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 un bar, un soir

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Yann Le Guélec
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Yann Le Guélec

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MessageSujet: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMer 20 Mar - 4:04

Yann était arrivé en retard à son boulot ce samedi matin. Ce n’était ni une habitude… ni une exception. Le patron l’avait encore une fois sermonné et surtout, il lui avait encore retenu quelques sous sur sa paye. Heureusement qu’il l’aimait bien son goéland, il savait amuser la galerie et ça donnait du cœur à l’ouvrage aux équipes. Finalement, le seul que ça pénalisait vraiment, c’était Yann !

Le soir même, au lieu de rentrer chez lui, Yann descendit de l’omnibus à l’arrêt du Théâtre d’Art, espérant tomber « par hasard » sur la jeune couturière qu’il avait rencontrée il y a quelques temps et qui travaillait par là. Mais bien sûr, il ne la croisa pas. D’ailleurs il ne savait pas vraiment où se situait son atelier et c’est en le cherchant plus ou moins qu’il se perdit dans la ville sombre et tentaculaire. Il s’y était perdu volontairement, ne demandant à aucun moment son chemin, suivant ses propres pas au gré de son intuition, de ses sentiments.



Vous auriez raison de croire en la noirceur de ses sentiments si vous voyiez le pauvre bouge décrépi jusqu’où ses pas l’avaient mené.

Quand il entra dans le bar, il ne vit pas grand-chose. Pourtant il y avait à voir ! La faune locale n’était pas celle que Yann avait l’habitude de côtoyer. Traînant plutôt vers la butte, il était ici face à une clientèle sale et avinée, pas joyeuse pour un sou et qui le dévisageait de ses regards malsains. Mais Yann avait la tête baissée et alla directement au bar, s’écroulant sur un tabouret libre. Il commanda machinalement une bière, levant à peine la tête vers le barman – d’ailleurs son visage ne lui revenait pas – et se replongea immédiatement dans ses pensées, grattant inconsciemment les nervures de bois du bar, dont le vernis était apparemment porté disparu depuis bien longtemps.
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Nicolas Tisserand
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Nicolas Tisserand

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyVen 29 Mar - 8:07

Le dé percuta le comptoir, produisant par la même occasion un claquement sec qui effraya deux mouches qui picoraient les restes du dernier repas qui avait eu lieu à l'Ancre. Il tournoya un instant, puis se stabilisa en révélant trois points disposés en une diagonale douteuse du point de vue géométrique.

"Impair!", gueula le lanceur, un bonneteur* chevronné.
"Foutre, je m'fais dépiauter*, ça sent l'arrange* j'vous l'dit…", prononça l'un des joueurs d'un ton courroucé.
"Tu n'as point à l'avoir amère, les dés ne sont pas transparents*…", répliqua l'un de ses adversaires avec véhémence.

Le piolier* abattit comme autant de masses d'armes deux bocks de moussante* devant les deux réfractaires, qui d'un coup se firent plus doux que l'agneau. Autour, on alpaguait*, on bibassait* du nez de chien*, du poivre* ou de la simple bibine*, en réalité un vulgaire pissin de cheval* que le piolier camouflait* sans vergogne à l'eau et à la levure salée. Sur une table, au fond de la pièce, deux compères cassaient leurs cannes*, affalés devant deux verres de mauvaise absinthe. Nicolas, lui, conversait avec un raboteux de sorgne* du quartier.

"Aboule deux cent achetoirs* et je l'fais!", s'emportait-il.
"C'est plus que te l'mérites. Cent vingt.", raisonnait son collègue.
"Cent cinquante, et je sais que tu m'entubes*.", conclut-il.

La conversation, au demeurant passionnante, s'interrompit spontanément à l'arrivée impromptue d'un pante* au garno*. Vêtu d'un chapeau de feutre noir aux bords élimés et de frusques* usées mais de bonne qualité. L'Ancre n'avait que rarement l'honneur d'accueillir un nouveau culotteur*. Ceci dit, il avait l'impression que cet arrivant-là n'était pas à sa place, il venait d'un autre monde, apportant avec lui un parfum persistant de province. Oui, de province! C'était ce qu'il devait être, ce pante, un provincial, un angliche*, et il n'avait définitivement pas sa place ici. Nicolas en était presque indigné. Si on se mettait à fréquenter leurs bouges, où les criminels pourraient-ils se réunir, désormais?

"Il pleut!", cria un client, ce qui signifiait que chacun devait se taire en présence de cet homme.

Un silence sépulcral enveloppa la salle. Sans paraître se rendre compte de l'effet qu'il produisait, l'homme se dirigea vers le comptoir. Sans saluer quiconque, sans même adresser un regard au tavernier, il s'assit sur un sans-dos* et commanda une bibine d'une voix vive et jeune qui contrastait avec son air maussade.

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Yann Le Guélec
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Yann Le Guélec

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 2 Avr - 1:48

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Petit à petit, les pensées de Yann se recentrèrent vers l’instant présent et le lieu où il était tombé. Un peu comme s’il se réveillait, il prenait doucement conscience de ce qui l’entourait. Mais loin de la quiétude rassurante de son petit logis, il se rendit compte qu’il était dans un bar très peu rassurant et sûrement très peu recommandable.

Du coin de l’œil et derrière son chapeau, il vit les regards tournés vers lui et il sentit que le silence était en fait un signe de défiance à son égard. Il n’était pas à sa place et on le lui faisait comprendre.

Cependant il n’avait pas vraiment peur. Il n’avait sur lui que sa maigre paye du jour, quelques vieux vêtements et son chapeau de feutre : rien de très enviable. Et puis, on ne tue pas quelqu’un parce qu’il n’est pas à sa place ?

Yann y trouvait son compte. Il était à l’aise dans cet environnement hostile. Un peu comme un enfant qui se délecte d’une histoire qui fait peur, Yann était sur ce tabouret comme dans les bras de ses parents. Il attendait la suite de l’histoire !

« Voilà pour toi ! » lui fit le barman en posant avec la délicatesse d’un ours un bock de bière devant lui.
Yann, remercia le piolier. Il ne s’attendait pas à un verre si grand et en salivait un peu. Il avait pas mal marché et avait besoin de se désaltérer. Il bût une grande lampée de bière, malgré son goût, et reposa le bock devant lui. La perspective de s’enivrer un peu lui mettait du baume au cœur. Il posa son chapeau sur le bar, à droite du bock. De ce coté il vit quelques hommes qui jouaient aux dés. Son naturel revenant au galop, il faillit engager la conversation. Cependant, devant la mine patibulaire des gars il préféra retourner à son tête à tête avec la bibine. Il en avala une deuxième bonne gorgée et regarda devant lui, les bouteilles, les verres, le barman qui s’affairait. Yann attendait de voir si les clients du bouge allaient « l’oublier » ou bien s’ils continueraient à le dévisager d’un air inquisiteur.

Si j'continue à picoler, ils vont vite m'oublier les bougres, pensa-t-il

Il s’amusait intérieurement de son pronostic en levant le coude à nouveau, un sourire semblant se dessiner sur son visage…
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Nicolas Tisserand
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Nicolas Tisserand

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMer 24 Avr - 11:26

"Voilà pour toi.", marmonna l'aubergiste en cognant contre le comptoir deux chopes de bière. Le liquide visqueux gicla et envoya une giclée de gouttelettes poisseuses en direction de l'étranger. Comme celui-ci, apparemment inspiré par l'accueil auquel il avait eu droit, s'était tu pour laper consciencieusement le contenu de son verre, chacun était progressivement retourné à son activité initiale, ignorant purement et simplement la présence du nerveux visiteur. Nicolas, persuadé d'avoir affaire à un policier en civil, le regardait d'un air mauvais tout en conversant avec son truand d'interlocuteur. Autour, donc, les conversations avaient repris. Le grincement des amiraux* sur les assiettes, le cliquetis du chourin* qu'on aiguise et le tintement des verres qui s'entrechoquent se mirent à résonner de nouveau entre les quatre murs crasseux du bouge.

"Et alors", racontait un colosse au teint brunâtre, "je le chope, je lui colle une apostrophe*, toute sa vie il s'en souviendra!"

On riait de bon cœur à ses histoires de cocufiage, de tripotées, de fouteries de pauvres. On savait bien qu'il exagérait chacune d'entre elles, mais cela faisait partie du plaisir, et c'était un bonheur de le voir s'agiter, rougir, cogner le vide de ses énormes poings pour illustrer les scène particulièrement intenses. Pendant ce temps, sous le regard scrutateur de Nicolas, le visiteur entamait une deuxième chope, apparemment décidé à se faire oublier et à repartir ivre. Il s'était rapidement trouvé encerclé par deux vieillards en haillons qui dégageaient un odeur si répugnante que Nicolas se surprit à plaindre celui qu'il supposait être un policier.
La conversation de son interlocuteur glissant sur un terrain délicat, il s'arracha à sa contemplation.

"La baraque* est près des boucards* d'équarrisseurs des faubourgs souffrants*."
"On pourra trimballer le macchab'* chez un de ces escarpes*, ça s'ra plus simple"
"On f'ra ça de journaille*."
"Pourquoi? Tu bûches pas de brunette*, toi?"
"Je double mes brouillottes*!"
"Tu veux am'ner quelqu'un?"
"Un Fort des Halles, pour antroler* la carcasse et vider la baraque."
"Il est sûr?"
"Nocat*."
"Bon. Je viendrais en cagon*. Tu connobres* ce qui t'arrivera si tu tentes de m'estamper*."
"Ne t'inquiète pas, c'est pas dans mes intentions frelot."


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Yann Le Guélec
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Yann Le Guélec

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyVen 26 Avr - 3:57

…Et effectivement, le flot des conversations redémarrait tranquillement. Yann, l’alcool aidant, se sentait plus à l’aise et écouta, de loin, le discours belliqueux d’un gros bonhomme auquel il n’aurait pas aimé se frotter. Il regarda aussi de nouveau les joueurs à coté de lui et pour ceux-ci, la partie semblait se finir.

Le breton se rendit compte qu’il avait déjà finit sa première choppe et en commanda donc une deuxième. Mais il eut une petite surprise… ou plutôt deux : A peine sa commande lui fût elle servie, que deux des joueurs de dés, des vieillards, se levèrent et vinrent lui chercher noise…

Alors l’ami, tu viendrais pas jouer avec nous, un peu ?

Non merci les gars, j’ai pas vraiment envie d’jouer.

Allez, l’angliche, t’fais pas prier, on va pas t’estamper !

Yann se rendit compte que les deux vieux puaient affreusement. Un mélange d’alcool, de sueur et d’autres substances qu’il ne préférait pas imaginer. L’agression olfactive sur les narines du goéland eut un effet remarquable.

Aaaah mais vous cornez* les gars ! Dégagez !!!

Oh la ! Mais c’est qui s’énerve l’angliche ! Dit un des vieux avec un sourire noir et baveux

L’autre vieux posa sa main sur l’épaule de Yann et ajouta :

Et ouais ! C’est qu’il a l’piffe fragile le gonze ! T’aimes pas l’odeur d’la chassure* ?!

Les deux vieux se mirent à rire d’un rire si gras que Yann en eût un haut-le-cœur. Il se leva d’un bond en repoussant vivement la sale patte posée sur son épaule.

Foutre ! z’avez pas fini d’m’emmerder !?

Le rire des deux vieux s’arrêta aussi sec. Même le barman sembla surpris de voir le jeune provincial parler ainsi, lui qui avait pourtant dû en voir (et en entendre) des vertes et des pas mûres !

A ce moment là, un troisième larron, plus jeune (environ 40 ans), se leva de la table d’où venait les deux vieux et fit briller un surin en direction de Yann.

Dis donc l’angliche, faut pas s’cabrer* comme ça, on veut juste jouer un peu avec toi.

Yann fit un pas en arrière voyant le couteau et l’air vicieux de l’homme qui lui parlait.

L’aubergiste intervint alors :

Range-moi ça, La Mouche, et laisse l’angliche boire sa bibine.

C’est ton jour de chance, gonze, mais on s’reverra ptete… dit le dénommé La Mouche en « saluant » Yann d’un geste du couteau.

Yann ne dit rien, et resta debout, vigilant, en attendant de voir ce que feraient les trois. Les deux vieux sortirent directement tandis que le gars au couteau, alla payer et sorti à la suite. Yann s’était rassis. Il récupérait, mentalement plus que physiquement, de l’altercation.

L’aubergiste derrière le comptoir, nettoyant les verres, se pencha en avant vers Yann et lui dit à voix basse :

Sors pas tout’d’suite. La Mouche là, y’t’attend ptete dehors…

Alors Yann attendit, se disant qu’il partirait dès lors qu’un autre gars quitterait le bouge. Il n’avait pas forcément peur d’une petite bagarre mais là, face à un homme armé, mieux valait être accompagné.

A peine cinq minutes plus tard, alors qu'il commençait à se sentir un peu écoeuré par la bière de l’Ancre, Yann vit un homme à casquette, assez petit, mais surtout très large d’épaules se lever. Il était à une table de deux et devait être du genre discret car Yann ne l’avait pas entendu de la soirée – ni vraiment vu, il était de l’autre côté de « l’action ». Le type se dirigeait vers le bar. Il allait payer. Avec sa barbe d’une semaine environ et ses sourcils crasseux, il n’apparaissait ni d’une hygiène impeccable (mais tout de même bien moins sale que les deux vieux !), ni d’une honnêteté à toute épreuve ! Mais une lueur d’intelligence semblait briller dans son regard et Yann pensait (peut être à tord) que les gars intelligents étaient rarement des mauvais bougres. Enfin, baraqué comme il était, Yann se dit qu’il ne devait pas plus attendre et tenter de l’aborder afin de quitter le bouge avec lui à ses côtés, dans tous les sens du terme !

Yann se leva pour payer également et, s’approchant du type, dit tout haut :

Bon je crois qu’il est temps d’rentrer au bercail, hein ?

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Nicolas Tisserand
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 28 Mai - 12:01

L'affaire réglée, Nicolas n'estima pas nécessaire de prolonger la panachée*. En face, l'étranger avait eu un coton avec un vicelard de l'amiral* répondant au sobriquet de La Mouche. On l'appelait en fait La Mouche à Merde, mais dans son dos de préférence, parce qu'il était maladivement attiré par le moindre relent de attrapance*. C'était en brossant* copieusement ses victimes qu'il allait au plaisir*, le troussier*, et on l'engageait quelquefois pour régler un différend. Un affranchi* dangereux en somme. Peu importait. Nicolas se dirigea vers le rade pour régler sa consommation. À côté de lui, un creux* sourde surgit du silence qui régnait en sa cabèche.

"Bon je crois qu’il est temps d’rentrer au bercail, hein ?"

C'était l'étranger. Il n'avait pas besoin de le remoucher* pour le savoir. Son odeur, sa voix, son intonation, son accent, son élocution, tout trahissait son appartenance à un autre monde. Il était moins couillonnard qu'il n'en avait l'air, puisqu'il tentait maladroitement de se garantir une sécurité certaine de la menace que La Mouche représentait pour lui. C'était une manœuvre calculatrice, fourbe et totalement méprisante à l'égard de Nicolas.

"Sans doute. Je te souhaite un prompt retour l'ami."

Autour, les conversations s'étaient étouffées pour suivre l'incident. Pas pas intérêt véritable, plutôt par instinct de survie. Y aurait-il du pugilat, cette nuit? Un mort? Plus? Faudrait-il fuir avant l'arrivée de la police? Bien entendu, les deux dogues de La Mouche, ces deux vieillards que Nicolas n'avait pas identifié comme tels à première vue, se léchaient les babines, leurs visages collés à la vitre crasseuse du bouge. Dehors, la rue était vide à l'exception d'un bougnat qui poussait son charriot de charbon au milieu de la route mal pavée, imposant et renfrogné comme seuls un auvergnat saurait être. Pris d'une soudaine inspiration, Nicolas décida de raccompagner l'homme. Non pas qu'il tint particulièrement à sa vie, loin de là, mais plutôt parce qu'il avait déposé dans la cour de l'Ancre quelques minutes plus tôt un paquet qu'il ne tenait pas à savoir entre les mains de la police.

"Et puis non, allons-y, tu ne canneras pas ce soir mon beau."

Le sourire des deux complices se rétracta. Ils quittèrent aussitôt leur poste d'observation pour avertir leur patron du déroulement des évènements. D'en face de la boutique, des cris résonnaient. Dans un appartement désaffecté brillait une lumière tremblotante et une voix de femme en sortait, puissante comme le galop d'une Amazone.

"Chaaaaarles! Reviens ici, immédiatement! Tu n'iras nulle part, et certainement pas te saouler à l'assommoir* avec tes amis alcooliques!"

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Yann Le Guélec
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyJeu 30 Mai - 23:09

Yann fût content d’entendre enfin une parole amicale. Remarquez, après avoir causé avec La Mouche et ses 2 acolytes, n’importe quelle parole pourrait sembler amicale ! Le breton, mis en confiance, donc, par ce petit costaud, paya rapidement ses consommations afin de ne pas être trop loin de lui au moment de sortir. Il rejoignit donc à grands pas la porte que le type ouvrait tandis qu’on entendait au dehors, des cris et des bruits de pas résonnant entre les immeubles.

Non content d’être amical, le gars semblait même bien poli puisqu’il lui tint la porte ! Yann se méfia quand même de ce geste relativement surprenant dans un tel lieu et venant d’un gars qui ressemblait quand même plus à un escroc qu’à un patriarche ! Alors, pour ne pas se faire planter un couteau dans le dos (c’est la première pensée qui lui vînt à l’esprit !), il le remercia … en le regardant. Et comme il ne regardait pas devant lui, il trébucha en descendant la petite marche après la porte du bar !

Merci ... oula ... ouille ! Mais on n’y voit rien ici !

Ensuite, il fit quelques pas dans la cour de l’Ancre et regarda la rue pour voir si les 3 loustics ne l'y attendaient pas. Apparemment non. Il n’y avait, semble-t-il, dans la sombre rue qu’un type aux allures de clochard qui criait à sa femme des phrases comme « J’vais où j’veux Micheline ! », « J’m’en va m’bourrer la gueule si ça m’dit ! »

Yann, peut-être dégrisé par le petit vent frais et sa cabriole précédente, réalisa soudain qu’il ne savait pas précisément ni où il était, ni comment rentrer chez lui alors il se retourna vers le gars qui, bizarrement, attendait encore derrière lui.

Mmmmh, excuse moi, tu connaitrais pas l’chemin pour aller à Belleville, par hasard ?

Et comme le gars ne répondit pas instantanément, se contentant de lever les yeux avec un air surpris, notre jeune breton ajouta :

J’sais plus trop comment j’suis arrivé ici mais … mais j’aimerais bien pas m’paumer pour rentrer !

En effet, le quartier, glauque à souhait, ne devait pas être référencé dans les guides touristiques comme particulièrement attractif ... et encore moins de nuit !
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Nicolas Tisserand
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyDim 30 Juin - 12:43

Le bocson* était conçu comme pour faciliter les retapes*, ce qui était très certainement le cas d'ailleurs. Un montant* de briques délabré masquait partiellement la rue aux lipettes*, il fallait parcourir quelques mètres de dure* caillouteuse parsemée ça et là de brins de cive* sèche disparates et de buissons de ronces sur les bas-côtés. Derrière le mur, on apercevait bien entendu la chaussée, mais n'importe quel malandrin pouvait se cacher derrière en s'accroupissant. D'ailleurs cela était bel et bien arrivé, le Grand Dab* seul savait combien de fois exactement (et lui-même avait intérêt à l'oublier). Escorter jusqu'à bon port son encombrant passager ne serait pas tâche facile pour Nicolas, lui-même s'en rendait compte et redoutait une chique* avec La Mouche. De plus, l'étranger semblait allumé*, ce qui ne faciliterait en aucun cas la chose. Nicolas descendit machinalement les quelques marches qui séparaient le sol de l'Ancre de celui de la rue, l'autre esquissa une manoeuvre maladroite et manqua de ramasser une bûche*. Entortillé*!

"Merci ... oula ... ouille ! Mais on n’y voit rien ici !" marmonna-t-il en guise d'explication

Nicolas, après une réflexion poussée, passa un flambard* dans sa manche gauche. Il prévoyait la manoeuvre de la manière suivante: il passerait le premier, mais s'aplatirait immédiatement conte le mur le plus proche. L'autre serait seul, l'un des trois lascars ne manquerait pas de s'approcher de lui. Il faudrait sans doute…

"Mmmmh, excuse moi, tu connaitrais pas l’chemin pour aller à Belleville, par hasard ? J’sais plus trop comment j’suis arrivé ici mais … mais j’aimerais bien pas m’paumer pour rentrer !" la voix du gandin le coupa dans ses pensées

Il ne se rendait probablement pas compte du danger qu'il courait…

"Dis moi, l'ami, t'sais fiquer l'eustache*, un peu? Le cintrer* au moinsse?" demanda-t-il sans trop d'espoir

Il tendit l'anse* dans l'espoir absurde de capter un son qui lui indiquerait l'emplacement de ses adversaires, mais sans grand espoir: il n'avait pas ce talent auditif qui permettait à ses confrères Apaches d'Amérique de repérer une charge de cavalerie des heures avant son arrivée. Le mari de l'Amazone à la voix de chanteuse d'opéra vacillait au milieu de la chaussée.

"J’vais où j’veux Micheline ! J’m’en va m’bourrer la gueule si ça m’dit!"

"Je serai pas toujours là pour te soutenir à la fin de la soirée! Je te préviens que je ne me laisserai pas faire!"


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Yann Le Guélec
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyLun 1 Juil - 3:12

Les mouches semblaient avoir changé d’âne. Le molosse mettait Yann en garde. En effet, il ne répondit pas au sujet du chemin vers Belleville mais le questionna plutôt sur sa faculté à manier le couteau. Yann était quelque peu novice en la matière. Pour être tout à fait honnête, les seules viandes qu’il avait découpées au couteau étaient des viandes de bêtes … mortes.

Mais, ce soir là, comme souvent lorsqu’il s’apprêtait à traîner dans les bas fonds, il avait emprunté un arrache-clou* à l’atelier. Il n’avait encore jamais eu à s’en servir (en dehors de l’atelier) mais là, il put enfin le sortir, non sans une certaine fierté…

L’eustache, non, pas trop mais ça – il sortit l’outil de sa poche – ça j’sais l’tenir !

Le type eu l’air surpris de voir Le Guélec sortir le marteau. Ensuite, il sembla tendre l’oreille vers la rue. Yann, par mimétisme se mit sur ses gardes. On entendait toujours le couple de braillards qui couvraient les autres bruits de la rue…

Après un instant d’attente, le type se décida à avancer, assez doucement, sans faire de bruit. Yann le suivit sur la pointe des pieds. Lorsque le type arriva à hauteur du muret, il se rua vers le mur d’en face, de l’autre coté de la rue.

HE MAIS C’PAS L’ANGLICHE ! gueula un des deux vieux du bar en sortant de sa planque, derrière le muret.

Yann s’apprêtait à passer à son tour mais fit finalement un pas en arrière en voyant le brigand. Il sentait que la situation était sur le point de basculer. Il sentait que lui même se dirigeait vers l'inconnu. Inconsciemment, il voulait retarder ce moment...
Mais notre jeune breton n'eut pas le temps d'entamer une réflexion approfondie sur le sujet. Le vieux se retourna rapidement en direction de la cour. Il vit Le Guélec et s’approcha doucement de lui.

Ahé viens fréro, il est là not’ copain ! fit-il en tournant la tête vers le muret tout en gardant un oeil sur le breton.

Le goéland fût parcouru d’un léger frisson lorsque son regard croisa celui du vieux brigand. Il baissa furtivement le regard et c'est là qu'il vit une lame briller dans la main de son adversaire.

C’est maintenant ou jamais…

Avant que le deuxième vieux n’arrive à son tour, Yann s’élança vers le premier et, profitant de son allonge supérieure, balança un grand coup de marteau en direction de l’épaule (celle du bras qui tenait le couteau) du vieux brigand. Il continua sa course sans se retourner pour rejoindre la rue et si possible le trottoir d’en face, où son « équipier improvisé » se trouvait déjà…


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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyLun 1 Juil - 3:12

Le membre 'Yann Le Guélec' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 2 Juil - 2:46

Citation :
Hélas, le coup n'était pas fort précis, et le marteau tapa sur l'épaule - suffisamment fort pour faire mal, pas suffisamment puissant pour étourdir ou même faire lâcher le surin. La bouche du vieux brigand forma un rictus mauvais. Le temps pour lui de réagir, l'agile breton, lui, traversait le route. Et si la traversée se passa sans encombres, le vieux brigand restait à ses trousses, prêt à en démordre...  (après lancer de dés) En hurlant quelques mots incompréhensibles, il porta un coup sec en direction de Yann mais il rata de peu sa cible, et ne réussit qu'à effilocher un peu son vêtement...


Dernière édition par Pierrot Lunaire le Mar 2 Juil - 2:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 2 Juil - 2:46

Le membre 'Pierrot Lunaire' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyLun 26 Aoû - 10:40

Nicolas s'y attendait, l'autre répondit par la niberte*. Cependant, il plongea l'arguemine* dans sa gueularde* et en tira une espèce de balançon*. Le faux-russe le borgnota* d'un air scarabomhé*. Il était sans doute turbin*, pot-à-colle* peut-être… Mais qu'espérait-il faire avec son biblot*?

"L’eustache, non, pas trop mais ça, ça j’sais l’tenir!"

Nicolas, conscient d'être frais*, préféra ne pas répliquer et haussa les bascules*. Un balançon! Et pourquoi pas une pioche? L'autre eût au moins la présence d'esprit de suivre son exemple, il avança une badine* et monta sa main libre au niveau de la bobine*. L'un des deux nières* se risqua à jeter un oeil de derrière le muret. Aussitôt, ses chasses* s'agrandirent et il s'écria, non sans se réfugier de nouveau:

"Hé, mais c'est pas l'angliche!"

Il ressurgit de l'autre côté du muret, un sourire sardonique sur les babines. Il tenait probablement le crachoir*, du moins Nicolas l'interpréta de cette manière parce qu'il n'avait durant cette manoeuvre pas ôté sa main de sa fouille*. Il se dirigea rapidement vers le gonce* en appelant son confrère à la rescousse.

"Ahé, viens frérot, il est là not' copain."

Nicolas aurait voulu porter secours à l'autre mais il avait profité de l'absence des deux béquillards* pour traverser la chaussée, se retourner à cet instant signifiait livrer son humilié* à La Mouche, car il ignorait toujours la position de celui-ci. C'est alors que l'autre le surprit. Il brandit son marteau à bout d'aile* avec un certain estomac* mais un manque évident de technique. Une expérience en la cognerie* lui aurait enseigné qu'un pain* porté loin de la carcasse* perdait jusqu'à la moitié de sa force tout en déséquilibrant celui qui le portait. Il visa l'endos* de l'agresseur, la frappa, puis s'élança sur la chaussée. L'autre grimaça de douleur mais s'élança à sa poursuite tout de même, manquant de le toucher à l'andosse*. Il acheva sa course sa siffle* posée sur le surin de Nicolas, qui l'avait contourné en profitant de l'obscurité. Cette manoeuvre permit à l'étranger de se mettre dos au mur, Nicolas l'y rejoignit bientôt. Il ne restait plus qu'à traverser la rue pour se rendre sur une artère plus passante et qui ferait avec un peu de chance reculer les trois adversaires. Tout en réalisant cette prévision, il calculait que dans un quart d'heure environ, son paquet serait réceptionné, le sort de l'autre lui importait alors peu.

"Dirige-toi vers la droite, tiens-les en respect avec ton… ton arme." lança-t-il à l'adresse de son compagnon d'infortune

Il devinait que La Mouche s'était dissimulé dans l'ombre d'une ruelle attenante, il faudrait alors jouer un jeu fin pour en réchapper tout en permettant à l'étranger de mettre les bouts*. Il commença sa longue traversée de la rue dos au mur, tenant en respect les vieillards d'une main, observant avec suspicion les niches obscures qui pouvaient abriter le troisième assaillant de l'autre.

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Yann Le Guélec
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 3 Sep - 1:13

Jusqu'ici tout va bien

Le Guélec arriva près de Tisserand. Il ne s’en était pas rendu compte mais il avait la tête à moins de 20cm de la lame du cogneur. Celui-ci lui dit bientôt de filer par la droite en protégeant ses arrières. Sans plus y réfléchir, il fît ce que son expérimenté compagnon lui dit, marchant presque en pas chassés, dos au mur, en jetant des coups d’œil à droite et à gauche.

Il vit, à sa gauche, les deux vieux qui se dirigeait d’un pas rapide vers Tisserand et … sortant d’un immeuble à sa droite, La Mouche, souriant dangereusement de ses dents noirs, un grand couteau (de chasse) à la main !

Mon Dieu

Le Guélec fit instinctivement un pas en arrière. Mauvais réflexe. Il laissait ainsi l’initiative du combat à son adversaire.

En tous cas, nos deux compères étaient à présent coincés entre La Mouche et les deux vieux.

Lorsque La Mouche leva son bras et tenta de rabattre son couteau sur le breton, celui-ci essaya d’esquiver le coup en faisant un pas en arrière. Après, il mettrait toute l’énergie qui lui resterait pour frapper des pointes de son marteau le gredin.

La rue était sombre. La rue était devenue étrangement silencieuse. Au balcon, la vieille regardait la scène d’un air horrifié. Peut-être qu’un peu de vermillon viendrait égayer ce ténébreux tableau ?


Dernière édition par Yann Le Guélec le Mar 3 Sep - 1:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: un bar, un soir   un bar, un soir EmptyMar 3 Sep - 1:13

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