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 Une salle oui, d'armes... faut voir

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Dominique Lebrun
Être homme ? tu le peux. Va-t'en, guêtré de cuir
Dominique Lebrun

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MessageSujet: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptySam 20 Avr - 8:13

Qui n'a jamais été soudain pris d'une folle envie de fraise alors que ce n'est que le début de la saison - et qu'elles sont au mieux pas bonnes, au pire immondes – et s'est tout de même jeté sur une barquette d'un rouge douteux et d'un parfum rare ?
C'était exactement cela qui arrivait à Dominique. Non une envie de fraise, mais une envie d'escrime. Malheureusement sans ami militaire disponible, il devait se rabattre sur les civils. Et même en sachant le niveau peu élevé du pékin en la matière, il se décida pour une salle d'armes des environs.

A peine eut-il passé le seuil et jeté un regard aux hommes présents que l'envie de faire demi-tour se saisit de lui : non, décidément, cela n'avait aucun goût, aucune saveur, les exercices étaient insipides au possible, le tout dans une atmosphère de cour de récréation. Sans compter que le colonel avaient déjà vu des amputés mener des assauts plus vigoureux. Oui, avec un bras en moins, oui. On saisit l'ampleur de la chose.

Et comme de mauvaises fraises vous font passer le goût de les manger, l'envie de ferrailler de Dominique s'était sérieusement refroidie. C'est en bougonnant un peu qu'il tourna les talons et ouvrit la porte... pour tomber nez à nez avec un nouvel arrivant. L'homme était visiblement sur le point d'entrer, aussi le colonel s'effaça-t-il pour le laisser passer.

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Ambroise Marie Dupin
Être la statue du châtiment fondue tout d’une pièce dans le moule de la loi
Ambroise Marie Dupin

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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyMer 24 Avr - 16:15

Du fait de mes occupations, j'avais raté ma leçon hebdomadaire, mais comme il en devenait une habitude qu'il fallait satisfaire sous peine de s'en trouver indisposé, je me résolu de me rendre à ma salle d'escrime bien que sachant que ce jour, était celui des vétérans et des bourgeois de fraîche date. Gens vieillissants et ventripotents, devant qui, il m'était un peu trop facile de briller, ne dit-on pas " A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire " ?

J'en étais là de mes réflexions, quand je manquais de peu de rentrer en collision avec un gendarme. Finalement comme l'homme s’effaçait afin de me laisser le passage je réalisait mon erreur, ma foi, j'avais devant moi un fier cavalier, un officier, de haut grade, nommé pour ses faits d'armes mais contraint au commandement d'une garnison de campagne, un colonel si j'en juge par son grade.

L'homme semble ennuyé ou déçut, certes, s'il cherchait du défi et de l'action, il s'était trompé de jour, quant à moi, je serais bien sot de laisser échapper le seul adversaire de ma catégorie d'âge.

- " Eh bien cavalier ! Si vous m'en croyez, un peu plus et vous me jetiez à bas ! Mais je vois que vous partiez ? Par manque d'adversaire ou par ennui devant ceux qui vous ont été proposé. Dans le premier cas, je me ferait un honneur et un plaisir de croiser le fer avec vous.

Dans le second, vous me voyez désolé de vous avoir loupé de si peu en deux occasions, et contraint moi-aussi de vaincre des gens certes méritants mais fort peu doués ! Mais je manque à tous mes devoirs, permettez que je me présente Ambroise Dupin, rentier entre autre ! A qui ai-je l'honneur ? "


Je tends ma main droite, sors ma carte de visite de la gauche, espérant peut-être avoir trouvé un adversaire de niveau à cette occasion .


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Dominique Lebrun
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Dominique Lebrun

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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyMar 30 Avr - 8:17

Rentier entre autre ? Ce « entre autre » devait désigner une activité de plein air plus ou moins sportive à en juger par la silhouette et le teint du civil. Chevaux ? Vélocipède ? Peu importait au fond et l'officier chassa ces questions qui finalement ne l'intéressaient que peu - voire pas du tout - pour saluer, se présenter et récupérer la carte tendue. Bien évidemment, il la fourra dans une poche sans y jeter un œil, le monsieur venant de se présenter à l'instant.

« Eh bien oui monsieur, je rebroussais chemin devant le spectacle offert ici. Mais puisque vous vous offrez si volontiers, ce serait bien peu urbain de ma part de refuser. Mais pas question de quelques passes aimables histoire de se la raconter, il n'y a pas de dames à impressionner ici. C'est quelque chose d'entier et de plus viril que ça que je vous propose, vous voilà prévenu.»

Ce disant, Dominique fit un geste pour inviter son futur adversaire à entrer. Athlétique, encore jeune, le civil devait certainement être ce qui pouvait se présenter de mieux à Paris, en dehors d'un militaire. Et pour peu qu'il soit familier des armes, il ne se laisserait pas battre trop facilement. On pouvait en tous cas l'espérer. Néanmoins, le colonel, habitué de très longue date à manier le fer, ne se faisait aucun doute sur l'issue finale.
Installé dans un coin que, prudemment, les occupants actuels avaient déserté à leur approche, mettant l'habit bas, il proposa :

« Alors monsieur... Dupin. Sabre ? Fleuret ? Épée ? Le choix est à vous, je suis à vos ordres. Faites-moi voir vos talents ! »
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Ambroise Marie Dupin
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Ambroise Marie Dupin

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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyVen 3 Mai - 8:01

Usant des manières propres à son arme, le militaire empoche ma carte sans y jeter un oeil et m'invites à le suivre :

" Eh bien oui monsieur, je rebroussais chemin devant le spectacle offert ici. Mais puisque vous vous offrez si volontiers, ce serait bien peu urbain de ma part de refuser. Mais pas question de quelques passes aimables histoire de se la raconter, il n'y a pas de dames à impressionner ici. C'est quelque chose d'entier et de plus viril que ça que je vous propose, vous voilà prévenu."

Allons bon, monsieur est un foudre de guerre ! Veut-il que nous en venions au sang ? Moi qui cherchait de l'action, je suis servit ! Je suivit mon adversaire vers le fond de la salle, dans un coin bien vite déserté de tous belligérants, mettant bas jaquette et veste festonnée, l'officier me propose :

" Alors monsieur ...Dupin. Sabre ? Fleuret ? Épée ? Le choix est à vous, je suis à vos ordres. Faites-moi voir vos talents ! "

Mes talents !? On est là pour le sport, non? Monsieur semble remonté comme une pendule :

" Comme vous y allez ! Sommes-nous d'accord ? On ne veut pas tuer ! On est là pour échanger deux ou trois passes d'arme et ce, dans le respect et l'amitié ! On jurerait que vous partez en guerre !

Pour ma part, je vous proposerait bien le sabre mais, ce me semble, cela vous rappellerait peut-être un peu trop le métier qui est le vôtre et vous avantagerait presque. Le fleuret est certes sportif mais me semble peu viril pour l'échange que vous souhaitez, il ne reste donc que l'arme des fiers et honnêtes gentilshommes, je veut parler de l'épée ! "


Je me vêt de la tenue d'escrime, obligatoire en ces lieux, choisit sur le râtelier une paire d'épée, éprouve la souplesse et la solidité des lames, et en tend les pommeaux à mon adversaire, le tout reposant sur mon bras plié :

" Choisissez votre arme et allons sur le pré ! évitons de faire couler le sang, le propriétaire serait dans l'obligation de faire venir la maréchaussée et nous serions, vous et moi, contraints à la déclaration sous serment de notre absence de rivalité de quelque ordre qu'elle soit ! "

J'attendit qu'il choisisse une lame puis prit place sur le carré de combat, enfilait mon casque et me posait en figure d'attente du premier coup. J'espère que le cavalier n'est pas venu en quête d'un homme à tuer, je déteste me battre pour ma vie dans un lieu de plaisir, c'est une trop grande faute de goût !
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Dominique Lebrun
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Dominique Lebrun

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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyLun 6 Mai - 5:46

On en était à ce moment gênant où on se rend compte qu'on s'est encore fait avoir par une envie déraisonnable trop forte. On a hésité, écouté le baratin du vendeur, on a cédé parce que, après tout, elles sont peut-être bonnes, ses fraises ? Donc on a la barquette, on s'installe, on les hume et là... rien, pas d'odeur. Juste le parfum de l'arnaque.
Alors donc monsieur Dupin, dépité il y a dix minutes de devoir « vaincre des gens méritants mais fort peu doués », s'effarouchait d'un coup d'une passe d'armes un peu musclée. Son enthousiasme était retombé comme une météorite. Même vitesse, même chute. La lumière en moins. Le parfum de l'arnaque, vous dis-je.

Par malchance, le bonhomme s'était dévoilé tardivement et les choses étaient trop avancées pour les annuler. Dominique finit donc d'enfiler sa tenue d'escrime pendant que son adversaire, pardon, son camarade de deux trois passes d'armes choisissait les armes. Monsieur voulait un engagement courtois, il l'aurait. Dans le respect et l'amitié.
Le colonel sourit : dans le respect, certes mais l'amitié ? C'est à dire qu'ils se connaissaient – et c'est déjà beaucoup dire – depuis, allez, dix minutes, alors l'amitié...


« Allons-y pour l'épée ! Et rassurez-vous monsieur, mes supérieurs m'en voudraient d'embrocher des civils à Paris sans motif valable. Nous devrons donc nous contenter de la beauté du ballet des attaques et ripostes. En trois touches ? »



Finalement, il avait un côté comique, ce pékin. Même si Dominique ne savait encore trop qu'en penser : drôle ? Irritant ? Peut-être cachait-il bien son jeu ?
Sur cette pensée, il prit une des armes proposées et se positionna en garde. La stratégie pour l'instant : resté en sixte, voir si monsieur jouait au chien fou (mais peu de chance). Puis porter une attaque. Rien de machiavélique ou de compliqué : un simple dégagé, histoire d'avoir le « sentiment du fer ».
Son ami lieutenant aurait poussé de gros soupirs devant ce spectacle. Prendre la garde en sixte, pour ce passionné d'armes, c'était une aberration, un sacrilège fait aux plus pures et anciennes traditions qui voulaient que l'on se mette en tierce, peu importe l'arme. Mais malgré ces protestations à chaque occasion, ce mystique de l'escrime n'avait pu changer les habitudes de la cavalerie. Lui restait une profonde maîtrise de cet art, les plaisanteries mais aussi l'admiration de ses collègues et une certaine mélancolie devant la perte irrémédiable de la garde en tierce. Fort heureusement pour lui, son régiment se battait au sabre. Et le sabre était resté fidèle à la tierce. Lui.

Les yeux dans les yeux, le colonel attendait donc et jaugeait son vis-à-vis. Belle tenue, bonne garde, bonne lame ? Après tout, tant que l'on n'a pas mordu dans le fruit, peut-on s'avouer déçu ?
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Ambroise Marie Dupin
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Ambroise Marie Dupin

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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyLun 13 Mai - 11:23

Le colon semblait soudain tout déconfit, il cherchait l'affrontement guerrier, du genre que l'on trouve sur un champ de bataille, il oubliait l'animal, que les civils ont des préventions contre ce genre de rencontres, ne dit-on pas que c'est avoir des moeurs civilisés ? Je n'aimait pas cependant passer pour un pleutre ou un timoré, surtout devant un homme de valeur, ça nuisait trop à ma réputation d'enquêteur audacieux.

Il prit son épée, une fois équipé de pied en cap, et me servit un discourt ou la moquerie et, ce me semble, une pointe de mépris n'étais pas absente, soit, allons-y pour du brutal !

" Monsieur ! Il me semble que vous vous mépreniez sur les prudentes paroles que j'ai dites ! Je ne crains pas pour moi-même, mais pour les tracasseries qui ne manqueraient pas d'advenir au propriétaire si je blessait la fine fleur de la cavalerie ou si vous m'éborgniez !

Ensuite bien que civil, je ne suis pas un idiot, en tierce je vous prie, votre garde ! J'aimerais bien que notre échange se termine par l'ébauche d'une amitié propre aux compagnons d'armes, si vous m'insulté dès avant, cela me semble compromis ! Battons-nous sans limite de touches, le public comptera les points et celui qui en aura assez des deux demandera grâce, on verra ensuite le vainqueur !

Ma mère n'a pas mit au monde un lâche ! Et mon père m'en voudrait de ne pas m'engager entièrement ! Aux armes ! Colonel ! Aux armes ! "


Me plaçant en tierce j'attendit le premier assaut
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Dominique Lebrun
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MessageSujet: Re: Une salle oui, d'armes... faut voir   Une salle oui, d'armes... faut voir EmptyMar 28 Mai - 9:31

Bon. Pour le coup, la fine fleur de la cavalerie commençait à s'impatienter de tout ce blabla. Puisque monsieur ne craignait pas pour lui-même et que, de toute façon, il n'était nullement question de s'étriper, le colonel évacua le début de la réponse d'un coup de tête poli et d'un geste de la main qui voulait assez dire « et bien n'en parlons plus ».
La suite de la tirade ne cessa de l'étonner à tous propos. Garde en tierce, insulte, public, lâche... Le colonel en abandonna un instant sa garde. Coup d’œil rapide autour d'eux... Effectivement, un petit nombre d'escrimeurs avait abandonné leurs joutes du moment (et ferait bien d'abandonner l'escrime tout court d'ailleurs) pour se former en assistance. Un instant surpris, le colonel haussa furtivement les épaules. Donc le public, d'accord. Mais le reste ?

« Monsieur, je n'ai eu nulle velléité de vous insulter. Si j'ai pu dire ou faire qui vous le laisserait penser, la chose n'était pas intentionnelle. Et je préfère faire les mises au point de détail avant, surtout avec un civil, plutôt qu'après. Il serait regrettable de commencer sur un malentendu, n'est-ce pas ? 
Pour ce qui concerne la garde, en tierce, à l'épée... Je ne vous prends pas pour un idiot mais je serai curieux que vous me racontiez, un jour, où vous avez pu prendre cette habitude... ancienne.
Bien. Nous pouvons commencer donc ? »


Sur ce, le colonel se remit en position. En tierce donc. A part le cliquetis de quelques lames dans la salle, on percevait le léger murmure de l'assistance. Et quoi ! Qu'y avait-il donc de si extraordinaire à voir deux hommes échanger quelques passes dans une salle d'arme !
Mais le colonel n'y prêta aucune attention.
Le temps se diluait dans l'espace des deux lames. C'est une notion si fluctuante, le temps. Primordiale en escrime mais si changeante. Le moment où rien ne bouge, où on se jauge, où on réfléchit est interminable pour qui regarde. Pour celui qui tient l'épée, c'est juste un écoulement différent, propre au monde particulier où il est placé. Et l'instant précis où il rompt la ligne, où il lance l'attaque n'est que la suite parfaitement naturelle de l'attente.
Alors que le spectateur se surprend à sursauter au bruit des fers. Pourtant, il l'a attendu, il l'a voulu même dans ces minutes immobiles. C'est une chose étrange d'être surpris pas quelque chose d'attendu. Peut-être que regarder sans prendre part, être dans la pure expectative, sur plusieurs minutes distillait une fine mais sourde angoisse. Peut-être que, plongé dans une sorte de rêve hypnotique, le bruit des lames sonnait le réveil brutal.

Quoiqu'il en soit, cet instant vint. Dominique quitta brusquement sa position de garde pour contourner la lame adverse par sa coquille. Un dégagé simple. Juste pour « voir » un peu ce qu'il y avait en face.

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