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 Tel est pris qui croyait prendre {Nicolas}

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MessageSujet: Tel est pris qui croyait prendre {Nicolas}   Tel est pris qui croyait prendre {Nicolas} EmptyVen 5 Oct - 6:32

Léopoldine Gautier, voleuse

Léopoldine fut surprise de la douceur de cette soirée. Normalement lorsqu'elle sortait du travail à cette période de l'année, elle se hâtait toujours de rentrer chez elle, afin d'éviter la froideur des rues de Paris. Mais cette soirée était définitivement belle et les badauds se pressaient, dans le quartier des Halles, affairés à quelques affaires urgentes. Les commerçants fermaient boutique, les ouvriers sortaient du travail, les cabarets ouvraient leurs portes et le jour déclinait.

La jeune fille s'arrêta un peu sur un petit banc pour regarder cette agitation propice à l'activité à laquelle elle voulait se livrer. Certains ici avaient peut-être les poches pleines de l'argent gagné dans la journée. Et il était bien possible qu'en choisissant un bon gros poisson, qu'elle gagne un petit pactole en plus ce soir. Une bouffée de chaleur l'envahit, comme lorsqu'elle était sur le point de faire quelque chose d'interdit et d'excitant. Une petite toux s'échappa de sa gorge mais elle n'en tenu pas compte. Elle était en pleine observation. Elle commençait toujours ses activités illicites de cette manière. Une bonne observation des lieux, de la scène et des activités était toujours très utile pour envisager une porte de sortie si jamais les choses tournaient mal.
Mais pouvaient-elles mal tourner en cette belle soirée ? Léopoldine avait repéré une petite ruelle par laquelle elle pourrait s'enfuir si jamais on la poursuivait. Elle connaissait bien le quartier et pensait pouvoir facilement semer un éventuel poursuivant. Mais elle ne s'était jamais fait prendre et tout irait encore très bien aujourd'hui. Elle se mêla à la foule qui la bousculait sans la voir, une marée humaine terrible, comme un océan de corps qui la ballottaient dans tous les sens. Mais au moins, elle se fondait dans la masse. Elle avait les mêmes vêtements que toutes les ouvrières et personne ne pourrait donc la soupçonner ni la remarquer.

C'est en rodant dans la foule qu'elle le repéra. Un grand homme imposant, carré et avec un air sur de lui. Léopoldine se dit qu'il avait peut-être les poches pleines de son salaire et décida qu'il avait l'air d'une cible parfaite. Il faut parfois savoir tenter sa chance et essayer. La petite s'approcha discrètement de lui, suivant sa démarche et attendit qu'il se glisse au milieu de la foule pour essayer. Sa petite main se faufila discrètement vers la poche, atteignant presque son but quand elle sentit une poigne ferme agripper son poignet, sans possibilité de s'échapper !
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Nicolas Tisserand
Moins infâme que les honnêtes gens ...
Nicolas Tisserand

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MessageSujet: Re: Tel est pris qui croyait prendre {Nicolas}   Tel est pris qui croyait prendre {Nicolas} EmptyMar 9 Oct - 5:28

L’agitation des ouvriers était pareille à celle des feuilles d’un branchage balayé par le vent. Partout, ils se pressaient, par hordes, par troupeaux, par meutes, moutons courbés sous le joug vampirique du capitalisme marchant droit vers l’abattoir sans gémissements. Rouages de la société, ils n’en étaient pas respectés pour autant… Les troquets étaient étalés sur leur chemin de retour comme des pièges sur la piste du gibier. Et si le gibier s’y laissait prendre, les ouvriers n’y échappaient pas non plus. Nicolas haïssait presque autant ces faibles victimes aux larges épaules que leurs maîtres.

Le carreau était lui aussi rempli, comme une baignoire prête à déborder. Les cris fusaient au-dessus des inconobrés*, des cagots et de leurs barons*, des macs* et de leurs filles, des râleuses*, bonneteurs*, posticheurs*, grinches de la haute et basse pègre*, et autres pékins*. L’air sentait le légume avarié, le poisson, le mauvais cuir, et surtout la sueur rance. Ici, on dépouillait un gonze quelconque, là un autre battait déjà morasse… Nicolas serra quelques mains, puis se dirigea vers les Halles.

Les rues aussi étaient animées ce soir, et il devait se frayer un chemin à coups d’épaule dans la marée humaine. Ilot de tranquillité au milieu de l’agitation ambiante, esquif dans la marée des corps, astic* dans le cœur de la ville, prêt à la renverser à chaque pas. Oui, il se sentait inébranlable, une montagne assaillie par des canaques*, plurimillénaire et sacrée. Dans sa poche, son eustache* n’attendait que de s’abreuver de vermeil*. Sous son gilet, son soufflant* brûlait de souffler. Une jeune grinchisseuse* vidait adroitement les bourses des passants, mais il n’en avait que faire. Elle se dirigea dans sa direction. Vêtue comme une ouvrière, elle cachait cependant mal sa profession aux yeux exercés de Nicolas. A vue d’œil, il lui donnait une douzaine d’années. Ses mains, fines et lestes, trahissaient la pratique d’une autre profession, comme la couture ou la broderie.

Derrière lui, une femme criait au voleur: on venait de la dépouiller de toute sa fortune. Dure était la loi de la jungle capitaliste, jungle dont la ville n’était que l’incarnation matérielle, mais dont les tentacules économiques reposaient sur chaque épaule, y compris la sienne. Comme le disait si bien Marx, «Le capital est du travail mort, qui ne s'anime qu'en suçant tel un vampire du travail vivant, et qui est d'autant plus vivant qu'il en suce davantage.» Mais Nicolas ne la plaignait pas, car elle se soumettait à son destin, et qui se soumet à son destin ne peut pas se plaindre de celui-ci.

La petite avait réussi à se faufiler derrière lui, et, profitant d’un instant d’inattention, à glisser sa main vers sa poche. Il l’attrapa au vol, et se retourna brusquement.

-«J’te f’ras point d’mal. Tu perturbes sans l’savoir le flux d’la monnaie qu’était prévu. C’est quoi ton nom, frelotte*? T’es du coin?»

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