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| Vous montez ou vous montez pas ? | |
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Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Mar 14 Fév - 12:14 | |
| "Ce ne sont pas les mots qui leur font peur, mais l'idée qu'ils portent, ces jean foutre ont bien trop peur qu'on y arrive là où ils ont échoué ! On en serait bien capable ! On l'a prouvé il y a peu... Si peu et pourtant si longtemps, ils ont tout fait pour effacer toutes traces mais on s'en souvient, tu es sans doute trop jeune mais putain je me souviens de ces heures, de ces jours, l'père rentrait plus tôt de l'usine un sourire au coin du bec, la mère était tout le temps fourré avec La Louise, ça discutait sec, ça s'engueulait mais ça rêvait... Et l'foutriquet à fait libérer les gars de l'campagne, il s'est arrangé avec l'prussien et leurs canons ont cassés nos rues et avec eux nos rêves." Il se tut. Longtemps, songeur, mélancolique de cette Commune qu'il avait connu, tout jeune enfant, l'idéalisant comme on idéalise un souvenir d'enfance"Un de ces gars intelligents du temps passé quand y'avait encore des rois et tout l'reste a dit "Je ne suis pas d'accord avec ceux que vous dites mais je me tuerais pour que vous puissiez l'dire" Même ça ils nous l'on prit. Peux tu croire qu'à not' époque de progrès un mot soit interdit sous peine de condamnation et d'représailles. Même si je suis pas d'accord, j'ai trop parler aux curetons, aux cognes et aux juges pour avoir envie de les laisser encore ouvrir la bouche. Si c'est pour qu'ils m'envoient casser des cailloux plutôt les suriner avant,que j'y aille pour quelque chose qui m'fasse chaud au coeur dans leur bagnes immondes." Renaud était saoul et pourtant ces mots ne dépassaient pas sa pensée, il avait sa façon bien à lui de les exprimer mais il y croyait, dur comme fer. Il reprit une gorgée de la flasque et la tendit à la jeune femme. Il buvait maintenant pour oublier le feu qui lui montait aux joues et au corps à s'entretenir ainsi de ce qui l'animait, ces milles révoltes, ces amours qui le tenaient éveillés chaque soir."T'es loin d'être sotte et pour l'ridicule il n'y a que les uniformes qui sont ridicules, les uniformes et les couronnes !" - Spoiler:
Il doit rester des fautes et je sais pas si c'est très clair, mais j'suis aussi rond que mon perso alors... Je rezieuterais demain voir ce que ça donne.
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| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Mer 15 Fév - 9:12 | |
| Jane repoussa la flasque. Elle ne tenait pas à être malade.
« Les mots leur font peur aux gens de là-haut, oui ! ».
Le Renard se confiait et ces allusions à sa jeunesse, cette espèce de nostalgie qui marquait ces traits, attendrirent la jeune anglaise.
« Pour en revenir à l’Art, car on échappe jamais à son milieu…Ne sous-estime pas l’Art, Renaud, c’est l’un des seuls moyens qui permet de parler sans que l’on nous attribue nos paroles. L’Art, même s’il reste surveillé étroitement, permet de…de faire passer des messages, déguisés mais parfois plus efficaces que de les crier sur les toits. Loin de moi l’idée de critiquer vos envies de révolte grandiloquente mais…pense à ça ! Un artiste est un messager. Et si j’avais plus d’influence, je me ferais volontiers messagère du peuple… »
Les paroles de Jane commençaient à lui échapper. Les mots ne venaient pas d’eux-mêmes ou bien débordaient trop vite. Mais elle était fière de ce qu’elle disait, en accord avec elle-même.
« Mais toi, quels mots te font peur, Renaud ? »
Et elle se pencha un peu sur la table, les joues toutes roses, les yeux floues, consciente d’être radicalement différente de celle qu’il avait fait monter dans son fiacre. |
| | | Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Mer 15 Fév - 10:50 | |
| Il récupéra la flasque et y puisa une nouvelle gorgée. Cela faisait bien longtemps qu'il avait pris cette habitude et n'étais pas près d'arrêter, malgré des réveils de plus en plus difficiles et des douleurs régulières. Il se l'était promis, un jour d'ivresse, il arrêterait de boire quand il n'aurait plus besoin d'oublier quoi que ce soit, quand il n'aurait plus besoin de se coucher en ayant mal pour le monde..
"Si tu te faisais cette messagère nul doute que tu finirais mal, reléguée à jouer dans les bouges ou dans la rue, on n'écoute pas les artistes qui font autre chose que ce "beau" a qui les jean foutre misérables font des courbettes oubliant qu'en dehors c'est un peuple entier qui se tue à la tâche !"
Une autre rasade, il parlait trop, il buvait trop. Il avait mal au dos, il se leva, et fit quelques pas dans la pièce, tant pour se secouer le corps et l'âme que pour fuir une proximité qui sans réellement savoir pourquoi le mettait mal à l'aise, il avait l'impression d'être tellement vieux par rapport à cette petiote qu'il se sentait coupable d'être chez elle à une heures aussi indue.
Il finit par se rasseoir pourtant, évitant avec gène le regard de la jeune femme.
"Les mots renoncements, lâcheté, misère. Les mots prison, barreau et guillotine. Tout ces mots qui risquent de m'arriver... Mais la lucarne ne m'aura pas ! Je ne croupirai pas en prison, j'y ai trop passé de mauvaises heures ! Si ils veulent m'attraper ils devront m'abattre comme un chien ! Comme un loup, libre sans collier ou laisse !"
Il s'était presque levé en parlant, ses yeux cessant de fuir pour se planter dans ceux de la jeune femme, le poil en bataille et la trogne presque folle. Il se rassit, lasse, lasse de toute cette révolte qui le tuait à petit feux aussi sûrement que les balles des versaillais avaient tué ses camarades et sa famille. |
| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Sam 18 Fév - 8:01 | |
| Elle était épuisée. Pas par le discours de Renaud, loin de là, mais par l’alcool et sa propre vie. Elle ne savait plus quoi faire, à la fois attirée par le beau monde et l’Art mais aussi profondément et sincèrement touchée par les paroles de cet homme, de ce vrai homme, qui avait connu les fusils, les coups de bâton, les barreaux. Cet homme qui en avait vu tomber d’autre et qui risquait de tomber, lui aussi. Cet homme que l’injustice poursuivait. Jane avait aussi peur d’agir sans réfléchir, poussée par le fait qu’elle n’avait rien à perdre. « On a toujours quelque chose à perdre ». Emile lui avait dit cela, un jour. Où était-il, d’ailleurs, ce satané cousin, goddamn ?!
« C’est comme cela que tu vas finir. Fusillé dans le dos pendant que tu t’évades ? »
Elle voulut demander à Renaud quel avenir il s’était rêvé, dans son jeune âge, mais n’osa pas. Elle avait aperçu une lueur de folie, un feu de révolte dans les yeux du Renard. Elle en était certaine désormais –et il ne lui avait pas caché : Le Renard avait commis des attentats et avait les mots révolte et liberté à la bouche. Peut-être était-il même près à mourir pour ces mots.
Jane se leva et se laissa choir sur l’un des fauteuils en velours, près de la cheminée.
« Mais qu’est-ce qu’on fait là, Renaud… »
A vrai dire, elle se destinait la question. Où les menait cette conversation entre une petite bourgeoise qui rêvait des grands théâtres et un homme révolté, fatigué, ayant déjà tout vécu ? Elle appréciait qu’il soit là, car jamais elle n’avait parlé aussi sincèrement. Mais après tout, cette soirée changerait-il l’un d’eux ? Elle n’en était pas certaine. Et puis, qu’attendaient-ils l’un de l’autre, si ce n’est un peu moins de solitude.
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| | | Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Dim 19 Fév - 10:12 | |
| Assis, comme enfoncé par une masse, sur la chaise il leva vaguement ces yeux, embrumés par l'alcool, la chaleur, la fatigue, l'impression de s'être trop emporté. Oui, il était tellement fatigué, c'est ce qu'on voulait, qu'il se fatigue mais cela il n'en était pas question !
"Personne n'sait comment il va mourir et j'n'échappe pas à c'tte règle. Il n'y a aucune belle mort, juste des belles façons d'vivre et d'clôturer ça, alors une balle dans l'dos... Il y aura pire..."
Il la regarda se lever, ne pouvant s'empêcher de s'imaginer comment aurait put être sa vie si lui aussi avait eu une telle maisons, une famille et de l'argent, aurait il été le Renard, ou aurait il été que Renaud Berger...
"On cause, pour ce qu'ça rapporte, keutchi ! Peau d'zob mais par ma barbe c'est bien agréable d'être dans l'chaud et d'faire preuve de sincérité et d'tendresse entre vivants."
Il s'aperçut soudain qu'il venait d'utiliser un terme qui pouvait être très mal interprété et en rougit de la naissance de la barbe à la racine de ses cheveux.
"Mais j'comprends bien que j't'importune avec ma vieille rengaine de pauv' bonhomme."
Grogna t-il tant pour s'excuser que pour se justifier.
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| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Lun 20 Fév - 6:42 | |
| Jane rit devant le malaise de Renaud. Voilà que le révolutionnaire habitué au bagne rougissait et s’excusait devant une blondinette de son genre. Où allait le monde ? Elle s’enfonça un peu dans le fauteuil grinçant et passa les mains sur son visage. Elle essuya au passage des restes de poudre blanche. La poudre blanche qu’elle utilisait pour devenir cette autre muette, rieuse ou triste, venue d’un autre monde, parlant un autre langage. Cette autre dans laquelle elle allait finir par se perdre.
« Ce n’est pas que je voulais dire Renaud… Tu es loin de m’importuner. Peu de gens me parlent, tu sais. Et les jeunes comme les vieux hommes ne me font pas la cour. Alors pour ce qui est de m’écouter…je crois qu’on ne m’a jamais écouté, à dire vrai ! »
Elle baissa les yeux vers ses bottines un peu crottées. Regarda l’accoutrement de son invité. Haussa les épaules, pour elle-même. Elle ne savait pas si elle désirait le départ de Renaud. A l’instant précis, elle avait envie de s’endormir, n’importe où tant qu’elle pouvait fermer les yeux et se laisser aller. Mais non ! Pourquoi laisserait-elle partir ce bonhomme hors du commun ? Ca n’était pas tous les jours qu’elle faisait de belles rencontres. A vrai dire, elle n’était pas certaine d’en avoir déjà fait. Si, bien sûr, quelques artistes mais ces gens-là s’étaient-ils intéressés à elle ? Et étaient-ils au fait du monde ? Non, ils demeuraient dans un autre monde qu’elle ne pouvait encore atteindre ?
« Je crois que…je ne vais pas réussir à me relever, Renaud. »
Un fou rire la prit. Qu’elle réussit à contenir en quelques secondes.
« Présente-moi tes amis, un jour. Bientôt. Ceux qui rêvent d’aller de l’autre côté de la Manche. Ceux qui sont dans le besoin. Je ne sais pas…peut-être que je peux servir à quelque chose, quelque part. »
Elle ferma les yeux, quelques instants.
« Et surtout, viens me voir aux Funambules, dans l’ombre ou au milieu de la foule, mais viens me voir ! »
Elle ne voulait pas que cela ressemble à un adieu, mais Le Renard le prit sûrement comme cela.
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| | | Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Mer 22 Fév - 2:39 | |
| Effectivement, Renaud l'écoutait, la laissant parler, finir ses phrases, son visage marquant chaque mot d'un mouvement des sourcils et ou d'une lueur de compréhension dans ces yeux embrumés par l'alcool et la douce chaleur de ce logis.
Il se leva quand elle lui appris qu'elle ne pourrait pas se lever, il se tint droit un instant, indécis, écoutant son rire, sa proposition d'aide, sa demande qui était presque une prière, presque, assez pressant pour qu'il en ai envie, pas assez autoritaire pour que il ai envie de dire non.
Il s'approcha du fauteuil où elle s'était avachie et il tendit la main, ne sachant pas si c'était pour un au revoir formel ou pour la soulever et la porter dans son lit, comme on aurait bordé une jeune femme, avec milles attentions dû à son jeune âge et milles précautions pour ne pas paraître déplacé. "J'ai une affaire urgente qui m'tient à coeur à régler, après j'viendrais... Après j'viendrais te voir, dans l'ombre car la foule m'sera interdite mais j'viendrais." Sa longue silhouette se tenait debout devant le fauteuil, main tendue, incertaine et pourtant déterminée à ne pas perdre de vue cette petiote qui avait de l'écoute et de la parole en quantité et en qualité.- Spoiler:
ça peut être un au revoir, et une reprise plus tard quand Renard se sera échappé de zonz' ou ne pas être un au revoir :)
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| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Ven 2 Mar - 4:50 | |
| Elle regarda la main tendue du Renard et hésita à la caresser. Pourtant, elle en mourait d’envie. Elle mourait d’envie de toucher la main de ce bonhomme rustre, épris de Révolution, qui venait de lui faire une promesse. Lui avait-on déjà fait une promesse ? Non, jamais. Son esprit était trop embrumé pour prêter attention à cette affaire à régler.
Finalement, dans un élan qui, elle le savait, n’était pas du qu’à l’alcool, elle attrapa la main de Renaud avec rapidité. Ce fût trop rapide pour ressembler à une caresse. Non, elle s’accrocha plutôt à la main de cette rencontre nocturne, de cette rencontre d’un autre monde, d’un autre genre. Elle leva ses yeux – qui étaient encore des yeux d’enfant- vers Renaud.
« Fais ce que tu as à faire, Le Renard. Mais ne m’oublie pas. »
Bien évidemment, elle ne voulait pas qu’il parte et elle ne voulait pas partir non plus mais elle glissa, après ces quelques mots, dans un sommeil profond, un sommeil d’enfant. Cela n’était pas convenable, mais rien ce soir-là ne lui avait semblé convenable.
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| | | Le RenardChacripouille, sacré vaurien !
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| Sujet: Re: Vous montez ou vous montez pas ? Lun 5 Mar - 1:12 | |
| Il rougit jusqu'au oreilles lorsqu'elle effleura sa main mais il ne chercha pas à la retenir, ni à l'empêcher de sombrer, il en aurait été bien incapable tant la jeune femme s'endormit rapidement.
Il la regarda un instant dormir et prenant ses affaires il sortit dans le froid, la nuit était bien avancée et il frissonna. Il récupéra son fiacre qu'il avait garé dans l'arrière cour et se juchant à son poste il claqua la langue faisant redémarrer l'attelage et s'engouffra dans les rues sombres.
Il était songeur, le froid dissipant l'ivresse il réfléchissait tant à la soirée passée qu'a son futur immédiat.
Il eut quelques clients durant ce qui restait de la nuit, et épuisé il finit par rendre le fiacre à son parent, prenant les quelques piécettes sur la maigre somme gagnée cette nuit et gagna la cave qu'il occupait depuis quelques nuits, où il sombra dans un sommeil sans rêve. |
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