Les journées se suivaient et se ressemblaient bien souvent les unes aux autres, ici, à la Reine Blanche. Au début je restais un peu dans mon coin, ne cherchant pas vraiment à me mêler aux autres filles. Il est vrai que je n'avais pas trop de points communs avec elle, c'est du moins le préjugé que j'avais, n'étant pas issue ni du même milieu ni de la région parisienne, comme j'imaginais qu'elles l'étaient toutes. Je devais d'ailleurs paraître quelque peu prétentieuse à leurs yeux. Le temps ayant passé et ayant accepté, ou à peu près, mon sort, je me rendais compte que mon attitude n'avait pas de sens. Comme elles j'étais une prostituée et le milieu bourgeois dont j'étais issue était bien loin maintenant. J'avais donc fini par lier connaissance avec certaines de ces filles et me mêlaient maintenant à leurs babillages. J'avais sans doute plus d'affinités avec certaines, n'hésitant plus à parler avec elles de nos itinéraires respectifs.

Le programme de la journée était une sorte de rituel, comportant peu de surprises ou d'innovations. Il fallait bien sûr assurer la présence la plus longue possible dans les salons d'accueil de l'établissement. C'est là que venait les clients pour faire leur choix et je constatai rapidement qu'il pouvait y avoir une certaine rivalité entre les filles pour s'attirer les bonnes grâces de ces messieurs. Il est vrai que si le bilan était maigre à la fin de la journée, il y avait le risque de subir les foudres de la patronne. Celle-ci était exigeante, voulant voir rentrer suffisamment d'argent. Les reproches alors pouvaient être très violents et certaines filles se voyaient menacer d'être renvoyée de la maison pour aller gagner sa vie dans la rue, ce qui pouvait être beaucoup moins ... confortable!

Je disais donc que le programme se répétait de jour en jour. Je pouvais me permettre de ne pas me lever trop tôt et je passais un peu de temps à me préparer, me lavant longuement bien que le confort soit limité. Je prenais soin de ma peau, arrangeait ma coiffure avec une certaine lenteur, enfilait les vêtements qui se devaient d'être à la fois suggestifs sans être trop agressifs. J'avais appris à laisser voir ce qu'il fallait pour attirer l'oeil du bourgeois qui viendrait passer un moment ici. Il aurait, après m'avoir choisie, tout le loisir de découvrir bien d'autres choses de moi, quand, enlevant robe, jupon et corset je lui dévoilerais tout ou presque de moi. J'étais devenue, par la force des choses, assez experte en cet art.

La journée s'était déroulée, assez calme, moins d'effervescence que la veille où il y avait eu le traditionnel remue ménage provoquée par la fameuse visite médicale. Point de cela aujourd'hui et j'avais été deux fois dans la chambre du 1er étage avec des clients qui n'étaient pas à leur première visite à la reine Blanche. Pour l'un c'était la première fois que j'allais avec lui, pour l'autre c'était, si j'osais le dire, un habitué, presque chaque semaine. L'homme se montrait souvent assez généreux, ce qui ne me déplasiait point car la mère maquerelle et Arthur ne me laissaient pas grand chose. L'après-midi était déjà bien avancée et nous n'étions que trois filles dans le salon àcet instant. je devisais, presque gaiement, avec mes deux compagnes quand un homme se présenta. A son arrivée nous cessâmes de parler pour nous préoccuper d'arranger notre tenue, pour être à la fois la plus présentable et la plus séduisante possible.

Je réajustais donc le bustier de ma robe, dévoilant un peu plus la courbe de mes seins, prenant une pose un peu lascive sur le petit fauteuil où j'étais enfoncée. Discrètement j'observais l'homme qui paraissait sérieux avec sa barbe bien taillée, plutôt élégamment vêtu. J'imaginais sans peine qu'il cherchait un moment de détente avant de rentrer retrouver sa chère et tendre épouse qui était peut-être en train de faire quelque broderie. Je lui adressais un sourire charmeur, avec juste la petite pointe d'esprit canaille, comme on m'avait appris à le faire. J'allongeais les jambes que j'avais longues et joliment fuselées, avec les mollets bien galbés que j'avais soigneusement découverts en jouant sur les plis de ma robe.

Pour lui, la journée avait été pareille aux autres, c'est-à-dire totalement différente des jours passés et des jours à venir. Quand bien même cet aspect de la vie éditoriale pouvait-il sembler paradoxal (du moins quand on le décrivait comme cela), Jules Spéret ne pouvait qu'aimer cette absence de monotonie et cette perpétuelle nouveauté. Cela dit, si son travail était à son sens le plus intéressat qui pût exister, il figurait également parmi les plus épuisants, et l'éditeur finissait ses journées envahi du profond désir de se délasser. Tel était le cas aujourd'hui, alors qui prenait d'un pas guilleret la direction de la Reine blanche, impatient à l'idée de se retrouver en compagnie de magnifiques jeunes femmes tout à fait à sa portée... Voilà qui le changerait de la morne Séraphine, son épouse !

En habitué, il poussa la porte de la maison close et se retrouva bien vite dans une atmosphère des plus... aguichantes, pour ne pas dire autre chose. Trois magnifiques jeunes femmes en pleine conversation cessèrent aussitôt de discuter pour arranger leurs vêtements de manière à en laisser entrevoir le plus possible tout en réservant des surprises pour la suite. Il leur adressa un large sourire à toutes trois, mais son regard s'attarda un peu plus longuement sur une jolie brune au visage un peu mat et aux grands yeux sombres. Quoiqu'il vînt souvent dans cette maison close, il lui semblait ne l'avoir encore jamais vue... Peut-être était-elle occupée avec des clients, peut-être simplement n'avait-il pas fait attention. Mais des trois, il était la seule qui n'ait pas encore visité ses bras.

Ce facteur-là fut décisif dans le choix de sa compagne d'une heure ou deux. Néanmoins, par politesse comme par simple amitié, il ne se priva pas d'adresser quelques compliments aimables aux deux délaissées, pas plus que de les embrasser légèrement - profitant de l'occasion pour leur glisser une petite pièce dans la main, parce qu'elles étaient tout de même très jolies (malgré le maquillage en raton-laveur de l'une) et parce qu'il savait bien qu'elles ne touchaient pas énormément... Puis, arrivé à la dernière, qui avait sans doute compris entre temps qu'elle était son choix du soir. Subodorant déjà les effluves de sa lourde chevelure et de sa peau soyeuse, pressentant déjà les intumescences du galbe de ses seins et de ses cuisses entre ses mains, il lui offrit bien aimablement sa main, plongeant ses yeux noirs dans les yeux noisette. C'était décidé : cette agréable jeune personne serait celle qui égaierait sa solitude ce soir !

- Mademoiselle..., fit-il en baisant les délicats doigts fuselés (et en ne se privant pas de jeter un oeil sur la poitrine rebondie de la prostituée... comme quoi, il n'était pas véritablement un gentleman, bien qu'il ne fût pas non plus une brute avinée), me ferez-vous le plaisir d'être ma compagne de cette soirée ?

Spoiler:

Je n'officiais à la reine Blanche que depuis quelques semaines mais j'avais rapidement compris que les filles qui s'y trouvaient pouvaient passer les longs moments d'attente à babiller, à parler de tout et de rien comme de grandes amies, il n'en restait plus rien quand un client se présentait. Chacune rivalisait de séduction pour s'attirer les bonnes grâces du nouvel arrivant. Il était important pour chacune d'entre nous de ne pas passer toute la journée à attendre mais bien au contraire d'aller dansl'intimité d'une des chambres pour satisfaire le mieux possible ce client. Même si cela m'avait dégoûté au début, j'avais vite réalisé où était mon intérêt et je ne voulais pas subir les railleries et les reproches de la patronne quand elle faisait les comptes.

Mon coeur s'affola quelque peu quand je vis l'homme se diriger vers mes deux compagnes du moment, leur glisser un petit mot à l'oreille. Mais que leur trouvait-il donc ? l'une était outrageusement maquilée sans doute pour masquer un peu mieux son âge, une bonne dizaine d'années de plus que moi, ce que ne parvenait pas à faire la deuxième, encore plus mûre et qui avait déjà dû passer quelques années dans la maison. Je fus cependant ravie quand il les laissa pour se rapprocher de moi. Il me regardait et ce regard s'attardait longuement sur ma poitrine, ce qui, il y a quelque temps m'aurait fait rougir, mais avait plutôt tendance aujourd'hui à me combler d'aise. La jeune provinciale naïve était maintenant bien loin. Je m'arrangeais même, alors qu'il était tout près de moi, à dévoiler un peu plus, c'est à dire très largement, mes seins. Il s'était penchée pour prenrde ma main et en baiser les doigts, à moins que ce fut pour avoir une vue encore plus plongeante sur mon décolleté. Et je fus encore plus ravie quand il me demanda si j'acceptais de lui tenir compagnie ce soir.

"Mais bien entendu Cher Monsieur ... vous connaissez je pense les conditions ... nous pouvons aller au 1er étage ... nous y serons au calme ..."

Ce serait mon troisième client de la journée, ce qui n'était déjà pas si mal. La patronne serait contente Je pris un air enjoué e me levant de mon siège pour me diriger vers l'escalier, le client me suivant visiblement très satisfait de son choix vu la façon dont il ne cessait de me regarder des pieds à la tête. Je cherchais à rester la plus aguichante et la plus légèrement séductrice possible bien que j'eus en tête quelques soucis qui ne cessaient de me turlupiner. La visite médicale de la veille s'était certes bien passée, pour moi comme pour toutes les filles d'ailleurs. Mais il y avait maintenant 5 bonnes semaines que je n'avais plus eu mes "indispositions". Cela avait l'avantage de ne pas interrompre mon "activité" mais je savais aussi, je l'avais appris au contact de certaines des filles oeuvrant à la Reine Blanche, que cela pouvait bien vouloir dire que quelques ennuis risquaient de se profiler à l'horizon. Et je ne savais auprès de qui chercher conseil à ce sujet.

Une fois arrivée en haut de l'escalier j'ouvris la porte de la chambre et laissait passer mon client. La pièce était très sobrement meublée, un grand lit recouvert d'un gros édredon bien moelleux, une table avec une chaise et un fauteuil tapissé d'un velours rouge, une petite cuvette et un broc d'eau. L'éclairage était assez faible d'autant que le jour baissait à l'extérieur, ne laissant passer qu'un peu de lumière à l'intérieur de la pièce. Je m'approchais du client.

"je m'appelle Louison Monsieur ... pour vous servir ..."

Comme il s'y attendait, la prostituée répondit par l'affirmative. Il eût été étonnant qu'elle fît le contraire, de toute manière : après tout, n'était-ce pas là son métier ? L'éditeur hocha la tête en signe d'acquiescement lorsqu'elle l'invita à passer avec lui au premier étage et la suivit, profitant d'ailleurs de l'occasion pour admirer la jeune femme de dos. Belle chute de reins, ma foi ! et qui promettait de délicieuses minutes... ou heures, d'ailleurs. Il n'était pas homme à ne passer que dix minutes dans les bras d'une inconnue, à ne profiter que de la compagnie du corps. Non, il attachait également de l'importance à faire connaissance avec sa compagne d'un soir, quelle qu'elle soit, quitte à payer plus cher, pensant que la connaissance de l'esprit participait au plaisir du corps. Une conviction comme une autre.

La jeune femme le fit entrer dans une pièce confortable. Avisant la table, il y posa son chapeau et sa canne, puis déboutonna son paletot et s'assit sur le fauteuil pendant qu'elle se présentait. Louison... Un fort joli prénom pour cette beauté à la pureté classique ! Un prénom qui avait quelque chose de retenu, d'un peu timide, comme l'était cette jeune femme qui lui faisait face, en dépit de ses nombreuses agaceries. D'ailleurs, il lui semblait bien ne l'avoir jamais vue... Pourtant, il passait de temps en temps à la Reine blanche... Sans doute ne l'avait-il jamais vue parce que d'autres clients prenaient soin d'elle alors qu'il arrivait ? Ce ne serait pas étonnant : après tout, elle était bien jolie... Pas comme la plupart de ses compagnes, que le métier avait fanées...

" Eh bien, Louison... Venez donc, mon petit... ", fit-il en l'invitant d'une tape sur sa cuisse à s'asseoir sur ses genoux. Quitte à passer un bout de la soirée avec elle, autant en profiter un peu, non ?

" Je m'appelle Jules. Il me semble ne vous avoir jamais vue avant ce soir... Seriez-vous nouvellement arrivée ? "

Spoiler:

Je m'étais finalement habituée à cette sorte de cérémonial qui se déroulait lorsqu'un client avait décidé de passer un moment avec moi. La honte des premiers jours s'était progressivement estompée. Je me faisais une raison, me disant qu'un jour peut-être un autre sort me serait réservé et j'oublierais alors très vite, c'était du moins mon espoir, ces jours et ces soirées passés à satisfaire les envies de ces messieurs. Ma petite vie provinciale dans une famille bourgeoise était bien loin désormais et je n'envisageais même pas d'y retourner un jour. Si je devais sortir de cette maison close ce serait pour vivre à Paris, sortir, profiter des spectacles, de l'agitation qui régnait dans cette ville.

L'homme, qui s'appelait Jules, il me le dit sans fioritures, m'adressa un petit signe en tapotant sa cuisse. Pour lui j'étais Louison la jeune prostituée qu'il rencontrait pour la première fois. Et Louise était désormais bien loin pour moi. J'avais vraiment endossé les habits de la nouvelle Louison. Il s'étonnait de ne m'avoir encore jamais vue ici. Je vins m'asseoir sur ses genoux comme il m'y avait invitée. Je me calais bien contre lui, remontant robe et jupon suffisamment haut pour dévoiler largement mes cuisses.

"Nouvellement arrivée ? en quelque sorte ... bien que le temps passe plus vite qu'on ne l'imaginerait parfois. Il y a un peu plus d'un mois que je ... travaille ... ici et moins de 6 mois que je suis arrivée à Paris ... je suis une ... provinciale ... vous n'avez rien contre les provinciales ? ..."

Je ponctuais la fin de ma réponse par un petit rire, tout en me lovant un peu plus contre lui et en commençant à écarter les pans de son vêtement. Je ne savais pas à cet instant quels étaient les intentions du client et ce qu'il attendait de moi. Faisait-il partie de ceux qui ne passaient que peu de temps ici, préssé de déguerpir une fois terminée leur petite affaire ? ou au contraire prendrait-il son temps, décidé à profiter d'un bon moment de liberté avec une fille qui lui donnerait le plaisir qu'il n'obtenait peut-être plus avec sa femme ? Cela me ramenait aux exigences de la patronne qui voulait que sa maison lui rapporte de l'argent.

"je n'aime pas trop parler argent mais ... avez-vous déjà réglé cette question avec la ... direction de l'établissement ? "

Aussi bien la maquerelle qu'Arthur m'avaient dès le début abondamment rappelé cette formalité pour que je ne l'oublie pas. Si ça se passait mal ce serait, au mieux, les derniers sous qui me revenaient qui s'envoleraient et, au pire, ... je préférais ne pas imaginer la "réprimande" cuisante qui s'ensuivrait. En attendant je me devais de me montrer sous mes meilleurs atours, que je ne me gênais pas pour lui dévoiler.

. "vous êtes donc un client fidèle de la Reine Blanche ..."

Sa remarque sur le fait q'il ne m'avait pas encore vue ici m'avait conduite directement à cette question, que je posais avec le plus délicieux des sourires..

La petite savait ce que les hommes comme lui désiraient. Il sentait sur ses cuisses le frottement des tissus, le frottement de la chair ; sa main caressait distraitement le genou, puis la cuisse de la prostituée, retroussant les jupons, tripotant le noeud de la jarretière, le dénouant progressivement, faisant glisser le bas sur la longue jambe... De l'autre main, il enveloppait la taille ronde, caressait la hanche, tenait contre lui une femme qui n'aurait sans doute pas eu besoin de cette étreinte-là pour se coller à lui.

Quand bien même elle n'oubliait pas les finances.

Pour la rassurer un peu, Jules prit dans sa bourse un franc entier - une belle somme, déjà - et la glissa dans la main de la jeune femme. Cette pièce-là, elle en ferait l'usage qu'elle en voudrait, la mère maquerelle ne risquait certainement pas d'en connaître l'existence. Tout au plus penserait-elle que Louison avait reçu quelques sous, comme il le faisait d'ordinaire croire.

Après tout, un franc était bien composé de "quelques" sous, non ?

Ce n'était donc pas tout à fait un mensonge.

"N'ayez crainte, mon petit, tout est "réglé avec la direction de l'établissement". Et vous gagnerez sans doute quelques sous supplémentaires..."

Ce disant, l'éditeur dénoua la seconde jarretière et fit glisser le bas jusqu'à mi-mollet. La vue qu'il avait sur le corps encore frais et jeune de la prostituée n'était certes pas pour lui déplaire !

"Client fidèle ? Si l'on veut. Disons que je ne dédaigne pas de passer lorsque l'occasion se présente... c'est-à-dire, souvent."

Une manière comme une autre de lui faire comprendre qu'elle risquait bien de le revoir... De toute manière, elle aurait sans doute peu à se plaindre de lui : comme client, il n'était pas bien difficile, n'avait pas de fantaisies particulières, s'arrangeait pour que la relation soit plaisante pour l'un comme pour l'autre, donnait de larges pourboires... et restait ouvert à toutes sortes de propositions. D'ailleurs, concernant l'avenir de la soirée...

"Alors, dis-moi, Louison... Que me proposes-tu ? Nous avons tout le temps nécessaire..."

Le client était loin d'être désgréable. Il se montrait doux et prévenant. Depuis que j exerçais à la Reine Blanche, j'en avais vu de plus désagréables. Il me faisait penser à certans hommes sui venaient envisite chez mes parents et me regardaient d'un oeil bizarre, durant les mois qui avaient précédé sa fuite du domicile familiale. Mais ils restaient toujours corrects et ne se seraient pas permis des réflexions graveleuses devant ses parents ! A l'époque je n'aurais pas imaginé me retrouver à vendre mes charmes dans une maison "spécialisée". Je n'aurais tout simplement pas pu imaginer que cela existe. Et maintenant cela me paraissait presque naturel.

L'homme venait de me glisser dans la main une pièce que je cherchai ensuite à tâter pour avoir une idée plus précise de la générosité du client. Et je compris immédiatement qu'il ne se moquait pas de moi. Tous les clients n'étaient pas aussi généreux. Et, il me le confirma rapidement, cet argent était pour moi, j'en ferais ce que je voudrais. Cela voulait dire, et il le confirma, que le client avait déjà payé mes services auprès de la patronne. Je pourrais en avoir rapidement un bon usage. Je passai ma main sur mon ventre, repensant à ce qui me taraudait quelques instants plus tôt. 5 semaines déjà que je n'avais pas été indisposée. Je savais ceque cela voulait dire ou risquait fort de vouloir dire. Je ne serais pas la première fille à avoir ce genre de souci. Et si cela se confirmait il me faudrait faire appel à une de ces "guérisseuses" passées expertes en l'art de vous faire oublier ce genre de souci. Tout en restant fort discrète sur le sujet, je m'étais renseignée. On m'avait parlé de plusieurs dames, dont une certaine Dame Dauvais qui avait sa réputation. Elle savait faire passer ce genre de "problème" mais cela avait un pri0x et la pièce que venait de me donner le client ne serait pas de trop.

Mais cela ne devait pas m'empêcher de faire bonne figure. L'homme prenait visiblement plaisir à caresser mes formes, effleurant avec un plaisir évident mes hanches et mes cuisses, détachant avec un brin de nonchalance ma jarretière. Il devait attendre que je lui en donne pour son argent. Je me blottis contre lui, ouvrant lentement son veston, glissant mon doigt le long de sa chemise. J'ouvris alors les boutons et le regarda, un regard brulant, chargé de sensualité. J'étais maintenant tout contre lui.

. "vous êtes très ... généreux, Monsieur, et rien ne peut vous être refusé ..."dites ce qui vous ferait plaisir et je m'efforcerais de vous satisfaire."

Quelque semaines plus tôt de tels propos lui auraient fait honte, si seulement elle avait pu les prononcer. Mais aujourd'hui cela lui paraissait naturel. Lo

Un instant, il avait bien cru la jeune femme malade, à voir le geste qu'elle avait eu en direction de son ventre... Aurait-elle donc quelque douleur à dissimuler ? Il fallait bien avouer que l'éditeur, en homme qu'il était, mieux, en homme sans enfant et peu habitué à voir sa femme enceinte - Séraphine s'était contentée de deux fausses couches illustrant toute la mauvaise volonté dont elle faisait preuve à son égard -, n'avait pas songé à la possibilité qu'elle fût enceinte, ou du moins qu'elle le redoutât. S'il s'inquiéta, ce fut plutôt - et brièvement - pour sa santé à lui, avant de se ressouvenir qu'aux dernières nouvelles, les filles de la maison étaient réputées saines... Bah ! sans doute un faux mouvement, un point de côté, une démangeaison, quelque chose d'anodin ! Et il ne se préoccupa pas davantage du geste.

D'ailleurs, elle ne lui en laissa même pas le temps : déjà, la Louison s'en prenait à son veston, à son gilet, à sa chemise, tout en restant blottie contre lui et en l'assurant qu'en vertu de sa générosité, il pouvait demander tout et n'importe quoi... Oh ! il n'en voulait pas tant. Passer un bon moment en compagnie d'une fille affable - intéressée, certes, mais affable - lui suffisait, un moment qu'il n'aurait sans doute pas l'heur de passer avec sa "chère et tendre" épouse. Ce qu'il lui demanderait ? Si peu, et pourtant... peut-être cela serait-il beaucoup demander. Il n'était pas un client bizarre, il ne lui demanderait rien d'extravagant - contrairement à ce que sa mise pouvait laisser supposer. La laissant faire, l'étreignant, caressant sa taille mince et cherchant les lacets du corset sous les vêtements, dégrafant sans hâte la tenue et délaçant le sous-vêtement.

"Ce que je désire ne peut m'être refusé... Je n'abuserai pas de ce droit : je ne désire que quelques heures avec toi, tout simplement."

Il regarda autour de lui, cherchant des yeux une bouteille de vin ou de liqueur...

"Dis-moi, Louison... N'irais-tu pas me chercher quelque chose à boire ?"

Oui, oui, à moitié nue,vous avez bien compris...

Spoiler:

Au fil des semaines passées ici, aiguillonnée par les directives ou les remarques acerbes venant de la maquerelle comme d'Arthur, poussée aussi par la rivalité qui s'établissait entre touts les filles travaillant ici, j'avais appris à m'adapter à la clientèle si variée de l'établissement pour trouver les mots et les gestes qu'attendait celui qui m'avait choisi. Il m'avait fallu surmonter bien des appréhensions, oublier mon éducation pour finalement ne plus ressentir, ou presque plus, de gêne à dévoiler mon corps, à l'offrir à mon client, à sentir les mains se poser sur moi, palper ma chair avec plus ou moins de délicatesse.

Et ce soir, une fois chassées ces idées sombres sur ma "santé", au moins provisoirement, j'avais à coeur d'être à la hauteur des attentes de mon client. D'autant que Jules se montrait généreux et qu'il n'était pas désagréable. Je gloussais quelque peu tandis qu'il me caressait la taille et détachait avec lenteur et délectation les lacets de mon corset. Ce faisant son regard parcourut la pièce et j'avais bien l'impression qu'il cherchait quelque chose. Et j'en compris la raison quand il me demanda si je pouvais aller lui chercher à boire. Il faisait partie de ces clients qui ne cherchait pas, en venant dans une maison close, qu'à satisfaire plus ou moins rapidement leurs pulsions. Il voulait aussi de la compagnie.

Le corset était maintenant totalement défait et ma poitrine se dévoilait sans pudeur à ses yeux. Avant de lui répondre je pris sa main et la passait doucement sur mes mamelons, frissonnant quelque peu à ce contact que j'avais moi-même provoqué.

"je vais aller vous chercher cela ... une petite liqueur vous fera certainement plaisir ... pour commencer cette délicieuse soirée ... "

Je lui dis cela avec un charmant sourire, tout en ressentant le mouvement de sa main sur ma poitrine. Je me relevais lentement avant de me diriger vers la porte, tout en continuant à fixer Jules. J'étais plus qu'à moitié nue, ne gardant plus guère qu'un malheureux jupon qui cachait mes cuisses et mes fesses, la poitrine à l'air. Je ne pris pas la peine de me rhabiller quelque peu et je n'éprouvais pas de honte à l'idée de me balader ainsi dans les couloirs de la Reine Blanche. Je descendis l'escalier pour chercher une bouteille de liqueur, que je fis mettre sur le compte de Jules, et deux verres. Le client avait visiblement ses habitudes ! Je remontais jusqu'à la chambre avec un petit plateau que je posais sur une petite table à proximité de l'endroit où le client m'attendait. Je sentais son regard posé sur moi alors quej'avançais dans la pièce et je m'amusais à accentuer le mouvement de mes fesses en marchant.

Je servis deux verres bien remplis et revint vers lui en lui tendant un des verres avec un délicieux sourire. quand il l'eut pris, d'une de mes mains, l'autre tenant le deuxième verre, je relevais le jupon, seule pièce de tissu qui cacha encore quelque chose de mon corps, découvrant la peau claire, presque blanche, de mes cuisses, et je m'assis sur ses genoux.

"vous êtes un bien singulier client ... qui aime prendre son temps ... pour profiter de tous les plaisirs de la vie ! ... Je parie que vous devez être au courant de toutes les dernières rumeurs qui courent dans Paris mais qui ne parvienent pas souvent, hélas, jusqu'ici ... des spectacles qui se montent ou qui ont du succès... "

C'était l'occasion de renouer avec ce qui m'avait attirée comme un mirage à Paris et dont je n'avais guère eu l'occasion de parler depuis que j'étais dans la capitale. Je portais le verre à mes lèvres, tout en me blotissant contre lui, et but une bonne gorgée de liqueur. L'alcool, à la fois doux et fort, coula doucement dans ma gorge et je trouvais la sensation bien agréable.