclamèrent le jeune homme qui venait de réussir l'exploit. On se leva, l'on tira une chaise à Jane pour qu'elle puisse s'asseoir, on la servit comme une princesse. Ils étaient trois - y compris l'envoyé qui avait repris sa propre place à la tablée. Cols blancs, moustaches pour les uns, barbes pour les autres. Bruns et blonds aux yeux pétillants de curiosité.

— Désolé du dérangement, mais les langues vont si vite...
— Déjà on chuchotait sur votre compte,
ajouta un second en dardant un regard - si sombre - à quelques clients.
— Nous avons donc mandé à notre cher Armand de vous inviter.
— Nous espérons que cela ne vous dérange point, madame ?
— Mais quels sots nous faisons, à nous de nous présenter. Étienne pour ma part. Le grand dadais à taches de son se fait connaitre sous le nom de Robert et vous connaissez déjà Armand.


Le Armand en question n'avait pas pipé mot depuis. Il posait des yeux fuyants sur Jane, lui avait ramené son verre encore à peine entamé afin qu'elle puisse continuer à le déguster. Finalement il prit la parole, sa langue butant sur les mots.

— Veuillez me pardonner mademoiselle... Seriez-vous Anglaise ? C'est que... vous avez un très bel accent.

Et Robert et Étienne de sourire sous cape devant la mine de leur compère. Le voilà t'il pas déjà entiché de la belle inconnue !
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyLun 27 Fév - 5:01

Jane était déjà étourdie par les paroles des trois étrangers. Elle n’était pas certaine que deux femmes assises à une table étaient plus mal vues qu’une demoiselle assise seule à la table de trois jeunes hommes. Mais après tout, leur compagnie n’était pas désagréable.

-Je…je suis anglaise, oui. De Londres. Mais qu’importe, je suis à Paris maintenant.

Elle observa les trois jeunes garçons. Propres sur eux, la mine honnête mais le regard aventureux. Qui ne l’était pas à cet âge ? Etienne, Robert et Armand, des prénoms bien français.

Jane souriait, naturellement.

-C’est très gentil à vous de m’avoir invité à votre table. Les gens sont partout les mêmes : idiotes.

Et elle se rendit compte immédiatement de sa faute de prononciation. Voilà ! Il suffisait qu’on le lui fasse remarquer et son accent reprenait le dessus. Si en plus on le complimentait, celui-ci s’éveillait et faisait des siennes. En témoignait cette intonation étrange.
Puis elle sourit à Armand avant de regarder Robert. Les tâches de rousseur…tellement de gars de Londres en arboraient, souvent assorties à des cheveux roux et mal coiffés. Des gars des rues, souvent mais aussi de toutes les classes. A Paris, les roux qu’elle avait rencontrés ou aperçus se comptaient sur les doigts d’une main. Elle s’aperçut au bout de quelques secondes de son regard insistant et le détourna.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyVen 2 Mar - 9:28

Une Anglaise, quelle chance ! Ces dames étaient vues comme un parangon de beauté et de grâce, et les étudiants remerciaient le destin d'avoir placé une telle perle devant leurs yeux. Aucun d'eux ne se moqua de la faute de prononciation de Jane, ni ne la reprit - on n'allait pas mettre à dos la dame pour avoir malmené le français. Voyons, il y avait des fautes plus graves.

Robert sentit son coeur s'échauffer en croyant voir dans le mouvement des yeux de Jane, un embarras. Aurait-il touché cette inconnue par un seul regard comme dans les romans si prisés par sa mère ? Sous la table Étienne lui décocha un coup de coude - jaloux du succès de son ami et en même temps souhaitant son succès.

— Oh que voulez-vous
, lança Étienne, l'on ne peut rien contre la bêtise humaine. Pourquoi ne pas l'a quitter ? C'est jour de marché aujourd'hui.
— Bonne idée ! renchérit Armand en se levant, et posant de quoi payer les boissons du groupe ainsi que de Jane. Vous trouverez peut-être quelque chose qui vous plaira mademoiselle.


Les étudiants se levèrent, Robert présenta son bras afin que Jane le prenne et qu'il puisse la guider. Le groupe sortit du tripot, regagna la lueur du soleil. Les stands avaient finis d'être montés, les marchands faisaient retentir leurs voix pour vendre leurs biens. Animaux, fanfreluches, tout se côtoyait dans une ferveur grandissante, une agitation constante. On s'attacha à un stand de colifichets où rubans, bijoux en toc, parures de toutes sortes formaient des cascades de couleurs.

— Ce ruban rouge vous irait à merveille
, souligna Armand prenant le ruban et le portant au visage de Jane. Il éclaire votre teint.
— Voyons Armand, laisse-la choisir. Mademoiselle, faites votre choix, nous vous offrons ce que vous souhaitez.
— Étienne, tu te trompes. Je veux simplement qu'elle puisse briller sur scène.


Un moment de flottement devant les mots malencontreux, ruban toujours en main Armand se tourna vers Jane.

— Vous êtes bien actrice, n'est-ce pas ? Vous en avez la grâce...

La phrase demeura en suspens, flotta dans l'air, masquant les pensées non-dites, les rumeurs sur les actrices et leurs moeurs légères.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyDim 11 Mar - 5:35

Jane ne put s’empêcher de rougir. Tout cela allait bien vite. Jamais un homme –et encore moins un groupe d’hommes- ne lui avait offert quelque chose.

-Actrice, oui, mais sans gloire. Et pour ce qui est du talent, on ne me l’a pas encore reconnu ! Paris n’a pas encore posé les yeux sur moi, vous savez.

Elle prit le ruban entre ses mains.

-Croyez-vous donc que le rouge est la bonne couleur ? Je vais vous écouter parce que…il est bien connu que les Parisiens ont bon goût.

Jane se rendait bien compte qu’accepter un cadeau la rendrait redevable. De quoi, elle ne savait pas bien. Mais désormais, elle était engagée et devrait rester au bras de ses messieurs quelques temps.
Elle leur sourit à tous les trois et reprit, de façon –trop- spontanée le bras de Robert.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyJeu 15 Mar - 7:35

    Tant de modestie, vraiment cette femme était exquise. Et cette rougeur – ô rougeur de la vierge délicate, comme tu sais si bien ravir les cœurs !

    — La gloire vous arrivera bien assez tôt. Le public saura vous adorer, assura Étienne.
    — Et cela signera la fin de nos rencontres, souligna Robert avec une moue d'homme délaissé, qui releva d'un sourire (il aurait pu être acteur, cet homme jouant avec son visage comme avec un masque) Car vous serez bien trop pris par vos adorateurs.

    Armand tira de sa poche quelques pièces qu'il tendit à la marchande, vieille dame qui les remercia bien bas avant de reprendre ses cris. C'était à croire que sa voix était capable de percer celles des autres chalands. Armand tira la lippe à la vue du choix de Jane – ce mouvement prompt pour se raccrocher au bras de Robert qui exultait. Sa moustache semblait même frémir sous l'extase tels les moustaches d'un chat.

    — Mais peut-être vous a-t-on dérangé ? (Armand tâchait de se rappeler à la belle compagnie qui flânait à travers les échoppes) Vous avez peut-être une prochaine représentation qui se prépare bientôt ?

    Subtile question pour connaître la vie de cette belle actrice, les pièces où elle jouait – les pièces où la retrouver, brillante sur la scène. Porterait-alors le ruban ?
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptySam 31 Mar - 23:53

Ils reprirent leur marche, avec une lenteur mesurée. C’était une promenade plutôt qu’une marche, d’ailleurs. Jane au bras de Robert, Armand et Etienne devant, le visage tendu vers la jeune actrice.

-Non, en ce moment c’est une période creuse pour moi aux Funambules. De plus en plus de gens y viennent mais pas pour y voir des pantomimes comme moi. Ils veulent voir de la farce, du clownesque, du grossier. Des choses qui font du bruit et font faire du bruit. Peut-être aurais-je une place sur scène dans quelques jours…

Mais rien n’était moins sûr.

-La prochaine fois, venez me voir. Je porterais le ruban, à coup sûr.

Jane salua d’un signe de tête le marchand de journaux, qui semblait peu surpris de la voir entourée de jeunes hommes. Ils continuèrent de flâner. Déjà, l’odeur du pain et de la viande fraîche venait chatouiller les narines délicates de la jeune femme.

-Mais nous parlons beaucoup de moi ! Que faites-vous dans la vie ? Qu’est-ce qui a bien pu vous amener dans ce quartier ?
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyDim 8 Avr - 21:05

    Elle porterait donc le ruban ! Les sourires s'étiraient, et les étudiants, chacun dans son esprit, se plaignaient que les goûts du public soient bien loin de ceux que eux ils désiraient. Il allait falloir changer cela mais comment ? Peut-être en poussant leurs compatriotes à déserter les pantomimes et autres clowneries – moins de monde à ce genre de spectacle permettrait peut-être à leur belle actrice de revenir sur scène.

    — Et bien mademoiselle nous étudions l'Art. Ce grand tableau mouvant.
    — Il est dur de constater que l'Art se porte fort mal. Les gens n'ont plus aucun goût, les vrais talents sont masqués par des créatures que l'on loue pour une beauté sotte, sans charme.
    (Robert leva les yeux au ciel) Mettez des couleurs sur un vase, soit il sera agréable. Mais il ne sera vraiment beau que si l'harmonie y règne.
    — Alors nous cherchons l'Art là où les gens oublient de le louer,
    continua Armand. Hors des musées et des salles, dans la vie même.

    Ils avaient la jeunesse avec toute sa fougue – l'on sentait que de l'Art ils en avaient une idée bien différente de ceux de leurs aînés. Ces étudiants ne devaient guère côtoyer les musées ou alors pour critiquer le choix des œuvres exposées. L'odeur de la chère fit tordre les ventres, les hommes s'empressèrent d'acheter des cornets de frites. Deux sous pour une friandise qui vous mettra du sel plein les doigts.

    — Laissez-vous tenter Mademoiselle, sourit Étienne. Je vous tiendrais le cornet pour que vous vous ne salissiez point.
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyLun 7 Mai - 22:57

Jane fut amusée par le discours de ses trois amis. Trois personnages qui se complétaient, dans une certaine continuité, fidèles à des idées qu’ils s’étaient eux-mêmes fixées. L’Art, elle n’y connaissait pas grand-chose à vrai dire. On ne lui avait jamais enseigné la manière de le comprendre. Elle avait appris à l’interpréter par elle-même, au contact de sa mère. Sa talentueuse mère. Bien plus talentueuse qu’elle d’ailleurs. Une cantatrice séduisante, ensorcelante, à la voix remarquée, adulée. Une femme au regard franc, aux formes imposantes, qui jamais ne daignait qu’on lui manque de respect. Une femme admirable. Une femme qui l’avait élevé ! Jane avait la sensation de vivre dans l’ombre de cette mère imposante. Pourrait-elle un jour avoir autant de talent qu’elle ? N’était-ce pas sensé être inné, ces choses là ? Et sans véritable talent, qu’espérer quant au succès ?

Jane fut tirée de ses pensées par Etienne, cornets de frites à la main.

-Laissez-vous tenter Mademoiselle. Je vous tiendrais le cornet pour que vous ne vous salissiez point.

Elle lui rendit son sourire et attrapa une frite. Elle avait faim, pourquoi le cacher ?

-Je vous remercie.

Elle ne put s’empêcher de reprendre le bras de Robert, et se douta que son attitude était déjà remarquée.

-Si vous aimez l’Art, vous avez sûrement dû être peinés de l’explosion de l’Opéra…

Elle chercha une serviette, un bout de tissu pour s’essuyer les lèvres. Elle n’allait tout de même pas se servir du ruban…
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MessageSujet: Re: Nouvelles de café   Nouvelles de café EmptyMar 8 Mai - 11:01

    Mentionner l'Opéra fut comme allumer une nouvelle bombe - les mains des étudiants se mirent à battre, les mots à se chambouler. Étienne calma ses deux compères à grand renforts d'effets de bras. Parler à tort et à travers n'allait pas arranger les choses, ni arrêter le coupable. Mais l'on sentait que l'attentat avait touché les étudiants comme s'ils y avaient eux-même assistés, et peut-être était-ce le cas ?

    — L'explosion de l'Opéra fut une tragédie, clama Armand. Une représentation éventrée, des corps souillés, un lieu déshonoré...
    — Nous avons voulu nous rendre sur les lieux de la tragédie
    , continua Étienne, mais la police avait déjà imposée sa présence. Nous avons donc mené une minute de silence en mémoire des personnes, des artistes et de l'Art qui a été si brutalement violentée.
    — L'Opéra est devenu un tombeau
    , conclut Robert. Mais nous espérons qu'un jour il revivra.

    Voyant que Jane cherchait confusément de quoi se nettoyer, Robert sortit un mouchoir propre de sa poche et le lui tendit. De son côté Armand avait sorti sa montre - objet de famille, seul bien véritablement cher qu'il possédait.

    — Mes amis, je crains qu'il ne soit bientôt l'heure de notre cours. (Se tournant vers Jane, il la salua en baissant la tête) Mademoiselle, ce fut un honneur de vous rencontrer.

    Alors qu’Étienne saluait à son tour, avec un air morose qui laissait entendre qu'il aurait bien aimé faire l'école buissonnière, Robert fit signe à Jane de garder le mouchoir. Moyen subtil de pouvoir, un jour, retrouver la belle actrice ?
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