Registre des habitants de la ville de Paris

Nom & Prénoms : Léopoldine Gauthier
Âge & Date de naissance : 3 janvier 1883 / 14 ans
Origine sociale : Pauvre. Vient d'une famille de paysans de province. Récupérée par une tante après la mort de son père, cette dernière l'envoie sur Paris pour faire une bouche de moins à nourrir et en espérant qu'elle trouvera un travail convenable.
Métier, occupation : Couturière et faiseuse de poches à ses heures pour se créer un surplus de revenus.
Ambitions : Elle n'a pas vraiment d'ambitions pour le moment. Elle aime la richesse et cherche à mettre un peu d'argent de coté pour revenir dans sa campagne. Voudrait en secret rencontrer un jeune et riche homme qui tomberait éperdument amoureux d'elle et qui lui ferait vivre la vie de château. Évidemment, ce n'est qu'un rêve. Si elle avait pu rester à l’école, elle aurait voulu être institutrice.
Milieu fréquenté : Honnêtes et simples gens. Pourrait basculer dans le groupe des voyous si elle continue a voler et à fréquenter des gens peu recommandables.
Mondanité : 5
Infamie : 30

Tout esprit profond s'avance masqué

Léopoldine est une frêle jeune fille de quatorze ans qui donne l'impression d'en avoir moins. Elle a souffert d'une pneumonie lorsqu'elle avait trois ans, ce qui explique sûrement sa maigreur et sa constitution. Par ailleurs, la toux qu'elle a contracté lors de cette maladie n'a jamais trop cessé et lui reprend de temps en temps. Hormis ceci, ses traits sont agréables, bien que déjà un peu usés par les soucis. Elle a de beaux cheveux châtains qu'elle relève en chignon pour aller travailler, ce qui est plus commode. Elle a le teint blafard, comme si elle était transparente, ce qui ne contribue pas non plus à donner une impression d'une jeune fille éclatante de santé. Elle a de jolis yeux clairs en amande et une petite bouche boudeuse, dont le sourire creuse des fossettes sur ses joues. Elle s'habille très simplement, comme une jeune fille de sa condition, avec de vieux vêtements qu'elle essaye de garder propre, sans beaucoup de succès. Son seul souvenir familial est un médaillon d'or de la vierge qu'elle garde autour de son cou quoiqu'il arrive.

Léopoldine est une fille de la campagne, qui commence tout juste à s'accoutumer à la vie à Paris. Elle n'a pas eu une existence facile et son caractère s'en ressent. Fataliste et résignée, elle ne peut s'empêcher de penser qu'il faut qu'elle essaye de s'en sortir dans ce bas monde, même si les moyens n'en sont pas honnêtes. Elle travaille comme couturière, un art qu'elle a appris de sa tante, et qui consiste en sa seule compétence vendable. Elle aspire à la richesse, les belles dames la font rêver. Elle voudrait qu'un jeune homme riche tombe très amoureux d'elle et lui fasse vivre la grande vie. Malheureusement, elle est consciente que cela ne lui arrivera probablement jamais, elle essaye donc de gagner un peu plus d'argent par ses propres moyens. Loin d'être honnête, elle considère que si les autres ont de l'argent, ils ne devraient pas le laisser traîner à proximité de ses mains grappilleuses. Pour elle, c'est chacun pour soi dans ce monde qui ne l'a pas favorisé et elle n'éprouve aucune culpabilité à faire les poches des riches pour récupérer un petit pactole. Loin d'être stupide, elle a beaucoup d'humour et sait se faire apprécier. Elle manipule beaucoup les gens pour parvenir à obtenir d'eux des petites faveurs, et souvent, grâce à un petit sourire mignon, le charme opère. Au quotidien, c'est une bonne vivante qui pourtant ronchonne sur tout, ce qui fait rire les gens. Elle ne planifie pas pour le futur et préfère voir ce qu'il adviendra. La plupart de ses connaissances apprécient sa compagnie, il faut dire qu'elle parle de choses légères et pas vraiment intellectuelles.

Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose

Le train pour Paris. Avec un mélange d'excitation et de peur, Léopoldine saisit sa maigre valise. Tout ce qu'elle possédait se trouvait dedans, un maigre trousseau de vêtements défraîchis et quelques sous. C'était tout. Sa tante le lui avait bien expliqué. Avec les mauvaises récoltes et le bébé qu'elle venait de mettre au monde, Léopoldine gênait. Elle était une bouche de trop à nourrir pour une famille qui avait du mal à joindre les deux bouts. De plus, âgée de 13 ans, elle avait fini l’école et il était temps pour elle de gagner sa vie. La tante avait arrangé pour elle de retrouver une vieille amie qui pourrait loger la jeune fille a Paris, jusqu'a ce qu'elle trouve un travail comme couturière. La tante était bien contente d'avoir enseigné à sa nièce un talent qui allait lui donner de quoi gagner sa vie. Les ateliers embauchaient à Paris et sa nièce devait tenter sa chance. Léopoldine soupira en montant sur le marchepied du train. Une larme roula sur sa joue. Quitter la campagne ou elle avait toujours vécu, ou ses parents étaient morts se révélaient plus difficile que prévu. Elle toujours si forte s'était laissé surprendre par un moment de faiblesse et d'émotion. Le sifflet du train retentit et la locomotive se mit en branle.

Léopoldine se faufila dans le wagon et se trouva une petite place. Elle n'en avait pas besoin d'une grande de toute façon. La jeune fille repensa à toute sa vie qui semblait défiler devant elle au rythme du train. La mort de son père, déjà veuf depuis longtemps, l'avait beaucoup marqué. Elle et sa petite sœur Marguerite, séparées par le jeu du sort. Marguerite était plus petite, elle avait six ans à l'époque, un joli minois d'ange et des belles bouclettes blondes. Une voisine qui n'arrivait pas à avoir d'enfants s'était aussitôt proposé de la récupérer. Mais pas les deux sœurs, c'était trop voyons. Et puis, qui aurait bien voulu d'une fillette de dix ans avec l'air ronchon ? Non, Léopoldine avait du rejoindre sa tante à des kilomètres, dans un petit village très semblable à celui ou elle avait toujours vécu, mais avec son père et sa sœur en moins. Oh bien sur, sa tante n'avait pas été méchante avec elle, mais ce ne rigolait pas tous les jours. Non seulement il y avait dans cette maison un paquet de gamins à s'occuper le soir quand elle rentrait de l’école mais la tante avait décidé que ce serait bon pour Léopoldine de garder les bêtes pendant les congés scolaires. Avec ses poumons fragiles, rien ne serait mieux pour elle que le bon air. Elle avait donc passé le plus clair de ses vacances en compagnie des bêtes à s'ennuyer dans les pâturages. Le soir, elle apprenait la couture. Mais si cette vie n'était pas très excitante, c'était toujours mieux que d'aller seule à Paris. Mais la tante le lui avait bien expliqué, elle ne pouvait plus la garder avec ce nouveau bébé qui ajoutait une bouche de plus a nourrir. De plus, à 13 ans, elle avait appris tout ce qu'il fallait apprendre à l’école. Leopoldine aurait bien voulu rester un peu plus de temps à l’école qu'elle aimait bien. Elle aurait voulu être institutrice, mais le sort en avait décidé autrement. Mais la tante l'avait décidé, elle serait bien mieux à Paris afin de gagner sa vie.

C'était les dernières paroles que la tante lui avait adressé. Léopoldine se demandait si le bébé avait été un prétexte pour se débarrasser d'elle ou si la famille avait réellement autant de difficultés. Elle ne le saurait sûrement jamais. Résultat, elle était dans ce train, avec la peur au ventre de ce qu'elle allait trouver en ville. C'était un environnement hostile qu'elle ne connaissait pas. Elle essayait de cacher tant bien que mal son angoisse, mais c'était peine perdue. Le voyage lui parut trop court a son goût, elle aurait voulu qu'il n'en finisse jamais.

Une fois sur le quai, le bruit de la ville l'agressa. La gare semblait être une fourmilière, des badauds criaient, des porteurs hélaient les voyageurs. Léopoldine voulut sauter dans un train retour mais elle se ravisa. Elle était ici maintenant et il fallait faire bonne figure. Elle sortit le petit papier avec l'adresse de l'amie de sa tante, Géraldine Duffray, pris son courage à deux mains et demanda à un monsieur en chapeau haut de forme les directions. Elle apprit avec soulagement que ce n'était pas loin de la gare et décida d'y aller à pieds. Après avoir chaleureusement remercié le monsieur, elle se mit en route.
Tout pour elle était nouveau. L'animation des rues, les vendeurs de journaux, les grands immeubles, les voitures. Elle aurait voulu avoir des centaines d'yeux pour tout bien observer. Elle se dit immédiatement que s'il y avait de la place pour autant de gens à Paris, il y aurait assurément une place pour elle. Elle du demander les directions à plusieurs reprises avant de trouver le petit immeuble gris de Géraldine Duffray. Elle monta timidement au troisième étage et toqua à la porte indiquée. Une vieille dame revêche l'accueillit en lui montrant une petite chambre moisie avec un lit et une armoire, en lui intimant de ne pas rentrer tard et de commencer à chercher tout de suite du travail, pour pouvoir se payer une petite chambrette parce qu'elle même "n'avait pas que ça à faire d'héberger tous les paysans des alentours". Léopoldine lui tira la langue dans le dos. Tant pis pour cette vieille mégère ! Un peu refroidie par cet accueil pour le moins étrange, Léopoldine décida d'aller tout de suite proposer ses services dans les ateliers de couture. Il y en aurait au moins un qui aurait besoin d'elle. Elle se surprit à imaginer son premier salaire et commença à aimer un tantinet sa nouvelle vie.

Theatrum mundi...

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