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| Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Enquête de voisinage Lun 10 Fév - 10:26 | |
| Il s'élevait du quartier qui commençait à peine à être effleuré par les premiers doigts roses du soleil une chaleur légèrement embaumée. Les boulangers avaient fini leurs fournées et les cheminées noires qui jaillissaient des murs en brique relâchait les odeurs de pain chaud et de brioches coupées à l'eau que les chalands allaient bientôt s'empresser d'acheter. Bien qu'agréablement parfumé, l'air était sec et chaque pas semblait élever une poussière invisible qui encrassait les poumons et rendait la respiration sifflante. Ca et là on voyait les boutiques ouvrir leurs volets décolorés, les commerçants balayer devant leurs portes à la peinture écaillée, les commis se précipiter avec les livraisons... Tout respirait la pauvreté mais aussi la dignité et l'envie de bien faire. Lucien approcha des trois agents de la municipale en uniforme qui attendaient là. En le voyant ils le saluèrent. Une série de cambriolages avait eut lieu dans les maisons ouvrières avoisinantes. Cela n'aurait pas alerté la Sûreté qui aurait laissé la médiocre police échouer lamentablement à résoudre le crime en cours si plusieurs commerces n'avaient pas été récemment victimes. L'union des commerçants avait porté le coup à la Mairie. L'enquête était sans importance mais il fallait y montrer de la célérité : on envoya Lucien. Ce dernier ordonna aux policiers de faire le tour des commerces de la rue pour prévenir les commerçants et recueillir leurs témoignages. Quant à lui il avait repéré la petite boutique de chapeau qui semblait sortir des autres façades par son état impeccable ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : elle était récente. Il avança porté par ses longues jambes. Avant de pénétrer dans le magasin, il eut honte de se voir remettre sa mise. Il avait du mal à accepter son goût inutile pour l'étiquette. Il ouvrit la porte faisant tinter la petite cloche de cuivre au-dessus. Une petite jeune femme à peine sortie de l'adolescence était là qui arrangeait un fatras exceptionnel de chapeaux en tous genres. Lucien se décoiffa et s'inclina légèrement.
"Bonjour Madame, Je suis Lucien Rausa...".
Il sortit ses papiers d'identité.
"De la Sûreté.". |
| | | Zélie Vilard
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mar 11 Fév - 2:39 | |
| Il faisait chaud ce matin, et cela n'allait faire qu'empirer au cours de la journée. Zélie étouffait déjà dans son corset lorsqu'elle était arrivée à la boutique. Mais à l'intérieur, l'air était resté frais. Elle avait dû se rendre de très bonne heure à la boutique pour réceptionner une livraison de chapeaux de paille et les mettre en place dans la boutique avant l'ouverture. Avec cette chaleur, nul doute que les élégantes allaient se précipiter pour acheter des chapeaux aériens munis de voilettes, pour éviter à leur teint d'être brouillé par la poussière des rues. Zélie se dépêchait de mettre tous les chapeaux en place, avant que sa patronne n'arrive. Elle voulait faire bonne impression. Et qui sait, si sa patronne était vraiment satisfaite d'elle, peut-être lui offrirait -elle un chapeau de la saison passée ?
Plongée dans ses pensées, Zélie sursauta lorsque la clochette de la porte retentit. Elle se trouva face à un homme d'apparence très commune qui s'inclina respectueusement
"Bonjour Madame, Je suis Lucien Rausa de la Sûreté.". Dit-il en sortant ses papiers d'identité.
Madame. C'était bien la première fois qu'on l'appelait ainsi, et non mademoiselle. Elle regarda alors plus attentivement le jeune homme. Il ne correspondait pas à l'image qu'elle se faisait d'un homme de la Sureté, mais elle était sans doute influencée par ses lectures... Elle lui sourit alors timidement et lui répondit :
- Bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ?
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| | | Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mar 11 Fév - 6:35 | |
| Finalement la jeune femme faisait plus petite qu'il lui avait semblé de premier abord. Il ne put s'empêcher de la scruter, relevant des détails insignifiants. Elle lui répondit avec l'humilité caractéristique des jeunes ouvrières. Il tendit la main vers un des chapeaux posé sur une étagère, en effleura le rebord en feutre, épousseta légèrement la plume qui en ornait le côté.
"Pardonnez cette intrusion mais il y a eu plusieurs cambriolages dans le voisinage. Des commerçants se sont vus dérobés leurs biens et leurs caisses."
Il passa le doigt sur un bord de meuble puis fit glisser la poussière microscopique entre ses doigts. Cet air inquisiteur n'était pas issu se son métier mais de sa manière d'être.
"Je me doute que vous n'êtes pas ici depuis longtemps mais avez vous par hasard entendu ou aperçu quelque chose? En particulier..."
Il sortit un petit calepin relié en cuir qu'il ouvrit.
"Il y a six jours vers neuf heures du soir." |
| | | Zélie Vilard
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mer 12 Fév - 2:15 | |
| L'homme de la Sûreté la scruta un moment avant de répondre. Elle eut soudain l'impression d'être de retour devant le tableau noir de sa classe, juste avant d'être interrogée sur une leçon non apprise... Elle osait à peine lui rendre son regard, il avait l'air si sérieux et si froid ! Alors qu'elle se demandait ce qu'il lui voulait, tout en se tortillant les doigts, il lui dit :
"Pardonnez cette intrusion mais il y a eu plusieurs cambriolages dans le voisinage. Des commerçants se sont vus dérobés leurs biens et leurs caisses."
Elle frissonna à ces mots, et ne put s’empêcher de jeter un regard apeuré dans la rue. Et dire qu'elle avait été seule ce matin pour réceptionner la livraison de chapeaux ! Ho, si sa patronne Mme Berthier lui demandait encore d'ouvrir la boutique très tôt, elle refuserait. Elle ne voulait surtout pas courir le risque de se faire agresser par un voleur ! Elle ne saurait aucunement comment se défendre... Elle en était encore à se faire des frayeurs toute seule lorsqu'elle entendit que l'homme lui parlait de nouveau. Il venait d'ouvrir un petit calepin de cuir rouge, sûrement pour prendre en note tout ce qu'elle aurait à dire.
"Je me doute que vous n'êtes pas ici depuis longtemps mais avez vous par hasard entendu ou aperçu quelque chose? En particulier il y a six jours, vers neuf heures du soir."
A ces mots, Zélie lui répondit vivement :
- Vers neuf heures du soir ! Ho, mais monsieur, à cette heure je suis déjà de retour dans ma chambre ! Je suis sérieuse, je ne ne traine jamais dehors après avoir fini ma journée de travail !
A près avoir défendu sa réputation, elle se permit de lui demander d'une petite voix :
- Mr Rausa, est ce que je peux rester seule dans ma boutique ce matin ? Ma patronne et les autres vendeuses ne vont pas arriver avant deux bonnes heures... |
| | | Lucien Rausa
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mer 12 Fév - 3:42 | |
| Lucien ne put s'empêcher de sourire à la réponse de la jeune femme. Cela confirma ce qu'il pensait : à peine sortie de l'adolescence, célibataire et probablement sans famille à Paris. La cible idéale pour les prédateurs abominables qui grouillaient dans les bas fonds de la capitale. Fort heureusement cette jeune et naïve créature vivait dans un quartier plus calme et avait la jugeote nécessaire de ne pas rester la nuit dehors.
"Croyez moi, mademoiselle, je ne faisais aucune remarque sur votre honneur."
Lucien entendit la cloche tinter, un policier de la Municipale était entré, sans doute pressé de le voir les autoriser à retourner à leurs parties de cartes et à leurs concours de boisson. Lucien ne put réfréner un soupir de mépris. Il sortit un crayon et nota quelque chose.
"Aucun cambriolage n'a eu lieu en plein jour, vous êtes en sécurité. Toutefois si un homme vous semble suspect ne prenez aucun risque. Ceci étant dit pouvez vous me donner vos horaires de travail ainsi que votre adresse personnelle?" |
| | | Zélie Vilard
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mer 12 Fév - 5:42 | |
| "Croyez moi, mademoiselle, je ne faisais aucune remarque sur votre honneur." dit Lucien Rausa en souriant à Zélie. Comme son visage se transformait lorsqu'il sourait ! Il lui faisait soudain beaucoup moins peur. Elle fut rassurée également de voir qu'il avait compris qu'elle n'était pas de ces grisettes sans cervelles, qui flirtent avec tous les ouvriers, deviennent vulgaires et perdent leur réputation.
La cloche tinta de nouveau et un policier de la municipale entra et regarda Lucien Rausa, attendant sans doute ses ordres. Lucien nota encore quelque chose sur son calepin,avant de le refermer d'un geste sec.
"Aucun cambriolage n'a eu lieu en plein jour, vous êtes en sécurité. Toutefois si un homme vous semble suspect ne prenez aucun risque. Ceci étant dit pouvez vous me donner vos horaires de travail ainsi que votre adresse personnelle?"
Zélie se sentit rassurée tout d'un coup, elle ne risquait donc pas grand chose.
- je commence tous les matins entre sept heures et neuf heures, et je termine tous les soirs à dix-huit heures trente. J'habite à la pension de jeune fille de Mme Andrée, rue de Rome, je pense que vous devez connaître. Si vous avez besoin de me contacter, il vous suffit d'adresser un courrier à Zélie Vilard. |
| | | Lucien Rausa
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Sam 22 Fév - 6:59 | |
| Lucien entreprit de noter l'adresse que Zélie lui avait donnée. Pourtant alors qu'il était en pleine écriture il entendit le policier dans son dos qui s'occupait en touchant les chapeaux se mettre à ricaner doucement.
"Ma petite mademoiselle si vous voulez mon avis vous devriez pas donner comme ça votre adresse à des gens! Surtout quand on est jeune et jolie comme vous l'êtes!"
Lucien sentit son sang ne faire qu'un tour. Chaque jour il sentait sa patience mise à rude épreuve... Toutefois par retenue il ne montra rien de son énervement mais il devait toutefois défendre l'honneur de la petite ouvrière qui avait été ainsi raillée.
"Pardonnez moi il ne me semblait pas avoir demandé votre opinion dans cette affaire."
Le policier déglutit. Il se racontait tout un tas d'histoires étranges autour de Lucien. On disait qu'il disséquait les cadavres des condamnés à mort dans la morgue de Sainte Pélagie, qu'il expérimentait des drogues et des poisons sur des animaux errants et qu'il était capable de connaître l'heure de la mort e quelqu'un en goûtant son sang. Son asociabilité renforçait ces rumeurs et en faisait un inspecteur que les agents de la Municipale préféraient éviter. Mais Lucien était brillant et son taux de réussite dans ses affaires était trop haut pour que le Ministère s'en sépare.
"Non, Inspecteur... je voulais juste dire à la demoiselle que... - Pensez vous que cette jeune femme a tort de faire confiance à un Inspecteur de la Sûreté? - Non monsieur mais... Vous savez... Elle est jeune et le quartier est... - Pensez vous qu'il soit approprié de parler de choses funestes devant une jeune fille? - Non mais... je pensais... - Pouvez vous me faire le plaisir d'aller penser dehors. J'en ai bientôt terminé ici.
Le policier sortit sans doute en traitant dans sa tête de toutes sortes de noms Lucien. Quand ce dernier eût fini de noter il fit claquer son carnet et fit un sourire à la jeune femme. Lucien était en apparence insensible aux charmes féminins mais c'était une posture qu'il jugeait professionnelle et il devait admettre que sa "cliente" était charmante. Il se tourna un instant pour vérifier que le policier n'était pas encore là et dans un soupir :
"Toutefois soyez prudente : ne donnez pas votre adresse à n'importe qui."
Il entreprit de sortir quand soudain il s'arrêta. Il fit signe aux policiciers qu'ils pouvaient partir ce qu'ils firent sans se faire prier. Il se retourna et soudainement intimidé :
"Juste par curiosité... Quel chapeau me conseilleriez vous? |
| | | Zélie Vilard
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage Lun 24 Fév - 0:09 | |
| L'homme de la sûreté nota scrupuleusement l'adresse que Zélie lui donna sur son carnet, il était vraiment méticuleux. Au même moment, le policier qui semblait l'attendre dit à Zélie d'un ton moqueur :
"Ma petite mademoiselle si vous voulez mon avis vous devriez pas donner comme ça votre adresse à des gens! Surtout quand on est jeune et jolie comme vous l'êtes!"
Zélie regarda le policer, outrée. Comment osait-il s'adresser à elle sur ce ton si familier ? La pensait-il en plus si bête qu'elle irait donner son adresse au premier homme venu ? Mais, avant qu'elle ne puisse répondre, elle entendit la voix, froide comme un couperet, de Lucien Rausa :
"Pardonnez moi il ne me semblait pas avoir demandé votre opinion dans cette affaire."
Zélie lui fut reconnaissante de prendre sa défense. Voilà au moins un homme au fait des convenances et des bonnes manières. Pendant que l'échange entre Lucien Rausa et le policier se poursuivait, Zélie se dit qu'une fois passé le premier moment de malaise dû à son air très froid et sérieux, Lucien Rausa lui apparaissait comme plutôt sympathique. Et puis, sa grand-mère ne verrait aucun inconvénient à ce qu'elle parle avec un homme tel que lui. Il incarnait tellement la droiture morale ! Alors qu'elle était toujours plongée dans ses pensées, elle l'entendit congédier le policier.
- Pouvez vous me faire le plaisir d'aller penser dehors. J'en ai bientôt terminé ici.
Lucien Rausa ferma alors son carnet d'un cou sec et sourit de nouveau à la jeune femme. Comme elle n'avait plus peur de lui, elle put cette fois soutenir son regard sans rougir.
"Toutefois soyez prudente : ne donnez pas votre adresse à n'importe qui."
Zélie hocha la tête sans répondre. C'était drôle comme, de sa bouche, cette remarque n'insinuait pas qu'elle pouvait manquer de jugement, mais témoignait au contraire du grand intérêt qu'il prenait à la sécurité de tous les parisiens. Lucien Rausa tourna alors les talons pour quitter la boutique, et Zélie se sentit un peu triste de le voir partir si vite. Mais il se retourna soudain, et lui demanda soudain d'une voix bien différente de celle qu'il avait employé jusqu'alors :
"Juste par curiosité... Quel chapeau me conseilleriez vous?
Il était donc humain après tout ! Quel chapeau lui conseiller... Zélie le regarda un moment, la tête légèrement penchée de côté. Il importait de prendre tous les facteurs en compte... Après un moment de réflexion, elle lui dit :
" Eh bien, je suppose que, vu votre profession, vous devez certainement passer beaucoup de temps dehors, parfois sous la pluie. Il vous donc un chapeau qui soit avant tout pratique et solide. En feutre, c'est selon moi le plus approprié, car facile à nettoyer et résistant. Un chapeau en paille ou avec une base en carton bouilli s'userait bien trop vite... Alors... Un chapeau melon. C'est je pense le chapeau qui vous apporterait le plus de satisfaction à l'usage, Mr Rausa.
Elle le regarda de nouveau, et ajouta, en faisant un geste de la main :
"Souhaiteriez-vous en essayer un ?" |
| | | Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Lun 24 Fév - 0:34 | |
| Lucien était plus nerveux qu'à son habitude. Il avait une honte terrible de cette propension qu'il avait à faire attention à son apparence. Sa raison lui hurlait qu'il avait autre chose à faire, que le crime grouillait dans les rues et qu'un chapeau n'allait pas l'aider à nettoyer la ville. Pourtant Lucien était un jeune homme. Et dans cette cité être jeune et célibataire signifiait une attention particulière à son apparence. De plus son travail nécessitait d'être propre sur soi : il incarnait la justice et l'honnêteté. Du moins c'est ainsi qu'il se voyait. Son complet sombre, son long manteau qui laissait voir la chaîne de sa vieille montre à gousset étaient en accord avec les vêtements des autres inspecteurs de la Sûreté. Mais il est vrai qu'il n'avait pas de chapeau et que la mode était à cette accessoire. Penaud, comme luttant contre sa propre faiblesse de vouloir se fondre dans la société, il regarda les chapeaux melons que lui présentait la vendeuse. Il devait admettre qu'ils étaient beaux. Comme il serait fier avec ce chapeau! Et puis un chapeau melon c'était un choix respectable : pas de plumes ou autres excentricités modernes. Il grimaça un sourire.
Oui mademoiselle, je veux bien. |
| | | Zélie Vilard
Messages : 51
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Lun 24 Fév - 4:33 | |
| Zélie regardait Lucien Rausa, attendant de savoir ce qu'il voulait faire. Il semblait complètement indécis. Zélie se dit qu'en tant que membre de la Sûreté, il avait surement des journées très chargées, et des tâches très importantes à accomplir. L'achat d'un chapeau ne devait pas être une de ses priorités. Mais, d'un autre côté, en homme si respectueux des lois et des convenances sociales, il devait savoir qu'il lui fallait un chapeau reflétant sa condition. Zélie attendit donc patiemment qu'il se décide. Lentement, il eut un sourire contraint et lui dit :
- Oui mademoiselle, je veux bien.
Toute souriante, Zélie se tourna se tourna alors vers le rayon des chapeau melons et en choisit un de feutre noir, tout simple, mais bien épais et très bien taillé. Après tout, il fallait qu'il fasse honneur à sa profession ! Il fallait donc un chpeau qui ait de la prestance, sans être ostentatoire, et qui soit également bien résistant. Elle le saisit délicatement et le tendit alors des deux mains à Lucien Rausa en lui disant :
- Je pense que celui-ci vous ira très bien. Si vous voulez bien l'essayer... |
| | | Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Lun 24 Fév - 5:32 | |
| Lucien prit le chapeau à deux mains et entreprit d'en éprouver la conception doucement en faisant passer sa main à l'intérieur et sur le bord. Il semblait être de belle qualité. Il le mit lentement sur sa tête et admira le résultat dans un miroir. Il était tout à fait charmant sur sa tête. Il ne put camoufler un sourire et s'imaginait déjà marchant dans les rues de Paris ainsi coiffé. Il reconnaissait aussi que le chapeau devait être solide pour résister aux intempéries et à ses enquêtes dans les rues. Sobre et passe partout, il était en tout point idéal. Lucien fut soudainement de bonne humeur et laissa échapper un compliment.
"Excellent."
Il se tourna vers la jeune femme.
Je le prends, combien vous dois je? |
| | | Zélie Vilard
Messages : 51
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Lun 24 Fév - 23:37 | |
| Lucien Rausa prit le chapeau doucement, puis le posa sur sa tête et se regarda dans le miroir. Zélie trouva qu'il lui donnait beaucoup de prestance. Mais encore fallait-il qu'il lui plaise également... Elle le regarda donc, attendant un réaction de sa part. Soudain, il lâcha un :
- excellent
C'est court, direct mais suffisant. Zélie était intérieurement ravie. Le jeune homme se tourna alors vers la jeune femme et lui demanda :
- Je le prend, combien vous dois-je ?
Toute heureuse d'avoir encore fait mouche, Zélie sourit au jeune homme et lui dit !
- Ce modèle est à 25 francs. Souhaitez-vous que je vous fasse un paquet ou bien préférez-vous le porter tout de suite ? |
| | | Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Mer 26 Fév - 7:13 | |
| 25 francs c'était une belle somme. Heureusement Lucien dépensait peu et son salaire à la Sûreté était suffisant. Il sortit son portefeuille et en tira la somme demandée. Bien entendu qu'il allait le garder ce chapeau. Il s'imaginait retourner au bureau comme ça. Depuis longtemps ses collègues se demandaient pourquoi il s'obstinait à sortir par tout temps tête nue. Il avait un air de notable dans cette accoutrement et il en était satisfait, son professeur de père serait ravi. Il donna l'argent à la jeune vendeuse. Il avait rarement des élans de bonne humeur : son métier s'y prêtait peu. Mais à ce moment précis, dans l'ivresse de s'être offert quelque chose lui qui s'autorisait peu, dans la délicatesse de la nouveauté de son image, dans le bonheur un peu cotonneux de sa propre satisfaction, il se sentait précisément bien et regrettait presque de devoir quitter ce lieu qui semblait suspendu dans le temps, dans la fraîcheur printanière et de devoir quitter la jolie vendeuse à laquelle, malgré lui, il se sentait attaché.
Voici mademoiselle, je vous remercie.
Il regrettait déjà de devoir partir, on l'attendait sans doute pour un meurtre ou un suicide quelque part. Il devait se séparer de beaux yeux noirs de la jeune femme, cette jolie créature à peine arrivée qui venait de lui illuminer sa matinée... Ou du moins son heure. Il tendit l'argent d'une main défendante. Il porta la main à son chapeau pour saluer la vendeuse.
Bonne journée, mademoiselle. |
| | | Zélie Vilard
Messages : 51
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Jeu 27 Fév - 5:14 | |
| Lucien Rausa sortit son portefeuille de sa poche et paya Zélie.
- Voici mademoiselle, je vous remercie.
Ce chapeau le mettait vraiment en valeur, se dit Zélie. Il était plutôt bel homme ainsi, il avait une belle prestance qui le faisait paraître plus grand qu'il n'était. Zélie se demanda brièvement comment elle avait pu être effrayée au début, et rangea prestement l'argent dans la caisse en lui souriant.
Il semblait soudain un peu hésitant, se balançant légèrement sur ses pieds comme si il hésitait entre partir ou rester encore un peu plus longtemps. De son côté, Zélie n'aurait vu aucun inconvénient à ce qu'il reste, d'autant que sa présence la rassurait un peu. Ces histoires de cambriolage trottaient toujours dans un coin de sa tête...
Soudain, le jeune porta la main à son chapeau, et salua la jeune vendeuse
- Bonne journée, mademoiselle.
- Je vous souhaite également une bonne journée monsieur.
Et voilà, il allait partir... Soudain, Zélie lui lança :
- Excusez-moi ! Vous viendrez me prévenir, quand vous aurez arrêté ces cambrioleurs ? |
| | | Lucien Rausa
Messages : 62
| Sujet: Re: Enquête de voisinage Jeu 27 Fév - 6:40 | |
| Lucien fut stoppé soudain dans son élan. La jeune femme lui posa une question étonnante. Lucien se retourna sans bien comprendre. C'était bien la première fois que quelqu'un souhaitait voir revenir un inspecteur de la Sûreté. La réputation de ces agents étaient ternie auprès des ouvriers par l'image de nervis du pouvoir qu'ils renvoyaient. Pour autant Lucien ne put s'empêcher de ressentir une certaine satisfaction. Son quotidien était fait de corps à examiner, de tâches de sang à mesurer, de prostituées retrouvées gorgées d'opium... Cette face dégénérée et odorante de Paris qui se terrait derrière les belles devantures et les entrées luisantes des hôtels particuliers. Il était bon de voir que quelque chose, pour une fois, semblait marcher normalement. Ici, dans cette douce lumière d'Avril, la simplicité de cette jeune vendeuse, son combat quotidien pour vivre dans le bon chemin avec pour royaume ses chapeaux et pour arme son sourire candide, il lui semblait que Paris pouvait être sauvé. L'humilité rafraichissante de cette jeune fille qui ne semblait rien désirer de plus que coiffer au mieux les habitants de la ville était d'un tel réconfort! Comme si ce magasin était suspendu en fait au-dessus de la réalité. Lucien expérimentait des sensations nouvelles qui ne l'avait jusqu'alors jamais effleuré. Il ne savait pas pour ainsi dire comment il devait répondre ou agir. Il se contenta d'un sourire et de montrer son carnet.
"Je vous recontacterai, mademoiselle. J'ai votre adresse. Bonne journée à vous."
Lucien sortit coiffé. Il inspira profondément et fuit soudainement saisi d'une sorte de certitude : protéger Paris, c'était protéger cette jeune femme. |
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| Sujet: Re: Enquête de voisinage | |
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