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| Charles-Armand de LonsayDandynosaure
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| Sujet: Des nécessités mondaines Ven 1 Fév - 5:46 | |
| En dépit de certaines apparences, il s'avérait que Catharina von Reutersvärd, depuis fort peu de temps devenue Mme la princesse de Fréneuse, avaient plus de relations communes qu'ils ne l'auraient supposé. Ainsi, c'était à sa grande surprise que le vicomte avait appris de la bouche de la cantatrice qu'il protégeait que Mme de Fréneuse lui avait offert de chanter à la réception que donnait Mme Pentois, et à laquelle il était convié. Si la nouvelle l'avait surpris, il aurait préféré qu'elle chantât pour la première fois dans une autre maison que celle des Pentois, qu'il n'appréciait que tièdement. Néanmoins, puisque l'occasion était là... il fallait bien en prendre son parti ! Mais hors de question que Constance Saintoin se présente chez les Pentois vêtue comme une provinciale ! Non ! C'eût été bien trop indigne de lui, en tant que mécène, et d'elle, en tant qu'artiste. Elle était à Paris, que diable, et il importait qu'elle fût présentable. Il avait donc pris la décision de lui offrir une toilette pour cette réception, et avait en conséquence pris rendez-vous chez sa couturière attitrée : Lise Champmézières. Mais il était quelque peu incorrect qu'il se présentât au salon de couture en accompagnant seul sa protégée... C'est pourquoi il avait également envoyé un message à Catharina de Fréneuse, la priant de les accompagner. Ce serait bien plus correct ainsi ! Ainsi donc, après avoir averti tout son monde de ce petit rendez-vous, le vicomte de Lonsay fit atteler et se rendit jusqu'à la demeure des Fréneuse. Après le bonjour de rigueur, les quelques amabilités que l'on s'échange entre amis, notre joyeux trio prit place dans la voiture, direction la maison de couture. - HRP:
Est-ce que cet enchaînement de jeu vous irait ? Cath et Constance répondent, puis Lise nous accueille. Sinon, j'édite en conséquence ! ^^
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| | | Constance Saintoin
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Sam 2 Fév - 23:41 | |
| Quand le vicomte de Lonsay fut mis au courant par Constance qu'elle avait été conviée à chanter chez les Pentois pour leur grande réception. La jeune provinciale sentit la réserve de Charles-Armand, pourtant, celui-ci semblait heureux pour elle.
Puis, vint se poser le problème épineux de la robe... Il est vrai que la jeune femme n'avait qu'une garde-robe limitée, datant du siècle dernier est, de plus, étant d'extrême mauvais goût. Le vicomte, lui avait fait part de son devoir de mécène : celui de lui acheter une robe digne de ce nom pour la réception. Constance lui aurait sauté au cou. Mais connaissant la timidité dont le vicomte faisait preuve avec le sexe faible, la jeune femme se retint et lui fit alors un grand sourire... Ils avaient alors convenu d'un rendez-vous le lendemain chez les Freneuse. Constance était arrivée chez les Freneuse presque une heure à l'avance. On l'avait bien sur accueilli avec la plus grande amabilité. Le vicomte arrivait pile à l'heure comme toujours. Catharina le fit entrer quelques instants, ils se saluèrent tous de manière cordiale, échangèrent quelques discussions habituelles, puis ils prennèrent place dans la voiture.
Constance était très heureuse, et elle souriait à tout le monde. Pour la toute première fois, elle allait avoir une robe à elle toute seule qu'aucune vieille femme n'avait portée des années durant. Cela serait un peu sa propriété. Et elle devait tout cela à Charles-Armand et Catharina. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Dim 3 Fév - 5:24 | |
| Constance avait sonné à la porte particulièrement tôt, ce qui n’était pas pour m’arranger. Ce fut néanmoins avec un sourire que je l’accueillis et la fit conduire au salon accompagnée de la bonne, avant de m’enfuir quelques minutes. Je mis un peu de poudre sur mes joues pour leur redonner un semblant de couleur et ainsi dissimuler mon teint encore plus que blafard. Les paupières lourdes, je me mis quelques tapes sur le visage pour me réveiller. Comme la majorité des personnes, je détestais être malade. Je soupçonnai l’air condensé parisien de m’apporter ces maux, moi qui me portait si bien en région éloignées norvégiennes et anglaises.
Je rejoignis la jeune cantatrice et chassai la bonne. Nous discutâmes innocemment jusqu’à l’arrivée du vicomte de Lonsay. Quelles choses une duchesse pouvait-elle bien dire à une pauvre provinciale, franchement ? Constance était encore plus démunie que Lise, jeune fille écarté de la trajectoire du mariage pour faire carrière dans le monde artistique. Grâce à Charles-Armand, elle paraitrait décemment vêtue, sans décoloration dans le tissu ou de déchirure dans le tissu.
Le trajet en voiture fut… Long. Je portai à ma bouche le revers de ma main pour tousser, détournant la tête pour le faire le plus discrètement. Je leur demandai pardon, leur fit par de mon état plutôt fiévreux et déplorable. Ceci fait, je laissai mes paupière se rabattre sur mes yeux, juste pour les reposer, quelques secondes… Jusqu’à ce que la voiture me secoue un peu trop. Je les rouvris, grands, comme si ne rien était et jetai des coups d’œil à l’extérieur. Paris était pour sûr une ville trop dense.
Nous voila, finalement, devant la maison de couture. Je descendis et attendis que Constance en fasse de même pour entrer. Une fois à l’intérieur, je cherchai Lise –non sans difficulté- du regard et me dirigeai vers elle à grandes enjambées. J’allai attraper ses mains et la saluai, souriante. J’agitai la main pour faire venir Constance, et la lui présentai non sans tousser au milieu de ma phrase.
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| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Dim 3 Fév - 8:47 | |
| C’était assez rare, mais Lise était de mauvaise humeur. Une mauvaise humeur diffuse, mal définie, qui l’avait prise dès le saut du lit. Les premières heures de la journée s’étaient écoulées sans qu’elle sache expliquer pourquoi le moindre désagrément l’agaçait tellement, ce jour-là : un bibelot mal placé, un faux pli du rideau, une ouvrière en retard… Mille détails l’irritaient. Elle avait mis, d’ailleurs, un temps infini à s’occuper de sa toilette et le résultat, quoique objectivement réussi (n’en était-il pas ainsi chaque jour ?), la laissait curieusement insatisfaite. Les premières clientes de la matinée s’étonnèrent peut-être de voir leur couturière un peu moins enjouée qu’à l’ordinaire, un peu moins bavarde. Oh, ce n’était pas grand-chose, mais plus d’une sortit de la Maison Champmézières en se demandant : Tiens, Lise aurait-elle quelque tracas aujourd’hui ?
Pourtant l’intéressée elle-même n’aurait su expliquer le trouble de l’humeur qui l’avait saisie.
Lorsque Justine vint lui annoncer que « madame de Fréneuse, monsieur de Lonsay et sa demoiselle » étaient arrivés, un curieux pincement au ventre voulut peut-être la prévenir de quelque chose, mais elle n’y prêta que peu d’attention. Au contraire, elle s’élança au-devant de Catharina et la salua gentiment, s’inquiétant discrètement pour son état de santé que trahissaient un teint plus blanc que blanc malgré le fard, des yeux cernés et une petite toux persistante.
« Oh ma chère, vous auriez dû rester bien au chaud chez vous ! Monsieur de Lonsay aurait suffi à amener madem… »
Sa voix s’évanouit assez bizarrement. Oh non. Elle resta interdite une seconde avant de reprendre :
« En tout cas, c’est adorable de vous être déplacée malgré tout ! »
Elle accueillit Constance avec un sourire légèrement crispé et, en voyant arriver le vicomte juste derrière elle, le pincement au ventre ressurgit, plus fort. Elle voulut l’ignorer.
« Mademoiselle... Monsieur de Lonsay… Je suis ravie de vous recevoir, comme toujours. »
Elle trouva la petite Saintoin rayonnante. Et elle savait déjà que, dans une robe de sa confection, elle serait radieuse. Pourquoi cette idée ne l’enchantait-elle que moyennement ? D’ordinaire, elle prenait un plaisir généreux à embellir chaque femme qui venait la trouver ! Pourquoi cette désagréable sensation qui l’accompagnait depuis son lever semblait-elle s’amplifier lorsqu’elle imaginait Constance plus jolie encore, dans une toilette élégante ?
« Oh, installez-vous, je vous en prie. Je n’ai rien préparé en particulier… »
Cela paraissait l’étonner elle-même. N’aurait-elle pas dû avoir des idées à foison pour la robe qu’on lui demandait ? N’en avait-elle pas eu quand elle avait vu Constance pour la première fois, au Printemps ?
Tandis que ses clients prenaient place sur un fauteuil, un sofa ou un pouf, Lise affichait un sourire teinté de tristesse. Oh, pourquoi se le nier plus longtemps ? Les rumeurs qui circulaient depuis quelques jours ne l’affectaient-elles pas plus qu’elle ne l’aurait voulu ? Elle en avait eu vent, pour la première fois, au mariage de Catharina où elle avait surpris cette conversation émaillée de rires… Eh bien ma chère, il faut croire qu’il a fini par trouver un jupon à son goût ! Qui donc ? Mais le vicomte de Lonsay, voyons ! Il s’est fait le protecteur d’une chanteuse, d’une fille de province ! Si elle chante bien ? Ah ça, on n’en sait rien ! En tout cas ses beaux yeux lui ont valu une place à l’Opéra ! Mais oui mon ami, on dit que la petite n’est pas laide ! Eh, que voulez-vous, le vicomte est un esthète ! Et ils avaient ri. Et Lise avait ressenti le pincement au ventre pour la première fois.
« Eh bien, monsieur de Lonsay, qu’avez-vous dans l’idée pour notre princesse du jour ? »
Elle avait tenté, très sincèrement, de se montrer badine et aimable comme d’habitude. |
| | | Charles-Armand de LonsayDandynosaure
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Dim 3 Fév - 10:47 | |
| Peut-être le vicomte n'avait-il pas imaginé que cette journée se déroulerait ainsi... Il avait bien remarqué que le visage de Catharina de Fréneuse n'était pas aussi vivant qu'à l'ordinaire, mais connaissait-il seulement l'ordinaire ? Il l'avait, après tout, fort peu vue... Mais une fois dans la voiture, il n'eut plus de doute : Mme de Fréneuse était souffrante. Elle-même ne s'en cachait pas. N'eussent été les convenances et la galanterie, le vicomte se serait volontiers enfui du véhicule, afin de ne pas tomber malade à son tour : il l'avait déjà suffisamment été cette année, et les années précédentes aussi, merci bien ! Mais voilà, les convenances étaient. Et il fallait bien s'en accommoder. Ainsi, Charles-Armand se raisonna durant les vingt minutes de trajet nécessaire pour rejoindre la maison de couture Champmézières : ce n'étaient que vingt minutes, après tout... Il survivrait bien vingt minutes, non ? En même temps, la maladie avait réussi à terrasser deux forces de la nature, Jean de Fréneuse et sa femme... qui sait ce qui risquait de lui arriver, à lui qui n'était pas de constitution solide ? Mais il allait en agoniser dix jours, peut-être quinze, enfin ! Bon sang, qu'est-ce qui lui avait pris de ?... Ah ! cruelle destinée qui vous condamne à l'enfer dès que vous pensez en avoir réchappé !
Le trajet fut donc fort silencieux - si du moins un trajet en voiture à chevaux dans les rues remplies de monde de Paris pouvait être silencieux -, histoire de laisse Mme de Fréneuse se reposer. Un quart d'heure plus tard, ils étaient devant la maison de couture. Le vicomte descendit de voiture le premier, comme le veut l'usage, et aida ces dames à descendre. Puis, tous trois entrèrent et furent accueillis par une couturière dont le visage semblait plus soucieux qu'à l'ordinaire... Le monde avait-il donc décidé de tourner en carré aujourd'hui ? Lise Champmézières, d'ordinaire si énergique et enjouée, avait-elle donc sujet à doléances ? La seule personne constante était, fallait-il en rire ou s'en étonner, Constance... Depuis qu'il lui avait annoncé lui offrir une robe, elle ne tenait plus en place, brûlait d'impatience et d'enthousiasme... des choses bien plus plaisantes à voir que sa triste mine du premier jour où il l'avait vue, que ses joues empourprées de colère avant de voir André Jamyn... Peut-être le monde tournait-il un peu moins carré que prévu, dans le fond...
Nouveau sujet d'étonnement : Lise Champmézières n'avait rien préparé... Voilà qui n'était vraiment pas normal. Le vicomte s'étonna d'en ressentir une quelconque inquiétude, mais après tout... c'était l'une des rares femmes avec lesquelles il avait eu un contact aussi proche et aussi durable. Malheureusement pour les dames de l'assistance, s'il remarqua le trouble qui agitait la couturière, il fut sans doute le seule à ne pas en comprendre - plus ou moins largement - la cause... quand bien même elle était visible, évidente même. Il aurait pourtant dû comprendre à l'hésitation à prononcer le mot "mademoiselle", à l'air de Lise lorsqu'elle regardait Constance, qu'elle était jalouse d'elle ! Mais jalouse pourquoi ? En voilà, une question... Le ragot selon lequel il était devenu l'amant de la chanteuse n'était pas encore parvenu à ses oreilles. Et heureusement !
Néanmoins, dès qu'il fut question de vêtements, le vicomte oublia à peu près tout ce qui dans son environnement immédiat avait matière à le tracasser, pour se concentrer uniquement sur la question du jour : comment habiller mademoiselle Saintoin. Comme la couturière n'avait rien préparé, mais que lui avait toujours foisonné d'idées en matière d'atours, il prit tout naturellement le relai : "Eh bien, peut-être un satin bleu de minuit pour le corps de la jupe... de quoi mettre en valeur ce regard bleu, sans étouffer l'éclat du teint par des couleurs trop vives... Ou peut-être un bleu de cobalt... Un corsage plus clair, pervenche peut-être, à moins de jouer sur les différentes teintes de turquin ? Voilà qui prête à réflexion... Qu'en pensez-vous ? Il serait en tout cas élégant d'y adjoindre quelque broderie au point de Beauvais, n'est-ce pas ?"
S'il savait qu'avec toutes ces phrases, avec ce regard qui s'attardait sur Constance non pour détailler ses charmes, mais pour mieux l'imaginer revêtue de ces différents bleus - dois-je rappeler que les bleus et les gris étaient les couleurs favorites du vicomte ? - , il ne pouvait qu'attiser la jalousie de sa couturière ! Peut-être aurait-il réagi différemment ? |
| | | Constance Saintoin
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Mar 5 Fév - 22:38 | |
| Le trajet fut très agréable, même si elle apprit seulement là que Madame de Freneuse était souffrante. Elle s'en voulait un peu d'être arrivée tôt, Catharina aurait peut-être pu se reposer un peu plus... Elle observait la réaction du vicomte, et faillis être prise d'un fou rire des plus inconvenants... Charles-Armand semblait essayer de respirer le moins possible, et ne tenait plus en place. Constance avait la sensation qu'il préfèrerait partir en courant plutôt que d'attraper une maladie. Même si elle devait être bénigne. Heureusement pour le vicomte et pour ses dames, ils arrivèrent devant la maison de couture de Madame Champmézières, qui lors de leur première rencontre lui avait semblé être une dame fort charmante et à la compagnie agréable. Le vicomte les aida à descendre et la petite troupe entra dans la maison de couture. Tout de suite en entrant, Constance sentit que quelque chose n'allait pas. L'ambiance était tendue, et Lise semblait bien moins agréable que la dernière fois, saluant Constance avec un sourire crispée sans même pouvoir articulé dignement le nom de la demoiselle. Lise l'observait en coin tandis qu'elle les installait sur les fauteuils... Constance aurait dû se douter que c'était de la jalousie. Pourtant, elle n'y songea guère se demande pourquoi une dame de cet acabit, si bien vêtus et de bonne compagnie pourrait envier sa place à elle, petite chanteuse de province. La couturière demanda son avis au vicomte. Celui-ci la détailla longuement, pas pour observer son physique, mais pour juger quelle couleur lui irait au teint. Il proposait une nuance de bleu. Et Constance approuvait du regard. Mais ce n'était point à elle de choisir, elle n'avait jamais eu le choix pour les vêtements, elle ne savait donc pas vraiment ce qui était à la mode. Mais Constance s'inquiétait pour Lise qui tentait de garder une cordialité de façade, elle ne put s'empêcher de demander, sur le ton le plus poli du monde un : - Quelque chose ne va pas Madame Champmézières ?HRP - Spoiler:
Voila, je profite d'une journée de tranquilité pour répondre à ce RP. Pour toutes réclamation veuillez appeler le.... Non ! Je plaisante Si il y a un soucis n'hésitez pas !
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| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Mer 6 Fév - 14:49 | |
| J’esquissai un vif signe de tête négatif pour répondre à ma chère amie. Même si j’adorais errer dans ma nouvelle demeure, je me sentais l’obligation d’accompagner cette jeune fille conviée à une grande soirée grâce à mes soins. De plus, la laisser seule aux griffes d’un homme, aussi gentil semblait-il être, me paraissait être une erreur. Par le passé, j’avais affronté encore plus violent qu’une toux et de la fièvre, ce n’était ça qui allait me clouer au lit… Dans le pires des cas, je m’affalerai sur un des divans de Lise et m’y endormirai, cela ne dérangera personne, malgré la totale inconvenance du geste.
Lise paraissait pincée, comme si elle faisait preuve de retenue avec son caractère si vivant et enjoué. Je ne fis pas de commentaire –pas pour le moment- et m’installai sur un sofa que je pris la peine de réquisitionner pour ma seule et unique personne. L’état de ma chère me préoccupait. Qui avait donc à ce point atteint madame pour que celle-ci n’ait rien pris le temps de préparer ? Je soupçonnai cet idiot de Victor, horriblement tenace, incapable d’accepter qu’une femme ne veuille pas de lui. Avait-il été suffisamment goujat pour que l’humeur de Lise en soit affectée ? Franchement, il faudrait lui mettre un pied aux fesses. Heureusement, je n’étais pas en état de le faire, s’il se pointait –et surtout, ce n’était pas mon genre d’user ainsi de violence.
Je laissai les experts s’occuper de la petite Constance. Joue calée dans contre la paume, je tentai d’observai la scène de mon sofa, les yeux mi-ouverts. Le vicomte déblatéra toute une série d’idée qui s’agençait autour d’une seule et même couleur : Le bleu. Il employa de nombreux termes que je ne pris pas la peine d’imager dans mon esprit embrumé. Pour moi, du bleu restait du bleu. Il y avait des bleus foncés et des bleus pâles, mais des bleus quand même. J’esquissai un sourire lorsque l’ironie me frappa. Ciel que je m’y connaissais, en bleus.
L’enfant, plutôt perspicace, avait remarqué l’attitude affecté de la couturière, incapable d’en faire fi. Je me redressai et tapotai mon visage pour me donner un coup de pouce et m’éveiller. Lise n’avait sûrement pas envie de partager ce qui la tracassait avec un homme –un homme- et une jeune fille trop curieuse. Avant qu’elle puisse répondre de ce malaise, j’interpelai Constance « Connaissant la passion que Madame porte à la mode, je ne serais guère étonnée que celle-ci soit restée une peu trop tard à peaufiner une robe… » Je m’adoucis et fis un sourire indéchiffrable. « …Mais n’ayez crainte, meg hjertet, Lise est la meilleure, elle vous confectionnera une robe magnifique… n’est-ce pas ? » Je me laissai lentement tomber contre le dossier du divan à nouveau, mains posées devant moi, sur ma jupe. Ma tête dodelinait un peu vers l’arrière, mes yeux se refermèrent, faibles et « À mon avis, une robe… » Chercher un mot pour ne pas dire la couleur en elle-même « …Pêche... lui irait mieux. »
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| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Jeu 7 Fév - 10:30 | |
| Oh, cruel… ! Luttant pour conserver un semblant de sourire, Lise avait commencé comme le vicomte par regarder Constance ; mais il ne lui avait fallu qu’une seconde pour savoir qu’il avait raison, évidemment, que tout ce qu’il proposait serait du meilleur goût et ne pourrait que magnifier la chanteuse. Son regard, alors, avait glissé vers Charles-Armand tandis qu’il parlait. Ce calme qu’il affichait, encore, toujours… ! Comment pouvait-il ignorer le trouble dans lequel il la jetait ? Il enveloppait sa protégée d’un regard tendre, imaginant sur elle toutes les nuances du bleu qu’il aimait…
« Au point de Beauvais… » finit-elle par répéter sans intonation particulière. Elle se secoua, manifesta de l’enthousiasme : « Oui, bien sûr, excellent ! »
Cela n’était visiblement pas convaincant… puisque la question de Constance tomba comme un couperet. Lise se retourna vers elle, l’air surpris. Oh non, mon enfant, oh non… Montrez-vous hautaine, mesquine, vulgaire, affectée ! Que je puisse vous détester de toute mon âme ! Pas de cette spontanéité touchante, pas de cette prévenance !
Heureusement, Catharina était une amie précieuse. Tellement précieuse… Lise se retint à grand peine d’aller embrasser la malade. Non seulement elle la dispensait de réponse, mais elle désavouait le choix du bleu !
« Pêche ! Tiens donc… mais c’est une idée ! Qu’en dites-vous, monsieur de Lonsay ? »
Et, tout à la fois pour disperser son trouble et pour appuyer l’idée du nouveau coloris, elle se leva et ouvrit l’une de ses grandes armoires. Elle en sortit de grands pans de tissu qu’elle déploya sur les sièges les plus proches.
« Voilà un pêche tout à fait charmant pour une jeune femme ! Et ce ventre de biche, il se marierait à merveille avec… »
Avec ces beaux cheveux bruns. Il épouserait ce teint pâle, les grands yeux bleus n’en ressortiraient que mieux.
« Au reste, j’ai l’impression que tout irait à Mademoiselle… Elle serait aussi irrésistible en rose, vous savez, ces roses délicats qui éclairent si joliment les pommettes… Avec un corsage en soie façonnée ivoire, brodée au point de Beauvais de légères branches fleuries… Ah, l’éclatante beauté de la jeunesse ! … »
Entourée de ces tissus déclinant toutes les teintes de doux orange, elle eut un sourire qui n’alla pas jusqu’à ses yeux, un peu tristes.
Ce fut ce moment-là que Justine choisit pour rentrer dans la pièce. Elle sembla hésiter un instant en regardant les clients, puis s’avança vers Lise et lui tendit un petit bouquet de fleurs et une lettre qui venaient d’arriver. La couturière ne fit pas un geste pour se saisir des présents ; sa lèvre inférieure trembla brièvement. Elle parut prête à arracher les fleurs des mains de son ouvrière et à les lancer le plus loin possible, mais elle se retint. D’un geste, elle indiqua simplement à Justine de repartir.
« Jetez-moi ça ! » souffla-t-elle. Elle passa une main sur son front. « Ce que les hommes sont cruels… ! » remarqua-t-elle à mi-voix, pour elle-même, comme surprise...
Lorsqu’elle revint vers ses clients, elle semblait plus lointaine, moins vulnérable. Aimablement, elle dit :
« Pardonnez-moi… Bien, qu’avez-vous choisi ? Mademoiselle Saintoin, vous avez sans doute un avis sur la question ? Après tout, c’est vous que l’on habille, n’est-ce pas ? » |
| | | Charles-Armand de LonsayDandynosaure
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Ven 8 Fév - 11:39 | |
| Une teinte de pêche... la réflexion avait, en effet, de quoi laisser songeur. Le vicomte se plut à imaginer des robes de diverses découpes, jouant sur chaque petite nuance de couleur qu'il connaissait. Au reste, s'il maîtrisait admirablement la palette des bleus, celle des orangés lui était un peu moins familière - question de goûts et d'habitudes, tout simplement. Il ne portait que fort rarement des teintes chaudes, après tout. Mais à la réflexion, il lui semblait que le pêche éteindrait l'éclat du teint... et qu'il serait trop voyant pour la robe d'une chanteuse. La discrétion raffinée n'était-elle pas de mise pour une première apparition en public ? Certes, on pouvait également se montrer sobre et raffiné tout en portant des couleurs claires... Ce fut finalement le "rose" de Lise qui lui suggéra la couleur parfaite.
Entre temps, la couturière s'était brièvement écartée. Du coin de l'oeil, il avait remarqué un bouquet d'élégantes fleurs, dont il apprécia au passage l'agencement qui signale l'homme de goût... Tiens donc ! la délicate couturière aurait-elle un galant ? Voilà qui pourrait expliquer certaines de ses attitudes, le trouble dont elle semblait atteinte, son regard chagrin... Peut-être l'expéditeur de son bouquet s'était-il comporté comme un goujat, ou peut-être était-ce quelqu'un d'autre... Peut-être avait-elle succombé à quelque passion sans espoir, telle une version féminine du jeune Werther ? Que de questions dont il ne se préoccupait que fort peu, et tout simplement en tant qu'ami, si l'on pouvait dire cela ainsi. Au reste, étant donné que ce n'étaient pas du tout ses affaires et qu'il avait enfin trouvé une explication plausible à l'état inhabituel de la couturière, le vicomte en revint à ses préoccupations vestimentaires. Donc, ce rose...
"Un rose... Celui que nos ancêtres nommaient "baise-moi-ma-mignonne", serait en effet d'une rare finesse associé à l'ivoire dont vous parliez. Qu'en pensez-vous, Mademoiselle ?"
S'il avait seulement été conscient que l'expéditeur du bouquet n'était qu'un galant importun, s'il avait seulement pu imaginer que l'objet de ses pensées n'était autre que lui-même, s'il avait seulement su que Constance passait pour sa maîtresse, peut-être se serait-il abstenu de prononcer le nom d'une telle couleur... Mais il était, comme bien souvent, le dernier au courant de sa propre réputation, le dernier à connaître les ragots sur son compte ; au reste, telle idée ne lui vint guère à l'esprit, tant la perspective de s'unir à une femme lui était étrangère. Et pourtant, Fréneuse lui-même y avait cédé, récemment... Il avait avancé des arguments étrangement raisonnables pour un tel personnage... Et il avait épousé en grande pompe madame von Reutersvärd, ici présente. Son jeune frère aussi n'allait pas tarder à trouver compagne à son goût ou de son rang. Mais lui-même restait honteusement célibataire - quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense.
Toujours était-il que le vicomte continuait à penser chiffons, sans même imaginer un instant qu'une femme pût être éprise de lui, pis encore, qu'elle pût être à deux pas de lui. Prête à céder pourvu qu'il daigne lui accorder un regard.
"Au reste, il faudrait, évidemment, éviter les couleurs trop voyantes, de même que les coupes excentriques... Mais je ne vous apprends rien, n'est-ce pas ?" |
| | | Constance Saintoin
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Sam 9 Fév - 9:07 | |
| Un bouquet des plus jolis arriva pour Lise. Constance aurait rêvé de recevoir un cadeau pareil. Pourtant Lise demanda que l'on s'en débarrasse. Alors, soudain, Constance comprit... Lise éprouvait des sentiments pour Charles-Armand, son mécène. Et elle considérait Constance comme une rivale. D'une certaine manière, elle s'en sentit flattée : qu'une femme aussi belle et aussi élégante que Lise soit jalouse d'une pauvre petite provinciale... C'était vraiment flatteur. Pourtant, ce fut la gêne qui prit les devants.
S'ensuivit un long débat sur le choix de la couleur de la robe : des nuances de bleus, de la pêche, du ventre de biche, du rose, du... Baise-moi ma mignonne ! Constance rougissait à vue d'oeil. Tout son visage s'empourpra puis elle se prit à regarder ses pieds. Mais qui avait eu l'idée d'appeler cette nuance de rose de cette manière... Elle imagina ce que pouvaient penser ses comparses au vu de sa réaction... Son mécène devait se demander pourquoi elle était à ce point émue, Catharina trop malade pour penser à quoi que ce soit, et Lise qui devait surement l'observer... La jeune provinciale releva les yeux et fixa Lise avec un petit sourire gêné.
-Je suppose que ce rose doit être du meilleur goût. Auriez-vous l'obligeance de me montrer un morceau de ce tissu ?
Constance se leva. Être resté assise, ne serait-ce que quelques minutes était un véritable supplice pour Constance. Si elle avait été homme, elle se serait sûrement engagée dans l'armée. Le rêve de l'action. Ainsi, elle n'aurait jamais connu le fameux corset qui lui comprimait les poumons et qui empêchait chaque femme de respirer à son aise...
Elle lâcha dans un souffle : -mais après tout, je ne suis qu'une provinciale habillée par les amies d'une mère au goût des plus démodé. Nous n'avons qu'à faire des essais et voir quelle robe me va le mieux.
Elle continuait à marcher en faisant le tour du salon... |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Dim 10 Fév - 13:38 | |
| Je retins un bâillement en aplatissant de longs doigts sur ma bouche. Je laissai ma tête retomber d’un côté et observai les tissus qui s’étalaient sous mes yeux. Ah, il y en avait un joli, juste là. Snowden le porterait très bien, d’ailleurs. J’écoutai Lise approuver mon merveilleux et innocent petit pêche, mais sa voix cassa soudain et cela m’alarma. Je me redressai et plissai les yeux, regardant la couturière interpelée par son ouvrière. Un bouquet de fleurs fut tristement refusé, mais avec raison. Qu’est-ce qu’il était collant, ce Victor ! Pouvait-on manquer de galanterie et être ainsi goujat avec une femme et continuer de croire que l’on pourra la charmer ?
Inquiète pour mon amie, je m’apprêtai à me lever pour tenter de lui remonter le moral, voir ce qui la tourmentait mais, hélas, Charles-Armand posa le premier pas de travers. Les hommes demeuraient les hommes, après tout. Je fronçai les sourcils. « Baise-moi-ma-mignonne », une vraie couleur ou un lapsus révélateur ? La jeune fille elle-même semblait totalement déboussolée et affectée, pour sûr, ce n’était pas tout simplement une teinte. C’était pour ce genre de langage –d’écart- que j’avais tenu à accompagner la petite Constance, et ce, même malade. Je m’apprêtai à répliquer, prête à contester le vicomte, mais me retins, luttant pour demeurer élégante et toute ne convenance –ou presque. Quel homme serait suffisamment idiot pour parler ainsi devant des femmes d’autres choses que de couleur ?
« Mademoiselle, être provinciale n’est pas une excuse. Vous devez apprendre à vous habiller convenablement, profitez donc des connaissances de madame et monsieur pour embellir votre garde-robe. » Puis je m’appuyai dans l’autre sens sur le divan, ayant épuisé toutes mes réserves pour prononcer ces quelques mots. Cependant, il fallait que je rajoute encore une petite phrase, ou deux. « Les couleurs pâles, comme le pêche, sont appropriées pour une jeune fille. »
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| | | Lise ChampmézièresElle court, elle court, la cousette !
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Lun 25 Fév - 10:03 | |
| Baise-moi-ma-mignonne !
Lise eut un sursaut lorsque le vicomte prononça ces mots. Baise-moi-ma-mignonne, disait-il, et toujours ce regard doucereux vers la petite provinciale ! Mais qu’il était cruel ! Et tellement grossier, surtout ! Elle qui avait toujours aimé son élégance, son raffinement, son tact… ! Que nenni ! Baise-moi-ma-mignonne ! Mais cet homme était un rustre, un goujat, un… un… un satyre !
Même sa maîtresse rougissait en entendant l’allusion ! Mais oui, un peu de pudeur, que diable ! Vous pouvez bien forniquer tant qu’il vous plaira, mais ayez au moins la décence de ne pas en parler publiquement ! Eh, quoi, faudrait-il qu’elle subisse les récits de leurs ébats ? Serait-il à ce point barbare ?
Aveuglée par sa colère, par sa jalousie et par les larmes qui menaçaient d’inonder ses yeux, Lise demeurait muette. Les dernières paroles de Constance, néanmoins, lui arrachèrent un petit rire qui n’avait rien de joyeux :
« Ma chère, vous n’êtes pas dans une boutique de prêt-à-porter. La seule robe que vous essayerez, c’est celle que nous confectionnerons spécialement pour vous. A moins, bien sûr, que monsieur de Lonsay ne veuille vous offrir autant de toilettes qu’il y a de couleurs dans mes armoires. Il ne faut pas, au reste, douter de la générosité de Monsieur. »
A ces mots, elle ne fut plus très sûre de l’aplomb de sa voix. Après un regard à Catharina – chère Catharina ! Lise se fût probablement déjà effondrée sans la présence de son amie –, elle s’éloigna à nouveau, puis revint les bras chargés de beaux tissus chatoyants : du rose, de l’ivoire.
« Eh bien en voilà, du baise-moi-ma-mignonne ! » Elle avait isolé un tissu d’un beau rose pâle. « Vos ancêtres, Monsieur, étaient bien inspirés de nommer ainsi ce rose tout droit sorti d’un poème ! C’est le rose de la bouche aimée, le rose qui nous fait dire des choses… Qu'un baiser de vos lèvres de roses me soit octroyé, et je prendrai la chose en douceur ! »
Son regard chercha, furtivement, celui de Charles-Armand, mais elle se tourna bien vite vers Constance et lui sourit assez sincèrement :
« George Sand, naturellement. Quelle femme… ! On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais elle a toujours su aimer des hommes sublimes. Enfin… c’est le rose qu’il vous faut. N’est-ce pas ? »
Si tout le monde approuvait les teintes, il faudrait, ensuite, passer aux aspects plus techniques du métier. |
| | | Charles-Armand de LonsayDandynosaure
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Ven 22 Mar - 3:28 | |
| Eh bien oui, baise-moi-ma-mignonne. Certes, l'on pouvait reconnaître - et le vicomte le faisait volontiers - l'origine incongrue, pour ne pas dire plus, du nom de cette couleur. Mais tout de même ! Y avait-il lieu d'avoir pareilles réactions ? C'était à croire que les trois dames ici présentes n'en avaient jamais eu vent... Pour mademoiselle Saintoin, passe encore, cela pouvait s'expliquer. Pour madame de Fréneuse... à vrai dire, il n'en savait rien. Quant à madame Champmézières, étant données sa profession et sa réaction, il était évident qu'elle connaissait la nuance de rose dont il parlait. Mais toutes ses réactions semblaient crier une vérité qu'il ne comprenait pas encore, quand bien même un début d'intuition semblait lui souffler - il était temps ! - qu'il n'était pas si indifférent que cela à cette dame. Le vicomte balaya toutefois l'idée d'un coup de balai mental : ridicule ! lui, courtiser ? allons donc ! Le jour où ça arriverait...
Mais le chagrin qu'il semblait causer à la couturière, et la gêne qu'il avait provoquée chez sa protégée, lui firent changer de discours bien vite... non pas au sujet de l'amour, mais au sujet de la couleur. Ca n'avait tenu qu'à une chute de tissu. Une mince petite chute de tissu, tout innocente sur un guéridon, dans le maelstrom de la maison de couture Champmézières. Un tissu de moire à petites ondes, d'un turquoise remarquable, presque vin de turquoise... Une couleur pâle, mais profonde, et qui irait avec les superbes yeux de la chanteuse, sans faire d'elle une actrice à bon marché. Une couleur qui contrasterait suffisamment avec l'ivoire, sans pour autant être vulgaire...
« Eh bien, non... Certes, ce rose - puisque son nom vous offense, mesdames, je ne le prononcerai pas - est fort élégant, mais j'aime à penser que la moire turquoise qui siège actuellement sur ce guéridon le serait plus encore... » Et disant cela, monsieur de Lonsay posa sur madame Champmézières un regard très calme, espérant apaiser la tempête qui semblait s'être réveillée en elle. « Voyez, poursuivit M. de Lonsay en s'emparant de la chute de tissu et en la plaçant sur l'ivoire, n'est-ce pas mieux ainsi ? » Etaient-ils sauvés de l'embarras causé par sa dernière proposition ? |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
Messages : 401
| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Mer 27 Mar - 15:14 | |
| Il y avait un petit quelque chose dans la voix de Lise que Catharina n’aimait pas du tout. La jeune mère comprit bien vite qu’il s’agissait du nom d’une couleur mais ne se faisait pas à l’idée que le vicomte ait pu précisément choisir celle-ci et la prononcer avec une telle dévotion quant à la création de la robe de Constance. Il y avait des choses qu’on ne disait pas aussi crûment, Diable ! Charles-Armand avait-il conscience qu’il se trouvait entouré de femmes et non pas dans le confort de son chez lui ou avec des amis ?
« Monsieur de Lon… » Elle s’interrompit pour tousser plusieurs coups. « Lise et moi nous nous retenons atrocement de dire ce qui nous passe par la tête, pour vous préserver de ces histoires de femmes. Vous devriez en faire de même et ne pas choisir des couleurs aussi… » Elle battit des paupières, brumeuse. « Est-ce si difficile de dire rose ? » Finit-elle plus pour elle-même que pour le si connaisseur vicomte.
Catharina frotta ses yeux puis tapota son visage pour se donner un peu de couleur. Visiblement incapable de demeurer en-dehors de la conversation et s’éreintant la gorge à faire porter sa voix jusqu’au petit groupe, elle s’appuya lourdement sur l’accoudoir et se redressa de toute sa hauteur. La norvégienne s’avança lentement, mouchoir prêt en main au cas où un éternuement lui monterait à la tête.
Avant de se poster près de Lise, comme pour la rattraper si celle-ci venait à s’effondrer, Catharina échappa un « George ? Elle ? N’est-ce pas un prénom d’ho… Ah ! Oubliez-moi. » qui en disait long sur la passion que portait la mère à la littérature. Elle préférait de loin les récits de la Scandinavie mais, malheureusement, n’avait personne avec qui partager ses lectures. Elle remarqua la chute de tissu qu’avait choisie Monsieur de Lonsay. « Vous voulez faire porter du vert à une jeune fille ? » Marmonna-t-elle, complètement dépassée. Déjà qu’elle ne voyait pas clair en étant en bonne santé…
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| | | ArmideCaméléon psychopathe - Incarnation de l'Efficacité
Messages : 791
| Sujet: Re: Des nécessités mondaines Sam 16 Nov - 8:37 | |
| Nos quatre amis semblaient bien mal embarqués, dans cette conversation de toutes les couleurs... Fort heureusement, ils en vinrent à bout : la robe de Constance fut finalement d'un léger rose pêche, mettant tranquillement en valeur son beau teint, sans être aussi... désagréable à l'oreille de Lise que le tristement fameux "baise-moi-ma-mignonne". Tout le monde étant désormais à peu près satisfait (passons sur la jalousie de la couturière, voulez-vous ?), madame de Fréneuse put rentrer chez elle se reposer. Le vicomte de Lonsay, en dépit de ses phobies, n'attrapa pas son rhume. Et la jolie Constance put briller en société, de même que la créatrice de sa robe. Tout était bien dans le meilleur des mondes. Enfin, ou presque. - HRP:
Étant donné l'absence prolongée de Constance, je conclus rapidement le sujet. Si vous y voyez à redire, mordez-moi et j'éditerai. ^^
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| Sujet: Re: Des nécessités mondaines | |
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