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 Quand Jane arrive en ville...

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Jane McCillian
Âme de Lillian Russell
Jane McCillian

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MessageSujet: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptyMer 9 Nov - 11:39

[Flash-Back]

8 juillet 1894, dans le ferry reliant Douvres à Calais.

-Miss…Miss…your tea is here!

Jane sort de sa rêverie et se tourne vers Betty.

-Betty, please. I tell you that we have to speak french. We are going to Paris, Betty, and no one will help us if we talk english all the times.

La jeune demoiselle de compagnie, plutôt amie qu’autre chose, brune et rabougrie, regarde sa maîtresse avec naïveté.

-Are we French, now, Miss ?

Et à la jeune maîtresse d’user à son tour de ce regard d’enfant, de ce regard d’orpheline.

-Non, Betty, non.

L’une est brune et l’autre est blonde. L’autre est frêle et l’une bien potelée. L’une est simple et l’autre élégante. Deux jeunes femmes assises là, regardant la mer qui roulait par le hublot, discutant tout doucement, trop doucement. Deux enfants exilées, qui ne sont plus que deux et qui s’apprêtent à franchir la frontière d’un pays qui n’est pas le leur. Elles n’ont ni parents, ni amis. Juste le cousin, jamais rencontré, de l’une d’elle. L’une est la demoiselle de compagnie, l’autre la demoiselle tout court. Elles savent où elles vont, mais pas ce qui les attenda. L’une est curieuse de le découvrir, l’autre juste encline à suivre sa maîtresse.
Le ferry les conduit à Calais. De là, elles se rendront à Paris, où les attend ce fameux cousin aux lettres si sympathiques. C’est une nouvelle vie qui s’annonce pour toutes deux. L’inconnu. Et sauter dans l’inconnu avec quelqu’un qui vous assure est toujours plus facile. Elles s’assurent mutuellement, Jane et Betty.

-Miss…Je parle peu bien le français, vous savez ça ! Est-ce que il faut faire les conversations dans le français ?

La blonde sourit doucement à la brune.

-Pas d’inquiétude, Betty. Tu apprendras vite au contact des parisiens. Et puis, ce que tu sais pour le moment te convient.

-Comment pouvez-vous parler-vous aussi bien le français, Miss ?

Les deux jeunes femmes boivent une gorgée de thé. La brune pour imiter la blonde, surtout.

-Mum était parisienne et s’est produit à Paris pendant des années avant de rencontrer Dad. Et même lorsqu’elle a arrêté sa carrière après être venue à Londres et m’avoir mis au monde, elle a continué à chanter en français. Toujours. Et puis, par amour pour la langue, elle me l’a apprise.

Betty tend l’oreille, avec beaucoup d’attention. Les paroles de sa maîtresse lui demandent beaucoup de concentration.

-J’aurais aimé tant parler comme vous !

-Ca viendra sûrement.

Pendant plusieurs minutes, la conversation retombe et s’en va jouer avec les vagues. Les deux femmes boivent leur thé en silence, chacune dans ses pensées. Quelques clients les observent, et les trouvent bien charmantes, mais un peu perdues tout de même…

-Miss…
Betty se penche légèrement par-dessus la petite table.
-…Qu’est-ce que vous savez au propos de votre cousin, Miss ?

La blonde repose sa tasse de thé. En réalité, elle ne sait pas grand-chose de ce cousin qui l’accueille. Il a toujours vécu à Paris, était le neveu de sa mère, avait un peu d’argent, un toit, une réputation montante. Il semblait avoir un esprit vif, compatissant, et être prêt à la protéger, la mener. Trois ou quatre lettres avaient été échangées, rien de bien personnel, juste quelques précisions quant à l’organisation du voyage de Jane. Ce fameux voyage, préparé depuis quelques semaines, elle le vivait aujourd’hui, avec dans le cœur un sentiment étrange. Celui que l’on a, peut-être, avant de commencer une nouvelle vie !
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Emile Bodinanbourg
Gapinanbourg
Emile Bodinanbourg

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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptyVen 11 Nov - 3:06

Grand Dieu, qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
C'était la question qui revenait régulièrement dans les pensées d'Emile, depuis quelques semaines. Depuis sa première lettre, exactement. Celle où il offrait à une parfaite inconnue de venir habiter chez lui, sous le prétexte ténue du lien du sang.

Emile se leva de son fauteuil, fit le tour du séjour. Il remit l'épi rebelle de ses cheveux en place d'un revers de main. Revint à son point de départ. Et se rassit.

Grand Dieu, qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
De proposer de veiller sur cette petite Anglaise , alors qu'il avait déjà du mal à s'occuper de lui-même. De continuer à correspondre avec elle, de manière formel, pour arranger les détails du voyage, sans même lui poser la moindre question sur elle, sa vie, ses rêves !

Perturbé, anxieux, il refit le tour du séjour pour se distraire de ses réflexions. Et se rassit encore. Heureusement qu'il était seul, un quelconque regard extérieur l'aurait pris pour fou. Il jeta un oeil sur le vieux coucou, pendu au-dessus de la porte d'entrée. C'était bientôt l'heure.

Grand Dieu, qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
Voulait-il vraiment renoncer à la solitude apaisante de sa maison ? Devoir croiser les mêmes personnes tous les jours ? Lui qui aimait tant sa liberté, ne devoir se justifier de ses déplacements à personne ! Et il avait suggérer de lui-même de sacrifier cela pour elle ?
C'est à peine si Emile connaissait quelques broutilles au sujet de cette jeune fille !
Son nom, Jane McCillian. Ses origines, si on veut. La fille de sa tante maternelle et d'un Anglais. Orpheline depuis peu. ... Et c'est tout.

Orpheline depuis peu. Jeune agneau livrée toute cru aux loups.
Orpheline depuis peu. N'ayant jamais connu le silence d'une maison. L'angoisse de la solitude imposée.
Orpheline depuis peu. Et n'ayant plus que lui sur qui compter. Au point d'abandonner son pays et ses souvenirs pour venir ici.

Oui, il savait ce qu'il lui avait pris.

Le jeune homme enfila sa veste par-dessus son gilet et se rapprocha d'un miroir sur pied pour ajuster les derniers détails.
Il voulait faire bonne impression. Il portait son costume le plus neuf, sa cravate était assortie à sa pochette, ses chaussures cirées. La mèche folle près de son oreille semblait exceptionnellement s'être laissée dompter, mais Emile préféra tout de même la cacher sous son haut-de-forme.
Il mit en place une rose rouge à sa boutonnière. C'était un des signes distinctifs convenus avec Jane pour qu'ils puissent se reconnaître à la gare. Pour lui, la rose et un haut-de-forme gris. Pour elle, une étole bleue sur ses épaules.

Un dernier coup d'oeil dans le miroir, et il partit.
A la rencontre de sa nouvelle vie.
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Jane McCillian
Âme de Lillian Russell
Jane McCillian

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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptySam 12 Nov - 6:41

Le tumulte de la foule, l’odeur de la foule, le bruit de la foule. Jane manque vaciller. Elle n’a jamais eu affaire à une gare et à son transit incessant, son flux bruyant. Tout s’y mêle, tous s’y croisent. Et comment ne pas perdre Betty, sa chère Betty, dans cette densité humaine autant que sauvage ? Elle resserre son étole bleue. Et prie pour qu’Emile ne la manque pas.
Betty porte les bagages, essoufflée. Ce n’est pas que les demoiselles soient chargées, la majorité des affaires ayant été expédiées depuis plusieurs jours déjà, mais c’est que le voyage l’a bien épuisé, la petite demoiselle de compagnie.

-Miss, Miss, slower…I can’t follow you in this tumult. Please wait.

Jane ralentit l’allure, compatissante envers Betty.
Il faut bien se l’avouer, Jane a peur à cet instant. Très peur. Peur de tous ces gens qui ne sont que la face visible de l’iceberg gargantuesque qu’est la population de Paris. Peur de ce cousin dont elle ne connaît rien. Peur de cette maison dans laquelle elle va devoir vivre. Peur de cette langue qu’elle ne maîtrise pas à la perfection. Peur du manque de repère, peur du regard des autres. Elle a peur de tout et c’est avec difficulté qu’elle avance dans la grande gare, trop grande gare, les jambes tremblantes.
Betty est épuisée, Jane sur les nerfs. La foule, elle, demeure indifférente. La jeune londonienne est comme une enfant qui arrive dans le monde des adultes. Elle observe, elle entend, elle tente de comprendre. Et ce qu’elle voit ne lui plait pas toujours. A vrai dire, cela la terrorise. Parce que Jane doit bien se rendre à l’évidence : ceci n’est pas un séjour, c’est une immigration, totale et sans retour. Elle a quitté son pays pour un autre, lui a peut-être dit adieu. Et à quoi se résume sa vie désormais ? Elle n’a pas d’ambition, pas de carrière, n’est promise à personne, n’a pas d’affaire à reprendre. Que va-t-elle pouvoir faire de ses dix doigts ? Va-t-elle devenir une femme oisive, comme celle que les dames de la société critiquaient ouvertement ? Ou son cousin a-t-il pour projet de la marier ? Elle déglutit difficilement lorsque cette idée l’effleure. Et si c’était cela ? Et si dès demain, elle se retrouvait mariée à un vieux financier barbu et bedonnant qui la répugnait ? Et si cette arrivée à Paris coïncidait avec la perte totale de sa pureté ? Jane secoue la tête, pour oublier toutes ces noires pensées.
Elle scrute chaque haut-de-forme. L’idée d’Emile n’est pas très ingénieuse : tous les parisiens semblent avoir adopté cette mode.

-Miss, can we sit down?

Jane se tourne vers la petite brune.

-Oh! I’m so sorry Betty. Yes, let us sit down !

Les deux jeunes femmes s’assoient. Elles ne savent pas que seules les âmes perdues osent prendre place sur les sièges de la Gare. Elles ignorent qu’une femme digne ne pose point son arrière-train sur les vulgaires bancs de cette Gare de passage. Donc elles s’assoient.

-Est-ce que voyez-vous votre cousin, Miss ?

Jane épie chaque homme en haut-de-forme. Désormais, elle cherche la rose accrochée à la boutonnière. La reconnaîtra-t-il ?

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Emile Bodinanbourg
Gapinanbourg
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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptySam 19 Nov - 3:34

Du monde, des gens, de la foule et encore du monde ! A croire que tout Paris avait décidé de se réunir dans cette gare aujourd'hui !

D'ordinaire, Emile aurait adorer ce rassemblement de gens, et se serait précipiter sur son carnet pour noter ses observations. Mais aujourd'hui, ce n'était pas du tout le cas. Cette foule le gênait beaucoup. Il tentait vainement de se frayer un chemin parmi les badauds, leurs femmes et leurs bagages, à la recherche d'un étole bleue. Et tout ça, en essayant de ne pas abîmer sa rose à la boutonnière. Cette dernière avait déjà perdu deux pétales dans la bataille, mais sa survie était indispensable.

Une étole bleue, une étole bleue... Décidément il ne la voyait pas ! Bon sang, mais où pouvait bien être sa cousine ?

-Est-ce que voyez-vous votre cousin, Miss ?, dit une voix derrière lui, à l'accent anglais très prononcé. Emile se retourna précipitamment.

Deux jeunes femmes étaient assises sur un banc, dos à lui.
Même sans le tissu d'azur sur ses épaules, Emile aurait reconnu Jane.
Ces beaux cheveux blonds, ce sourire timide adressé à son amie quand elle tourna la tête vers elle, la douceur des traits de son visage... Emile n'avait que peu connu sa tante, mais, ces traits-là... Ces traits-là l'avait marqué. Tout en cette jeune fille clamait son hérédité. Il en aurait presque pleurer de joie de l'avoir trouvée. Il se contenta d'un soupir de soulagement.

Le coeur battant, il s'avança.

- Mesdemoiselles, veuillez me pardonner ce retard involontaire. Je suis Emile de Bodinanbourg, pour vous servir.

Dit-il, avec son sourire le plus aimable, le regard plein de tendresse toute nouvelle posé sur sa cousine.


Spoiler:


Dernière édition par Emile Bodinanbourg le Lun 21 Nov - 8:46, édité 1 fois
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Jane McCillian
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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptyLun 21 Nov - 6:19


Tout d’abord, Jane ne voit pas le jeune homme qui faisait volte-face pour les observer. Elle ne peut intercepter ce regard, de quelques fractions de secondes seulement, ému et touché. Et enfin, intriguée par la mine arrêtée de Betty, Jane pose les yeux sur le jeune homme qui leur fait face. Elle n’a jamais vu son cousin, personne ne le lui a jamais décrit physiquement. Pourtant, dès l’instant où leurs regards se croisent, elle comprend qu’ils sont de la même famille. Des yeux vifs, des traits un peu chiffonnés, des cheveux trop fous pour l’époque, des vêtements juste posés sur le corps…et surtout cette malice, cette franche et fraîche curiosité, au fond de l’œil. Aucun doute, Emile est son cousin. Il pourrait même être son frère, que cela serait plus probable.
Jane se lève. Betty la suit. Les trois personnages se font face.

-Mesdemoiselles, veuillez me pardonner ce retard involontaire. Je suis Emile de Bodinanbourg, pour vous servir.

Betty est bien gênée. Elle le trouve bien séduisant, son nouveau maître. Elle ouvre la bouche rond, attend les réactions de sa maîtresse. Elle d’habitude débrouillarde, se retrouve fichtrement empotée. Et puis, c’est qu’il a une jolie voix, aussi, le cousin de mademoiselle.

Jane tend la main, un sourire retenu mais amusé aux lèvres.

-Jane McCillian, enchantée. Et voici Betty, ma demoiselle de compagnie.

Jane se tourne vers la présentée et pouffe : l’air de Betty est des plus étranges. Que lui arrive-t-il ? Aurait-elle perdu sa langue ?

-Votre rose est fanée, fait ensuite remarquer Jane, avec son joli accent britannique.

Et les trois personnages d’observer la rose fanée, dont les pétales se flétrissent. Ce trio est cocasse. Emile, grand et négligé. Jane, sage et frêle. Betty, ronde et hébétée. Ils ne bougent pas, forment un triangle irrégulier et silencieux. Un triangle où ils communiquent pourtant. Des petits sourires, des regards surpris, des pensées qui se rejoignent sans le savoir. Un peu comme s’ils avaient été faits pour se retrouver un jour dans cette gare, les uns en face des autres, à ne rien se dire. Comme si c’était le destin lui-même qui les avait amené là, point de départ d’une relativement nouvelle vie.

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Emile Bodinanbourg
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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptyLun 21 Nov - 10:12

- Paix à l'âme de cette rose, qui a rempli son rôle, puisque je vous ai trouvé. Que son repos soit aussi doux que le fut son parfum, déclama Emile, un sourire tendre et amusé aux lèvres.

Il prit les deux bagages des demoiselles, et ils s'en allèrent.

Le trajet se fit en silence. Personne n'osait parler le premier. Leurs regards, leurs sourires en disaient déjà beaucoup. Intimidés, mais heureux d'être ensemble.

Emile était particulièrement attentif à sa cousine.
Dès le premier regard, il avait aimé cette cousine venue de loin, comme s'il avait été élevé avec elle depuis l'enfance. Pouvait-on parler de "coup de foudre familial" ? Car c'était ainsi qu'il le ressentait. Oh, rien d'aussi trivial que l'amour romantique des auteurs à la mode. Non, rien de tout ça. Une immense tendresse, la volonté de lui donner le meilleur et de la protéger du pire. Comme un frère. Comme un père.
Comme la seule famille qu'ils étaient l'un pour l'autre à présent.

Ils arrivèrent enfin à destination.
La maison familiale d'Emile n'était pas particulièrement marquante, à l'image de son propriétaire. Elle était comme toutes les demeures du quartier des Funambules.
La boite aux lettres était rouillée, les pavés de l'allée, traversant le jardinet, étaient très inégaux. Du lierre commençait à grimper aux murs extérieurs de la vieille maison.

La porte, dont le bois avait travaillé avec le temps, sembla demander un effort physique au jeune homme avant de se laisser ouvrir.

Emile fit une courte révérence aux deux jeunes femmes qui l'observaient avec attention.
- Les dames d'abord !

Ils entrèrent dans le séjour. Le vieux coucou au-dessus de la porte d'entrée sonna les dix-huit heures, faisant sursauter Betty. A leur droite, un divan et un fauteuil, aux velours vert assortis et un miroir sur pied dans le coin de la pièce. Une porte au fond donnait sur la cuisine et une autre sur l'escalier menant aux chambres. A leur gauche, la cheminée, où trônaient, fièrement encadrés, des articles de presse concernant les parents de Emile. Son acteur de père, sa cantatrice de mère.

Le jeune homme s'empressa de récupérer un des cadres, et le tendit à Jane.
"Notre cantatrice préférée part séduire, à leur tour, les Anglos-Saxons !"
La mère de la jeune anglaise.

Tendrement il lui sourit :

- Bienvenue chez nous !
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Jane McCillian
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Jane McCillian

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MessageSujet: Re: Quand Jane arrive en ville...   Quand Jane arrive en ville... EmptyMer 21 Déc - 0:17

Jane regarde la pièce. Rien ne lui est familier, rien ne lui est étranger. Les choses sont posées là, et semblent être à leur place. A leur vraie place. Elle aussi se sent à sa place. Peut-être à cause du sourire tendre d’Emile. Peut-être à cause de ces photos qu’elle a déjà vues au détour des couloirs de sa grande demeure d’Angleterre. Sûrement, aussi, à cause de la présence de sa mère, morte décidément trop vite pour une artiste de son acabit.
Le mobilier est modeste, simple. Un jeune homme vivait ici, c’était certain. Une dame, elle, aurait meublé coquettement l’endroit, pour masquer un peu sa décrépitude. Elle aurait habillée le bois avec des tableaux, les fauteuils avec des tissus. Le tout rehaussé de tapisseries et de couleurs flambantes. Mais Emile n’avait pas eu toutes ces idées et Jane ne compte pas lui souffler pour le moment.
Elle tient encore le cadre entre ses mains. Betty, elle, tourne la tête de tous côtés, la bouche entrouverte. Elle fronce les sourcils, se dit qu’elle aura décidément de quoi faire avant que cette maison soit digne de sa maîtresse. Mais Betty garde ses réflexions pour elle. Elle les garde pour elle parce que Jane semble ravie d’être là.
Jane est attendrie par l’attention d’Emile. Cet article est la preuve qu’ils sont de la même famille, ont un passé en commun. L’article relate le mariage de Mum et Dad. C’est un peu l’article qui fait que Jane n’est pas française, mais anglaise. Ce que l’article ne dit pas, c’est que la cantatrice si douée n’a plus beaucoup chanté après son départ. Elle a chanté pour ses amies, dans son salon, pour ses domestiques, pendant sa toilette, puis pour sa fille, à toute heure du jour. Mais aucune carrière n’était possible en Angleterre, pour une femme mariée à un Captain. Qu’aurait-on dit d’une femme s’adonnant aux Arts pendant que son époux était à la guerre ? Du mal, à n’en pas douter.
Jane chasse ses pensées nostalgiques et chagrinantes de son esprit. Elle pose ses yeux sur Emile.

-Vous dire simplement merci serait une offense.

Et, oubliant ses principes de bonne famille et sa retenue élégante de londonienne, elle saute au coup d’Emile, et l’enlace avec cœur.
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