Le chapeau ! C’est LE CHAPEAU qui fait la différence, mais oui ! C’est sûr !

Yann venait de s’arrêter devant une boutique de chapeaux. Juste avant ça, il marchait dans les rues parisiennes et se demandait pourquoi, lui, beau garçon comme il était, n’arrivait pas à séduire autant de femmes que les bourgeois qu’il voyait à l’œuvre dans les différents cabarets qu’il fréquentait. Et donc, selon lui, c’était le chapeau qui faisait toute la différence ! Et, en tout état de cause, son vieux couvre chef ne devait plus séduire que les mites et les souris tellement il était usé. Heureusement, il avait trouvé, un jour, un chapeau melon un peu plus classe que son « éternel » chapeau marron. Mais la forme ne lui plaisait pas… ou était-ce la couleur ? Ce noir était vraiment très austère. Aussi, il jeta un œil dans la vitrine de la boutique.

Mmmh, celui-ci est pas mal. Celui-là ne m’irait pas…

Et puis il vit une petite vendeuse derrière les chapeaux. Plutôt simple, pas intimidante pour un sous, plutôt jolie aussi, il fallait l’avouer, elle convainquit – sans le savoir – notre naïf Breton, d’entrer dans sa boutique.

Néanmoins, lorsque la clochette tinta et que Le Guélec referma la porte derrière lui, il se trouva d’un seul coup bien démuni dans cet environnement si différent de ceux dont il avait l’habitude. Les tissus, les belles toilettes, tout ça était loin, mais alors très loin de ce qu’il connaissait ! Lui, vous le savez, était plus bistrots et cabarets populaires. D'ailleurs, il hésita un instant à rebrousser chemin, mais c'était trop tard ! Il était pris au piège ! Un piège horrible venait de se refermer sur lui : c'était une voix. Une jolie petite voix féminine qui ... s’adressait à lui !

Sortirait-il vivant de ce traquenard ?

Zélie virevoltait entre les rayons du magasin, remettant en place une plume ici, lissant un bouillonné de satin là, redressant une toque... Il faisait beau aujourd'hui, et Zélie se sentait d'humeur joyeuse. De plus, une cliente l'avait chaudement remercié ce matin pour ses conseils avisés. Bref, cette journée s'annonçait des plus agréables !

Alors qu'elle promenait son regard tout autour de la boutique pour voir si elle pouvait encore ranger quelque chose, la clochette de la porte tinta allègrement.
Elle se retourna et vit un jeune homme, très bien mis de sa personne et plutôt séduisant, se tenir juste devant la porte. Il semblait hésiter entre avancer et rebrousser chemin. Son chapeau était par contre dans un état déplorable, et Zélie se dit qu'il était en effet temps qu'il s'en achète un autre !

La boutique où elle travaillait était plus spécialisée dans les chapeau féminins, mais au fond de la boutique et en vitrine, il y avait quelques couvre-chefs masculins.

Toutes les autres vendeuses étaient dans le fond de la boutique, alors Zélie s'avança vers ce nouveau client. Elle rougit un peu, d'ordinaire, elle ne s'occupait que des femmes, et avait encore du mal à s'adresser à un homme qui ne soit pas de sa famille. Mais elle continua d'avancer bravement vers le jeune homme, jusqu'à être assez proche pour lui demander :

- Bonjour Monsieur, et bienvenue ! Que puis-je faire pour vous aider ?

Bonjour Mademoiselle, et bien euh… je cherche un chapeau ! Je voudrais remplacer celui là par… quelque chose de plus… Comment dire, quelque chose de plus beau, quoi.

La petite vendeuse semblait presque aussi mal à l’aise que Le Guélec… ce qui, bizarrement, lui donna un peu de confiance ! Alors, il lui « déballa » la suite, tout sourire :

En fait je sais pas du tout quoi choisir comme chapeau, j’y connais rien ! Z’auriez que'que chose, pour des têtes comme la mienne ?

Il dit cela avec beaucoup d'auto-dérision, s'amusant lui-même de sa méconnaissance des chapeaux, et espérant par là s'attirer la sympathie et la bienveillance de la jeune vendeuse !

-Euh, et bien euh… je cherche un chapeau ! Je voudrais remplacer celui là par… quelque chose de plus… Comment dire, quelque chose de plus beau, quoi.

Zélie se retint de pouffer de rire. Ce pauvre jeune homme ne semblait pas vraiment à sa place dans cette boutique ! Enfin, elle n'aurait pas de difficulté à trouver quelque chose de mieux que la vieillerie qui ornait actuellement son crâne... Restait à savoir s'il aurait de quoi payer... La clientèle de la boutique était majoritairement constituée de bourgeois, voire de personnes appartenant à la petite noblesse, et lui n'en avait pas vraiment le profil. Mais c'était peut-être un artiste original.
Le jeune homme lui sourit alors et ajouta :

- En fait je sais pas du tout quoi choisir comme chapeau, j’y connais rien ! Z’auriez que'que chose, pour des têtes comme la mienne ?

Zélie lui sourit en retour. A son accent, elle comprit qu'il n'était pas un natif de la capitale, tout comme elle. Voilà qui expliquait pourquoi il semblait perdu dans la boutique !
Du coup, elle se sentit rassurée, et la rougeur de ses joues disparut. Après tout, il était presque comme un cousin éloigné !

Elle l'entraina alors vers le fond de la boutique et lui montra un chapeau :

- Je crois qu'un modèle en feutre comme celui-ci vous conviendrait très bien. Il est simple et convient à toutes les occasions, mais il est en même temps très élégant. Qu'en pensez-vous ? Voulez-vous l'essayer ?

Yann se sentait un peu mieux car la jeune vendeuse semblait se décrisper peu à peu. Elle l’emmena au fond de la boutique afin de lui présenter un modèle de chapeau qu’elle qualifia de « simple » et « très élégant ». Ces mots ravirent notre cher breton !

Simple et élégant ? Tout comme moi en fait !

Il sourit à la vendeuse, posa son vieux chapeau de feutre et essaya le nouveau.

La vendeuse lui indiqua un miroir. Yann se regarda dedans et… se trouva bizarre !

Mmmh, fit-il, dubitatif, j’ai l’impression – il ajusta le chapeau sur son crâne – que…

De voir sa tête sous un nouveau chapeau le surprenait beaucoup. Mais peut-être que, tout simplement, celui-ci ne lui allait pas ?

… je sais pas… et … Et vous, vous en pensez quoi?

Le jeune homme enleva son vieux galurin et posa le chapeau que Zélie lui proposait sur sa tête avec un sourire.

Il s'agissait d'un chapeau très simple et qui se vendait plutôt bien chez les petits bourgeois. Zélie avait donc pensé tout naturellement à présenter d'abord ce modèle au jeune homme.

Mais dès que le jeune homme eu mis le chapeau sur sa tête, elle se retint d'éclater de rire. Il ne lui allait pas du tout ! Avec son visage plutôt allongé, ce chapeau lui faisait presque une tête de clown.
En attendant de pouvoir reprendre sa contenance, Zélie lui indiqua le miroir le plus proche, en espérant qu'il se rendrait compte de lui même que ce modèle n'était pas fait pour lui...
Le jeune homme s'avança alors vers le miroir et se regarda attentivement, l'air dubitatif :

- Mmmh, j’ai l’impression que… je sais pas… et … Et vous, vous en pensez quoi?

Alors, Zélie ne put se retenir, et éclata d'un rire cristallin :

-Je pense que vous n'allez pas être un client facile ! Mais nous finirons bien par vous trouver un modèle qui vous ira !

C'était drôle, elle ne se sentait pas timide ou empruntée devant cet homme, contrairement à d'habitude. Peut être était ce parce qu'il était si différent de ses clients habituels...

En voyant Yann avec le nouveau chapeau sur la tête, la vendeuse éclata de rire ! Yann, qui pourtant n’était pas très soupe au lait, en fût un peu vexé !

Je pense que vous n'allez pas être un client facile ! Ajouta-t-elle même !

Yann ne pouvait évidemment pas quitter la boutique comme ça. Alors, le rouge aux joues, il dit:

Vous croyez ? Je sais pas si j’ai une tête à chapeau tout compte fait… Ce serait bien ma veine ! Vivre à une époque où on doit porter des chapeaux, et être moche avec…

Il soupira.

Enfin, si vous y croyez, on peut quand même en essayer un autre… Ajouta-t-il, désabusé.

A ce moment là, une autre vendeuse – ou était-ce la responsable ? – passa à proximité du jeune breton et le toisa avec un certain dédain.

Monsieur.

Bonjour, répondit d’un air froid Le Guélec. Elle a pas l’air commode celle-là, murmura-t-il à « sa » vendeuse.

Zélie regretta instantanément d'avoir ri en voyant les joues du jeune homme se colorer. Elle n'avait pas voulu se moquer de lui, elle était juste d'humeur joyeuse aujourd'hui.
L'air morose, il la regarda et lui dit en soupirant :

- Vous croyez ? Je sais pas si j’ai une tête à chapeau tout compte fait… Ce serait bien ma veine ! Vivre à une époque où on doit porter des chapeaux, et être moche avec…

Zélie s'en voulait de l'avoir blessé, c'était juste que ce chapeau ne lui allait pas...

- Enfin, si vous y croyez, on peut quand même en essayer un autre… Ajouta-t-il, l'ait tout malheureux.

Zélie réfléchit alors attentivement en le regardant pour trouver Le chapeau qui lui conviendrait. Au même moment, Amédée, la Première vendeuse passa juste à coté d'eux et salua le jeune d'un air foid et supérieur.Zélie lui lança un regard noir en retour. Mais pour qui se prenait-elle celle-la avac ses grand airs ? Si Zélie s'entendait bien avec les autres vendeuses, elle ne pouvait pas supporter Amédée, qui le lui rendait bien...

- Elle a pas l’air commode celle-là, murmura alors le jeune homme en la regardant

- Ne faites pas attention à elle. Elle méprise tous ceux qui ne sont pas de haute naissance et qui ne sont pas parisiens d'origine. Et pourtant croyez-moi, elle n'est pas plus parisienne que vous ou moi ! Enfin... Essayez donc ce chapeau-ci. Il est très original, vous ne le verrez pas sur toutes les têtes celui-là !



Hésitant, le jeune homme prit le chapeau et le posa sur sa tête. Zélie fut très fière d'elle, cette fois il lui allait plutôt bien !

La vendeuse présenta alors un autre chapeau à Yann. Celui-ci était en paille. Attention, ce n’était pas un chapeau de paysan, entendons nous bien. C’était une sorte de canotier un peu haut, avec un petit ruban noir. Yann n’aurait, a priori, jamais choisi un tel couvre chef mais, après tout, il pouvait bien l’essayer… Et, apparemment, à en croire le sourire de la vendeuse, il lui allait mieux que l’autre !

Ah, vous riez pas ? C’est plutôt bon signe ! S’amusa le breton.

Néanmoins, il n’était pas très convaincu… Il tournait la tête de gauche à droite et de droite à gauche pour tenter de se faire un avis, le réajustait, plus enfoncé, moins enfoncé, incliné en avant, en arrière…

Ah oui, comme ça c’est pas mal… J’aurais jamais pensé à un chapeau comme ça, mais c’est vrai qu’il... qu'il passe ! Dit-il avec un petit sourire avant d’ajouter :

Mais dites-moi, entre nous, si vous me croisiez dans un cabaret, là comme ça, avec ce chapeau… vous … vous vous diriez quoi ?

Il valait mieux être sûr de l'effet qu'il pourrait ainsi produire, n'est-ce pas ?

- Ah, vous riez pas ? C’est plutôt bon signe ! plaisanta le jeune homme en essayant différentes positions sur sa tête.

Il se regardait attentivement dans le miroir, indécis. Enfin, il dit avec un petit sourire :

- Ah oui, comme ça c’est pas mal… J’aurais jamais pensé à un chapeau comme ça, mais c’est vrai qu’il... qu'il passe ! Mais dites-moi, entre nous, si vous me croisiez dans un cabaret, là comme ça, avec ce chapeau… vous … vous vous diriez quoi ?

Un cabaret ! Pouvait-il sérieusement croire qu'elle pourrait entrer dans un cabaret, elle ! Elle en eut presque un hoquet de surprise.

- Mais monsieur, je ne vais pas dans les cabarets ! Ce n'est pas un endroit pour une jeune fille respectable !

Elle se sentit soudain un peu triste. Peut-être n'était-il pas un jeune homme aussi honnête et travailleur qu'elle l'avait cru tout d'abord. Vu son accent, elle s'était imaginé qu'il était monté de sa province comme elle, pour travailler dur.
Mais les cabarets lui semblaient de tels lieux de perditions. Elle se les imaginait comme des antres sombres, enfumés, pleins de voleurs et filles de mauvaise vie...

Félicité ! Pensa Le Guélec, un peu malgré lui, lorsque la vendeuse lui rétorqua que les cabarets étaient des endroits de perdition. En effet, la remarque de la commerçante lui semblait tout à fait digne de la domestique qu’il aimait tant et pour qui boire un simple café en compagnie d’un homme semblait la plus affreuse perversion !

Il tenta de se justifier.

Non mais c’était une supposition ! J’me doute bien que vous y mettrez jamais les pieds – et pourquoi pas ? – mais, comment dire… Vous trouvez qu’avec ce chapeau je suis… hum – il baissa la voix – plus séduisant ?

Il avait bien un air inquiet, un peu candide, le goéland, mais tout de même, là, il s’enfonçait bien plus qu’il ne se rattrapait, n’est-ce pas ?

Le jeune homme semblait vraiment dépité par ses dernières paroles malheureuses. Si Zélie n'avait pas ressenti un petite déception, à découvrir qu'il fréquentait ces lieux, elle aurait ri de son air tout penaud...

- Non mais c’était une supposition ! J’me doute bien que vous y mettrez jamais les pieds !

Bon, du moment qu'il comprenait tout de suite qu'elle n'était pas "ce genre de femme", elle voulait bien lui pardonner. Les jeunes hommes sont toujours si turbulents dans les romans ! Et il devait leur être si difficile de résister à la tentation à Paris... Elle pouvait comprendre cela, même elle rêvait de pouvoir se promener dans les coins et recoins de Paris, sans craindre les rumeurs et les qu'en-dira-t-on. Mais elle était une femme, et toujours elle se devait de prendre garde à sa réputation...

Le jeune homme continuait à la regarder avec un air de chien battu, une question posée sur le bord de ses lèvres :

- Mais, comment dire… Vous trouvez qu’avec ce chapeau je suis… plus séduisant ?

Sans réfléchir à ce qu'elle disait, Zélie lui répondit :

- Ho, vous savez, une femme regardera d'abord votre sourire avant de s'intéresser à votre chapeau...

S'entendant dire cela tout de go à cet inconnu, Zélie en fut effrayée et rougit violemment. Mais qu'est ce qu'il lui avait pris ?

La jeune vendeuse ne répondait décidément pas quelque chose de bien convainquant pour notre cher breton.  Certes un beau sourire était important mais Le Guélec ne venait pas pour s’acheter un sourire… Voyant la jeune femme s’empourprer, Yann décida de s’amuser un peu !

Je sais bien que mon sourire en ferait tomber plus d’une – il lui sourit – mais, un beau chapeau, c’est un plus ! C’est pas une vendeuse de chapeau qui dira le contraire, n’est-ce pas ?

Il se regarda de nouveau dans le miroir, s’habituant un peu plus à sa « nouvelle tête ».

Moui ! C’est vrai qu’il est bien !

Il hésita un instant en le reprenant dans ses mains pour le regarder sous toutes les coutures.

Et, ce chapeau – que dis-je, cette merveille ! – combien vaut-elle ?

- Je sais bien que mon sourire en ferait tomber plus d’une, mais, un beau chapeau, c’est un plus ! C’est pas une vendeuse de chapeau qui dira le contraire, n’est-ce pas ?

Normalement, jamais Zélie n'aurait toléré qu'un homme qu'elle connaissait si peu s'adressa à elle avec autant de familiarité. Mais ce jeune était si drôle, et il lui rappelait sa région natale, alors elle n'arrivait à lui en vouloir et à le remettre sèchement à sa place. Heureusement que sa grand-mère n'était pas là !

- Moui ! C’est vrai qu’il est bien ! Et, ce chapeau – que dis-je, cette merveille ! – combien vaut-elle ? Dit-il en tournant et retournant le chapeau dans ses main.

Voilà que le moment délicat arrivait pour Zélie. Elle allait devoir lui annoncer le prix du chapeau, et peut-être celui-ci allait-il être trop chèr pour le jeune homme.
Alors elle lui répondit, d'un ton hésitant :

- Eh bien, ce chapeau coûte... Il coûte 15 francs...

15 francs !

Elle en avait de bonnes la jolie p’tite vendeuse ! Le visage du breton montra surprise et gêne. Si Le Guélec avait gagné récemment 20 francs dans une affaire louche, il ne pensait pas devoir les dépenser si vite et pour un simple chapeau... Aussi, il entreprit de négocier un petit peu… Sait-on jamais ?

Mais… - il marqua une petite pause - vous m’feriez pas un … un prix d’ami ?

S’entendant prononcer le mot « ami » il sourit et se dit qu’après tout, ces 15 francs, il les avait ! Alors il s’offrirait ce sympathique couvre-chef, quelle que soit la réponse de la demoiselle, sa décision était prise !

Zélie guetta la réaction du jeune homme et vit son visage se crisper à l'annonce du prix. Bien sûr, il devait trouver que c'était trop cher !

- Mais, vous m'feriez pas un...un prix d'ami ?

Le visage de Zélie se décomposa. Lui faire un prix... Elle ne pouvait pas ! Elle n'était qu'une vendeuse du magasin, elle ne pouvait donc pas décider des prix. Elle pourrait à la rigueur aller demander à sa patronne, mais elle savait qu'elle n'aurait le courage de supporter son regard inquisiteur. Alors, elle baissa tristement la tête et murmura :

- Je suis vraiment désolée, mais je n'ai pas le droit de changer les prix des articles...

Et voilà que Le Guélec avait gêné la vendeuse avec sa demande de réduction ! Il sourit alors pour la sortir de l’embarras.

Non c’est pas grave, je le prends quand même !

Puis il lui tendit le chapeau et mis la main dans sa poche pour y prendre sa bourse. Il avait hâte de sortir avec son nouveau chapeau pour observer les réactions des gens qu’il croiserait dans la rue !

En attendant, Zélie l’emmena vers le comptoir pour régler son achat. Malheureusement, ils y retrouvèrent la désagréable vendeuse qui avait dévisagé le breton un peu plus tôt. Le Guélec la regarda un instant mais reposa vite ses yeux sur « sa » gentille vendeuse.

Un rayon de soleil éclaira la boutique.

Les beaux jours arrivent… il va être parfait ce chapeau ! Lui dit-il, convaincu.

La vilaine collègue soupira et quitta le comptoir.

Zélie était vraiment triste de ne pas pouvoir aider le jeune homme, mais il lui sourit soudain et lança, en lui tendant le chapeau :

- Non c’est pas grave, je le prends quand même !

Zélie sourit alors, soulagée, tout en prenant le chapeau. Il était si drôle ce jeune homme, elle aurait été vraiment déçue qu'il quitte la boutique désappointé...
Elle se dirigea alors vers le comptoir d'un pas alerte, un demi sourire toujours accroché sur ses lèvres. Amédée, derrière le comptoir, surprit son sourire et lui lança un regard furieux. Quelle rabat-joie ! Sèche et hautaine avec tous les clients, sauf les hommes riches, bien évidemment... Nul doute qu'elle n'allait raconter à la patronne que Zélie avait flirté avec un client. Mais Zélie n'était pas inquiète, sa patronne, bien que sévère, était juste et connaissait bien ses vendeuses. Elle savait que Zélie n'était pas "de ce genre là".
D'ailleurs, il n'y avait rien dans la conversation qu'elle avait eu avec le jeune homme qui puisse prêter matière à remarque, non ?

Toujours, joyeux, le jeune homme, qui suivait Zélie de prêt remarqua :

- Les beaux jours arrivent… il va être parfait ce chapeau !

Zélie sourit et passa derrière le comptoir, pendant qu'Amédée s’éloignait en marmonnant. Elle encaissa l'argent tout en répondant au jeune breton.

- Ho, oui, je suis certaine que vous allez en être très content à l'usage, et que vous reviendrez par la suite acheter tous vos chapeaux ici !
A ce propos, je ne ne vous fais pas un paquet, je suppose que aller vouloir le porter tout de suite ?

Le Guélec était bien content. Soleil, chapeau, vendeuse, tout était beau, clair et rayonnant !

Vous savez, notre grand breton n'avait pas l'habitude des magasins et des boutiques parisiennes. Alors, pendant que Zélie encaissait sa monnaie, il se demanda si cette charmante jeune fille qui s'était montrée fort aimable avec lui l'avait été uniquement par ce que c'était son métier, ou bien si elle n'avait pas ressenti une petit coup de cœur pour lui. Rares étaient les demoiselles qui étaient aussi aimables avec lui !

J'espère aussi ! 'Savez, si j'avais plus d'argent, j'viendrais ici tous les jours !

Il hésita à rajouter quelque chose mais se contenta de répondre à la question que la vendeuse lui posa.

Non, non pas de paquet, je vais le mettre directement !

Elle lui tendit le chapeau.

Merci !

Puis il le posa fièrement sur sa grande chevelure brune et se dirigea vers la porte. Là, il se retourna une dernière fois vers Zélie avant de soulever son beau couvre-chef à l'adresse de celle-ci.

Bonne journée et au revoir !

Le jeune homme semblait vraiment heureux, et Zélie ne put s'empêcher de se demander si c'était uniquement parce qu'il venait de s'acheter un chapeau neuf, ou bien parce qu'il avait trouvé la vendeuse charmante... On peut être sérieuse et soucieuse de sa réputation, savoir que l'on ne laisse pas un homme indifférent fait toujours plaisir...

- J'espère aussi ! 'Savez, si j'avais plus d'argent, j'viendrais ici tous les jours !

Zélie sourit, il avait décidément une manière de s'exprimer si pleine de franchise, si différente de tous les parisiens qu'elle avait rencontré !

- Non, non pas de paquet, je vais le mettre directement ! répondit-il à la question qu'elle lui avait posé.

Zélie lui tendit alors le chapeau, qu'il posa fièrement sur sa tête tout en la remerciant chaleureusement. Le jeune homme se dirigea ensuite vers la porte, puis se retourne vers la jeune vendeuse pour la saluer une dernière fois avant de partir.

- Au revoir, lui dit Zélie. Et à bientôt peut-être, murmura t-elle ensuite pour elle même.

Elle resta quelques instants à fixer la porte du magasin, puis secoua la tête et se dirigea vers le rayon des bonnets d'intérieur afin de les réarranger.
Après tout, elle n'était pas payée pour rêvasser !