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Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 1:00 | |
| Ah oui tiens moi aussi j'avais une question/suggestion : c'est possible d'avoir une idée plus précise du système monétaire en place et de ce que ça représente en termes de pouvoir d'achat ? genre un petit topo sur ce qu'on peut acheter avec x francs, tout ça... (si c'est déjà quelque part, mea culpa !!) |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 1:23 | |
| Ce n'est pas encore quelque part, Lise, mais c'est en cours de préparation ! (même si le topo sera un peu lacunaire, au vu de la complexité de la chose) Zozio, tu devrais avoir ta réponse dans la soirée (au moins pour les prix des billets de train) |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 2:59 | |
| Great ! Amazing ! Merci Pierrot & Co |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 18 Sep - 8:49 | |
| Alors nos histoires de train !Il faut d'abord savoir que la SNCF n'existe pas : les chemins de fer sont gérés par des compagnies privées (plus une exception). Les Compagnies sont au nombre de 7 : - la Compagnie de l'Ouest, la plus ancienne, qui gère les lignes vers la Bretagne et la Normandie ; elle possède les gares de Saint-Lazare (puis des Invalides à partir de 1900)
- le réseau de l'Etat, nationalisé, qui dessert Nantes, Tours, Poitiers, Angers et Bordeaux depuis la gare Montparnasse (réseau assez vétuste) ;
- La Compagnie d'Orléans qui dessert le Limousin jusqu'à Bordeaux et Toulouse, depuis la gare d'Austerlitz
- La Compagnie du Midi qui a toutes les lignes d'en dessous de la Garonne et du Languedoc.
- La Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, avec la gare de Lyon, qui dessert le Massif central, la Bourgogne, la vallée du Rhône, la Provence et les Alpes
- La Compagnie de l'Est, avec la gare de l'Est (logique) qui va vers la Champagne et la Lorraine (devenue allemande, pour rappel). Le réseau est donc amputé.
- La Compagnie du Nord enfin, avec la gare du Nord, qui dessert le Nord-Pas-de-Calais/Picardie.
Les tarifs sont les mêmes pour toutes les compagnies (doit y avoir un règlementation de l'Etat, sans doute) et sont calculés au kilomètre, comme pour le fiacre : - 11 centimes 20 en première classe (prix minimum de 65 centimes) - 7 centimes 56 en deuxième classe (prix minimum de 45 centimes) - 4 centimes 93 en troisième classe (prix minimum de 30 centimes) On a une remise de 20 à 25% si on prend un aller-retour. L'Etat prélève également une taxe de 10 centimes sur tout billet de plus de 10 francs. Un déjeuner en wagon restaurant coûte de 2 à 4 francs, et un dîner de 3 à 6 francs boissons comprises (ce qui est vachement cher, ça, en revanche, ne vous laissez pas abuser par la notion de francs). Je préciserai tout cela dans le sujet à venir sur la valeur de l'argent. . Je ne pourrai pas donner précisément toutes les gares desservies car le travail de vérification serait assez long, mais il est assez facile de savoir si une destination était desservie ou non : il suffit d'aller jeter un oeil sur Wikipédia pour voir de quand date une gare. Et on remercie encore le livre du jeu de rôle Maléfices ! |
| | | Floris Abilio DalloMonsieur, voici un petit remède, un petit remède !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 4 Oct - 4:53 | |
| Bonjour! J'aimerais avoir des informations sur les quartiers de Paris (riche, pauvre, petite bourgeoisie) et où ils sont situés. Aussi, je voulais avoir un peu plus d'infos sur la médecine à l'époque (diagnostiques, traitements, tarification, patients qui les rencontrent), pour mon RP avec Léopoldine Gauthier. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 4 Oct - 23:21 | |
| Pour les quartiers parisiens, je vais essayer de te résumer ça ce soir, cher Floris. ^^ En revanche, pour la médecine, il va me falloir un peu de temps : tu demandes beaucoup d'informations très différentes, et bien faire ce genre de recherches ne prend pas cinq minutes. Je te recommande de rester dans le vague tant que tu le peux en attendant. D'autant plus que je t'ai déjà donné quelques éléments dans les demandes de RP, ça devrait te suffire pour ne pas faire de bêtises, je pense. Pour les symptômes et traitements d'époque, je te conseille de télécharger ce manuel de médecine de l'époque et de farfouiller ! Il y a un index des maladies à la fin pour s'y retrouver. La pneumonie est page 283 si je me souviens bien Pour le reste, je fais de mon mieux et te tiens au courant ! |
| | | Floris Abilio DalloMonsieur, voici un petit remède, un petit remède !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 5 Oct - 4:02 | |
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| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 5 Oct - 8:20 | |
| Pour les questions plus précises en médecine, je devrais pouvoir t'aider ponctuellement aussi. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 12 Oct - 21:31 | |
| Et donc pour les quartiers ! Revenons un peu sur l'organisation de Paris, qui n'est pas forcément évidente pour nos amis d'au-delà des frontières : Paris compte 20 arrondissements (divisions administratives), qui comportent chacun quatre quartiers. Schéma simplifié - Carte d'époque. Au début du XIXe siècle, il n'y avait que 12 arrondissements, mais lors des grands travaux dirigés par le baron Haussman, sous Napoléon III (voir Histoire récente), la ville a été agrandie, et les communes limitrophes de la ville ont été annexés par la capitale, en partie ou complètement (La Villette, Montmartre, Vaugirard, Ivry, Saint-Ouen en font partie par exemple). Cela implique, concrètement, que les arrondissements extérieurs de Paris sont encore un peu ruraux, avec pas mal de verdure, des bergers qui se baladent avec leurs chèvres, etc. Au-delà des portes de Paris (qui existent encore et sont fermées la nuit), on compte encore pas mal de champs, mais aussi des usines. Ensuite, les quartiers (plus que les arrondissements) sont marqués socialement : certains quartiers seront moins attractifs, donc moins chers et regrouperont donc la classe populaire, les populations considérées comme "à risque", etc. Les quartier ouvriers, qui avaient souvent joué un rôle important dans la Commune (voir Histoire récente à nouveau) sont donc assez craints par les populations bourgeoises : il s'agit notamment de Belleville, des Batignoles ou de Ménilmontant. Pour savoir où ton personnage pourrait avoir élu domicile, cependant, ce n'est pas très compliqué car nous avons réparti le forum en fonction des logiques sociales (bien que les regroupements soient aussi le plus conformes à la géographie). Ainsi les grandes mondaines, la haute bourgeoisie et plus généralement la très haute société, qui se réunit à l'Opéra principalement, a le premier forum 'Autour de l'Opéra Garnier" pour élire domicile : il comprend entre autres les quartiers du Marais (IIIe), le quartier du Louvre (Ier), le faubourg Saint-Germain (VIe), le quartier de l'Opéra (VIIIe). La bourgeoisie, elle, va se réunir autour du théâtre d'Art : les jeunes hommes s'installeront notamment dans le Quartier latin (Ve), sur les grands boulevards percés par Haussman. C'est vraisemblablement ici que Floris aura trouvé son logement. Enfin, le XIIIe en général, Belleville, Montmartre ou Ménilmontant (XXe) ont une population plus mêlée et globalement plus populaire. C'est bien sûr un peu schématique, mais ça permet de donner une petite idée. Quant aux caractéristiques de chaque quartier, il suffit de taper les noms sur Wikipédia, et tu trouveras sûrement tout ce dont tu auras besoin ! En espérant avoir répondu (bien qu'un peu tardivement :oops) à ta question ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 20 Nov - 0:02 | |
| Quelques images du Montmartre aux alentours de 1900, pour répondre à la demande de notre instituteur :
En extérieur : http://www.cpa-bastille91.com/wp-content/uploads/2012/09/18-arrt-Paris-Montmartre-place-du-Tertre.jpg http://www.cpa-bastille91.com/wp-content/uploads/2012/11/18arrt-Rue-des-Norvins-Montmartre.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-montmartre-place-tertre.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-montmartre-tertre-mairie.jpg http://www.paris1900.fr/wp-content/uploads/2011/04/carte-vieux-montmartre-tertre.jpg http://lorenztradfin.files.wordpress.com/2011/10/ramon20casas-798779.jpg http://www.aloj.us.es/galba/monograficos/LAUTREC/Obras/Rusinol/Rusinol_MoulinGalette90.jpg
Intérieur : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4a/Santiago_Rusinol_Cafe_Montmartre.jpg
En espérant que ça vous donne une bonne idée de l'ambiance des lieux !
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| | | Augustin LepicUne belle écriture mène à tout.
Messages : 72
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 20 Nov - 3:57 | |
| Super, merci Pierrot |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Ven 15 Fév - 6:02 | |
| En ce presque-printemps... En ces temps de mariage et de romance... (ou pas) J'arrive avec une question historique de premier plan Comment se passent les rapports conjugaux (... et extra-conjugaux), à l'époque ? J'entends par là, la conception et la concrétisation des liaisons charnelles. Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont mises ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Sam 16 Fév - 0:44 | |
| Ah la vaste question ! La question de la sexualité emporte avec elle la question du rapport au corps, de la religion, de la représentation des genres à l'époque ... et j'en passe ! Je vais essayer de répondre un peu à tout ça à grands traits, et s'il manque quelque chose, faudra pas hésiter à relever. - Spoiler:
Pour cet exposé, je me suis servie de plusieurs références. De mes souvenirs de lecture, d'abord : L'harmonie des plaisirs, les manières de jouir du siècle des Lumières à l'avènement de la sexologie d'Alain Corbin s'arrête vers 1860, mais donne des pistes qui sont parfois encore valables dans notre contexte. Le fait de travailler sur un auteur un peu libre qui raconte ses différentes coucheries aide pas mal aussi ... et j'ai complété avec plusieurs documents que je citerai au fur et à mesure.
Prescriptions : entre idéal et peur fantasmatique Au XIXe siècle, on a deux discours prescriptifs en concurrence qui vont nous donner beaucoup d'éléments pour comprendre comment se vivait la sexualité à l'époque : celui de la médecine et celui de la religion. Quand je dis deux, c'est déjà une simplification, forcément : il y a plusieurs doctrines théologiques, et une femme n'entendra pas les mêmes injonctions d'un confesseur à l'autre (d'où les critiques adressées par les prudes à celles qui changent de confesseur pour avoir un peu plus de liberté ... ) C'est évidemment la même chose pour les médecins. Du coup, je vais essayer de résumer un peu rapidement les conseils, injonctions majoritaires, mais faut bien penser que c'est plus flou ... Et pour ne pas faire simple, tout ça ne correspond pas tout à fait aux pratiques dans les ménages ... (vous faites toujours ce qu'on vous dit vous ...?). Petite note de vocabulaire, également, avant de commencer : les termes d'époque utilisés dans les discours médicaux et religieux sont assez peu galants, pour le coup. On parlera de désir vénérien, de pollution pour un orgasme non procréatif, de copulation ou de coït pour l'acte en lui-même. Ça fait rêver, n'est-ce pas* ? Mais commençons par le discours religieux. Celui-ci a légèrement évolué dans ses injonctions suite aux découvertes de la science, mais les principes ne te surprendront sans doute pas : - Petit catéchisme conjugal.
Sans surprise, l'acte conjugal est surtout évoqué comme un devoir. L'idée de désir n'est pas forcément exclu, mais, sans surprise, la satisfaction de ce désir doit se borner à l'acte de procréation et le couple doit limiter le plus possible les caresses, etc. qui pourraient amener d'autres jouissances.
Si pour certains théologiens, l'acte amoureux est impur même dans le cadre autorisé du mariage, le discours sans doute majoritairement tenu auprès des femmes pieuses doit être de l'ordre de celui-ci, tiré de La Théologie amoureuse des peuples d'Occident (plutôt première moitié du XIXe, mais le discours religieux n'est pas réputé pour évoluer vite) : "Il n'y a rien de mauvais ni de moralement impur dans l'acte conjugal ; il peut même devenir méritoire, s'il est dicté par un motif surnaturel, par exemple, pour conserver à son époux la foi promise en présence de Dieu, dans un but de religion, pour avoir des enfants qui servent Dieu fidèlement, ou en vue de retracer l'union du Christ avec l’Église."
La grande question de morale matrimoniale est alors : Quand et comment doit-on rendre le devoir conjugal ? La réponse donnée est intéressante : "Chacun des époux est tenu de rendre le devoir à celui qui le demande, soit expressément, soit tacitement, soit interprétativement." Les deux derniers cas concernent surtout la femme, empêchée par sa pudeur de s'exprimer clairement sur son désir ... Parmi les raisons admises de la copulation : la copulation de prévention, si j'ose dire, ou comment sauver son conjoint lorsqu'il est prêt à tomber dans la concupiscence et céder l'infidélité : "dès que l'un des époux a besoin de ce remède, l'autre est tenu de lui offrir, sans qu'il le demande, comme un médecin est tenu de prescrire à son malade le repère qu'il espère lui être salutaire, quand même celui-ci ne le demande pas". Il n'y a pas de faute grave à "refuser le devoir"de temps en temps, surtout en cas de demande déraisonnable. Je te laisse feuilleter l'ouvrage pour la casuistique dans ses détails (particularités physiques, gêne, etc.) Attention, tout n'est plus valable là-dedans !
La question de la jouissance, notamment, est devenue la question de la jouissance masculine : au début du XIXe siècle, on croyait encore qu'il y avait une éjaculation féminine, et qu'il fallait donc que les deux époux jouissent (si possible en même temps) pour qu'il y ait conception. La science a cependant fait des progrès ... et on s'est rendu compte que la jouissance féminine n'était pas nécessaire. On peut donc à présent s'en passer. (voir discours médical à ce sujet) Dans tous les cas, les discours ne sont pas complètement fermés à l'idée de plaisir ni même aux préliminaires - tant qu'ils restent justement des préliminaires. L’Église semble inviter simplement à la mesure et à l'équilibre. Elle est, quand on y pense, plus permissive et plus tolérante que la médecine (tant qu'on s'en tient aux unions "naturelles et licites" évidemment ...), sans doute parce qu'elle n'a plus cette position prédominante, et qu'elle préfère accorder un peu plus tout en gardant les gens au sein de l'Eglise, plutôt que d'être trop stricte et de perdre encore en influence... (voir sujet sur la religion)
Cependant, le plaisir conjugal se définit sur le modèle de l'incomplétude : "Dans la jouissance de l'amour se mêle une souffrance très réelle quand on aime fortement : l'impuissance de pénétrer l'âme de celui qu'on aime. Dans les courts instants du plus entier abandon intime et de la confusion des deux amours, on est en possession du corps, mais on ne possède de l'âme que ce qui s'échappe par les yeux et ce que la parole en livre. Mais ce n'est pas encore l'âme tout entière [...] De là l'immense tristesse, inexplicable, qui se glisse dans les moments des plus intimes épanchements, et qui domine la fin des plus vifs moments de bonheur. Ce n'est pas la satiété mais l'irrésistible désir d'aller au-delà et je ne saurais m'expliquer pourquoi je n'ai désiré plus vivement mourir que quand j'étais heureuse..." (témoignage d'Amélie Ozanam, femme pieuse, vers 1860)
- Hygiène de l'amour. L'esprit est assez différent lorsqu'on se place du côté de la médecine. La fin du XIXe siècle se caractérise en effet par un intérêt accru pour tout ce qui relève (selon les définitions de l'époque) de la déviance et de la maladie : inversion, satyriasis, nymphomanie, etc. Le discours sur la sexualité s'en ressent. Dans l'introduction de La Folie érotique, en 1893, Benjamin Ball écrit : "Parmi les instincts réguliers et normaux dont la nature nous a pourvus, il n'en est certainement aucun qui exerce une aussi puissante influence sur nos sentiments et notre caractère que l'instinct génital ; et par cela même il n'en est aucun qui se prête à des perversions plus étranges même chez les sujets qui paraissent sous tous les autres points de vue avoir conservé l'équilibre de leurs facultés." On pourrait presque citer le Dr Knock, pour qui tout homme sain est un malade qui s'ignore ... Il s'agira en effet d'éviter au maximum les comportements à risque, qui pourraient déclencher des névroses sous-jacentes ...
Comme je l'ai dit plus haut, il a été découvert que la jouissance de la femme n'était pour rien dans la procréation. Elle cesse donc d'être nécessaire dans l'amour conjugal ... et elle cesse même, parfois, d'être souhaitable. En effet, certains médecins déconseillent de donner trop de plaisir aux épouses : je ne vous relaierai pas les discours scientifiques tenus à ce propos, mais pour simplifier, à trop jouer avec le corps de la femme, on pourrait risquer de la rendre hystérique ou nymphomane... ou simplement dévergondée. L'idée maîtresse est en effet que la femme est incapable de résister à ses instincts et ses désirs. Je me permets de citer un passage de Mirbeau, au sujet du mythe de Lilith : "La genèse symbolique de la femme, interprétée par M. Remy de Gourmont, concorde exactement avec les conclusions de la science anthropologique.La femme n’est pas un cerveau, elle n’est qu’un sexe, et rien de plus." En ce sens, lui donner des désirs revient presque à la pousser à la faute, puisqu'elle ne sera pas capable de les contrôler ...
S'ensuit tout un descriptif des différentes maladies par des éminents spécialistes, de l'érotomanie (folie de l'amour chaste) à la nymphomanie (folie de l'amour physique) en passant par l'hystérie. On remarquera que le discours des médecins touchera surtout les femmes et que les cas de "maladies" masculines seront moins étudiées. Mais le rapport au corps est envisagé d'un point de vue résolument morbide à cette époque.
Enfin, les médecins alertent les populations contre le risque des maladies vénériennes (notamment la syphilis, mais il y en a d'autres) : en ce sens, l'infidélité et le recours aux prostituées a un statut assez ambigu. Il permet en effet de soulager le désir de l'homme, dans l'intérêt de sa santé (et éviter ainsi les risques de pollution - le XIXe siècle est marqué par la hantise de la perte séminale... ) ... tout en constituant un risque pour sa santé. L'idéal est encore et toujours de trouver un équilibre dans la pratique et de consommer, si possible, dans des endroits sûrs : c'est pour cela que les hommes qui le peuvent préfèrent les prostituées des maisons closes qui passent régulièrement des visites médicales et sont plus surveillées que les filles à leurs comptes.
Mais ces injonctions plus ou moins sévères, ne correspondent pas vraiment à la réalité des couples. Je pense qu'on peut voir ça un peu comme l'image qu'on donne de la femme aujourd'hui,ou toutes les injonctions de santé, avec les "Sois mince, sois belle, sois épilée parfaitement sinon tu es négligée, mange cinq fruits et légumes par jour, sois toujours bien coiffée et bien maquillée, comporte toi de telle façon, ne te conduis pas en homme, ne jure pas comme un charretier, etc." ... On ne suit pas toutes ces prescriptions, mais elles peuvent représenter un certain poids... et nous conditionner en partie, malgré nous.
La suite au prochain post ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Questions d'histoire Sam 16 Fév - 4:16 | |
| Ce qui se passe réellement dans les alcôves Et ce qu'il en est réellement ? Commençons tout d'abord par évoquer ... - Ce que savent les jeunes filles ... La jeune fille vit dans l'ignorance la plus totale des choses de l'amour. C'est bien simple : on lui laisse rien deviner sur comment ça se passe, elle doit rester la plus pure et la plus innocente possible. Cela est valable, avant tout, dans les milieux aisés et chez les 'classes moyennes'. Avant ses fiançailles, une jeune fille ne devrait pas même trop fréquenter un jeune homme ... Mais la société moderne permet un peu plus de choses et on voit apparaître ce qu'on appelle des demi-vierges : ce sont simplement des jeunes filles qui ont flirté, accepté des baisers, des petites caresses relativement innocentes. Et cela est très mal vu - on parle même de moeurs américaines. Pour citer Jean de Tinan, jeune homme plutôt porté à la liberté des mœurs : "Penser que l'ange de mon foyer aura eu la main pressée cent fois et aura été goûtée par plusieurs paires de moustaches, cela n'a rien d'emballant. " Forcément, dans ce contexte, la première expérience amoureuse s'apparente très souvent à un traumatisme : la jeune fille sait qu'il y a quelque chose qu'elle ne connaît pas ... mais entre s'attendre à être surprise et se retrouver face à un homme sans la moindre préparation, même minime, il y a un monde ...
- Plus généralement, c'est le désir masculin qui prime : bon nombre de récits content encore des "conquêtes" féminines qui ne seraient pas loin, selon nos critères actuels, de l'abus sexuel. La femme dit non, elle pleure, elle se débat ? Allons, elle finira bien par être d'accord ; après tout, si vous vous retrouvez dans un coin désert avec elle, sans personne pour vous surprendre, c'est bien parce qu'elle en avait un peu envie, non ?
- Mais la vie de femme ne s'apparente pas non plus au martyre ... Si les relations avec l'époux sont souvent tendues - ou simplement indifférentes, l'adultère est très fréquent dans les milieux aisés, et plutôt bien toléré (il s'agit tout de même de prendre quelques précautions afin d'éviter les accidents, cela va sans dire... ). Des romanciers très corrects et très appréciés, comme Paul Bourget ou Anatole France décrivent le destin de jeune femmes très sympathiques qui trompent allègrement leur mari. Et on les comprend, après tout : il semblerait que l'amant se soucie des pâmoisons de sa belle ... En outre, les relations conjugales peuvent être tendres ou même agréables ... Évitez simplement de manifester votre plaisir avec trop d'exubérance : si vous n'avez sans doute pas lu les traités de médecine, faible femme, votre mari peut-être et il s'inquiètera pour vous...
- Quelques détails d'habillement. Contrairement à aujourd'hui, on ne se dénude pas pour des relations sexuelles. Il n'est pas rare que deux époux ne se soient jamais vus nus l'un l'autre : la pudeur peut inviter la femme à demander d'éteindre la lampe, et Madame gardera sa chemise de nuit. De même pour les relations qui se nouent au grand jour, et ce pour une raison bien simple : l'habit féminin est extrêmement complexe, et il faudrait trop de temps pour déshabiller entièrement Madame ... surtout que sans femme de chambre, comment tout remettre en place ? A cette époque, les tissus sont encore épinglés directement sur le corset et les dessous - et il n'est pas rare que l'amant, dans la précipitation, se pique les doigts aux aiguilles cachées dans la belle parure de sa maîtresse ! Si en général, on tente de retirer tout de même assez pour faire surgir l'essentiel (les culottes sont d'ailleurs fendues, en général), mais on gardera le corset- que l'on desserre un peu pour l'occasion - les bas, etc. La fin de siècle est l'ère de de la lingerie ! Les seules femmes que l'on peut voir facilement nues sont les prostituées. En ce sens, si en tant qu'époux, si vous demandez à votre chère et tendre d'apparaître nue, il est fort probable qu'elle refuse ... et vous fasse un scandale.
- Les pratiques en tant que telles ne semblent pas beaucoup différer de ce que l'on connaît aujourd'hui ... Quelques exceptions, cependant, avec des pratiques qui n'étaient pas tout vues comme bizarres à l'époque mais qui nous semblent curieuses, à nous, gens du XXIe siècle ... : à une époque où l'adultère est fréquent, les femmes à voilettes sont l'objet de tous les fantasmes ... et l'un des motifs de rêverie des jeunes gens sont les baisers que les amants s'échangent à travers la voilette ... Ladite voilette devient souvent une relique de l'amour, un souvenir que l'amant garde dans un tiroir, et qu'il embrasse quelque fois. Pour comprendre le second exemple, il faut penser que les femmes ne s'épilaient pas les aisselles - ou pas autant qu'aujourd'hui. Dans une logique de non-procréation, l'aisselle de la femme devient une métaphore de son sexe ... avec tout ce qui s'ensuit. Espérons que cela ne fait que chatouiller.
Et c'est tout pour aujourd'hui, espérons que ce tour d'horizon t'aura davantage renseignée ! Pour résumer en un mot : beaucoup de choses n'ont pas changé, mais le désir et les prescriptions des hommes visent à encadrer la sexualité féminine ... sans réussir toutefois à la circonscrire entièrement. ... Et tu as en avant-première le contenu d'une future aide de jeu, sans doute - où seront rajoutées les questions des différentes "déviances", dont l'inversion (on ne parle pas d'homosexualité à l'époque). J'espère que tu ne m'en voudras pas, Lise, d'avoir fait trop long ... et te souhaite un heureux printemps ! |
| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
Messages : 355
| Sujet: Re: Questions d'histoire Dim 17 Fév - 7:53 | |
| Très intéressant ! Merci beaucoup Pierrot !! |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 8:10 | |
| Bonjour, bonjour !
J'ai découvert ce forum grâce à une fille dans mon cours (ouais, je stalk) et je me demandais si le personnage que je voulais choisir serait possible dans l'univers des Petites Machineries.
J'aimerais, si possible, être une femme mariée qui conçoit des chandelles le jour et la nuit, elle joue un peu de guitare afin de gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de son époux malade et d'elle-même, par la même occasion. En bref, elle est pauvre et fait ce qu'elle peut pour avoir le minimum de confort.
Donc, je redemande, est-ce possible ?
Merci d'avance ! |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:29 | |
| Coucou ! Alors, pour répondre rapidement à ta question, je pense que c'est essentiellement une question de statut : est-ce que cette femme travaille à son compte, dans un petit commerce qu'elle tient (ce qui n'est pas impossible, quand bien même c'est assez compliqué), ou est-ce qu'elle travaille pour quelqu'un d'autre ? Une femme ouvrière n'est pas du tout impensable, mais il faut prendre en compte qu'elle commence ses journées tôt pour les finir tard (il arrive que les femmes fassent jusqu'à 11h de travail par jour). Pour le côté musicienne, par contre, c'est sans doute plus compliqué, et je ne suis pas persuadée que ce soit le moyen le plus efficace de gagner de l'argent... =/ Où voudrais-tu qu'elle joue de la guitare ? Bref, nous aimerions quelques précisions supplémentaires pour t'apporter une réponse plus précise. |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:40 | |
| Bonsoir ! Eh bien, ce serait surtout de jouer près des endroits où plusieurs personnes peuvent passer et avoir un peu d'argent, mais si c'est quelque peu impensable, il n'y a pas de problème En ce qui concerne son travail, je me demandais surtout dans quelle section du RP mon personnage risquait de se retrouver si elle essaie de gagner sa vie en fabriquant des chandelles, étant pauvre et sans revenu de la part de son mari, clou. au lit à cause d'une maladie. Et surtout, si c'est possible dans le contexte du forum. Suis-je plus claire ? C'est possible que non, j'ai jamais été excellente dans les explications |
| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 10:52 | |
| En fait je t'aurais bien proposé de jouer une Tzigane, mais il faut que je me documente un peu sur leur statut avant de pouvoir t'en dire plus. Si l'idée te plaît, alors on se penchera dessus. |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 11:37 | |
| Eh bien, l'idée de la Tzigane est plaisante. Je devrais aussi me documenter de mon côté, afin de ne pas mêler mes pinceaux :)
Merci beaucoup ! |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Lun 8 Avr - 20:49 | |
| Bonjour chère invitée ! Comme disait Armide, tout est en effet une question de statut. Personnellement, je pense que la dame peut faire des chandelles à son compte : elle entrerait ainsi dans la catégorie de ces gens qui fabriquent-vendent des objets à partir de récupération. En effet, elle pourrait récupérer les anciens bouts de chandelle jetés, la cire inutilisée et faire des chandelles à partir de cela, par exemple. (Ça a l'air misérable, mais je pense qu'on sous-estime clairement la pauvreté de certains foyers à Paris). En étant à son compte, elle pourrait aussi tourner autour des cabarets Montmartois (en fait, dans tout le sous-forum "Autour des Funambules") pour se faire de l'argent un peu plus "facile" : c'est là qu'elle aurait le plus d'occasion de récoler un peu d'argent sans (trop) se faire chasser. Et pourquoi pas jouer dans les cafés-concerts ? Dans tous les cas, combiner les deux me semble possible, bien que ce soit une vie difficile. Quant à jouer une tsigane, il me semble qu'à l'époque, ce sont surtout les hommes qui jouent de la musique (guitare ou violon) : je n'ai jamais rencontré mention, dans mes lectures, d'une femme remplissant cet office alors même que les mentions de musiciens tsiganes sont nombreuses. En outre, le fonctionnement des tsiganes est mal connu même aujourd'hui, alors à l'époque... Au fond, il faut un peu "en être" pour comprendre les coutumes, les comportements, etc. Il y a un livre qui traite du sujet ( Les Bohémiens en France au 19e siècle de François de Vaux de Foletier), mais il semble assez difficile à trouver et il me faudra donc un peu de temps pour mettre la main dessus, l'étudier et résumer les points susceptibles de t'intéresser. Je peux tout de même tenter si l'idée t'intéresse, mais il me semble peut-être plus facile de faire une femme issue des quartiers pauvres de Paris ou de la banlieue. La proposition d'Armide peut paraître séduisante, mais elle impliquera des recherches dans notre cas (ce n'est pas forcément un problème, mais ça demande du temps) et une documentation malaisée, car les sources ne sont pas très nombreuses : autant il y a pléthores d'études sur le bohémien tel qu'il a été fantasmé par la littérature du XIXe, autant il me semble qu'il y a peu de choses sur la réalité de leur quotidien... Dans tous les cas, le choix te revient, mais je pense que si tu ne veux pas trop te compliquer la vie, tu peux avoir les deux aspects du personnage sans chercher à jouer une tsigane. :) |
| | | InvitéeInvité
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mar 9 Avr - 4:17 | |
| Bien le bonjour !
Merci beaucoup de toutes ces informations, Pierrot Lunaire. Ayant moi-même fait des recherches sur les tsiganes, j'avoue que mes sources se contredisaient tout le temps et aucune ne disait les mêmes informations que l'autre que j'avais lue précédemment.
En ce qui concerne mon personnage, je crois que je vais y aller avec ma première idée, qui semble plus précise. Dès que j'aurais du temps à consacrer pour la création du personnage, je m'y lance (école quand tu nous (re)tient) !
Au plaisir de se revoir ! |
| | | Yann Le GuélecIls ont des chapeaux ronds...
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| Sujet: Les touristes à Paris Mer 10 Avr - 1:55 | |
| Y a t il des touristes à Paris au XIXème siècle ? Quels nationalités ? Quid des provinciaux ? Sûrement moins qu'aujourd'hui, mais sûrement quand même...
Quels sont les lieux prisés par ceux-ci ? Que visitent-ils ?
merci
ps : j'ai élargi ma question pour embêter un peu les admins ! à la base je ne m'intéressais qu'à Montmartre...
Et aussi : Comment les hommes s'habillaient ils à l'époque ? (selon les "classes", les saisons)
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| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Mer 10 Avr - 2:52 | |
| Demande prise en compte, je reviens bientôt avec des réponses. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: Questions d'histoire Jeu 11 Avr - 23:01 | |
| Et me revoici avec quelques réponses à la première série de question, concernant le tourisme. - Citation :
- Y a t il des touristes à Paris au XIXème siècle ? Quels nationalités ? Quid des provinciaux ?
Sûrement moins qu'aujourd'hui, mais sûrement quand même...
Quels sont les lieux prisés par ceux-ci ? Que visitent-ils ? Notes générales sur le tourisme Il y a bien des touristes au XIXe : le mot est attesté dès le début du siècle et désigne à l'époque les anglais qui font le "tour", un voyage dans toute l'Europe qui est une étape importante de l'éducation du jeune homme. Le sens s'élargit par la suite. Les touristes de l'époque sont évidemment des gens privilégiés. A l'heure où les congés payés n'existent pas, il faut pouvoir se permettre d'arrêter son activité professionnelle pendant un temps (ou ne pas avoir d'activité professionnelle) pour faire son voyage ... sans compter les frais d'hôtels, les visites, etc. car rien n'est gratuit ! Cependant, le développement exponentiel des chemins de fer facilite les déplacements et permet à une population plus large de faire des séjours loin de chez elle. Cependant, les touristes français ne visent pas tant la capitale : l'essor du chemin de fer et des déplacements amène le développement des stations balnéaires et des cures thermales car c'est la mer qui, en premier lieu, attire le touriste. On construit des grands hôtels, des casinos un peu partout dans les villes concernées : c'est à cette époque, par exemple, que Biarritz se dote de ses célèbres bains. Quant à Paris, on s'y rend davantage pour des occasions exceptionnelles (les expositions universelles, en 1889 et 1900, par exemple). Les étrangers à Paris Les visiteurs à Paris sont souvent des étrangers fortunés venus passer un peu de bon temps dans une ville réputé pour ses plaisirs (restaurants, théâtres, cabarets, etc.). Ce sont souvent des européens de bonne famille, venus "faire la noce". On compte aussi des nouveaux riches venus du continent américain (Etats-Unis et Amérique du Sud). Un type de l'étranger fortuné aux manières tapageuses et au goût douteux apparaît d'ailleurs à cette époque : le rastaquouère. Le mot désigne les étrangers venus profiter de la douceur de vivre parisienne. Croulant sous l'or, ils sont souvent considérés comme vulgaires et ridicules. Les séjours sont souvent des séjours longs, et cela peut donc sortir de la définition du tourisme : les rastaquouères, par exemple, sont parfois installés durablement dans la capitale. Les parisiens (et les français en général) ne cessent pas, n revanche, de les considérer comme des étrangers. - Spoiler:
Chanson du brésilien, rastaquouère dans La Vie parisienne d'Offenbach (1866) :
Je suis Brésilien, j’ai de l’or, Et j’arrive de Rio-Janeire Plus riche aujourd’hui que naguère, Paris, je te reviens encor ! Deux fois je suis venu déjà, J’avais de l’or dans ma valise, Des diamants à ma chemise, Combien a duré tout cela ? Le temps d’avoir deux cents amis Et d’aimer quatre ou cinq maîtresses, Six mois de galantes ivresses, Et plus rien ! ô Paris ! Paris ! En six mois tu m’as tout raflé, Et puis, vers ma jeune Amérique, Tu m’as, pauvre et mélancolique, Délicatement remballé ! Mais je brûlais de revenir, Et là-bas, sous mon ciel sauvage, Je me répétais avec rage : Une autre fortune ou mourir !
Je ne suis pas mort, j’ai gagné Tant bien que mal, des sommes folles, Et je viens pour que tu me voles Tout ce que là-bas j’ai volé ! Ce que je veux de toi, Paris, Ce que je veux, ce sont tes femmes, Ni bourgeoises, ni grandes dames, Mais les autres… l’on m’a compris ! Celles que l’on voit étalant, Sur le velours de l’avant-scène, Avec des allures de reine, Un gros bouquet de lilas blanc ; Celles dont l’œil froid et calin En un instant jauge une salle, Et va cherchant de stalle en stalle Un successeur à ce gandin, Qui plein de chic, mais indigent, Au fond de la loge se cache, Et dit, en mordant sa moustache Où diable trouver de l’argent ?
De l’argent ! Moi j’en ai ! Venez ! Nous le mangerons, mes poulettes, Puis après, je ferai des dettes. Tendez vos deux mains et prenez ! Hurrah ! je viens de débarquer, Mettez vos faux cheveux, cocottes ! J’apporte à vos blanches quenottes Toute une fortune à croquer ! Le pigeon vient ! plumez, plumez… Prenez mes dollars, mes bank-notes, Ma montre, mon chapeau, mes bottes, Mais dites-moi que vous m’aimez ! J’agirai magnifiquement, Mais vous connaissez ma nature, Et j’en prendrai, je vous le jure Oui, j’en prendrai pour mon argent. Je suis Brésilien, j’ai de l’or, Et j’arrive de Rio-Janeire Vingt fois plus riche que naguère, Paris, je te reviens encor !
Que visite-t-on ? C'est une question à laquelle il est difficile de répondre, car cela dépendra des visiteurs et de leur motivation. Encore aujourd'hui, il y a différents types de tourisme. Les musées attirent sans doute les classes cultivées qui fonctionnent encore un peu sur le modèle du "tour" à l'anglaise, où l'on va voir les grandes œuvres d'art dans les différents pays (à une époque où les reproductions de bonne qualité ou en couleur sont rares ou inexistantes). Mais Paris apparaît avant tout comme la ville des plaisirs. On peut lire, dans l'avant-propos du Guide des plaisirs à Paris de 1899 : "Étranger, pourquoi viens-tu à Paris ? Parce qu'on t'a dit et répété partout que Paris est une ville de plaisirs extraordinaires, la capitale des plaisirs du monde entier." Rien que ça ! Ce guide indique plusieurs types d'endroits à découvrir : les restaurants, les salles de spectacle (cela va de la Comédie française aux cirques en passant par l'hippodrome), les cafés (des salles élégantes aux "bouillons", restaurants pour les bourses modestes) et enfin les music-halls et cafés-concerts (Folies Bergère, petits cafés de Montmartre, etc.) Il y a aussi les bals populaires, où l'on propose au touriste "d'étudier le peuple de Paris". Le guide recommande également les promenades en bateau sur la Seine, la découverte des boulevards, et diverses visites et promenades (musées de cire, le champ de course, bois de Boulogne). Les curieux peuvent enfin monter en haut de la Tour Eiffel, mais l'attraction attire peu de monde à l'époque et les visites sont bien moins nombreuses qu'aujourd'hui. |
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| Sujet: Re: Questions d'histoire | |
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