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 Travaux domestiques [Libre]

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MessageSujet: Travaux domestiques [Libre]   Travaux domestiques [Libre] EmptyDim 13 Nov - 1:04

    La plupart des hommes pensent qu’être fonctionnaire, c’est être au service de l’Etat. Il faudrait un jour leur souligner qu’ils se trompent. Car en réalité, être fonctionnaire, c’est être au service exclusif et zelé de ses supérieurs hiérarchiques les plus divers. Evidemment, ça n’est pas très plaisant, et, les premières fois où de telles demandes lui avaient été communiquées, Ernest avait quelque peu fait la grimace. Et puis, après tout, on s’y habitue vite... Fils de domestique, pouvait-il espérer s’extraire assez de son rang pour cesser de servir les puissants. En réalité, il faut voir là une chance, et rien d’autre : si l’on te demande un service important, c’est qu’on a confiance en toi, et cette confiance toute domestique pourrait bien se transformer rapidement en ascension hiérarchique. C’est ce que, depuis près d’une dizaine d’années, Ernest se disait à chaque fois que Monsieur Pluppin lui demandait un «service» de la manière la plus amicale. Il faut dire que Monsieur Pluppin, ayant acquis par une montée rapide dans la hiérarchie, une respectabilité et une fortune très considérable, avait épousé une «grande dame», une bourgeoise elle aussi très respectable, et dont, comme tout homme dans sa situation, il valorisait la parure bien plus encore que sa propre vie. En ce moment, par exemple, Monsieur Pluppin faisait préparer en secret une magnifique selle amazone afin de pouvoir, le printemps revenu, s’exhiber en promenade à cheval avec elle lors de leurs séjours dans leur maison à Trouville. Et, ne voulant dépêcher ses domestiques, qui, probablement, n’étaient soumis qu’à sa femme et lui raconteraient tout à la première occasion, cet homme respectable avait donc «demandé» à Ernest d’aller, en toute discrétion, voir comment avançait le tannage des peaux destinées à la fabrication de cette fameuse selle. C’est à vrai dire avec une certaine lassitude que le bureaucrate s’exécuta. Il était maintenant habitué à ces commandes nombreuses et excentriques, qui assurément auraient pu être menées à bien par n’importe quel domestique, mais qu’il était tellement plus plaisant de faire exécuter par un homme déjà humilié par une longue stagnation hiérarchique, et prêt à tout pour lutter contre ce destin funeste. Et pourtant, ô naïveté malheureuse et sublime, il conservait, quelque part en lui, la foi en la hiérarchie et en l’Etat : après tout, se disait-il, cherchant avec l’énergie du désespoir quelque argument plus valable, si cet homme voulait bien paraître auprès de la haute société, n’était-ce pas pour honorer l’Etat et son service, si souvent méprisés par la commune bourgeoisie, et plus encore par les aristocrates ?
    Bref, c’est donc en un curieux balancier de la pensée entre un enthousiasme plein de zèle bureaucratique et une lassitude liée à son statut d’esclave par intérim de cette bourgeoise extravagante qu’il n’avait même jamais vue, qu’Ernest se dirigeait vers les tanneries, prenant son air le plus respectable en vue de se détacher de la bassesse ambiante. C’est que le lieu n’était ni très reluisant, ni très bien fréquenté... Pas étonnant, en vérité, que son chef n’ait pas eu envie de venir se promener par ici ! Le lieu était riche de mouvements, tout un peuple d’ouvriers s’y bousculait, causant à voix haute, critiquant tel ou tel client exigeant, tel ou tel patron avare.
    Bon, il fallait maintenant trouver la tannerie concernée, c’est qu’il y en avait un paquet, dans le coin... Il s’agissait de la tannerie di Luca, vieille et respectable maison, à ce que Monsieur Pluppin lui avait dit. Difficile de croire qu’il puisse se trouver quoi que ce soit de respectable dans ce coin de la ville... Le problème, c’est que pour trouver cette tannerie particulière dans cet ensemble sale et désordonné d’ateliers, il risquait de devoir demander sa route à un de ces rustres qui ttravaillaient près du canal. Ernest connaissait assez bien les ouvriers, et il ne les appréciait guère : il était certain qu’ils se moqueraient de lui entre eux, et que, voyant son beau costume tout en se rendant bien compte de son statut de sous-fifre, ils s’amuseraient à lui indiquer le chemin le plus sale et le plus boueux qui se pourrait trouver. C’était là, à vrai dire, le dur paradoxe de la vie de fonctionnaire : il s’agissait de se montrer comme aussi respectable que possible, se vêtir, se comporter comme les bourgeois qui occupaient le haut de la hiérarchie, tout en gagnant autant qu’un vulgaire ouvrier, et en n’étant guère mieux considéré que ceux-ci... Qu’y a-t-il de plus dévalorisant ?
    Ernest, depuis quelques temps déjà, s’était immobilisé. Gêné, il sentait les regards des ouvriers qui commençaient à l’épier, tout prêts à la moquerie. Oh, qu’il aurait aimé que quelqu’un, n’importe qui, s’approche de lui et le sauve de cette position délicate !
    Le Ciel, ce jour-là, fut clément avec lui. Car, à l’instant où il formulait ce souhait, il entendit des pas. C’est avec une précipitation visible, et un peu ridicule, qu’il se retourna, et adressa à la personne qui s’approchait un regard plein d’espoir.

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Cyrille Carpentier
Exercice de piété à l'usage des Écoles
Cyrille Carpentier

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MessageSujet: Re: Travaux domestiques [Libre]   Travaux domestiques [Libre] EmptyJeu 17 Nov - 23:13

Habillé de son habit noir pour se protéger du froid, Cyrille marchait d'un pas preste sur les quais du canal pour rejoindre au plus vite son but. Pauvre Madame Michu, malade comme elle était, elle ne pouvait pas faire les courses chez M. Lefard. Du coup, elle avait demandé au prêtre de s'en occuper, ce qu'il avait accepté. Il n'allait pas laisser sortir une femme malade alors qu'il faisait encore froid, surtout qu'elle avait l'air si affaiblie quand elle lui avait demandé. Mais elle avait semblé aller beaucoup mieux une fois qu'il avait accepté. Cyrille était content que ce ne soit pas si grave que ça.
Il alla chercher au fond de sa poche la liste qu'il lui avait été fourrée dans les mains dès qu'il avait commencé un esquisser un hochement de tête pour accepter. Il fallait surtout racheter des fournitures: craies, éponges, punaises, bas...Tiens? Elle devait surement en profiter pour faire ses courses personnelles. Il lui prendrait. C'est peut-être à ce moment là qu'il se rendit compte que dans sa faiblesse, Mme Michu avait oublié de lui donner l'argent. Il faudrait qu'il ponctionne sur ses propres économies en attendant. Ce n'était pas si grave au final.

Les ouvriers marchaient, riaient, vivaient. Il reconnut certains traits, certains visages, des pères d'enfants qui n'était pas forcément dans sa classe. Il esquissa un sourire. Il aimait les parisiens. C'est en observant cette foule remuante qu'un élément étranger se fixa dans son champs de vision, quelqu'un de trop bien habillé. D'ailleurs il n'était pas le seul à l'avoir remarqué vu que certains ouvriers commençaient à le regarder aussi. Cet homme planté au milieu sans plus bouger. Et, soudain, il se retourna vers lui, le regard de celui qui vient de trouver une oasis au milieu du désert. Cyrille fit un sourire à l'homme perdu, le regard aimant posé sur celui qui se trouvait en face de lui. Il ne semblait pas venir du même monde que lui non plus en fait, avec son beau costume. Il était étonnant de voir un bourgeois ici.

"Bon...jour?"

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MessageSujet: Re: Travaux domestiques [Libre]   Travaux domestiques [Libre] EmptySam 3 Déc - 2:35

    L'homme qui s'approchait était vêtu de noir, ce qui troubla un peu Ernest. Manifestement, Dieu, le voyant dans un si grand embarras, lui avait amené en personne un de ses serviteurs. Il n'avait, pour tout dire, pas l'habitude que Dieu prenne la peine de venir à son aide comme ça, et à vrai dire, il avait plutôt tendance à lui ramener sans cesse des humiliations supplémentaires, si bien qu'Ernest avait fini par accepter, avec tout de même un peu de rage au coeur, qu'il ne devait pas le mériter, ni être suffisamment chéri de Dieu pour que celui-ci l'aide. Mais il fallait croire de que le Divin Père avait finalement changé d'avis. Ernest se serait volontiers plongé dans une réflexion théologico-morale sur la possibilité d'un "changement d'avis" de Dieu, ainsi que sur les raisons mystérieuses qui avaient pu provoquer un tel revirement, mais il s'avisa finalement qu'il était sans doute plus judicieux, vu la situation, de dire simplement :

    - Bonjour mon père.

    Il fit un instant silence, hésitant. C'est que la situation était plutôt gênante, et qu'il ne savait pas bien comment exposer son problème sans paraître ridicule. Il se racla la gorge, hésitant.

    - Hmm... Je... Je suis désolé de vous importuner, mon père... Je ne suis pas vraiment à l'aise, comme vous le voyez, à cette place, et ces vauriens, ces anarchistes, là-bas m'auraient sans doute humilié, ou pire, si Dieu ne vous avait pas envoyé à ma rencontre. Je... Je vous remercie donc, de tout mon coeur.

    Et en disant ces mots, sa voix tremblait un peu, comme mal remise de l'émotion qu'il venait de connaître, et qui lentement s'apaisait. Avec tout ça, il en avait même oublié la mission qui l'amenait là, et elle lui importait peu, à vrai dire, pour le moment. Il tourna les yeux, timidement, vers les ouvriers, et vit leur air moqueur, que la venu du prêtre n'avait nullement effacée. Son esprit, comme celui d'une bête en chasse, s'emballa, et il dit, un peu brusquement, au prêtre :

    - Mon père, me permettrez-vous de cheminer un moment en votre compagnie, si cela ne vous dérange pas ?

    Il jeta à nouveau un coup d'oeil effrayé aux hommes qui riaient entre eux, et qui semblaient d'un coup l'avoir chassé de leur pensée. Il se rappela alors la politesse première, et, avec une petite courbette disgracieuse, il dit à l'homme qui se trouvait face à lui :

    - Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté... Je suis Ernest Lemoine, fonctionnaire actuellement en mission de... hmm... mission de la plus haute importance, pour le compte de mon ministère.

    Il dit, incertain de l'effet produit, et fixa son interlocuteur, espérant que lui aussi ne le rabrouerait pas. Après tout, Dieu pouvait très bien avoir autre chose à faire que de veiller à la vertu et à l'honnêteté de chacun de ses serviteurs...


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Cyrille Carpentier
Exercice de piété à l'usage des Écoles
Cyrille Carpentier

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MessageSujet: Re: Travaux domestiques [Libre]   Travaux domestiques [Libre] EmptyMar 3 Jan - 6:29

Cyrille fit un doux sourire en entendant le pauvre hère perdu répondre simplement à son salut. Il l'ausculta du regard pendant le temps de silence qui s'était installé entre eux, avant qu'il ne se rende compte qu'il devait être en train d'observer un notable quelconque et qu'il ne détourne les yeux de l'homme richement vêtu. Pourtant, malgré, ou peut-être à cause de son accoutrement, il ne semblait pas à l'aise en ces lieux. Cette impression fut parfaitement retransmise par ses paroles hésitantes.

"Ho! Vous...vous ne me dérangez pas."

Il regarda les monstres décrits par l'homme, qui regardaient dans leur direction. Il vit certains d'entre eux se chuchoter des choses à l'oreille tandis qu'un sourire barrait le visage de certains autres. Il remarqua même que certains pointaient du doigt dans leur direction.

"Ne...vous n'auriez pas dû vous inquiéter...ils étaient...simplement amusés par la situation."

Il se sentait étrangement à l'aise face à cet homme qui avait tant besoin d'aide et qui semblait si perdu qu'il voyait le mal partout. Voila un bourgeois bien étrange. Qui s'écrie presque au milieu de la rue. Cyrille, étonné par un verbe aussi assuré après son bégayemment premier ne trouve rien de mieux à dire que:

"Mais...bien sûr que oui!"

Avec presque autant d'énergie que son interlocuteur. Il se racla la gorge en rosissant en se rendant compte de son erreur sans presque remarquer le coup d'oeil inquiet lancé par l'homme, qui se présenta dans une courbette étrange. Un fonctionnaire donc. Il se sentait tout de suite rassuré, ce n'était pas le bourgeois qu'il avait cru. Pourtant, ce dernier était au moins aussi important, vu qu'il avait une mission importante à remplir.

"Je...Cyrille Carpentier...heu...non...Frère Carpentier...Père Carpentier."

Il se mordit la lèvre discrètement, mais quelle erreur, mais quelle erreur. Il tenta de se rattraper aux branches comme il put pour ne pas déranger plus longtemps son interlocuteur.

"Si...si je peux être utile en quoique ce soit. Où...vous...où devez vous aller?"

Il fit un sourire à l'homme. C'était ce qu'il savait faire de mieux après tout.

"Je vous aiderais au mieux."

Non pas pour l'état, mais bien parce que l'un de ses pairs avait besoin d'aide. C'était bien pour cela qu'il était sur terre non?
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