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| Se poser les bonnes questions. | |
| Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Se poser les bonnes questions. Mar 11 Sep - 10:42 | |
| Voilà déjà trois jours que le vaniteux était mort... et la déception restait intact. Le Zozio voguait deçà-delà à ses occupations usuelles. Des fois les faisait-il avec sa joie habituelle, et des fois la mélancolie revenait. Quel était donc la source de ce mal ? Un bouleversement s'était produit en notre homme. Quelque chose était mort avec l'acteur, mais le vagabond ne saurait dire quoi. Une jolie perruque brune bouclée sur la tête, et une fine moustache sous le nez, le musicien marchait dans les rues, chantant à tue-tête sa nouvelle chanson. Elle était écrite tout spécialement pour un certain frère du Prince, qui trouva malin de faire passer une fausse rumeur sur la respectabilité d'une dame, et que malheureusement le Zozio relaya. Et le Zozio n'aimait pas les fausses rumeurs. Seules les vraies comptaient, comme celle-ci : "Fréneuse le deuxième fils A eu la peur de sa vie Quand il dut goûter aux délices Pour la première fois au lit !
Le jeune effarouché N'osait pas s'approcher ! Ainsi, la vieille catin Dut prendre les choses en main !
Gertrude peut encore en témoigner : Gabriel n'est pas très bien outillé !" L'oiseau chanteur en ria une fois de plus. Cette allégresse dura le temps de quelques rues, et voilà que la mélancolie reprenait. Des questions se bousculaient dans sa tête. Des questions qu'il n'arrivait pas à attraper au vol de ses pensées. Qui revenaient pourtant sans cesse. Des questions, des questions, encore et toujours des questions. Et jamais de réponse. Ses pas et ses pensées le conduisirent jusqu'au parvis de l'Eglise Saint-Etienne-du-Mont. Le vagabond ne fit pas attention à ce qu'il y avait autour de lui... mais des cris et des rires lui parvinrent. Des enfants jouaient dans un coin de la place. Le Zozio sortit de sous son chapeau un paquet de caramels, que la marchande lui avait donné ce matin, en échange d'un service. Il chantonna alors sur un air connu : "Un caramel, vous en voulez ? Il va falloir m'aider, Je ne peux pas tous les manger ! Venez donc vous en procurer ! " Dans un sourire un peu triste, l'oiseau fugace tendit les sucreries aux gamins, qui ne se firent pas prier. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Mar 11 Sep - 12:41 | |
| Agenouillée sur le sol, je boutonnai la veste du petit garçon avec mes mains tremblotantes. Malgré la lourde ambiance de la maison et mes airs absents, lui, ne semblait se douter de rien. Il était joyeux, il avait hâte de sortir. Il me réjouissait, me faisait sourire, ce petit bout de chou, et c’est avec une grande minutie que je fermai le dernier boutons et ajustai le chapeau sur sa tête. « Pou’quoi peux pas aller dans le pram, moi ? » Fit-il avec une moue déconfite. « Parce que toi tu es grand, tu peux marcher, pas ton frère. » Il dodelina de la tête, content d’être un grand, mais peu enthousiaste à l’idée de ne pas être dans la poussette. Je me redressai pour me pencher vers le cadet qui s’était assis dans le pram et caressai doucement sa tête. Avec ses doigts très courts, il pointait les motifs de fleurs brodés sur sa douillette, imperturbable alors que je lui mettais également son chapeau. « Mother ! » Je sursautai, et me retournai vers l’ainé qui m’avait interpelé. J’esquissai un faible sourire à son intention et il ouvrit la marche. De temps à autre, je regardais autour de moi ; Un, deux, trois. Un, deux, trois. À chaque fois, ils étaient tous là et le plus jeune restait bien sage dans la poussette, jouant parfois avec les petits jouets à sa disposition. Je profitai donc de ce beau dimanche où l’époux était sorti pour faire une promenade avec mes enfants, ça faisait des semaines qu’ils n’avaient pas joué au parc.
Juin 1896, le troisième été que j’allais passer à Paris avait commencé. La chaleur –insupportable- arrivait à grand pas, mais je ne la ressentais pas vraiment. Je marchai, poussant le pram, le regard vide. Autour de moi, les bambins couraient, se poursuivaient, s’amusaient, innocents. Je tendis le bras pour arrêter la fillette, qu’elle calme sa tiraille avec son frère moins âgé. Elle leva la tête pour répliquer, mais à mon expression sans émotion elle remarqua bien qu’il n’y avait rien à faire. Je me sentais si mal, j’avais l’impression de les pénaliser pour les erreurs que j’avais faites… J’eus un pincement au cœur, il semblât que je n’étais pas tout à fait fautive, mais avec un mari qui vous le répétait sans se tanner, on y croyait presque.
Près de l’église Saint-Étienne-du-Mont, nous nous arrêtâmes. La grande place permis aux enfants de faire la ronde, de s’attraper et un peu de se cacher. Ils riaient franchement, ça me réchauffait le cœur. Les yeux plissés, je tentai de les suivre du regard. Ils allaient vite, ils étaient flous, mais au moins, ils paraissaient heureux. Concentrée sur les ainés, je n’entendis pas la comptine sur les sucreries, contrairement aux bambins qui venait de s’élancer à toute vitesse vers l’homme inconnu. « Veux ! Veux vous aider ! » Supplia-t-il avec sa voix fluette, les mains aux tendues vers lui. Je remarquai alors qu’une troisième silhouette ne se dessinait plus dans mon champ de vision et me tendis. Je me levai d’un bond et la fillette, nullement inquiète, me pointa mollement son frère qui était parti à la course des caramels. « Honey ! » Je le rejoignis à pas rapides et l’attrapai prestement par la taille pour le prendre contre moi. Il gigota, agita les jambes et les bras, se débattit « Mooor ! Caramels ! Caramels ! » Je levai les yeux vers l’inconnu, regard sévère mais peu crédible. Air fatigué, corpulence fragile, épouse fort trop bousculée.
- Spoiler:
Pram : Manière courte de dire perambulator, un pram, c'est une poussette, c'est ça. C'est comme une couchette portable.
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| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Sam 15 Sep - 0:43 | |
| Et m...ince ! Il y avait une nounou avec les gosses ! Le Zozio ne l'avait pas vu. Lui qui pensait que c'était des gamins de la rue habituels à qui il pouvait faire plaisir... (... d'ailleurs, des gamins des rues, avec des beaux habits pareils, à quoi pensait-il ?! ) Mais les nounous, c'est embêtant, ça a toujours le don de faire la morale pour le moindre bonbon en dehors des repas. ...Mais bon, elles n'ont pas tort non plus, après, on n'a plus faim pour les bons petits plats cuisinés...
"Honey !" Oni ? Qui appelait-elle donc, un chien ? Un nom bizarre comme ça... Attendez, ce n'était tout de même pas le gamin, celui qui courait vers le vagabond, qui s'appelait ainsi ? Mais ce nom bizarre évoquait quelque chose au Zozio...
Le petit fut attrapé par la nounou, et c'était seulement à ce moment précis que le Zozio se décida à la regarder, vraiment.
Ce n'était pas une nounou. C'était Mme Ainsworth.
L'oiseau fugace faisait face à l'une de ses victimes malencontreuses. Celle qui dut subir les conséquences de ses informateurs les moins fiables. Celle qui fut la plus blessée de ses facéties.
Le Zozio ne vit pas le regard que lui lança la mère. Il n'osait plus lever la tête. Trop honteux. Il était tellement surpris de la rencontrer ainsi qu'il ne prit même pas la peine de dissimuler sa voix, comme à son habitude.
"Euhm, euh, je, euh... pardon... je, euh... je ne pensais pas à mal... j'ai des caramels, vous voyez... je, euhm, euh... Je suis désolé." finit-il par conclure, tout penaud. Et lui-même ne savait plus très bien si c’était vraiment pour les caramels qu’il demandait pardon...
Le chanteur détaillait ses chaussures, les pavés sur le sol, ses chaussures encore...
"Je voulais juste faire plaisir aux enfants... Vous voyez, les caramels, on les aime beaucoup à leur âge et... Ils sont très très bons !"
Et il en prit un dans sa bouche pour le prouver.
"'chon délichieux, fou foyez !" Le Zozio se rappela alors qu'il était impoli de parler la bouche pleine, et avala.
"... Ecoutez, Madame, j'ai une idée. Prenez le sachet de caramels, pour me faire pardonner ! Ainsi, vous pourrez en donner aux enfants quand bon vous semblera ! Qu'en dites-vous ?"
En lui tendant le paquet, le vagabond fit l'erreur de regarder Mme Ainsworth dans les yeux. Ses traits tirés, fatigués, dus aux coups qu'elle recevait de son mari (en parti par la faute du Zozio, il le savait bien...) Ce regard bleu éteint, presque apeuré parfois...
Bleu. Comme celui de Maman.
Il ne l'avait pas vu depuis des années. Que devenait-elle ? Etait-elle encore auprès de la cheminée, à lire un de ses romans de gare qu'elle adorait ? Ou était-elle en train de jouer l'une de ses partitions favorites à l'étage ?
… Culpabilité quand tu nous tiens. Dans la tête du Zozio, tout se mélangeait… Encore. Madame Ainsworth, sa mère... Une violente migraine venait de poindre. Il grimaça, mais essaya de dissimuler son mal en reprenant constance.
« Que puis-je faire de plus pour que vous m'accordiez votre pardon ?»
Sa phrase finissait dans un murmure, comme si la question était à sa propre intention. Et ce n'était décidément pas des caramels dont il faisait allusion...
Dernière édition par Le Zozio le Dim 23 Sep - 18:03, édité 1 fois |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Dim 16 Sep - 10:20 | |
| L’inconnu bégaya d’étranges excuses, demanda piteusement pardon. Je fronçai les sourcils devant le ridicule de la situation : Quel homme s’excusait après qu’un bambin lui ait couru après ? Quel homme, aussi petit pouvait-il être, faisait plaisir aux enfants ? Les gens du peuple étaient-ils si près de leur gamins ? Je trouvai cela suspicieux. Je laissai l’enfant glisser de mes bras mais le retins par le bras. Cependant, Honey regardait, hypnotisé, le paquet de caramels. Il en bavait presque, comme si je ne l’avais pas nourri depuis plusieurs jours, pauvre garçon, tout de même.
À l’âge du petit, on ne vivait que d’innocence et de naïveté. À trois ans, on ne faisait pas la différence entre le bien et le mal, les gentilles personnes et les vilaines personnes. Je laissai l’inconnu mâchouiller sa sucrerie et m’accroupit devant le garçonnet, le tenant fermement par les épaules, je lui dis tout bas, sévère « Combien de fois t’ai-je dit de ne pas t’éloigner de moi ? How many times I’ll repeat it ? Honey, tu ne sais pas sur qui tu pourrais tomber ! You know how I’m hurted ? Tu veux que quelqu’un te fasse mal comme ça, et t’emmène far away from me ? » Le bambin changea subitement d’expression, de captivé à paniqué, ses yeux se remplirent d’eau. Il détestait qu’on le sermonne, il se sentait tout mal et tendit les bras pour les passer autour de mon cou. Je le tins contre moi et levai la tête vers l’homme qui me proposait son sac de bonbon. Je le jaugeai, de mes yeux fatigués, et me relevai avant de répondre doucement « Nei, vous pouvez les garder… » Je laissai ma phrase en suspens, le temps d’inspirer et de reprendre mon calme mortel « …Merci pour l’offre. »
Je me retournai, plissant les yeux pour distinguer les ainés qui courraient sur la place, se chamaillant gentiment, jouant à un nouveau et énième jeu de leur création. La poussette était toujours là, je pouvais discerner la tête chapeauté qui bougeait un peu, sans doute en train de palpai ses jouets. Avant de partir, interloquée, je retournai ma tête vers le Zozio. « …Vous accorder mon pardon ? » Mais pour quoi donc ? Avais-je l’air si agressive ? J’eus un air interrogateur, depuis quand les hommes demandaient pardon ? Je battais des paupières, pensive « Peut-être si… vous aviez des pommes, plutôt que des caramels ? » J’esquisse un mince et bref sourire avant de tourner les talons pour rejoindre le pram. Je laissai l’enfant repartir jouer avec ses frères et sœur, le prévenant au passage de le punir s’il s’éloignait à nouveau et me penchai sur le bébé pour embrasser sa tête. Le petit saisit son hochet et l’agita, excité, ce qui créa de nombreux tintements.
Et il lança le hochet au bout de son court bras et celui-ci se fracassa sur le parvis.
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| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Sam 22 Sep - 9:38 | |
| " Des pommes ? s'étonna-t-il. Mais... ce n'est pas encore la saison !"
Tout pensif, et un peu triste aussi (pourquoi demander l'impossible au pauvre vagabond ?), le Zozio mit les mains dans ses poches, et regarda de nouveau les pavés au sol.
"... Peut-être que... au lieu de pommes, des prunes pourraient vous convenir ? Il suffirait juste d'enlever le petit noyau pour les enfants... "
De nouveau plein d'énergie, le chanteur releva la tête en direction de Madame Ainsworth, qui, déjà, lui tournait le dos en direction du pram. "... Je vous promets, lui lança-t-il tout de même, que, si nos chemins se croisent à nouveau, je me débrouillerai pour m'en procurer à ce moment-là !"... Même s'il fallait pour cela rendre un ou deux services de plus à des marchands de fruits pas très charitables.
Cacophonie de tintements. Le petit semblait fort bien s'amuser avec son hochet dans la poussette, jusqu'à ce qu'il l’envoie sur le parvis, à côté du Zozio. Le bout de chou gazouilla un peu. Il semblait attendre avec impatience qu'on lui redonne son jouet. Le vagabond ramassa le hochet, l'épousseta, et le rendit à son jeune propriétaire... Qui le renvoya. Ce jeu devait être très amusant pour un enfant de cet âge... Le Zozio ramassa à nouveau le jouet de bois. Il s'abaissa au niveau de l'enfant en le lui tendant. Lancer ne devait plus être drôle, le jeune Hansel préféra se rabattre sur un tout nouvel objectif : frapper la tête à chapeau devant lui.
Malgré les maigres forces dont dispose un bambin à cet âge, un jouet en bois faisait tout de même mal. Mais l'enfant riait, alors l'oiseau fugace décida de ne pas bouger. Notre drôle de bonhomme encaissa les coups sans broncher, attendant que Hansel s'en lasse une fois de plus... |
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Dim 23 Sep - 14:04 | |
| La saison m’importait peu, à vrai dire, je m’attendais à ce que l’étranger disparaisse devant cette demande audacieuse. Malheureusement, il semblait plutôt désarmé, comme s’il était confronté à un mur. Rassise sur le banc, je l’écoutais d’une oreille distraite, parler de prune. Des prunes ? Des noyaux ? Je ne le laissai pas paraitre, mais je trouvais cela bien étrange. Lorsqu’il fit mention d’une promesse, je me retournai. Ah ! Les promesses, n’étaient-elles pas le plus beau mensonge des hommes ? Un fiancé ne jurait-il pas à sa promise fidélité ? Un époux ne faisait pas serment de protéger son épouse contre la douleur et la maladie, jusqu’à ce que la mort les sépare ? Ridicule. Néanmoins, cet homme du peuple était bien touchant, avec sa petite promesse de me ramener des pommes, et cela m’arracha un sourire. Ce serait bien rigolo, s’il le faisait pour vrai. « Vous savez, ce ne sont pas les promesses en l’air qui rachètent mon pardon. » Même si, maintenant, je ne lui en voulais pas vraiment.
L’enfant commença à s’amuser un peu plus bruyamment. Il agitait dans sa main son petit hochet doré, ses grands yeux le regardaient avec beaucoup beaucoup de concentration. À cet âge, n’importe quel objet suscitait un intérêt. On les regardait, ont les touchait, on les mettait dans sa bouche –et si on avait moins de chance, on se cognait le visage en voulant les mordiller- et Hansel, plein d’entrain, simple d’esprit, décida qu’il voulait lancer son jouet par terre. Je retins à peine un soupir, connaissant déjà ce jeu tellement passionnant et j’attendais toujours un moment avant de le prendre, au cas où le petit se trouvait un autre jeu durant l’attente.
Méfiante, je suivis le Monsieur avec les yeux bien ouverts, curieuse. Je le regardai se pencher et prendre le hochet pour le redonner à mon fils. Celui-ci le prit, tout joyeux qu’il était, et n’hésita pas une seconde à le lancer par terre à nouveau. Je me radoucis, trouvant la scène plutôt comique. Combien de fois cet étrange inconnu allait-il le ramasser avant que sa patience ne s’effrite ? Très peu, à vrai dire, puisque l’enfant s’adonnait déjà à un autre jeu : Cogner sa tête de manière répétitive et grossièrement maladroite. Malhabile de ses gestes, ses coups partaient parfois dans le vide, mais cela n’était pas une raison pour arrêter, oh non ! Et même si la scène était plutôt comique à mes yeux, j’intervins en glissant une main sur le bras agité du petit. « Shh shh, Hansel, meg heart, on ne frappe pas les autres ainsi. » Puis il me regarda, avec cet air de « Pourquoi on ne peut pas frapper les autre ? » et rebaissa finalement son bras. Je frictionnai affectueusement son dos, et levai les yeux vers le drôle d’oiseau « Pardonnez-le, il ne se rend pas compte à son âge de ce qu’il fait. » Quelques secondes, je marmonnai quelques paroles en une autre langue, faisant des yeux méchants à l’enfant tout en collant mon front contre le sien. Il tapota un peu mes joues avant que je l’embrasse et me redresse à nouveau.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Lun 1 Oct - 12:47 | |
| "Il est déjà tout excusé..."
Le Zozio jeta un oeil attendri sur le petit être blond dans la poussette.
"... C'est tellement rare de nos jours de pouvoir rire d'un rien."
Et ce n'est pas faute d'essayer, se dit-il. Si, d'ordinaire, notre chanteur y arrivait plutôt facilement, ce n'était plus vraiment le cas. Se déguiser, montrer au monde sa risible face cachée, ou parfois simplement flâner dans les rues et apprendre ce que personne d'autre ne sait... Chanter au gré des envies et de l'inspiration... C'était comme si cela ne suffisait plus. Que lui manquait-il donc ?
Notre drôle de bonhomme observa la mère et ses enfants, ainsi que l'amour qui se dégageait de cette scène. Amour qui subsistait malgré les épreuves. La souffrance. La peine. Amour plus fort que tout.
"... Est-ce donc si bien d'avoir une famille ?" Se dit-il en lui-même... Qu'il crût. Mais, malgré lui, la pensée avait pris la forme d'un murmure, suffisamment audible pour que Mme Ainsworth l'entende...
"Je... Pardon, j'ai pensé trop fort.", dit-il avec un petit sourire gêné ponctuant son excuse. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Mar 2 Oct - 3:36 | |
| J’esquissai un faible sourire, un plissement de lèvres minime. Même s’il était tout naturel d’excuser un enfant de si bas âge, mon cœur se réchauffait quand l’on était conciliant avec eux. Curieuse quant à ses paroles suivantes, j’éloignai mon visage de mon plus jeune bambin et levai les yeux vers l’inconnu. Moi qui riais si peu… Et encore moins pour un rien ! Cependant, mes enfants, eux, malgré l’ambiance familiale ne cessaient de rire. Ils ne cherchaient de blague du siècle et n’attendaient pas pour pousser de cristallins petits rires. Un rien, justement, leur suffisait. Je les écoutais rigoler, près de moi, et se poursuivaient et se tiraillaient gentiment. « À cet âge-là, c’est justement un rien, qui les fait rire… » Murmuré doucement. Sans doute qu’un peu de terre s’était accumulée à leurs genoux mais, ils s’en moquaient, ils continuaient de courir et de jouer, innocents. Néanmoins, malgré les bruits joyeux, je me retournai pour les regarder : Au loin –mais pas trop, quand même !- ils devaient jouer à chat, où à celui qui gambadait le plus rapidement. Ils étaient flous, mais je n’avais pas besoin de verres spéciaux pour les voir clairement dans ma tête, et pour savoir qu’ils allaient bien. Qu’ils aillent bien, c’était ça, l’important.
Non, non, Monsieur, non ! Avoir une famille était la pire des choses. Vous ne pouvez la choisir, vous êtes élevé par des gens froids, le proche le plus cher à votre cœur décède toujours, vous ne serez jamais le plus fort de votre famille, vous serez rabaissé et bousculé, toujours. Une famille, c’était une responsabilité, des tonnes de bouches à faire vivre, à éduquer. Une famille, c’était la pire chose que l’on pouvait avoir, mais… « Si bien, si bien, si vous faites les bons choix. » Un des enfants revint vers moi, j’entendais ses petti-patters sur le parvis de l’église. Je baissai à son niveau et passai mon gant sur ses vêtements pour les nettoyer brièvement. À trois ans, bien paraître n’était pas la première de nos priorités. Je pris la fillette et la grimpai sur mes joues. Elle agita ses pieds dans le vide, alors que je replaçai sa courte jupe. Même s’il m’arrivait de penser que les familles étaient d’horribles choses que l’on vous imposait, il fallait que je l’avoue, je ne saurais me passer d’elle. De mon mari, de mon frère, de mon père, peut-être, sans doute, mais de mes enfants… Je ne m’imaginais pas sans eux. À quoi allais-je servir s’ils n’étaient plus là ?
« Dites-moi, Monsieur, ai-je l’air si menaçante ou susceptible pour que vous demandiez pardon autant ? Je me sentirais presque mal… » Me demander pardon, à moi ? Ridicule !
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| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Ven 5 Oct - 5:39 | |
| Les bons choix... Qu'est-ce-que les bons choix ? Celui qu'il avait fait, la vie qu'il avait choisi, était-ce un bon choix ? La vie qu'il avait délaissée, était-ce elle le bon choix ? Et la vie qu'il s'imaginait parfois, était-ce le choix à faire ?
« Dites-moi, Monsieur, ai-je l’air si menaçante ou susceptible pour que vous demandiez pardon autant ? Je me sentirais presque mal… »
"Je, euh, non, pard...euh, je veux dire, non bien sûr que non !"
Le Zozio réorganisa ses pensées, choisissant les mots adéquats.
"N'est-il pas du devoir de tout être humain de demander pardon quand la faute s'avère avoir été commise par lui ? C'est ainsi ma conception de la vie, Madame."
Notre bonhomme osa regarder de nouveau madame Ainsworth dans les yeux.
"Vous n'êtes ni menaçante, ni susceptible. Et vous n'êtes en rien coupable de quoi que ce soit."
Et la force de cette conviction se reflétait dans son regard. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Lun 8 Oct - 15:07 | |
| Je ne parus pas accorder d’importance à cet inconnu. Je ne le regardais pas, tenant ma fille au creux d’un bras et jouant avec mon cadet de l’autre. Néanmoins, je l’écoutais. Je n’étais pas bien forte sur le contact visuel, mais aucun son ne m’échappait, aucun. Ces mots sur le devoir de l’être humain de se faire pardonner de ses fautes me firent sourire. Sa conception de la vie était bien ridicule, improbable, utopique. Les hommes ne s’excusent que très rarement voire jamais. J’embrassai le front de ma fille, celle-ci se laissa faire sans broncher. Elle n’avait jamais été très câline comparée à ses frères, cette gamine était un peu trop indépendante, surtout à son âge. En ce qui concernait le pardon, je ne l’avais jamais accordé à personne, et personne ne l’aura jamais. Cependant, si j’avais accepté de le donner à l’homme, c’était bien parce qu’il n’avait pas commis de faute, en mon sens. Oui, sur le coup je m’étais montrée très contrariée par l’offre des caramels, mais l’irréparable n’avait pas été fait, aucun pardon n’était donc à accorder.
« J’ai donc l’air coupable ? » Je levai la tête vers lui, regard perturbant poser sur cet individu mystérieux. De quoi étais-je coupable ? Adultère ? Infidélité ? Tromperie ? Foutaises ! Diable, quand cette histoire cessera-t-elle ? Ne pouvais-je passer un moment avec mes enfants sans que cette histoire ne me saute au visage ? Je me promis d’égorger celui qui avait répandu cette rumeur ou du moins de coudre les lèvres d’un jeune Idiot de Fréneuse pour l’empêcher de raconter des sottises à nouveau. Bien sûr que non, on ne pouvait tuer son frère, mais une femme pouvait bien le faire pour lui ! Tout bas, je marmonnai, peut-être à l’intention de mes bambins « Évidemment que je ne suis pas coupable. On ne joue pas dans le dos de l’homme qu’on aime… On ne joue pas dans le dos de son époux, tout simplement. » Je soufflai, étirant un faible sourire, reprenant rapidement mon calme. Monsieur ne paraissait pas méchant, il serait déplacé de s’énerver devant lui pour des histoires personnelles.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Jeu 11 Oct - 10:00 | |
| Mme Ainsworth était en colère. Pourquoi ? Le Zozio n'aurait su le dire... Et voilà qu'elle parlait d'elle-même de la rumeur ! Oh, à mots voilés, bien sûr. Une dame ne dit pas ce genre de choses en public...
"Pourquoi détournez-vous ainsi mes propos ?"
Le vagabond était blessé. Certes, il avait fait des bêtises, et il avait demandé pardon. Pourquoi continuait-elle donc à lui en vouloir ? Pire, pourquoi rejetait-elle encore la faute sur elle-même ? Comment notre petit homme avait-il bien pu l'offenser ?
"Je ne suis peut-être pas un gentilhomme de noble extraction, mais je connais mes droits et mes devoirs d'homme. Non... Pas d'homme. Ce n'est pas une question de sexe. D'être humain. C'est en tant qu'être humain que je vous parle ainsi, Madame."
Le Zozio respira un grand coup. C'est étrange, la vision de sa mère se superposa encore à celle de Madame Ainsworth. Pourquoi donc ? Cela fit l'étrange effet de faire revenir en mémoire au vagabond ces vieux restants d'éducation de petit bourgeois... Chassez le naturel, il revient au galop. Si ses amis de la rue le voyaient parler ainsi...
"Vous ne me connaissez pas. Je ne vous connais pas non plus. Pourtant, ici, maintenant, je le jure sur ce que j'ai de plus cher, je ne vous ai jamais accusé de quoi que ce soit. Une histoire vous préoccupe, à ce que je peux comprendre des propos que vous venez de m'adresser, cela ne regarde pas un inconnu tel que moi. Un inconnu comme moi se fait pardonner pour ses maladresses de comportements et de langage, c'est tout. Je n'ai rien fait de plus."
Il respira de nouveau. Le vagabond parlait d'une voix calme et posée.
"Je ne vous insulterai pas en vous demandant de donner votre confiance au pauvre vagabond inconnu aux caramels que vous venez de rencontrer. Mais de grâce, Madame, ne rajoutez pas à ma peine des fautes que je n'ai pas commises."
Elle était malheureuse. Les maigres restant d'une fierté maladive se manifestaient encore à l'égard du jeune bohème, mais elle était malheureuse. Comment un être tel que son mari pouvait se comporter ainsi ? Comment pouvait-on faire du mal à la mère de ses enfants ? Comment pouvait-elle supporter encore une telle situation ? Bien sûr, les femmes devaient accomplir leur devoir de mère et d'épouse et dépendre de leur mari... quand celui-ci remplissait également sa part du contrat. Et ce n'était plus le cas.
Pourquoi continuer à s'infliger cela ?
Le Zozio alla s'installer sur les marches du parvis. Les jambes repliés sous son menton, sa position ressemblait celle d'un enfant boudeur... Ce n'était pas le cas. Il réfléchissait. Ses propres questionnements se mêlèrent aux pensées concernant Mme Ainsworth. Ce brouhaha incohérent formait un amalgame étrange, tant et si bien que les seules réponses qui vinrent à l'esprit du Zozio, il ne savait plus très bien à qui elles étaient adressées.
"Quand on est malheureux, il faut faire quelque chose. Il y a toujours une solution, il suffit juste de la trouver. C'est la suivre qui s'avère le plus difficile..."
Comme à chaque fois qu'il était plongé dans ses pensées, le Zozio réfléchit à voix haute. Oh, pour sûr, Madame Ainsworth avait du entendre, mais le vagabond se promit de ne pas s'excuser pour ce qu'il pensait, cette fois... |
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Sam 13 Oct - 5:29 | |
| Pourquoi détournais-je ses propos ? Les détournais-je réellement ? Mes accusations –si l’on pouvait les nommer ainsi- me semblaient tout à fait naturelles. Cependant, l’homme ne sembla pas de cet avis et argumenta une défense plutôt solide. Je me retins de sourire : Évidemment, ses devoirs d’être humain ! Si un femme venait à quémander ses droits d’être humain et non pas de femme, on lui rirait au nez, assurément mais, cet inconnu particulier, paraissait beaucoup plus soucieux, ses paroles étaient sensibles et réfléchies, ce qui me poussa à l’écouter davantage. Et je vins à penser « Si seulement tout le monde se mêlait de leurs affaires comme lui le faisait ! » Cette histoire n’aurait jamais rebondie, et rien de mauvais ne me percuterait, à l’heure actuelle. Je pris un moment, à la fin de ses déblatérations, pour jaugeai le tout. Je réajustai le petit chapeau de mon bambin avant de lui réponse, sur un ton semblable au sien « De grâce, Monsieur, je ne rajouterai donc aucune faute à la peine que vous n’avez jamais commise. »
Lorsqu’il prit place sur les marches du parvis, je me levai. Je posai ma fille au sol, prenant soin de glisser ma main sur sa courte robe et appelai mes fils qui couraient plus loin. Je pris le pram et le poussai doucement, en direction de l’église. Par là-bas, je remarquai l’étranger recroquevillé comme un vilain garnement, comme un gamin qui n’acceptait pas ses torts. Quelle drôle de position pour un homme adulte ! Je m’arrêtai quelques secondes, le temps de replacer mon enfant dans sa poussette, celui-ci c’étant beaucoup trop penché sur le rebord. Lorsque je levai les yeux, évidemment, j’aurais dû m’en douter, Honey était parti. Gourmand garçonnet, il n’avait pas oublié les caramels, lui. « Monsieur, peux avoir des caramels ? Please ! » Ses ainés sursautèrent lorsque j’élevai la voix pour le rappeler mais, cela ne fit aucun effet à l’interpelé. Je le rejoignis accompagnée de ma ribambelle et attrapai son bras. Je le regardai si sévèrement qu’il se sentit tout de suite intimidé et se colla contre moi, agrippant mes jupes, tentant de se faire pardonner. « Monsieur, je crois… Que pour une fois, je peux revenir sur ma décision, et vous autoriser à donner un caramels à mon fils si impertinent et, pour que justice soit faite, à mes ainés également, si vous le désirez toujours, évidemment. » Je reculai d’un pas et détachai l’enfant de mes vêtements et lui mis la contre la poussette et lui interdis de la lâcher. S’il le faisait, il serait puni, un point c’est tout.
Je me redressai lentement, caressant la tête de Snowden qui était tout près de moi. « Agir, c’est toujours ce qui est le plus difficile… Et encore faut-il agir de la bonne manière. » Il était si facile d’emprunter la mauvaise voie, après tout ! De se tromper de solution, d’avoir des regrets ou tout simplement d’oublier une chose parmi toutes celles qu’il fallait prendre en compte.
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| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Ven 26 Oct - 6:18 | |
| Le Zozio leva la tête vers la mère. Ainsi donc, elle ne lui en voulait plus ? Il ressortit le paquet de caramels rangés sous son chapeau, et en offrit à chacun des enfants. La joie dans les yeux des enfants tira un sourire attendri au drôle d'oiseau. Pendant que les enfants se régalaient, le vagabond réfléchissait à la réponse de Mme Ainsworth. "Je crois, Madame, qu'il arrive parfois un moment dans la vie où ce soit l'inaction la mauvaise manière d'agir..."Le Zozio réajusta son chapeau. Sa fausse moustache, il le sentait, était toujours en place. "Ma seule ambition dans la vie est simple, mais haute. Je veux juste être heureux."Il s'épousseta. "Et je crois qu'il est temps pour moi d'agir. Même si je ne sais encore comment."L'oiseau chanteur leva de nouveau son regard vers Mme Ainsworth, sans intention aucune, mais peut-être y lira-t-elle cette question silencieuse : Et vous ?- Spoiler:
Pardon d'avoir mis autant de temps, et de faire aussi court ><"
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| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Dim 4 Nov - 9:16 | |
| J’épiai les mouvements du drôle d’homme : Sa main prenant les caramels, sa main donnant les caramels, mes enfants mangeant les caramels. Je lui fis un bref signe en l’air pour ne pas qu’il en donne au bambin, celui-ci étant encore trop petit pour manger de telles sucreries. Les bambins s’agitèrent un peu, s’égayant devant une collation avant l’heure. S’ils étaient souvent énergiques et parfois impertinents, pour tout le reste, ils étaient encadrés sévèrement. Gardant une main protectrice sur la poussette du benjamin, j’acquiesçai aux paroles de l’inconnu mais, « Y a-t-il un moment dans la vie où l’inaction soit la bonne manière d’agir ? ».
Je serrai mes doigts sur le pram. Être heureux ? Comme c’était singulier, comme ambition. Mes yeux firent le tour de mes enfants, concentrés à manger leur caramel, puis se levèrent pour se poser celui qui les leur avait donnés. Je fronçai les sourcils, comme si je tentais de percer un secret chez lui, de trouver un sens mauvais à ses paroles. Pourquoi étais-je toujours là, à lui parler, lui, un homme, alors que mon mari me frappait sans relâche pour agir ainsi ? Lentement, je continuai à avancer, poussant un bambin dans le dos, gentiment, pour qu’il me suive, les autres l’imitèrent. « Vous n’êtes pas sans savoir que si l’on ne fait rien, il ne se passera rien. » Il n’y avait que les lâches pour espérer une telle chose, attendre. Étrangement, je me sentais forcée de répondre. Non pas par obligation, mais parce qu’il touchait un sujet de conversation auquel, je le sentais, je devais répondre. « D’après moi, le ‘comment’ importe peu. Vous êtes le seul à savoir ce qui vous rendra heureux, et par conséquent, comment l’être. » Et ce, peu importe ce que les autres en diront. Je tirai la poussette et fit signe à mes enfants d’entrer dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, lui suivant avec le pram. Sages, ils se rendirent jusque dans l’une des allées de banc et y prirent place, babillant un peu le temps que je les rejoigne.
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| | | Antoine "Le Zozio" ViretSi votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois
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| Sujet: Re: Se poser les bonnes questions. Mer 26 Déc - 9:58 | |
| « Vous n’êtes pas sans savoir que si l’on ne fait rien, il ne se passera rien. »Le Zozio sourit, mais ne répondit rien. Se rendait-elle compte que cette remarque pouvait tout aussi bien lui être adressée ? Mais elle avait raison, après tout. Laisser ainsi la vie se dérouler n'apporterait aucun changement. Et au fond, c'était cela qui lui manquait, n'est-ce pas ? Un vrai changement. « D’après moi, le ‘comment’ importe peu. Vous êtes le seul à savoir ce qui vous rendra heureux, et par conséquent, comment l’être. »Ce qui le rendait heureux... ce qui le rendait heureux... Il aurait répondu que chanter le rendait heureux, que tourner en bourrique les policiers, les nobliaux et les bourgeois le rendait heureux... avant. Avant de se poser des questions. Voilà une dizaine d'années qu'il vivait cette vie, et, il y a de cela trois ans, il avait trouvé en Paris un terrain de jeu magnifique pour ses facéties. Maintenant, cela ne lui suffisait plus. Ce qui le rendait heureux... Qu'est-ce qui le rendait heureux, à présent ? ... Un sourire. Une chanson. Quelques paroles échangées quand le Zozio la croise "par hasard". Une fleur à lui offrir. La faire rire par ses bêtises. Le drôle d'oiseau se savait amoureux depuis longtemps, et il s'était accommodé de ses battements de coeur irréguliers quand il l’apercevait. Pourtant... En réfléchissant aux paroles de Mme Ainsworth, une vision lui parvenait. Il se voyait à ses côtés, dans une petite maison vieillie, quelques gamins tirant sur ses jupons quand elle préparait la cuisine, lui revenant d'une dure journée de labeur, se reposant dans son fauteuil en attendant le repas*. C'était donc cela, son bonheur ? C'était donc cela, la vie qu'il voulait ? Une vie... normale et posée ? ... Lui ? Cette révélation lui paraissait tellement improbable venant de sa part que ce contraste le fit rire aux éclats. Heureusement que la mère et les enfants étaient déjà rentrés dans l'église, ils l'auraient pris pour un fou. Mais, cela n'en était pas pour autant moins vrai, le Zozio s'en rendait compte. Il avait très envie de tout cela... et ne savait décidément comment s'y prendre. Et d'abord, avait-il ainsi le droit d'espérer avoir cela et plus encore ? Et sa tête se tourna vers l'église. Mais c'est bien sûr ! Le Zozio n'était pas digne d'Eugénie. C'était un voleur, que diable ! Mais... Antoine, lui, pouvait le devenir. Il devait se racheter une conduite. Il devait retrouver son nom. ... Et il devait se réconcilier avec son passé. Le vagabond entra dans la nef, se signa à l'eau bénite (son éducation religieuse revenait à la charge), et chercha des yeux la petite famille. L'oiseau chanteur s'approcha de Madame Ainsworth et lui fit la révérence. "Madame, ajouta-t-il à voix basse, par respect pour le lieu sacré, aussi étrange que cela puisse vous paraître, vous m'avez aidé de la plus grande des manières. Je ne croyais guère en Dieu, mais votre apparition aujourd'hui me laisse à penser le contraire. Permettez-moi de vous remercier, je vous suis éternellement redevable et serais, en tout temps et lieux, votre humble serviteur, si vous le désirez."
A ces mots, le Zozio la salua de nouveau. Avant de sortir de l'église pour partir à la gare, il n'oublia cependant pas de glisser une pièce pour l'entretien du lieu. Après tout, puisque c'était aussi Son oeuvre, Il pouvait bien être également récompensé, n'est-ce-pas ? - Spoiler:
[HRP : *Moi, joueuse, me permets ici un petit relent d'éducation pseudo-féministe par ce commentaire : Yeurk ! ... Pardon, il fallait que ça sorte x) ]
Sur ce, ce RP est terminé ! A moins que Catharina ne souhaite ajouter quelque chose ?
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