Comme tout homme du monde digne de ce nom, monsieur le vicomte passe nombre d'heures à correspondre avec diverses personnalités : artistes, personnalités en vue ou plus obscures, savants... peut-être vous ? Si vous désirez entrer en contact avec lui, vous pouvez adresser votre pli à son hôtel parisien de la rue des Petits-Champs. Au cas où monsieur de Lonsay n'y serait pas, un domestique se chargera de lui faire parvenir au plus vite votre lettre.

M. Léon de *** était un jeune homme assez fatiguant, toujours à l'affût des divertissements les plus étranges et les plus décadents. On pouvait même dire qu'il y avait, dans l'ardeur qu'il mettait dans la compromission, quelque chose de presque vulgaire ... Le colis qu'il envoya à M. de Lonsay, en ce début du mois de juin, ne fit pas exception.

Quand vous l'ouvrirez, vous découvrirez d'abord avec stupéfaction une perruque, une barbe et une moustache rousses ainsi qu'un chapeau à larges bords. Une petite carte, apparemment sans intérêt complétait le tout. La lettre explicitera sans doute cet étrange cadeau :

Citation :

Charles,

L'heure est grave. J'avais trouvé un moyen infaillible d'assister en maître à l'exécution des deux anarchistes mais hélas, je pars en villégiature plus tôt que prévu, pour des affaires urgentes - il paraît que l'arrangement d'un mariage ne saurait attendre.

Vous trouverez ci-joint une carte de presse ainsi que le déguisement nécessaire pour passer inaperçu parmi les journalistes ... Vous serez aux premières loges, et je vous somme de me raconter ! Sachez enfin qu'au vu de la difficulté que j'ai eu à rassembler ces effets, je serais bien peiné que vous manquassiez à cette mission.

Faites suivre votre compte rendu au grand hôtel de Biarritz, je ne souffrirai pas de tout ignorer d'un tel événement ... J'ose espérer que cet étrange présent vous fera sortir de votre réserve naturelle et reste, bien malgré vous, mon cher, votre dévoué

Léon de ***

Quand je vous dis que ce bonhomme avait toujours été un peu bizarre ...