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Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
Messages : 238
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mer 22 Aoû - 6:32 | |
| Merciiiiiii Chef ! =D Un peu de thé et des cookies pour me faire pardonner ? |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mer 22 Aoû - 9:59 | |
| - Citation :
- 2) Autant des gars de l'Inspection Générale des Carrières, qui font des rondes, vérifient la solidité du réseau, contrôlent les risques d'éboulement, je pense que ça existait à l'époque, autant un gardien ... Comme les visites étaient alors exceptionnelles et réservées à des personnages de marque, il n'y avait pas vraiment d'entrées gardées, il me semble ... Puisqu'elles étaient juste fermées. A voir si Armide peut en savoir plus.
Alors non, les visites n'étaient pas "exceptionnelles et réservées aux gens de marque", elles avaient lieu au moins deux fois par mois, sans compter des séances exceptionnelles. Ces visites réglementaires ont tendance à devenir de plus en plus fréquentes, étant donné la demande, sans parler du fait que les gardiens ont tendance à laisser passer les gens contre un petit pourboire, à condition que ça ne se sache pas... (Quant aux visites officielles, elles étaient - comme c'est actuellement le cas - payantes, le tarif d'entrée étant vraisemblablement relativement élevé : des gens de la classe populaire ne pourraient que très difficilement se le permettre, par exemple...) Venons-en aux gardiens. Ce sont en effet des gens dépendants de l'Inspection Générale des Carrières. Ils ne font pas vraiment de rondes - à vrai dire, ce n'est pas nécessaire, car l'ossuaire visitable est isolé du reste des galeries par de véritables murs. Pour expliquer ça, il faut en revenir à la "méthode Guillaumot", du tout début du XIXe siècle : comme les effondrements étaient très fréquents, Guillaumot, premier inspecteur général des carrières, a décidé de les combler en forant de nouvelles galeries (parallèles aux rues en surface, peu ou prou) et de combler les vides entre les intersections des galeries creusées avant de les sceller par des murs. Evidemment, il n'a pas pu faire ça pour tout le réseau, mais la partie proche de la Tombe-Issoire, donc de l'ossuaire, est dans ce cas. Donc, pas trop besoin de faire des rondes dans les catacombes pour contrôler les visites illégales (d'autant plus que ce travail-là relève davantage de la maréchaussée). Par contre, des rondes plus complètes ont dû être organisées régulièrement (une fois par trimestre au moins) pour contrôler l'état des galeries et prévenir l'apparition de nouveaux fontis (début d'effondrement d'une galerie), les consolider, etc. Il est par contre vraisemblable que cette tâche-là revienne à des hommes de métier expérimentés plutôt qu'à de simples gardiens. Ce qui était surveillé à l'époque, c'était les entrées/sorties possibles. Je n'ai malheureusement pas trouvé de documentation plus précise sur ce métier de gardien des catacombes, mais je suis certaine de son existence : elle est avérée par plusieurs articles de journaux et quelques faits-divers (dont certains relatés par le guide des catacombes qu'on a croisé avec son groupe, Pierrot, je sais pas si tu te souviens ^^). En général, le scénario est le même : le gardien a laissé entrer des gens contre pourboire malgré l'interdiction, ces gens n'ont pas été discrets et il s'est fait mettre à la porte. Il devait y avoir au moins deux gardiens, à l'entrée et à la sortie officielles des catacombes, plus vraisemblablement à quelques entrées assez connues et accessibles. L'entrée actuelle est barrière d'Enfer, mais il est fait mention d'une autre rue Dareau (pas très loin), sans parler de la sortie (actuellement rue Rémy Dumoncel, mais je sais que cette sortie est très récente et je ne sais pas où était la précédente... =/). Et une petite info ponctuelle : l'inspecteur général des carrières entre 1896 et 1907 s'appelle Charles-Emile Wickersheimer. Quelques infos sur lui. ^^ |
| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 23 Aoû - 3:31 | |
| Merci beaucoup pour les renseignements sur ce métier, Armide ! Ca donne des idées Toi aussi, tu as la droit au thé et aux cookies <3 |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 23 Aoû - 3:56 | |
| Mais de rien ! ^^ Si je peux te trouver des renseignements plus précis sur les catas ou autre, je te scannerai les pages de l'atlas. (Idem, si tu veux un résumé de ce qu'on y trouvait à l'époque en plus de l'ossuaire, ça devrait pouvoir se faire ! ^^) |
| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 17 Sep - 22:58 | |
| Bonjour, c'est encore moi !
Questions bizarres numéro 364 et 365 :
- Quel était le prix d'un billet de train en 1ère, 2ème et 3ème classe à l'époque ?
- Quelles villes était desservie par le réseau ferroviaire ?
Encore merci d'avance pour vos réponses éclairées, oh grands sages ! <3 |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 1:00 | |
| Ah oui tiens moi aussi j'avais une question/suggestion : c'est possible d'avoir une idée plus précise du système monétaire en place et de ce que ça représente en termes de pouvoir d'achat ? genre un petit topo sur ce qu'on peut acheter avec x francs, tout ça... (si c'est déjà quelque part, mea culpa !!) |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 1:23 | |
| Ce n'est pas encore quelque part, Lise, mais c'est en cours de préparation ! (même si le topo sera un peu lacunaire, au vu de la complexité de la chose) Zozio, tu devrais avoir ta réponse dans la soirée (au moins pour les prix des billets de train) |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 2:59 | |
| Great ! Amazing ! Merci Pierrot & Co |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 8:49 | |
| Alors nos histoires de train !Il faut d'abord savoir que la SNCF n'existe pas : les chemins de fer sont gérés par des compagnies privées (plus une exception). Les Compagnies sont au nombre de 7 : - la Compagnie de l'Ouest, la plus ancienne, qui gère les lignes vers la Bretagne et la Normandie ; elle possède les gares de Saint-Lazare (puis des Invalides à partir de 1900)
- le réseau de l'Etat, nationalisé, qui dessert Nantes, Tours, Poitiers, Angers et Bordeaux depuis la gare Montparnasse (réseau assez vétuste) ;
- La Compagnie d'Orléans qui dessert le Limousin jusqu'à Bordeaux et Toulouse, depuis la gare d'Austerlitz
- La Compagnie du Midi qui a toutes les lignes d'en dessous de la Garonne et du Languedoc.
- La Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, avec la gare de Lyon, qui dessert le Massif central, la Bourgogne, la vallée du Rhône, la Provence et les Alpes
- La Compagnie de l'Est, avec la gare de l'Est (logique) qui va vers la Champagne et la Lorraine (devenue allemande, pour rappel). Le réseau est donc amputé.
- La Compagnie du Nord enfin, avec la gare du Nord, qui dessert le Nord-Pas-de-Calais/Picardie.
Les tarifs sont les mêmes pour toutes les compagnies (doit y avoir un règlementation de l'Etat, sans doute) et sont calculés au kilomètre, comme pour le fiacre : - 11 centimes 20 en première classe (prix minimum de 65 centimes) - 7 centimes 56 en deuxième classe (prix minimum de 45 centimes) - 4 centimes 93 en troisième classe (prix minimum de 30 centimes) On a une remise de 20 à 25% si on prend un aller-retour. L'Etat prélève également une taxe de 10 centimes sur tout billet de plus de 10 francs. Un déjeuner en wagon restaurant coûte de 2 à 4 francs, et un dîner de 3 à 6 francs boissons comprises (ce qui est vachement cher, ça, en revanche, ne vous laissez pas abuser par la notion de francs). Je préciserai tout cela dans le sujet à venir sur la valeur de l'argent. . Je ne pourrai pas donner précisément toutes les gares desservies car le travail de vérification serait assez long, mais il est assez facile de savoir si une destination était desservie ou non : il suffit d'aller jeter un oeil sur Wikipédia pour voir de quand date une gare. Et on remercie encore le livre du jeu de rôle Maléfices ! |
| | | Floris Abilio DalloMonsieur, voici un petit remède, un petit remède !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 4 Oct - 4:53 | |
| Bonjour! J'aimerais avoir des informations sur les quartiers de Paris (riche, pauvre, petite bourgeoisie) et où ils sont situés. Aussi, je voulais avoir un peu plus d'infos sur la médecine à l'époque (diagnostiques, traitements, tarification, patients qui les rencontrent), pour mon RP avec Léopoldine Gauthier. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 4 Oct - 23:21 | |
| Pour les quartiers parisiens, je vais essayer de te résumer ça ce soir, cher Floris. ^^ En revanche, pour la médecine, il va me falloir un peu de temps : tu demandes beaucoup d'informations très différentes, et bien faire ce genre de recherches ne prend pas cinq minutes. Je te recommande de rester dans le vague tant que tu le peux en attendant. D'autant plus que je t'ai déjà donné quelques éléments dans les demandes de RP, ça devrait te suffire pour ne pas faire de bêtises, je pense. Pour les symptômes et traitements d'époque, je te conseille de télécharger ce manuel de médecine de l'époque et de farfouiller ! Il y a un index des maladies à la fin pour s'y retrouver. La pneumonie est page 283 si je me souviens bien Pour le reste, je fais de mon mieux et te tiens au courant ! |
| | | Floris Abilio DalloMonsieur, voici un petit remède, un petit remède !
Messages : 36
| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 5 Oct - 4:02 | |
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| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 5 Oct - 8:20 | |
| Pour les questions plus précises en médecine, je devrais pouvoir t'aider ponctuellement aussi. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 12 Oct - 21:31 | |
| Et donc pour les quartiers ! Revenons un peu sur l'organisation de Paris, qui n'est pas forcément évidente pour nos amis d'au-delà des frontières : Paris compte 20 arrondissements (divisions administratives), qui comportent chacun quatre quartiers. Schéma simplifié - Carte d'époque. Au début du XIXe siècle, il n'y avait que 12 arrondissements, mais lors des grands travaux dirigés par le baron Haussman, sous Napoléon III (voir Histoire récente), la ville a été agrandie, et les communes limitrophes de la ville ont été annexés par la capitale, en partie ou complètement (La Villette, Montmartre, Vaugirard, Ivry, Saint-Ouen en font partie par exemple). Cela implique, concrètement, que les arrondissements extérieurs de Paris sont encore un peu ruraux, avec pas mal de verdure, des bergers qui se baladent avec leurs chèvres, etc. Au-delà des portes de Paris (qui existent encore et sont fermées la nuit), on compte encore pas mal de champs, mais aussi des usines. Ensuite, les quartiers (plus que les arrondissements) sont marqués socialement : certains quartiers seront moins attractifs, donc moins chers et regrouperont donc la classe populaire, les populations considérées comme "à risque", etc. Les quartier ouvriers, qui avaient souvent joué un rôle important dans la Commune (voir Histoire récente à nouveau) sont donc assez craints par les populations bourgeoises : il s'agit notamment de Belleville, des Batignoles ou de Ménilmontant. Pour savoir où ton personnage pourrait avoir élu domicile, cependant, ce n'est pas très compliqué car nous avons réparti le forum en fonction des logiques sociales (bien que les regroupements soient aussi le plus conformes à la géographie). Ainsi les grandes mondaines, la haute bourgeoisie et plus généralement la très haute société, qui se réunit à l'Opéra principalement, a le premier forum 'Autour de l'Opéra Garnier" pour élire domicile : il comprend entre autres les quartiers du Marais (IIIe), le quartier du Louvre (Ier), le faubourg Saint-Germain (VIe), le quartier de l'Opéra (VIIIe). La bourgeoisie, elle, va se réunir autour du théâtre d'Art : les jeunes hommes s'installeront notamment dans le Quartier latin (Ve), sur les grands boulevards percés par Haussman. C'est vraisemblablement ici que Floris aura trouvé son logement. Enfin, le XIIIe en général, Belleville, Montmartre ou Ménilmontant (XXe) ont une population plus mêlée et globalement plus populaire. C'est bien sûr un peu schématique, mais ça permet de donner une petite idée. Quant aux caractéristiques de chaque quartier, il suffit de taper les noms sur Wikipédia, et tu trouveras sûrement tout ce dont tu auras besoin ! En espérant avoir répondu (bien qu'un peu tardivement :oops) à ta question ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 20 Nov - 0:02 | |
| Quelques images du Montmartre aux alentours de 1900, pour répondre à la demande de notre instituteur :
En extérieur : http://www.cpa-bastille91.com/wp-content/uploads/2012/09/18-arrt-Paris-Montmartre-place-du-Tertre.jpg http://www.cpa-bastille91.com/wp-content/uploads/2012/11/18arrt-Rue-des-Norvins-Montmartre.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-montmartre-place-tertre.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-montmartre-tertre-mairie.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-vieux-montmartre-tertre.jpg http://lorenztradfin.files.wordpress.com/2011/10/ramon20casas-798779.jpg http://www.aloj.us.es/galba/monograficos/LAUTREC/Obras/Rusinol/Rusinol_MoulinGalette90.jpg
Intérieur : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4a/Santiago_Rusinol_Cafe_Montmartre.jpg
En espérant que ça vous donne une bonne idée de l'ambiance des lieux !
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| | | Augustin LepicUne belle écriture mène à tout.
Messages : 72
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 20 Nov - 3:57 | |
| Super, merci Pierrot |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 15 Fév - 6:02 | |
| En ce presque-printemps... En ces temps de mariage et de romance... (ou pas) J'arrive avec une question historique de premier plan Comment se passent les rapports conjugaux (... et extra-conjugaux), à l'époque ? J'entends par là, la conception et la concrétisation des liaisons charnelles. Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Sam 16 Fév - 0:44 | |
| Ah la vaste question ! La question de la sexualité emporte avec elle la question du rapport au corps, de la religion, de la représentation des genres à l'époque ... et j'en passe ! Je vais essayer de répondre un peu à tout ça à grands traits, et s'il manque quelque chose, faudra pas hésiter à relever. - Spoiler:
Pour cet exposé, je me suis servie de plusieurs références. De mes souvenirs de lecture, d'abord : L'harmonie des plaisirs, les manières de jouir du siècle des Lumières à l'avènement de la sexologie d'Alain Corbin s'arrête vers 1860, mais donne des pistes qui sont parfois encore valables dans notre contexte. Le fait de travailler sur un auteur un peu libre qui raconte ses différentes coucheries aide pas mal aussi ... et j'ai complété avec plusieurs documents que je citerai au fur et à mesure.
Prescriptions : entre idéal et peur fantasmatique Au XIXe siècle, on a deux discours prescriptifs en concurrence qui vont nous donner beaucoup d'éléments pour comprendre comment se vivait la sexualité à l'époque : celui de la médecine et celui de la religion. Quand je dis deux, c'est déjà une simplification, forcément : il y a plusieurs doctrines théologiques, et une femme n'entendra pas les mêmes injonctions d'un confesseur à l'autre (d'où les critiques adressées par les prudes à celles qui changent de confesseur pour avoir un peu plus de liberté ... ) C'est évidemment la même chose pour les médecins. Du coup, je vais essayer de résumer un peu rapidement les conseils, injonctions majoritaires, mais faut bien penser que c'est plus flou ... Et pour ne pas faire simple, tout ça ne correspond pas tout à fait aux pratiques dans les ménages ... (vous faites toujours ce qu'on vous dit vous ...?). Petite note de vocabulaire, également, avant de commencer : les termes d'époque utilisés dans les discours médicaux et religieux sont assez peu galants, pour le coup. On parlera de désir vénérien, de pollution pour un orgasme non procréatif, de copulation ou de coït pour l'acte en lui-même. Ça fait rêver, n'est-ce pas* ? Mais commençons par le discours religieux. Celui-ci a légèrement évolué dans ses injonctions suite aux découvertes de la science, mais les principes ne te surprendront sans doute pas : - Petit catéchisme conjugal.
Sans surprise, l'acte conjugal est surtout évoqué comme un devoir. L'idée de désir n'est pas forcément exclu, mais, sans surprise, la satisfaction de ce désir doit se borner à l'acte de procréation et le couple doit limiter le plus possible les caresses, etc. qui pourraient amener d'autres jouissances.
Si pour certains théologiens, l'acte amoureux est impur même dans le cadre autorisé du mariage, le discours sans doute majoritairement tenu auprès des femmes pieuses doit être de l'ordre de celui-ci, tiré de La Théologie amoureuse des peuples d'Occident (plutôt première moitié du XIXe, mais le discours religieux n'est pas réputé pour évoluer vite) : "Il n'y a rien de mauvais ni de moralement impur dans l'acte conjugal ; il peut même devenir méritoire, s'il est dicté par un motif surnaturel, par exemple, pour conserver à son époux la foi promise en présence de Dieu, dans un but de religion, pour avoir des enfants qui servent Dieu fidèlement, ou en vue de retracer l'union du Christ avec l’Église."
La grande question de morale matrimoniale est alors : Quand et comment doit-on rendre le devoir conjugal ? La réponse donnée est intéressante : "Chacun des époux est tenu de rendre le devoir à celui qui le demande, soit expressément, soit tacitement, soit interprétativement." Les deux derniers cas concernent surtout la femme, empêchée par sa pudeur de s'exprimer clairement sur son désir ... Parmi les raisons admises de la copulation : la copulation de prévention, si j'ose dire, ou comment sauver son conjoint lorsqu'il est prêt à tomber dans la concupiscence et céder l'infidélité : "dès que l'un des époux a besoin de ce remède, l'autre est tenu de lui offrir, sans qu'il le demande, comme un médecin est tenu de prescrire à son malade le repère qu'il espère lui être salutaire, quand même celui-ci ne le demande pas". Il n'y a pas de faute grave à "refuser le devoir"de temps en temps, surtout en cas de demande déraisonnable. Je te laisse feuilleter l'ouvrage pour la casuistique dans ses détails (particularités physiques, gêne, etc.) Attention, tout n'est plus valable là-dedans !
La question de la jouissance, notamment, est devenue la question de la jouissance masculine : au début du XIXe siècle, on croyait encore qu'il y avait une éjaculation féminine, et qu'il fallait donc que les deux époux jouissent (si possible en même temps) pour qu'il y ait conception. La science a cependant fait des progrès ... et on s'est rendu compte que la jouissance féminine n'était pas nécessaire. On peut donc à présent s'en passer. (voir discours médical à ce sujet) Dans tous les cas, les discours ne sont pas complètement fermés à l'idée de plaisir ni même aux préliminaires - tant qu'ils restent justement des préliminaires. L’Église semble inviter simplement à la mesure et à l'équilibre. Elle est, quand on y pense, plus permissive et plus tolérante que la médecine (tant qu'on s'en tient aux unions "naturelles et licites" évidemment ...), sans doute parce qu'elle n'a plus cette position prédominante, et qu'elle préfère accorder un peu plus tout en gardant les gens au sein de l'Eglise, plutôt que d'être trop stricte et de perdre encore en influence... (voir sujet sur la religion)
Cependant, le plaisir conjugal se définit sur le modèle de l'incomplétude : "Dans la jouissance de l'amour se mêle une souffrance très réelle quand on aime fortement : l'impuissance de pénétrer l'âme de celui qu'on aime. Dans les courts instants du plus entier abandon intime et de la confusion des deux amours, on est en possession du corps, mais on ne possède de l'âme que ce qui s'échappe par les yeux et ce que la parole en livre. Mais ce n'est pas encore l'âme tout entière [...] De là l'immense tristesse, inexplicable, qui se glisse dans les moments des plus intimes épanchements, et qui domine la fin des plus vifs moments de bonheur. Ce n'est pas la satiété mais l'irrésistible désir d'aller au-delà et je ne saurais m'expliquer pourquoi je n'ai désiré plus vivement mourir que quand j'étais heureuse..." (témoignage d'Amélie Ozanam, femme pieuse, vers 1860)
- Hygiène de l'amour. L'esprit est assez différent lorsqu'on se place du côté de la médecine. La fin du XIXe siècle se caractérise en effet par un intérêt accru pour tout ce qui relève (selon les définitions de l'époque) de la déviance et de la maladie : inversion, satyriasis, nymphomanie, etc. Le discours sur la sexualité s'en ressent. Dans l'introduction de La Folie érotique, en 1893, Benjamin Ball écrit : "Parmi les instincts réguliers et normaux dont la nature nous a pourvus, il n'en est certainement aucun qui exerce une aussi puissante influence sur nos sentiments et notre caractère que l'instinct génital ; et par cela même il n'en est aucun qui se prête à des perversions plus étranges même chez les sujets qui paraissent sous tous les autres points de vue avoir conservé l'équilibre de leurs facultés." On pourrait presque citer le Dr Knock, pour qui tout homme sain est un malade qui s'ignore ... Il s'agira en effet d'éviter au maximum les comportements à risque, qui pourraient déclencher des névroses sous-jacentes ...
Comme je l'ai dit plus haut, il a été découvert que la jouissance de la femme n'était pour rien dans la procréation. Elle cesse donc d'être nécessaire dans l'amour conjugal ... et elle cesse même, parfois, d'être souhaitable. En effet, certains médecins déconseillent de donner trop de plaisir aux épouses : je ne vous relaierai pas les discours scientifiques tenus à ce propos, mais pour simplifier, à trop jouer avec le corps de la femme, on pourrait risquer de la rendre hystérique ou nymphomane... ou simplement dévergondée. L'idée maîtresse est en effet que la femme est incapable de résister à ses instincts et ses désirs. Je me permets de citer un passage de Mirbeau, au sujet du mythe de Lilith : "La genèse symbolique de la femme, interprétée par M. Remy de Gourmont, concorde exactement avec les conclusions de la science anthropologique.La femme n’est pas un cerveau, elle n’est qu’un sexe, et rien de plus." En ce sens, lui donner des désirs revient presque à la pousser à la faute, puisqu'elle ne sera pas capable de les contrôler ...
S'ensuit tout un descriptif des différentes maladies par des éminents spécialistes, de l'érotomanie (folie de l'amour chaste) à la nymphomanie (folie de l'amour physique) en passant par l'hystérie. On remarquera que le discours des médecins touchera surtout les femmes et que les cas de "maladies" masculines seront moins étudiées. Mais le rapport au corps est envisagé d'un point de vue résolument morbide à cette époque.
Enfin, les médecins alertent les populations contre le risque des maladies vénériennes (notamment la syphilis, mais il y en a d'autres) : en ce sens, l'infidélité et le recours aux prostituées a un statut assez ambigu. Il permet en effet de soulager le désir de l'homme, dans l'intérêt de sa santé (et éviter ainsi les risques de pollution - le XIXe siècle est marqué par la hantise de la perte séminale... ) ... tout en constituant un risque pour sa santé. L'idéal est encore et toujours de trouver un équilibre dans la pratique et de consommer, si possible, dans des endroits sûrs : c'est pour cela que les hommes qui le peuvent préfèrent les prostituées des maisons closes qui passent régulièrement des visites médicales et sont plus surveillées que les filles à leurs comptes.
Mais ces injonctions plus ou moins sévères, ne correspondent pas vraiment à la réalité des couples. Je pense qu'on peut voir ça un peu comme l'image qu'on donne de la femme aujourd'hui,ou toutes les injonctions de santé, avec les "Sois mince, sois belle, sois épilée parfaitement sinon tu es négligée, mange cinq fruits et légumes par jour, sois toujours bien coiffée et bien maquillée, comporte toi de telle façon, ne te conduis pas en homme, ne jure pas comme un charretier, etc." ... On ne suit pas toutes ces prescriptions, mais elles peuvent représenter un certain poids... et nous conditionner en partie, malgré nous.
La suite au prochain post ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Sam 16 Fév - 4:16 | |
| Ce qui se passe réellement dans les alcôves Et ce qu'il en est réellement ? Commençons tout d'abord par évoquer ... - Ce que savent les jeunes filles ... La jeune fille vit dans l'ignorance la plus totale des choses de l'amour. C'est bien simple : on lui laisse rien deviner sur comment ça se passe, elle doit rester la plus pure et la plus innocente possible. Cela est valable, avant tout, dans les milieux aisés et chez les 'classes moyennes'. Avant ses fiançailles, une jeune fille ne devrait pas même trop fréquenter un jeune homme ... Mais la société moderne permet un peu plus de choses et on voit apparaître ce qu'on appelle des demi-vierges : ce sont simplement des jeunes filles qui ont flirté, accepté des baisers, des petites caresses relativement innocentes. Et cela est très mal vu - on parle même de moeurs américaines. Pour citer Jean de Tinan, jeune homme plutôt porté à la liberté des mœurs : "Penser que l'ange de mon foyer aura eu la main pressée cent fois et aura été goûtée par plusieurs paires de moustaches, cela n'a rien d'emballant. " Forcément, dans ce contexte, la première expérience amoureuse s'apparente très souvent à un traumatisme : la jeune fille sait qu'il y a quelque chose qu'elle ne connaît pas ... mais entre s'attendre à être surprise et se retrouver face à un homme sans la moindre préparation, même minime, il y a un monde ...
- Plus généralement, c'est le désir masculin qui prime : bon nombre de récits content encore des "conquêtes" féminines qui ne seraient pas loin, selon nos critères actuels, de l'abus sexuel. La femme dit non, elle pleure, elle se débat ? Allons, elle finira bien par être d'accord ; après tout, si vous vous retrouvez dans un coin désert avec elle, sans personne pour vous surprendre, c'est bien parce qu'elle en avait un peu envie, non ?
- Mais la vie de femme ne s'apparente pas non plus au martyre ... Si les relations avec l'époux sont souvent tendues - ou simplement indifférentes, l'adultère est très fréquent dans les milieux aisés, et plutôt bien toléré (il s'agit tout de même de prendre quelques précautions afin d'éviter les accidents, cela va sans dire... ). Des romanciers très corrects et très appréciés, comme Paul Bourget ou Anatole France décrivent le destin de jeune femmes très sympathiques qui trompent allègrement leur mari. Et on les comprend, après tout : il semblerait que l'amant se soucie des pâmoisons de sa belle ... En outre, les relations conjugales peuvent être tendres ou même agréables ... Évitez simplement de manifester votre plaisir avec trop d'exubérance : si vous n'avez sans doute pas lu les traités de médecine, faible femme, votre mari peut-être et il s'inquiètera pour vous...
- Quelques détails d'habillement. Contrairement à aujourd'hui, on ne se dénude pas pour des relations sexuelles. Il n'est pas rare que deux époux ne se soient jamais vus nus l'un l'autre : la pudeur peut inviter la femme à demander d'éteindre la lampe, et Madame gardera sa chemise de nuit. De même pour les relations qui se nouent au grand jour, et ce pour une raison bien simple : l'habit féminin est extrêmement complexe, et il faudrait trop de temps pour déshabiller entièrement Madame ... surtout que sans femme de chambre, comment tout remettre en place ? A cette époque, les tissus sont encore épinglés directement sur le corset et les dessous - et il n'est pas rare que l'amant, dans la précipitation, se pique les doigts aux aiguilles cachées dans la belle parure de sa maîtresse ! Si en général, on tente de retirer tout de même assez pour faire surgir l'essentiel (les culottes sont d'ailleurs fendues, en général), mais on gardera le corset- que l'on desserre un peu pour l'occasion - les bas, etc. La fin de siècle est l'ère de de la lingerie ! Les seules femmes que l'on peut voir facilement nues sont les prostituées. En ce sens, si en tant qu'époux, si vous demandez à votre chère et tendre d'apparaître nue, il est fort probable qu'elle refuse ... et vous fasse un scandale.
- Les pratiques en tant que telles ne semblent pas beaucoup différer de ce que l'on connaît aujourd'hui ... Quelques exceptions, cependant, avec des pratiques qui n'étaient pas tout vues comme bizarres à l'époque mais qui nous semblent curieuses, à nous, gens du XXIe siècle ... : à une époque où l'adultère est fréquent, les femmes à voilettes sont l'objet de tous les fantasmes ... et l'un des motifs de rêverie des jeunes gens sont les baisers que les amants s'échangent à travers la voilette ... Ladite voilette devient souvent une relique de l'amour, un souvenir que l'amant garde dans un tiroir, et qu'il embrasse quelque fois. Pour comprendre le second exemple, il faut penser que les femmes ne s'épilaient pas les aisselles - ou pas autant qu'aujourd'hui. Dans une logique de non-procréation, l'aisselle de la femme devient une métaphore de son sexe ... avec tout ce qui s'ensuit. Espérons que cela ne fait que chatouiller.
Et c'est tout pour aujourd'hui, espérons que ce tour d'horizon t'aura davantage renseignée ! Pour résumer en un mot : beaucoup de choses n'ont pas changé, mais le désir et les prescriptions des hommes visent à encadrer la sexualité féminine ... sans réussir toutefois à la circonscrire entièrement. ... Et tu as en avant-première le contenu d'une future aide de jeu, sans doute - où seront rajoutées les questions des différentes "déviances", dont l'inversion (on ne parle pas d'homosexualité à l'époque). J'espère que tu ne m'en voudras pas, Lise, d'avoir fait trop long ... et te souhaite un heureux printemps ! |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: Questions d'histoire Dim 17 Fév - 7:53 | |
| Très intéressant ! Merci beaucoup Pierrot !! |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 8:10 | |
| Bonjour, bonjour !
J'ai découvert ce forum grâce à une fille dans mon cours (ouais, je stalk) et je me demandais si le personnage que je voulais choisir serait possible dans l'univers des Petites Machineries.
J'aimerais, si possible, être une femme mariée qui conçoit des chandelles le jour et la nuit, elle joue un peu de guitare afin de gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de son époux malade et d'elle-même, par la même occasion. En bref, elle est pauvre et fait ce qu'elle peut pour avoir le minimum de confort.
Donc, je redemande, est-ce possible ?
Merci d'avance ! |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:29 | |
| Coucou ! Alors, pour répondre rapidement à ta question, je pense que c'est essentiellement une question de statut : est-ce que cette femme travaille à son compte, dans un petit commerce qu'elle tient (ce qui n'est pas impossible, quand bien même c'est assez compliqué), ou est-ce qu'elle travaille pour quelqu'un d'autre ? Une femme ouvrière n'est pas du tout impensable, mais il faut prendre en compte qu'elle commence ses journées tôt pour les finir tard (il arrive que les femmes fassent jusqu'à 11h de travail par jour). Pour le côté musicienne, par contre, c'est sans doute plus compliqué, et je ne suis pas persuadée que ce soit le moyen le plus efficace de gagner de l'argent... =/ Où voudrais-tu qu'elle joue de la guitare ? Bref, nous aimerions quelques précisions supplémentaires pour t'apporter une réponse plus précise. |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:40 | |
| Bonsoir ! Eh bien, ce serait surtout de jouer près des endroits où plusieurs personnes peuvent passer et avoir un peu d'argent, mais si c'est quelque peu impensable, il n'y a pas de problème En ce qui concerne son travail, je me demandais surtout dans quelle section du RP mon personnage risquait de se retrouver si elle essaie de gagner sa vie en fabriquant des chandelles, étant pauvre et sans revenu de la part de son mari, clou. au lit à cause d'une maladie. Et surtout, si c'est possible dans le contexte du forum. Suis-je plus claire ? C'est possible que non, j'ai jamais été excellente dans les explications |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:52 | |
| En fait je t'aurais bien proposé de jouer une Tzigane, mais il faut que je me documente un peu sur leur statut avant de pouvoir t'en dire plus. Si l'idée te plaît, alors on se penchera dessus. |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 11:37 | |
| Eh bien, l'idée de la Tzigane est plaisante. Je devrais aussi me documenter de mon côté, afin de ne pas mêler mes pinceaux :)
Merci beaucoup ! |
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| Sujet: Re: Questions d'histoire | |
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