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| Sujet: Où va la jeune hindoue ? Mar 13 Sep - 12:23 | |
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Tout esprit profond s'avance masqué
Description physique & psychologique :
On fait beaucoup d'indulgences aux grandes artistes. Lorsqu'une femme chante bien, lorsqu'elle a le ton juste, on lui pardonne son physique, ses manières. Lorsqu'elle fait revivre la reine de Saba d'une simple poignée de notes, on oublie son nez trop long, ses épaules imposantes, son manque de formes généreuses, même sous la constriction de son corset. On préfère se focaliser sur ses grandes mains délicates, sa silhouette osseuse, l'imaginer d'un autre temps, d'une autre époque. On vante la couleur incertaine de ses yeux limpides, on évoque pour les qualifier mille ciels d'orage et mille profondeurs abyssales enfermées dans des flacons. On fait des efforts, on complimente les parrures, les somptueuses robes qu'elle porte à chaque représentation, et puis surtout, la voix. Elle est Zerbinette, elle est celle que vous voulez, elle invoque les Perroquets des oeuvres de mozart, et le compliment, lorsqu'il s'agit de sa voix, vient tout seul. Sylve est une soprano Coloratura, au timbre de verre vibrant et pur, qui fait oublier tous les défauts et les imperfections de son apparence. Et pour ceux qu'elle ne peut gommer, hé bien, son sourire, charmant, emprunté, un peu brutal, à la façon des femmes qui ont un jour été le peuple, fait le reste et nous distrait.
Sourire n'est jamais un problème pour la diva, qui est, comme on le vante parfois, d'une nature délicieuse, quoi qu'un peu étrange. Elle est de ces femmes, rares, qui portent les diamants aussi bien que les compliments, avec une légereté admirable, presque fortuite. C'est, étrangement, une femme discrète, très peu impliquée dans la vie des salons, qui vit réellement pour son art, pour les représentations que l'on ne va voir que par ennui ou obligation. Sylve est celle qui tire l'inattention des regards à l'Opéra pour tenter de les rediriger sur ses parrures et sur la tessiture sublime de son chant, et elle ondule et ploie, séduisant l'assemblée, avec une assurance de fer. On ne lui connait pas grand chose, Sylve, discrète et douce comme elle semble l'être. Elle ne va qu'au strict necessaire des receptions auxquelles elle est invitée, histoire de tenir son statut, sa célébrité, mais jamais plus. elle ne recoit jamais. Presque personne n'a jamais vraiment lié de contact ou d'amitié avec elle, c'est un grand oiseau solitaire au chant mélodieux, mais qui fuit lorsque l'on tente de l'approcher. Elle semble empreinte d'une certaine sorte de tristesse un peu bancale, aussi, qui rend à ses sourires un éclat particulier? Si seulement le jeune Sylvande cédait, comme le disent les rumeurs, aux avances timides dont Philomène, qui s'est nommée d'après lui, lui fait l'honneur ! Aussi, on l'entend parfois marmonner, un peu, des choses incompréhensibles, à propos de maris qu'elle ne possède pas, de mécènes qu'elle se refuse... On la pense, peut-être, un peu folle, un peu obsédée d'être vieille fille, ou qu'allons-nous en savoir...
Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose.
Texte d'introduction au personnage ou Test RP : Ce soir, on joue Herodiade, un Opéra ne convenant pas à la délicate tessiture de sa gorge. Jouer les Sopranos Lyriques, celui lui arrivait de le faire, parfois, pour un rôle, pour plaider, lorsqu'elle était jeune, mais sa voix est un instrument trop fragile à présent pour qu'elle ne s'autorise de pareilles fantaisies. Et puis, Herodiade, Philomène ne l'apprécie pas tant que ça. Ainsi, elle n'est pas allé à la représentation, ennuyée, timide, gênante comme elle seule en a le secret, ratant probablement quelque occasion de se montrer et d'être belle, ou de faire semblant, ratant quelques baisemains et quelques chuchotements dans les jupes des plus jeunes. Bien sûr, on parlerait encore de son mariage inexistant, d'avec personne... On parlerait de sa façon délicate mais résolument futile de décliner les quelques propositions qui fleurissent son chemin qu'elle juge auto-suffisant, on la prendrait à part pour lui dire qu'elle n'est plus une enfant, qu'il faut se résoudre. Enfin, non, on ne le ferait pas. La bonne société est trop bonne et trop sociable pour se permettre de prendre quelqu'un à parti et de lui prodiguer des conseils - Mieux vaut regarder les cartes tomber, c'est plus distrayant, et puis, on s'implique moins, on ne paie pas les pots cassés, on ne fait pas jaser. Elles ne le disent jamais, mais qu'est-ce qu'elles peuvent penser ! Avant, elle y serait allé. Au bras d'Armelin, cet homme qu'elle aurait pu aimer, peut-être, s'il n'y avait pas eu Sylvande, elle aurait pavané, dans une belle robe, sobre, racée, elle aurait haussé de son menton qu'elle sait trop présent et de son nez trop pointu, avec cet homme plus jeune et plus riche qu'elle, elle aurait offusqué, on l'aurait traité de diva, par delà les murs des boudoirs secrets où elle n'aurait pas eu le droit d'aller à posteriori de son coup d'éclat. Puis elle aurait adouci les esprits en chantant Händel, joyeusement, et cela aurait été vite oublié... Mais maintenant, cela s'oubliait moins vite, elle était arrivé à un âge où chaque pas était mesuré, soigneusement, consigné dans des dizaines d'esprits interchangeables. Battements d'aile dans une cage taillée à la mesure d'un ego moins large.
C'est entre la poudre et le fard que Philomène Bellis, la belle voix Sylve, réfléchit et s'agace contre ses fantômes, croisant dans le miroir son regard clair mais fatigué, sa peau spongieuse et déjà voilée, elle qui en a pris soin il y a peu de temps. elle tire sa lèvre, observant l'éclat de ses dents, avant de maquiller ses lèvres, d'un rouge qui ne sied qu'aux cantatrices et aux filles de luxe. Elle ne se prépare pas pour chanter, néanmoins, simplement, exceptionnellement, pour sortir, aller flâner peut-être, alors que l'heure est déjà avancée. Sylvande n'est pas disponible, en ce moment. C'est souvent le cas, depuis qu'il est au théâtre d'art, et qu'elle est restée à l'Opéra... Leurs mondes se sont fragmentés, et si parfois elle vient lui rendre visite, ah ! Ca n'est plus la même chose, il n'apprécie plus beaucoup. Elle se lève, pour passer son corset, ajuster les volumes de sa tenue, austère sur son corps malingre, dans le grand silence de sa maison. Elle a donné, comme trop souvent, son congé à son unique fille de maison, qui cuisine et range avec un ennui passionnel et peu d'ordres auxquels se plier.
Vite, il est temps de sortir. Ce que fait Sylve, les joyaux à ses oreilles sonnant joyeusement. Peut-être, finalement, que visiter l'Opéra est une bonne idée, arriver après l'entracte est signe de riche désintérêt, et puis personne ne saura si elle s'est présentée... Ne désirant pas faire préparer sa voiture, elle part à pied, dans la fraîcheur du soir, une mantille brillante entourant ses épaules...
Alors qu'elle arrive, le ciel s'est déjà coloré d'ors et d'ocres, de ceux qui qualifient le désastre. Theatrum Mundi
Pour terminer ... • Pseudonyme : Tincesc • Âge : Ca ne se demande pas aux filles ! • D'où nous venez-vous ? Bouche à oreille, avec sylvande ! • Quelque chose à nous dire ?
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