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| L'Inauguration de l'Eden-Théâtre | |
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Harold ChambardBonne nouvelle
Messages : 37
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Sam 3 Déc - 1:45 | |
| Tout cela commençait à être désespérant... Les gens étaient donc si intéressés par cette foutue cérémonie, par toutes ces dames en beaux habits, qu’ils ne pensent même plus à manger ? Ca devenait grave... Soudain, une voix m’interpella, une voix de femme, que je ne parvins pas à identifier tout de suite... Je me retournai, un grand sourire au lèvre. Eh oui, qui qu’elle soit, cette femme était une cliente potentielle... Je me trouvais en face d’une jeune femme, à l’air provocateur qui ne m’était pas inconnu. Ses cheveux orange, surtout, me frappèrent au premier chef : un joli bout de femme, et pleine de caractère, ça se voyait sur son visage. La dernière fois que je l’avais vue, elle m’avait filé un message à transmettre, de la Coalition, bien-sûr... Après, impossible de me souvenir de son nom. Toutes ces réflexions faites en une seconde, je lui répondis bien vite : il ne faudrait pas faire attendre la clientèle !
- Quarante centimes, mam’zelle !
Elle me tendit l’argent, me lançant au passage une remarque acerbe. Je lui donnai rapidement son dû, pris l'argent, et répartis :
- Bah, tu es en deuil, toi ? Il y a que les bourgeois qui pleurent, aujourd’hui... Heureusement, il vont bientôt aller se baffrer sans nous, ça va les consoler !
A ce moment, Felix Faure commença à parler, un discours sans doute très solennel, mais inaudible pour la majorité des personnes présentes... De toute façon, ses paroles ne m’intéressaient pas vraiment. Je m’approchais un peu plus de la femme aux cheveux orange, et lui dis à voix basse, espérant que tout le monde serait assez concentré sur les paroles de Monsieur Faure pour ne pas m’entendre :
- Dis, tu dois savoir pas mal de choses, toi, vu tes relations... Tu saurais pas qui a fait le coup, par hasard ?
Je regardai autour de nous. Normalement, personne d’autre n’avait pu m’entendre, mais sait-on jamais, dans une telle foule...
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| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
Messages : 108
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 4 Déc - 1:18 | |
| Son cousin se trouva vite mal à l’aise. Mal à l’aise mais diplomate. Jane écoute le discours de Félix Faure, qui ressemble à du Félix Faure ! Elle l’a déjà entendu s’adresser au public deux ou trois fois auparavant. Bien sûr, la finesse des propos, les sous-entendus et certaines tournures de phrases lui échappaient, sa mère ne lui ayant pas appris tout l’art de l’éloquence, mais Jane comprenait tout de même la majeure partie de ce qui se disait. Et cela lui semblait un peu ridicule, à dire vrai. Guéteneau regardait ailleurs, il cherchait à s’échapper, évidemment ! Emile n’était pas méchant, non, juste maladroit pour ce coup-là. Tout de même, leur interlocuteur avait posé son regard sur elle, quelques furtives secondes. Il l’avait regardé, oui, et non pas survolé. Qu’avait-il bien pu penser ? Le discours était achevé et un mouvement de foule effraya Jane. La conversation était tombée à plat, son cousin n’ayant rien de plus à offrir que sa loyauté, son écoute et son soutien. Les portes sont ouvertes.
-Etais-tu présent à l’Opéra ce soir-là ?
La question resta en suspens quelques instants. La foule continuait de se mouvoir. On distinguait aisément ceux qui allaient entrer et ceux qui n’en auraient pas la chance. Qu’allait faire Guéteneau ? Répondre. Franchir les portes de l’Eden, aller retrouver un ami, un collègue. Ou quitter l’endroit. |
| | | Lionel SylvandeEst devenu, a vu, vaincra
Messages : 126
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 4 Déc - 13:03 | |
| Le Monsieur qui le salua était de plus haute naissance et de rang plus respectable. Mais ce ne fut point son salut à lui qu'il vit en premier : c'était celui d'un grand homme roux, assez mince, qui était plus loin dans la foule. Il est des gens que vous connaissez, mais qui ne doivent point se rencontrer : des vestiges de vos vies anciennes, de vos débuts de carrière, qu'il convient d'écarter, de crainte qu'ils ne révèlent, malgré eux - par leur existence même ! - vos propres erreurs, vos premiers ridicules. Nerveusement, Sylvande oscilla, de Guéteneau à M. Holland, de M. Holland à Guéteneau ... Son regard s'attacha à la haute coiffe de la Forestière et il chercha dans ses paroles, dans ses actions, quelque chose qu'il eût pu singer, pour se donner contenance. Mais elle était toujours occupée avec des gens d'importance - tant et si bien qu'elle n'avait pas même pris le chemin du théâtre, pour l'heure. Alors, comme une reddition, il fit un vague signe, qui s'apparentait au tic nerveux, à Guéteneau puis, se tournant vers Cyrus, répondit favorablement à son salut.
- M. Holland ! Vous devez avoir une bien drôle d'image de Paris, à nous voir dans cette ... Déconvenue, j'imagine ? Mais c'est un plaisir de vous revoir ici - si je puis me permettre de parler de "plaisir" dans de telles circonstances ...
Dans l'ordre naturel des choses, il eût dû procéder dans l'ordre l'inverse, et il pourrait craindre bien légitimement que le dandy ne le prît en mauvaise part ...
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| | | Cyrus HollandDandyscutable
Messages : 116
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 11 Déc - 7:57 | |
| Cet homme-là n'égale pas ma classe sociale, c'est certain, mais il serait très malvenu de ma part de lui faire sentir. Bien sûr, il fait quelques erreurs de politesse, je n'aime guère être salué après un homme du peuple et sa façon de s'exprimer manque de cohérence et d'élégance mais, somme toute, il m'est plutôt sympathique. Et puis, il faut bien que les bourgeois débutent un jour dans la société, sinon, aux dépends de qui nous amuserions-nous ?
- Voir Paris est toujours un plaisir, réponds-je donc le plus gracieusement du monde, de même que de retrouver sa société. Je déplore cependant les incidents qui ternissent les lumières de cette charmante cité.
Peut-être un peu trop poétique ? Bah, on ne peut me reprocher de mal m'exprimer.
- Devrions-nous nous rendre à l'intérieur ? Il semblerait que la suite des réjouissances s'y déroule...
Je regarde autour de moi et, espérant mettre mon interlocuteur plus à l'aise, lui adresse un clin d'oeil.
- Et qui sait, peut-être pourrions-nous trouver quelques indices sur ces fâcheux incidents. |
| | | Anne-Marie ForestierCrème aux champignons
Messages : 114
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mer 14 Déc - 12:15 | |
| La Forestière détailla la duchesse du regard. Toujours aussi élégante, jamais un geste ni une parole manquée. Elle sourit poliment à la première remarque de sa chère rivale. Evidemment qu’elle ne pouvait pas laisser passer cette soirée. Elle remarqua rapidement son cher protégé Lionel qui vient se placer en retrait. Elle lui lança un regard rapide pour lui signaler qu’elle l’avait bien remarqué. Mais le saluer convenablement ne valait pas de mettre fin aux remarques piquantes de la duchesse. Une autre connaissance bien plus intéressante vint aussi se placer dans son champ de vision… Ah, Cyrus ! Elle lui lança un sourire charmant, celui-là par contre valait bien le détour. Tournant à nouveau le regard vers son interlocutrice, elle ne manqua pas de sourire de plus belle lorsque celle-ci lui passa la vedette. Sa soirée tient donc, depuis quand avait-elle droit à un tel traitement de faveur.
- Il s’agit avant tout d’une commémoration pour cet horrible attentat, ne faite pas l’outrage de me placer sur le devant de la scène.
Elle fit un signe rapide à son cher ami anglais, lui signalant qu’elle viendrait le rejoindre dès que cette conversation serait close. Mais bientôt apparut le réel instigateur de cette soirée, le président en personne. Bientôt tout le monde se tut. La Forestière écouta son discours attentivement, elle était aux premières loges, elle ne devait manquer aucunes paroles pour pouvoir le redire dans les moindres détails lors de ces prochaines soirées. Cela lui apporterait sans aucun doute encore plus de réputation. Ce n’était sûrement pas le meilleur discours de la Terre, mais le principal était dit. Elle applaudit respectueusement. « La République ne faiblira pas ». En tout cas, ce ne serait sûrement pas ce genre de soirée de charité qui la fera tenir. Peu importe. Bientôt les gens commencèrent à entrer dans le théâtre.
Anne-Marie chercha rapidement du regard son beau dandy. Peut-être pourrait-elle lui dire deux mots avant d’entrer. Il était en grande conversation avec ce cher Sylvande. Parfait, une pierre deux coups.
Elle s’approcha gracieusement des deux hommes et tourna la tête vers l’un puis l’autre :
- Comment allez-vous, messieurs ?
Puis se tournant vers Cyrus, elle ajouta le sourire aux lèvres :
- Cela fait un moment qu’on ne vous a pas vu, cher ami. J’espère que vous resterez plus longtemps cette fois ! Ce serait un réel plaisir de vous voir à une occasion moins triste et solennelle.
Voyant les gens se presser vers l’entrée, elle reprit :
- J’espère que nous pourrons parler plus longuement après le spectacle.
Ce qu’elle détestait être en retard. Sans attendre de réponse, elle se dirigea vers l’entrée. Son mari l’y attendait.
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| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Sam 17 Déc - 13:04 | |
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Maximilien Debongure | - Rentrez-vous ? qu’il lui demande, est-il naïf ! Petit Monsieur tout de jeunesse et de simplicité ! Madame Pentois fronce son long nez d’oiseau et s’ébouriffe. Les plumes et les fleurs de son chapeau tressautent dangereusement. On dirait une poule qui se gargarise de sa dernière ponte.
- Mais bien sûr que je rentre, mon garçon ! Vous imaginez qu’on ait pu oublier de m’inviter ! J’ai perdu un cousin dans l’histoire, vous savez, alors …
Et sans autre espèce de cérémonie, elle lui prend le bras, sans qu’il ait pris la peine de lui présenter, et se dirige vers l’Eden. Marchant, elle le jauge, note la coupe du veston, le costume assez soigné, fait ses comptes. C’est un parti convenable pour Madeleine, elle l’invitera à dîner, c’est dit ! Mais voilà qu’ils arrivent au seuil du Théâtre … |
On aurait pu se demander si une dame si importune au fond avait bien son nom sur les listes … Un temps de suspens, tandis que nos Cerbères vérifient … Vous avez misé sur le bon volatile, Maximilien : elle est bien invitée, elle entre – un « Monsieur m’accompagne ! » suffit pour que vous la suiviez. Le reste se passe à l’intérieur. ( Pour avoir plu à Madame Pentois, qui est une femme bavarde et ne manquera pas d'aller tout raconter à tout le monde, M. Debongure gagne 10 points de Mondanité.)~ * ~
Eugénie Landreau & Cyrille Carpentier | Le regard de Céleste allait du groupe de grandes dames à la souillon et au prêtre. Quand ils lui posèrent leurs questions, elle fit la moue :
- Maré* ! Pas tant d’questions à la fois ! J’en ai mal à l’ardoise* !
Elle passe une main dans ses cheveux d’un blond paille, respire un bon coup – hésite-t-elle à parler ? – puis elle reprend, d’une voix rauque, mais dans un rythme plus lent :
- C’qu’elle a fait, c’est qu’elle est mauvaise avec les petites gens – comme y sont tous mauvais avec nous. C’est bien joli à l’extérieur, ça fait sa jolie, ça fait son intelligente dans les salons, pendant qu’les domestiques y s’tuent à la tâche. On les affame, on les chauffe pas, et faudrait encore qu’on dise merci. |
Elle leva un regard vers le prêtre, pour peu elle aurait eu la larme à l’œil : - Tendra la joue gauche ? Accepter ça ? Vous trouvez ça normal, vous ?Et reprenant son air boudeur, que vous lui connaissiez depuis le début, elle ajouta, avec défiance, à voix basse : - Moi j’dis qu’y faut leur apprendre. - Spoiler:
Mots d'argot :Maré : Assez ! L'ardoise : la tête Je pense que c'était assez transparent, mais au cas où
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Lionel Sylvande, Cyrus Holland & Anne-Marie Forestier | Tandis qu’Anne-Marie répondait, Mme de Lambresac eut un sourire doux et impénétrable. - Bien entendu, Madame, et nous déplorons les mêmes choses. Je vais rentrer, puissé-je vous croiser de nouveau lors de la cérémonie - nos loges sont d'ailleurs assez proches, à ce que l'on m'a dit.Disant cela, elle esquissa un signe de tête en direction de la Forestière et s’avança doucement pour disparaître dans les profondeurs du Théâtre. Qui sait, Madame Forestier, peut-être la retrouverez-vous plus tard, au coin du buffet, ou à écouter les violons que l’on entendait gémie, vaguement, du dehors … ? Quant à vous, Cyrus, Lionel, nous vous recommandons de la suivre. La cérémonie bat son plein à l’intérieur. |
Pour Harold Chambard, Jane McCillian et Emile Bodinanbourf, cf. le post de Pamina.
Dernière édition par Pierrot Lunaire le Dim 18 Mar - 11:44, édité 2 fois |
| | | Pamina
Messages : 207
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Lun 19 Déc - 10:18 | |
| Emile de Bodinanbourg, Jane McCillian, et un peu Lionel Sylvande
| Le signe de la main, plutôt que lui convenir, fait tiquer un peu Géteneau, le fait hausser les épaules. Sylvande semblait bien être devenu ce rasoir empesé de ses nouvelles couleurs de gloire, et ne plus faire cas de ceux qui l'ont jadis accompagnés. Tant pis ! Qu'il aille évoluer ailleurs, et pleurer les morts sans en faire cas ! Tant pis, il n'en a cure. Le grand roux, maladroit sur ses pieds, et grattant distraitement une éternelle tache de peinture sur ses doigts usés, se secoue encore les épaules - chassant ainsi un peu brutalement le regard concerné et non demandé d'Emile.
- J'étais pas à l'Opéra, non. J'étais à la campagne, j'allais voir ma mère. grand bien m'en a fait ! J'suis vivant, hé. |
La foule se fend et se déverse dans des sens contraires, amenant l'attention du peintre ailleurs - il a une tache de bleu clair derrière l'oreille, sous son chapeau, tiens.
- Bon, ben. Faut que j'essaie de rentrer, moi. Ça dev'rait être possible, je demande du boulot, moi. Pis comme les décors ont brûlés, normalement ils en ont à m'fourguer.
Et comme Emile semble intéressé par l'intérieur du bâtiment - plus que par les discours qui vont s'y poursuivre, il invite.
- ' Pouvez tenter de me suivre, si ça vous dit. .-.
Harold Chambard | - Bien sur que j'suis en deuil, regarde, j'ai du noir plein les doigts.
Un sourire cassant comme un roseau sec ombre un instant le visage de Marie-Delphine, alors qu'elle lui montre ses mains tachées de la suie des marrons. Elle l'aime bien, le vieil épouvantail à bonnes nouvelles, il ne paie pas de mine, mais, il sait se montrer intéressant, parfois. Lissant faussement l'empêtrage de plis qui lui tient lieu de robe, tapant les pavés au sol du bout de sa bottine crottée, elle le défie de son regard qui ressemble un peu à celui qu'un chien fatigué - ces gros chiens des montagnes.
- Nan. J'sais pas. Ca intéresse pas beaucoup le père Daniel, alors c'est pas notre priorité. |
Peut-être qu'elle ment. Ce doit quand même éveiller un peu l'attention du monde sur les honnêtes resquilleries que la Coalition, Potiron en tête, doit magouiller dans les profondeurs de leurs taudis. Elle brise la coque des marrons entre ses mains, crache un morceau de peau qui lui déplaît, hausse les épaules.
- Mais, c'est dommage. Ca remue tout un tas de merdouille inutilement, et puis c'était un chouette bâtiment, l'Opéra. Heureusement qu'il a pas brûlé entier. On tente d'entrer ?
Elle rigole, chassant des morceaux de coquille noircie de suie de son tablier de tenancière, en observant le flux désordonné qui tente de parasiter le bâtiment à peine inauguré. |
| | | Lionel SylvandeEst devenu, a vu, vaincra
Messages : 126
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mer 28 Déc - 5:15 | |
| Lionel ne remarqua pas le haussement d'épaules de Guéteneau - ou ne voulut pas le remarquer. Se tournant tout à fait vers les gens de son nouveau monde, de sa nouvelle vie, il rentra complètement dans les plate-bandes du rôle. Oubliés, les soirées à la belle étoile, les difficultés d'arrive, la reconnaissance pour Philomène, celle sans qui il ne serait jamais parvenu ; nécessairement oubliés ses combats de tous les instants, ses remords, le souvenir de la Noiraude qu'il avait rencontrée un soir, dans une brasserie, et qu'il avait menée à Notre-Dame, pour un recueillement de pauvres ... Écoutant M. Holland, il hochait la tête.
- Voir Paris est toujours un plaisir, réponds-je donc le plus gracieusement du monde, de même que de retrouver sa société. Je déplore cependant les incidents qui ternissent les lumières de cette charmante cité.
- L'on voit que vous venez d'Angleterre, Monsieur. Quel français aujourd'hui parlerait aussi littérairement que vous ... !
Flatterie placée. Déploration à venir.
- Vous avez raison, cependant. Ce drame vient obscurcir un monde tout dévoué à la lumière. - Naïveté feinte, étaient-ils tous pourris, dans leur genre !
Quand enfin M. Holland, suivant le mouvement, proposa d'entrer, Lionel Sylvande hocha la tête.
- Je vous suis, Monsieur. Mais que penseriez-vous trouver en entrant ? J'y attends des conversations plus ou moins brillantes, des afflictions réelles ou non ... Me montreriez-vous votre science pour y déceler quelques indices ?
Et, s'inclinant, Lionel laissa passer son interlocuteur avant d'entrer à son tour. - Spoiler:
[A Cyrus] Ne sachant pas trop comment procéder et ne pouvant te précéder, je me suis permis d'enchaîner comme ça, ainsi tu pourras poster de l'autre côté si cela te sied. J'édite si tu me signales un souci.
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| | | Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
Messages : 243
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Sam 14 Jan - 9:26 | |
| - Spoiler:
J'attendais le post de Cyrille pour avoir de quoi réagir, mais j'ai tenté de poster pour pas que l'event tombe à l'eau.
Eugénie comprenait la haine de cette femme. Qui aimerait être traité comme un animal, destiné simplement à obéir aux ordres, porter des charges, oeuvrer comme un forçat ? Avec cela juste le mépris pas même un merci pour alléger le travail.
Derrière eux le discours avait lieu dont leur parvenait des bribes indistinctes. Eugénie n'y prêtait aucune attention, toute entière à l'écoute de Céleste et de sa confession.
- Mais les violenter ce serait s'conduire comme eux, ça reviendrait à pas valoir mieux qu'eux.
Eugénie n'a jamais usé de la violence, elle ne l'a jamais aimé non plus. Eugénie, la Fêlée, elle n'est qu'amour et pardon, véritable icône chrétienne. Une Marie des faubourgs. |
| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Messages : 358
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 22 Jan - 6:04 | |
| Pour une nuit de février, il faisait un temps bien agréable : pour une raison aussi simple, Elke ne regrettait pas son vieux pays dans lequel l’hiver l’aurait probablement cloitré dans sa grande demeure. Ici au moins pouvait-on respirer l’air et s’enivrer de vie et de foule. Et quelle foule ! Le garçon se promenait dans les sillons de Montmartre sous les bons conseils d’un passant rencontré plus tôt dans l’après-midi. Il avait passé la journée presqu’entière à éplucher une kyrielle de journaux dans l’unique but de se sentir un peu plus parisien, mais en ce qui concernait ses connaissances du terrain, c’était une tout autre histoire. Cela dit, où qu’on fût dans Paris, on ne pouvait y couper : tout le monde jacassait à propos de l’attentat. Décidément, allait-on finir par trouver un coupable ? Toutes les couches de la société semblaient avoir été ébranlées et Elke faisait de son mieux pour s’offenser également de ce drame – comme ils disaient tous.
Mais alors qu’il se faisait cette réflexion, un doute violent le prit. Il aborda subitement une pauvre âme qui refaisait le monde avec ses amis poètes pour lui demander la date du jour. A la réponse de l’artiste, Elke pâlit et manqua de s’effondrer.
Seigneur Dieu ! C’est qu’avec tout ça, il avait oublié la date ! Oh non, quel cauchemar, et quelle heure était-il ? Ce n’était pas possible ! Comment avait-il pu oublier ! Pris de panique, il s’élança pour trouver un fiacre mais fut retenu par une réminiscence salutaire : il avait failli courir ! Grand bien lui fasse, son cerveau avait réagi avant ses jambes et il réajusta son allure pour se contenter de marcher vivement. Par chance – ou peut-être était-ce seulement l’heure – il trouva un fiacre vide qu’il pressa monnayant quelques billets de plus.
Quand il arriva enfin au bout de la rue de l’Eden théâtre, il constata avec grand déplaisir que la foule était bien claire et se maudit une fois de plus. Il avait tout raté, décidément ! Le président devait déjà être à l’intérieur et il n’aurait aucun faux-semblant sur lequel faire semblant de s’y connaître. Il avança prestement dans la rue, contenant encore et toujours l’envie d’accélérer, et vit le théâtre se dessiner de mieux en mieux. Bon sang, et il n’y avait, évidemment, plus personne devant les marches. Remarquez, il y avait bien ce groupe… en fait, il y en avait encore… ils semblaient hésitants, Elke avait besoin d’une invitation plus franche et motivée. Il avisa un homme comme il fallait qui s’adressait à une jeune femme en voilette. Son compagnon, lui par contre, renvoyait une sensation désagréable et peut-être valait-il mieux choisir un autre groupe. Là-bas, c’était un prête et deux demoiselles – Elke sourit à cette pensée – d’une condition sûrement modeste. Là, deux badauds, inintéressants… oh là peut-être, ah non, ils sont en train de rentrer – diable !
Bien bien, ce groupe avec la demoiselle aux longs cheveux noirs… après tout, c’est vrai que le blond a tout l’air d’un élégant… Elke lui-même n’est pas trop mal vêtu, peut-être cela serait-il suffisant. Il serra les poings un instant et prit une profonde inspiration. Il avait déjà joué des tours de passe-passe en Allemagne lorsqu’il était un peu plus jeune ; avait-il aujourd’hui perdu de sa fougue ? Oh bien sûr, il serait moins à l’aise en français, mais il le parlait convenablement, semblait-il – on l’avait très bien compris jusque-là, ou alors les parisiens étaient particulièrement seyants. Allez, voilà, il lui venait une idée. Le barbu blondinet avait arrêté de causer, c’était une ouverture comme une autre et il lui était venu quelques audacieux préambules.
D’un pas ferme, il se dirigea tout azimut vers l’élégant, et d’une gesture chaleureuse s’immisça dans le groupe. « Ah monsieur, vous voici ! » Déjà les v et les s chantaient les louanges d’une autre contrée. « Oh comme vous pouvez le voir, je suis terriblement en retard – mon fiacre, ah si vous saviez. » A des moments précis, il y avait des pauses, la diction était claire mais exagérée ; on sentait que le jeune homme s’appliquait, comme un élève qui récite sa leçon. Mais il fallait tenter le tout pour le tout, et Elke n’était pas en mesure d’être plus fluide que ça. « Mais vous avez l’air de n’avoir rien raté, » continua-t-il, « petit chanceux. » Puis, à tout le monde : « Allons, pourquoi restons-nous dehors ? Trouvez-vous qu’il fasse trop chaud à l’intérieur, » hasarda-t-il avec un sourire quelque peu hésitant. Il croisa les regards de la jeune femme et du personnage bien saugrenu qui l’accompagnait. Il y eu un flottement très court, peut-être moins d’une seconde, mais ils se regardèrent profondément avant qu’Elke ne tourne les yeux vers les gardes qui, lui rappelant son devoir, lui firent conclure : « Allons dedans, et vous me raconterez tout ce que j’ai raté ! » Finit-il d’un ton enjoué à l’adresse de son noble laisser passer.
Il eut l’audace suprême de s’avancer vers l’entrée et devant les gardes : « Je suis avec cet honorable monsieur. »
Maintenant, il n’y avait plus qu’à prier. Il essayait de ne pas trahir son état et pour se distraire et ne point faire faner son sourire, il retira son haut de forme, lissa ses cheveux et remis prestement sa coiffe. Et si le blond était roturier, au moins aurait-il tout essayé. [HRP] Mes excuses pour la longueur, comme j'avais à rattraper je me suis permise de remonter le cours de la soirée. Les prochains posts seront plus courts : 3 [/HRP]
Dernière édition par Elke Von Herzfänger le Mar 20 Mar - 11:10, édité 1 fois |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mar 24 Jan - 12:25 | |
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Eugénie Landreau & Cyrille Carpentier | Céleste eut un air un peu désolé, quand Eugénie la morigéna. Etrangement, venant d’une fille comme elle, d’une pauvre femme de la rue, ça prenait plus de sens dans sa tête que venant d’un prêtre. Céleste avait de la religion, mais pourtant, elle se méfiait des hommes de Dieu. Ceux-là pardonnaient toujours les bêtises des grandes, et le faisaient payer ensuite aux petites … Cependant, son air désolé glana, quelque part dans le caniveau, un peu de colère et de révolte :
- Oui, mais si on se bat pas, qui les empêchera d’nous faire du mal ? Vous savez, je me sentirais quand même mieux si mon ancienne maîtresse elle avait explosé avec l’Opéra. Au lieu de ça, elle est d’venue plus dure qu’avant, et même soupçonneuse … Pour peu qu’elle m’aurait livrée à la Police, rien que pour se rassurer ! Pourtant moi, j’avais rien fait … Elle poussa un profond soupir ... Puis elle jaugea la Fêlée. |
Avec son tablier repassé, son chignon des beaux jours, elle avait l’air soudain bien lotie, la Céleste. - Et faudrait pas se battre un peu pour récupérer ce qu’on nous a volé ? Regardez-vous un peu, c’est la débine ! C’pas des doctrines qui vous ont réussi.Et, se mordant la lèvre, évitant le regard du prêtre, elle lança : - Ca vous dirait pas, d’venir au bureau de placement de Madame Beautrot ? Ca vous coûte rien, et y’a peut-être des mufles comme ces gens-là qui voudront bien d’vous ? Et criant à la cantonade : - Moi d’ailleurs j’cherche une place ! S’il y a quelqu’un qui veut qu’on lui fasse la boubouille et qu’on le reprise ses jupons, j'suis là !Et à part ça, tout allait bien. - Spoiler:
Mots d'argot : La débine : la misère, la dèche
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Elke von Herzfänger, Jean de Fréneuse & Blue Le garde chargé de la réception haussa le sourcil devant l’énergumène. L’accent, déjà, était suspect et … Qu’avait-on dit, déjà, à propos des gens qui accompagnaient ? Cependant, Jean de Fréneuse déclinait son nom, d’une voix indifférente, et on le laissa passer. L'autre jeune homme s'apprêtait à le suivre, sans doute, mais le portier l'arrêta : - Un instant, Monsieur. Vous comprendrez que nous ne fassions point entrer là à la légère, et ce même si votre accompagnateur est d'une grande famille de France ... Il considéra Monsieur Herzfänger avec un air presque amusé. - Souffrez que l'on procède à quelques fouilles, avant toute chose. … Ce qu’il ne faut pas déplorer de nos jours ! Dans le cas où vous accepteriez, la fête bat son plein à l’intérieur, et le buffet est encore bien garni. Votre caution semble même vous avoir attendu de l’autre côté, guettant votre réaction d’un air curieux … Quant à l’actrice à la voilette, Mascarille la poussait du coude : - Ces gens-là, tous les mêmes ! Ils font les beaux avec leurs invitations, mais l’Eden, c’est un moulin ! Mais si vous voulez entrer, je sais comment m’y prendre. Vous pourriez montrer à ces greluchons-là qu’on est pas moins bien lotis qu’eux ...
Dernière édition par Pierrot Lunaire le Dim 18 Mar - 11:45, édité 1 fois |
| | | Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
Messages : 243
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mer 25 Jan - 8:51 | |
| Souhaiter la mort d'une femme, Eugénie n'aurait jamais cru entendre cela de la bouche de quelqu'un. Elle avait toujours rangé ce genre de préceptes dans les feuilletons qu'elle lisait sur les pages grasses d'un journal abandonné. L'entendre de vive voix lui glaça le coeur - cette grande dame devait être véritablement odieuse pour que Céleste ait souhaité qu'elle soit victime de l'explosion.
Les yeux de Céleste posés sur elle firent rougir La Fêlée. Elle se doutait que la femme devait mentalement critiquer sa tenue, et les paroles qu'elle lança la frappèrent aussi bien que le caillou qu'elle avait jeté tout à l'heure. Ce n'étaient pas de cruelles paroles, mais elle rappelait à Eugénie ce qu'elle était : une vagabonde, une crève-la-faim, pas une femme de bonne compagnie.
Mais la proposition la surprit, lui fit ouvrir de grands yeux. L'espoir y brillait, fugace mais présent. Le coeur loupa un battement, le souffle se suspendit - Eugénie n'osait y croire. La Fortune, cette mauvaise fée, s'était-elle enfin décidée à lui être clémente ?
- Le bureau de placement ? Vous pensez vraiment que quelqu'un aimerait m'embaucher ? (Elle ajouta avec un rire) Je n'ai pas vraiment l'allure d'une servante de maison, ou même d'une nourrice.
Et pourtant que ne donnerait-elle pas pour tenir un enfant dans ses bras, un enfant sentant bon le propre et le savon. Céleste a fait flamber le feu de l'espoir dans le coeur de la vagabonde, dont la tête se remplit d'illusions sur l'avenir, de projets.
- Mais si vous l'dites... Je dirais pas non à troquer le trottoir contre un maître de maison aussi dur soit-il.
Après tout elle ne pouvait pas tomber plus bas. |
| | | Elke von HerzfängerUn jour je serais, le meilleur dandy, je moustach'rai sans répit
Messages : 358
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 29 Jan - 10:22 | |
| - Un instant, Monsieur. Vous comprendrez que nous ne fassions point entrer là à la légère, et ce même si votre accompagnateur est d'une grande famille de France ...
Cet air mitigé sapa quelque peu l’élan du garçon et moue contrite et embarrassée se dessina sur ses lèvres. Mais intérieurement, il gagna en confiance à l’annonce du titre de Fréneuse. En effet, depuis son arrivée, Elke était aux aguets : ses sens étaient en éveil et il avait préparé sa mémoire à retenir le maximum d’informations. Son laisser passer s’appelait donc Jean de Fréneuse (ça devrait être facile à retenir) et était membre d’une des « grandes familles de France ». Ce qui fit conclure au jeune allemand qu’il lui serait d’une grande utilité de nouer des liens solides avec le français.
- Souffrez que l'on procède à quelques fouilles, avant toute chose.
Ainsi à cette annonce, il mua sa moue en un sourire de circonstances – quoiqu’il fût un peu forcé.
« Bien sûr. Je comprends tout à fait. » Il se sentit encore plus confiant quand il avisa que de Fréneuse l’attendait de l’autre côté. Son cœur battait très fort. S’il arrivait à se faire quelques relations ce soir, cela le sortirait de la situation dans laquelle il était embourbé. Il avait bien du mal à contenir son excitation. Finalement les gardes le laissèrent passer, il les salua du chef et entra enfin. Il avait réussi l’épreuve de force. « Merci, vous m’avez attendu. Alors, vous venez d’un grande famille français ? Tout ceci, ce doit être un amusement, pour vous. Je vous divertis aussi, n’est-ce pas ? »
Il sourit aimablement à de Fréneuse avant de suggérer d’un mouvement qu’ils pourraient peut-être rejoindre le reste de la foule.
Dernière édition par Elke Von Herzfänger le Mar 20 Mar - 11:10, édité 1 fois |
| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
Messages : 108
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Lun 13 Fév - 6:04 | |
| Guéteneau ne semblait pas désirer leur présence. Mais tirée par le bras de son cousin, attirée par l’intérieur de ce magnifique théâtre, Jane le suivit tout de même. Pendant qu’ils se frayaient un chemin à travers la foule, Emile murmura quelques mots à l’oreille de Jane. Il lui apprit que Guéteneau était peintre. Son cousin semblait soucieux : le peintre était un artiste, à n’en pas douter, retiré dans un autre monde, à la poursuite d’une Beauté qui leur échappait sûrement à tous les deux mais n’avait jamais fait preuve d’aussi peu d’entrain. Il avait perdu quelque chose. Son regard était éteint, ajouta Emile. Jane observa la silhouette du peintre à quelques pas devant eux. Il ne les attendait pas et ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, il n’était pas invité eux ! Ils arrivèrent aux portes du théâtre. Jane se rendit compte qu’elle avait égaré son chapeau. Cela, elle le pressentait depuis le début. Tant pis, se dit-elle, mais il lui donnait tout de même l’air apprêté. Allait-on les laisser entrer, eux, ces trois êtres étranges ? Ce peintre au regard éteint, ce jeune homme aux yeux fatigués mais au regard agité et cette demoiselle sans chapeau, blonde comme les blés, aperçue sur les planches des Funambules ?
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| | | Cyrille CarpentierExercice de piété à l'usage des Écoles
Messages : 89
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mer 22 Fév - 6:22 | |
| Cyrille avait écouté le cri du coeur de la pauvre femme sans piper mot. Il ne pouvait pas entièrement lui donner tord, même si ses méthodes ne lui plaisait pas du tout. Mais le Seigneur n'a-t-il pas dit que les Premiers seront les Derniers à rentrer dans le royaume des cieux? Elle devait garder la foi après tout. Ils devaient tous garder la foi. Il posa un regard triste sur la femme. Il avait tenté d'ouvrir la bouche de temps en temps pour répondre quelque chose, mais il se sentait comme un enfant incapable de consoler sa mère. Ses lèvres humides tremblaient et ses yeux papillonnaient de plus en plus. Pourquoi ne pouvaient-ils pas tous au moins vivre dignement? Mais lorsqu'il entendit la femme souhaiter la mort de sa maîtresse, il dût se retenir pour ne pas s'emporter. Pourquoi ne pouvaient-ils simplement pas aimer et attendre leur tour?
"Pourquoi vous enfermer dans une haine qui ne fera que vous détruire madame? Vous ne pouvez pas être heureuse en détestant. Je...Voler n'apporte rien, vous aurez votre rétribution au ciel tandis que les autres devront faire pénitence en Enfer."
Il marqua une pause, se mordant la lèvre.
"Non?"
Il semblait soudainement perdu au milieu de ses fripes. Lui le prêtre, le guideur des âmes, celui qui devait permettre au plus grand nombre d'être sauvé, le voila incapable d'apaiser une femme dévorée par une colère juste. Il était incapable de lui trouver un baume suffisant pour calmer ses douleurs. Il n'était pas prêtre...il était...perdu dans cette grande ville. Si seulement, il pouvait retrouver ses chers élèves, là au moins, il avait l'impression de réussir un peu mieux sa mission. Mais pour être bassement plus matériel, il avait peut-être une solution, qui semblait ridicule au vu du problème, de l'injustice qui se trouvait là. Oui bien sûr que les riches devraient donner aux pauvres, que les violenteurs devraient être punis. Mais ils le payeront tôt ou tard, mieux valait filer droit dans la douleur qu'aller de travers.
"Si...si vous cherchez à vous loger...ou travailler..."
Il se ressaisit. Non, il ne pouvait pas leur offrir un travail qu'il n'avait pas. Au nom de quoi? De putatifs élèves qui viendraient dormir et dont il faudrait repriser les draps. Il ne pouvait pas leur offrir de faux espoirs. Mais c'était trop tard, non? il avait commencé...
"Je...pourrais regarder si il y a du travail pour vous à mon école. La paye n'y est pas mirobolante, mais on y est logé et nourri."
Il avait fuit le regard des femmes, ne sachant pas trop ce qu'il était en train de dire ou d'offrir. Des alouettes sans doute, des vessies, des miroirs. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Dim 26 Fév - 7:31 | |
| ~ * ~
Jane Mc Cillian | Et ils suivent. Guéteneau avance, lentement, sans se presser - quelque chose alourdit ses pas, sa tête, son cou semblent ployer sous un joug trop lourd. Décidément cet homme fait peine ... Il se présente aux gardes qui le considèrent, vérifient son invitation - bordée du liseré noir du deuil -, et le font entrer de mauvaise grâce, en marmonnant :
- Ces techniciens ... Émile salua et on le laissait déjà entrer également ... Jane se pressait sur ses pas, mais on l'arrêta.
Holà, mademoiselle. Quelque chose me dit que vous n'êtes pas parisienne.
Et le rustre jauge la jeune femme de la tête aux pieds, avec un air goguenard. Émile a un regard inquiet vers l'arrière, il semble même qu'il articule le nom de sa cousine ... |
Il tente de marchander auprès des gardes, mais en vain : quand la recommandation d'un de Fréneuse suffit à faire entrer un étranger, celle d'un peintre de décors ne peut rien contre les ordres. Emile a une moue embêtée, presque blessée devant l'injustice ... Puis son visage s'illumine, il fait signe à Jane. Le temps de formuler un Je reviens tout de suite, je vais essayer d'arranger ça ... et il a disparu ... La jeune femme, elle, n'a plus qu'à descendre les marches, où de nombreux regards moqueurs embrassent sa silhouette, sa robe d'une mode plus austère - les parisiennes sont plus excentriques que les londoniennes. Sans doute se sent-elle malheureuse, ainsi délaissée, par la force des choses ... Emile lui a bien dit qu'il reviendrait vite, mais qui sait ce qui se passe à l'intérieur ... ? - Ils ne valent pas la peine qu'on se presse pour entrer là-dedans, rassurez-vous.C'est la voix d'un vieil homme aux favoris grisonnants et à l'air las. Vous ne l'aviez pas vu, mais il est apparu, sur le trottoir, maintenant que les groupes se sont dispersés. Son costume laisse deviner qu'il aurait dû entrer, lui aussi. Un autre refoulé, peut-être ? ~ * ~
Eugénie Landreau & Cyrille Carpentier | Sans doute avait-elle été trop loin, car le prêtre se réveilla. Céleste reprit son air boudeur d'enfant pris en faute, qui écoute la leçon avec un semblant d'attention, pour reprendre les mêmes bêtises plus tard. Quelque chose dans sa tête semblait ne pas vouloir être déplacé : des drôles de principes, ancrés par les expériences et les sales histoires qu'elle avait pu connaître ... Qui sait ?
- Oh là, si Monsieur le Père a une meilleure place que celles que proposent Madame Beautrot ... commença-t-elle d'un air de provocation ... Mais elle se reprit, car en effet, il n'était sans doute pas difficile, de faire mieux que Madame Beautrot. On n'y était pas très bien dans ce cabinet, et puis on n'était pas sûr de trouver place. Et quand on était engagé quelque part, tout ce qu'on devait lui payer ... ! Fallait au moins un an pour rentrer dans ses fonds - et en attendant, y'avait plus qu'à s'débrouiller. Elle fit la moue, se dandina : | - Oh et puis, les prêtres, ils sont sans doute gentils. N'est-ce pas, mon Père ?Et poussant la mendiante du coude, elle lui glissa à l'oreille : - Puis s'ils sont trop tordus, restera plus qu'à pointer au bureau de placement ! Et continuant tout haut, sans transition : - C'est facile, c'est à la place du marché, pas très loin du théâtre de pantomime où je vais le dimanche ... Une petite bâtisse peinte en rouge, pas très belle.Un bien drôle de personnage, cette Céleste ... |
| | | Jane McCillianÂme de Lillian Russell
Messages : 108
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Lun 27 Fév - 4:13 | |
| Jane se sent d’une idiotie sans bornes. Elle a cru trop vite pouvoir se faire une place. Mais y en a-t-il seulement une, de place pour elle, dans ce beau monde parisien ? Emile ne reviendra pas, elle le sent bien et pourtant…elle ne peut pas lui en vouloir. Quelle aubaine pour lui que d’être rentré à l’Eden. Il aura des choses à lui raconter ce soir ! La jeune londonienne tente de garder la tête haute. Les parisiennes sont cruelles, définitivement cruelles.
Déjà la foule est bien dispersée. Ceux qui y ont été invités sont rentrés. Ceux qui ont un semblant de réputation, n’ont pas trop mauvaise mine, ont pu s’asseoir autour des grandes tables. Les autres repartent bredouilles, certains déjà heureux d’avoir assisté au discours de Félix Faure. Jane, elle, ne peut pas être satisfaite. Est-ce cela, le sort qui lui est réservé à l’entrée des grands théâtres ? Eh bien, son avenir est largement compromis.
Déjà quelqu’un l’accoste. Un vieil homme décidé à la rassurer. Il n’a pas l’air bien joyeux mais ne respire pas le malheur non plus. Alors sans crainte Jane s’approche. Il aurait dû rentrer, celui-là, avec son accoutrement de bon bourgeois. Qu’est-ce qu’il fait là, dehors, à rassurer les jeunes demoiselles refoulées ?
-Alors qu’est-ce qui en vaut la peine, demande La Londonienne, à moitié désespérée ?
|
| | | Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
Messages : 243
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Jeu 8 Mar - 0:57 | |
| Les mots glissés tout bas par Céleste firent rougir l’ingénue Eugénie. Le prêtre devant elles ne semblait pas connaître ces péchés que l'on entendait chaque jour dans les rues – des prêtres qui lutinaient des femmes aussi bien de mauvaise vie que les dévotes venues chercher autre chose que la simple confession. Et voilà que deux voies se présentaient à elle, deux possibilités de rédemption et de renouveau. Deux chances inespérées de revenir dans la société, de devenir quelqu'un comme il faut. Devant tant de choix Eugénie hésitait, se balançait sur ses pieds.
— Vous êtes trop bon mon père. Je saurais oeuvrer dur, j'vous promets.
Avec cela une confiance aveugle dans l'homme d'Eglise. Un vrai saint, dont Eugénie aurait bien baisé les pieds si ça avait pas été inconvenant. A défaut, elle lui adressa un regard empli de chaleur, de remerciements devant tant de bonté. Comme quoi dans Paris il reste des gens attachés aux vraies valeurs de ce monde.
— Puis on s'entraidera Céleste et moi. Puis les jeunes étudiants m'ont toujours aimés, j'en connais peut-être dans vos élèves.
Et là elle se rendit compte de sa gaffe, de son erreur. Oh pour sûr qu'elle devait en connaître, mais dans quelle situation. Vagabonde vouée à vendre son corps, peut-être que des élèves du prêtre elle en avait reçu dans un galetas, un appartement loué trois sous le temps du travail à faire. Ne pouvant ravaler ses mots, les effacer, elle tâcha de gommer les angles.
— Durant mes promenades ou ailleurs, j'ai croisé pas mal de gens dans mes escapades.
Elle ne voulait pas lire le dégoût dans le regard du brave homme, et perdre cette chance de quitter la rue. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Lun 12 Mar - 13:16 | |
| ~ * ~
Jane Mc Cillian | L'homme qui se présente est long et mince, comme un archet de violon. Il est comme installé dans un costume noir bien cintré, au tissu empesé, et il semble une grande chose raide et conventionnelle. Entre le rigide majordome et le vicaire moralisateur. Sa mine est grave, son regard est lointain - presque fatigué - mais digne.
- Ce qui vaut la peine, jeune fille ... ? Mais ... L'opinion que vous avez de vous-même. Vous devez savoir ce que vous valez, et ce ne sont pas des noms sur une invitation ou un public ignare qui vous le dira. Il avait l'air d'énoncer cela comme une évidence, avec une autorité naturelle. Et bizarrement, il semblait tant tenir ce qu'il disait pour des choses avérées et véritables que le démentir eût tenu du blasphème. | - J'étais invité pour ma part, mais j'ai tenu à ne pas offrir ma présence à une poignée de mondains venus s'extasier sur une vulgaire italienne. Il releva le nez, avec hauteur. Une italienne ? Emile avait peut-être informé Jane de la désaffection de la grande cantatrice du nom de Bellis, et de son remplacement au pied levé par une étoile du bel canto italien ... Ou bien avait-elle ignoré (oublié ?) cette information ... - La cérémonie, très peu pour moi, mais j'ai daigné me déplacer tout de même quand j'ai appris que le président viendrait. Qu'avez-vous pensé du discours ?Cependant, il avait l'air ailleurs. Votre réponse l'intéressait-elle vraiment ? Et Émile qui ne revenait pas ... ~ * ~
Eugénie Landreau & Cyrille Carpentier | Céleste eut un hoquet de surprise quand Eugénie l'associa à elle dans sa phrase.
- Bah zut alors, z'êtes bien gentilles, vous, mais ...
Mais elle s'interrompit encore. Est-ce qu'elle avait vraiment les moyens de faire sa difficile ? Puis, quand on y pense, même si ça s'passait mal ... Au moins, par contrainte, cette drôle de dame, vagabonde sur les bords (et sans doute pas qu'sur les bords) allait sembler plus douce, plus serviable. A côté du franc parler de Céleste, il y en a pas mal, de bonnes femmes, qui peuvent passer pour des anges. Même si elles se sont pas frotté le museau avant d'aller écouter l'discours du président. | - Non mais vous farcissez pas l'chou pour moi. Je crois que j'suis pas très adaptée pour travailler chez des religieux. J'suis pas assez ... Elle hésita. - Pas assez ... Enfin, je l'aurais lancé, mon caillou, si vous avez pas été là. Mais bon, c'trop tard, puis y'a plus rien à voir, d'façon.Puis elle fit une drôle de grimace. C'était une impression, ou elle vous faisait presque un reproche ... ?!
Dernière édition par Pierrot Lunaire le Lun 22 Oct - 21:14, édité 2 fois |
| | | Cyrille CarpentierExercice de piété à l'usage des Écoles
Messages : 89
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Ven 16 Mar - 23:27 | |
| "Je....je crois que oui...enfin...nous oeuvrons pour l'être en tout cas. Gentils je veux dire..."
Presque gêné, Cyrille écquarquilla les yeux. Est-ce qu'après tout c'était gentil de faire ce qui devait être fait ou bien...Il ne savait pas trop comment il devait le prendre. Du coup, il laissa un silence après sa phrase, qui il l'espérait suffirait bien. La petite mendiante accepta alors son offre, lui offrant un regard reconnaissant. Il ne savait trop ou se mettre. Et si jamais cela échouait au final? Il espérait ne pas la décevoir. "Ho oui possible! C'est que certains travaillent avec leurs parents ou sont souvent dehors. Il ne serait pas étonnant que vous en ayez vu quelques uns."
Il n'avait pas compris ce que la pauvre Eugénie aurait pu sous entendre. Il n'aurait même jamais pu l'imaginer. C'était si loin de lui tout ça...Alors il fit un grand sourire à la femme. Un sourire doux, comme pour sceller l'accord. Il se retourna alors vers l'autre femme, qui elle refusa son travail. Peut-être est-ce que cela aurait pu la sauver? Il n'en savait rien.
"Je...je peux comprendre vous savez mais...enfin...si vous avez un problème...je...vous pourrez toujours venir vous confesser vous savez...Ou juste parler..."
Il reprit un peu de sa contenance lorsqu'elle reparla du caillou.
"Vous savez, vous auriez surement eu de gros soucis si vous aviez réussi à l'envoyer. Les gens peuvent réagir violemment...enfin...vous devez surement mieux le savoir que moi."
Il hésita un instant avant de déposer délicatement sa main sur son épaule...et de la retirer aussitôt, presque piqué au vif.
"Je...j'espère que la vie vous sourira un peu plus dans le futur. Dieu saura reconnaître les siens vous savez."
Il était sincère. Presque gêné de devoir dire cela. Mais cette femme semblait tellement triste au fond d'elle. De tellement souffrir. |
| | | Eugénie LandreauNinie-La-Noiraude
Messages : 243
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Mer 21 Mar - 10:19 | |
| L'homme n'avait nullement compris et tant mieux. Eugénie espérait qu'aucun élève n'aurait une parole malencontreuse et que chacun saurait tenir sa langue. Mais là elle rêvait de châteaux en Espagne la Eugénie, elle n'avait pas encore pris ses quartiers qu'elle imaginait déjà sa nouvelle vie ! Que voulez-vous, y avait trop d'espoirs en jeu pour qu'elle retourne à ses anciennes habitudes. La tête lui tournait et elle demeurait positive malgré les paroles de Célestre.
— Si jamais vous changez d'avis, venez. J'vous trouverais une place.
Après tout c'était grâce à cette femme qu'elle allait quitter la rue, ça aurait été peu chrétien de la laisser derrière elle. Puis elle était ainsi la Eugénie : le cœur sur la main, tellement gentille que les prédateurs la croquaient sans se fatiguer. Elle prit même une des mains de Céleste dans la sienne, la serra comme pour montrer qu'elle ne l'abandonnait pas.
— Faut bien s'aider dans la misère. Non ?
Hochant la tête pour elle-même, Eugénie relâcha la main de Céleste, tourna ses grands yeux sombres sur l'homme d’Église.
— M'sieur, vous avez l'intention de rester ? J'crois pas qu'à l'intérieur on pourra y aller.
Elle n'osait pas presser le saint homme mais l'envie était là – entrer dans le lieu, prendre ses quartiers, commencer sa nouvelle vie. Eugénie avait si peur qu'elle lui glisse entre les doigts. |
| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Lun 9 Avr - 11:26 | |
| Eugénie Landreau & Cyrille Carpentier | Aussi bizarre que ça puisse paraître, le geste du prêtre l'apaisa. C'est qu'il était bien rare, dans ce monde, de s'trouver encouragé, pas accusé ... Céleste, sans avoir fait grand' chose de mal (de menus larcins, à la limite) s'était souvent trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, et on l'avait souvent associée aux magouilles de ses amants - car elle y pouvait rien, mais les mauvais garçons l'attiraient. Combien de fois avait-elle eu des descentes de police dans sa petite chambrette, combien de fois elle avait vu disparaître un amant, embarqué par les cognes ... Et elle qu'avait rien fait ou presque, elle avait risqué la prison, alors qu'c'était une honnête fille ... C'était à vous dégoûter d'la vie. Le prêtre, au moins, semblait moins l'accuser à présent. Et elle en vint presque à envisager la proposition.
- C'est bon, p'tit père, j'ai compris votre baragouin, et j'crois ben que vous avez raison. |
Puis se tournant vers Eugénie, elle dit, avec un air enjoué : - Toi ma p'tiote, si c'est pas concluant, j'te retrouve au bureau de placement de Madame Beautrot lundi à neuf heures. J'amène d'quoi t'rendre présentable et on tente ta chance. Mais maintenant, moi j'm'arrache, faut qu'j'trouve mon pain pour ce soir ! Puis elle se baissa, ramassa quelques cailloux qu'elle mit dans la poche de son tablier. Et lançant un regard amusé vers le prêtre, elle ajouta, de sa voix grave et avec son accent boulevardier : - Oh vous inquiétez pas, ceux-là, c'pour faire des ricochets. Et Céleste s'éloigna, échevelée, se rêvant un peu grande dame en passant devant les belles robes du dimanche qui s'exposaient ça et là. Une drôle d'idée lui venait alors : et elle se demandait si Dieu la reconnaîtrait, si un jour elle se trouvait déguisée en grande dame. Les foules se dispersaient, regrettant qu'il n'y ait plus rien à voir. Les portes du théâtre s'étaient fermées, et on voyait s'éclipser jusqu'aux escarpes qui avaient profité du rassemblement pour faire les poches. Point d'explosion ni de révélations, finalement, pour nos protagonistes ... Mais un avenir qui se dessine. [/justify] - Citation :
- Hop, et c'est parti pour un dernier post de votre part si vous souhaitez répondre (je laisse également l'opportunité à Jane d'épiloguer avec son étrange interlocuteur). Dans tous les cas, dites-moi si vous avez l'intention de poster ou non, que je verrouille en temps voulu. ^^
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| | | Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Messages : 2896
| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre Jeu 17 Mai - 7:15 | |
| Conséquences On parla longtemps de cette inauguration étrange, de ce discours édifiant, de ces banderolles. Bien des gens du peuple furent impressionnés par le faste du lieu et regrettèrent de n'avoir point déniché au place, même au paradis. Mademoiselle Jane McCillian fut aperçue à l'entrée, discutant avec un vieux musicien de l'Opéra qu'on n'avait point vu depuis longtemps. Cependant, son cousin revint vite, bredouille, et l'emmena chez eux, déclarant que s'ils ne voulaient point accueillir Jane, ils ne l'accueilleraient point non plus. Eugénie Landeau, quant à elle, trouva une place de domestique chez les frères lasalliens et sortit de la rue grâce à leur charité. Le destin de celle qui fut autrefois Ninie la Noiraude était ignoré de la plupart de ses comparses de la rue, et plusieurs la croient morte ... |
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| Sujet: Re: L'Inauguration de l'Eden-Théâtre | |
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