Harold ChambardBonne nouvelle
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| Sujet: Harold le Déplumé Dim 16 Oct - 10:17 | |
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Tout esprit profond s'avance masqué
Description physique & psychologique : Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord ? (Baudelaire, extrait de «L’héautontimorouménos») Vous pouvez bien poser vos yeux sur Harold, il est probable qu’ils ne s’y arrêteront pas. Ou, si par mégarde ils s’attardent sur lui, c’est assurément avec un certain dégoût, peut-être même avec quelque malaise, qu’ils poursuivront ensuite leur route. En effet, le vieil Harold, dit le Déplumé du fait de sa calvitie avancée, n’est pas très beau à voir. Usé en somme, par les années, par le froid et la faim, par les voyages incessants et les longues journées passées à trimballer son lourd paquetage tant dans les rues parisiennes que dans les campagnes les plus égarées. Il n’en a pas moins gardé sa démarche gaillarde et dynamique d’antan : c’est que le seul moyen pour un colporteur de rester en vie, c’est d’attirer le client, et quand on n’a pas son physique pour s’aider, il faut inventer toutes sortes de moyens de sortir du lot, de se distinguer, en somme - un peu comme font tous ces mondains dans leurs salons... Après tout, nous restons tous des hommes... Alors Harold a développé, avec les années, sa petite stratégie de distinction bien personnelle : alpaguer le client, le frapper dans sa course par sa verve. Evidemment, ça ne marche pas avec tout le monde... Il y en a même beaucoup qui s’enfuient au plus vite. Mais ceux qui s’arrêtent une fois pour acheter leur journal ou se faire fournir discrètement quelques onces de tabac, ceux-là deviennent souvent des clients fidèles... C’est que, de la dernière rumeur insolite (inventée ou non par ses soins), à la mise en contact avec quelque espion de bas étage, Harold assure de nombreux services insoupçonnés des puritains qui passent leur chemin au premier regard, ignoreux de la valeur cachée de ce qu’ils dédaignent. C’est qu’Harold ne se considère pas tout à fait comme un simple colporteur : il y a d’abord cette confiance, certes relative, on les comprend, que lui accordent certains membres de la célèbre coalition Laforge, qui lui confient parfois même quelques missions ciblées et messages importants. Mais le principal sujet de fierté d’Harold, qui est au fond un type honnête, est le suivant : il sait lire. Certes, de nos jours où tous les gosses vont à l’école, ou presque, ça paraît tout bête. Mais de son temps, c’était autre chose... Et il ne lit pas n’importe quoi, c’est cela surtout qu’il faut remarquer, pas ces feuilletons imbéciles dont se gavent les bonnes femmes... Non, figurez-vous qu’Harold a lu Proudhon, qu’il a lu Blanqui, Saint-Simon aussi ! Après, quant à savoir s’il les a compris, une discussion approfondie avec lui sur le sujet devrait vous permettre d’en juger si le sujet vous intéresse... Lui, en tout cas, est toujours prêt à en parler pendant des heures, parfois avec n’importe qui... C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles sa femme l’a convaincu d’aller colporter un peu dans les confins de la campagne cauchoise, pendant les quelques années qui ont suivi la Commune, à laquelle il avait d’ailleurs contribué modestement, mais avec enthousiasme. Si Harold à l’époque a d’abord refusé catégoriquement d’entendre cet avis d’une incroyable lâcheté et, somme toute, très féminin, il ne lui a fallu que quelques arrestations de camarades pour le faire changer d’idées, et envisager une petite retraite dans une campagne somme toute fort accueillante (ce qui n’empêcha pas sa femme de se recevoir quelques coups de pieds bien placés). Ce n’est donc qu’après l’amnistie qu’Harold est revenu de sa cambrousse, un peu plus usé, certes, mais toujours aussi déterminé à faire coûte que coûte s’arrêter les passants ne serait-ce qu’un moment devant les livres, journaux et objets les plus divers qu’il leur propose, déterminé aussi à aider ceux qui se présentent pour lui comme les nouveaux représentants de la cause populaire, les anarchistes, qu’il considère avec une grande amitié dans toutes leurs actions. En fait, ce qui l’enrage le plus, pour le moment, c’est qu’il ne sait rien... Rien, du moins, sur cette fameuse explosion qui occupe tout Paris, et ce malgré un ratissage exhaustif de toutes ses connaissances dans les milieux anarchistes, artistiques et criminels... Comment voudriez-vous, dans une telle situation, qu’un colporteur de rumeurs digne de ce nom dorme sur ses deux oreilles ?
Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose.
Texte d'introduction au personnage ou Test RP : Paraît qu’le bon Dieu s’est flingué Quand il a appris qu’dans la misère L’homme était un loup pour son frère Qu’avait pas l’air de le regretter... (Jacques Higelin) - Ecoutez, Monsieur, possédez-vous, oui ou non, un permis délivré par le commissariat de police du 9è arrondissement, vous autorisant à tenir commerce dans les lieux publics, et en particulier dans ce théâtre ? - Non... mais je suis sûr que si je leur demandais... - Alors je vais devoir vous prier de sortir immédiatement... Vous n'ignorez pas les événements récents... - Mais, enfin... Vous voudriez priver ces pauvres bourgeois de leur feuilleton quotidien ? Je suis sûr qu'ils préféreraient se faire exploser, ou même, ce qui est pire, subir la vue de mes loques dans le hall de leur précieux théâtre, que de rater les aventures de cette pauvre gamine enlevée par des... - Dis, Léon, tu veux pas venir un moment, m'aider à mettre ce bonhomme dehors ? - Attendez, attendez... On peut discuter, non ? Vous m’avez l’air d’un homme de bon goût... Vous ne refuserez pas ces quelques grammes de tabac, comme marque de mon amitié... - Euh... Faites voir ça, un peu ?
La voix se fait plus basse, plus nerveuse aussi. Il regarde autour de lui... Diantre, ça va marcher !
- Ah, je savais qu’on pouvait s’entendre ! - Eh, toi !
Comme un loup en chasse, l'homme au chapeau s'est approché, ayant sans doute surpris le regard anxieux de ce jeune crétin, et trop heureux de trouver une occasion d'exercer son pouvoir.
- Fais-moi sortir ce bonhomme, immédiatement ! Y’a qu’à voir sa tête pour se rendre compte que c’est qu’une pourriture d’anarchiste...
Un clin d’oeil à ce jeune gredin, une petite révérence amusée en direction de monsieur chapeau, et me voilà dehors... C’est que celui-là n’est pas le genre de type à rigoler, ni à se laisser détourner de sa tâche, de la plus haute importance, assurément, par un peu de tabac... Le froid m’attrape à la sortie du théâtre, me laissant un peu bête sur le trottoir, à regarder les bourgeois qui entrent dans le théâtre en s’efforçant de s’approcher le moins possible de ma personne... Que m’importent tous ces voleurs, ces escorcs et ces criminels ? Nous le sommes tous à notre façon, la seule différence, c’est qu’eux ne l’admettent pas. Et eux, surtout, ils pourraient faire autrement. Nous, nous tuons pour survivre, après tout : peut-on réellement nous le reprocher ? Sur ces réflexions hautement spéculatives, je reprends ma marche : par un tel froid, l’esprit peut rester en repos, mais pas les pieds, sous peine de se transformer immédiatement en glace. Je vais de passant en passant, gueulant avec ardeur :
- Le Siècle du jour ! Trente centimes pour le Siècle ! Monsieur ! Vous voulez tout savoir sur l’histoire des chapeaux-melon ? J’ai ce qu’il vous faut ! Cette merveilleuse brochure, qui vous permettra, enfin, de briller en société, et pour seulement 1 franc ! Ne ratez pas la chance de votre vie !
Le bonhomme me toise un moment, l’air de se demander si je me moque de lui, et s’il doit s’en aller en courant. Je ne lui en laisse pas l’occasion, et lui fourre la brochure dans la main.
- Allez, votre moustache m’est sympathique ! Je vous le fais pour 75 centimes ! Vous savez que vous me faites penser à ce brave maréchal MacMahon ! Vous pourriez me faire un discours ?
L’homme, ulcéré, me jette ma brochure à la figure... L’imbécile... Il ne sait pas ce qu’il rate... Le fait est que je devrais peut-être revoir ma méthode de vente, si je ne veux pas rentrer ce soir sans un sou en poche... Ou bien que j’arrête de proposer mes précieux objets à des bourgeois idiots... Allez, fini les bêtises pour ce soir... Comme toujours, c’est l’appel du ventre qui nous fait ployer et même rompre devant l’hostilité... Les aristocrates peuvent bien faire leurs malins, jouer les dandys ou même les rebelles, les frondeurs, ils ont toujours un bon rôti à se fourrer dans le ventre... Ca aide... Je reprends ma tâche, avec un peu moins de verve et d’art, sans doute, mais plus d’efficacité. Ma femme est toujours de mauvaise humeur quand je ne rapporte pas assez pour son marché du lendemain... Et moi, je suis prêt à toutes les corruptions de l’âme ou du corps pour ne pas avoir à subir sa voix criarde. Un marchand rigolard m’achète un Charivari et un peu de tabac, avec toute la discrétion qui s’impose, une vendeuse très mignonne qui rentre des Magasins me prend un roman, un ouvrier m’achète un pot de vin, un aristocrate ruiné une rumeur (il me laisse le choix des détails) que je dois discrètement propager sur l’infamie de son pire ennemi... Au total, un beau petit pactole... Luce, ma femme, va être contente. Et moi, demain, j’aurai un oignon et de beaux croutons dans ma soupe. Theatrum Mundi
Pour terminer ... • Pseudonyme : Shad • Âge : 19 ans • D'où nous venez-vous ? Surfage de partenaires en partenaires... • Avez-vous lu le règlement ? Oui ! • Quelque chose à nous dire ? Encore une fois, toutes mes excuses pour le délai de postage de la fiche... D'ailleurs, vous le voyez, elle n'est pas encore finie... J'ai cette foutue manie de vouloir m'engager dans des choses précisément au moment où je n'ai pas le temps de les mener à bien comme il le faudrait... Mais ça va aller mieux, maintenant ! On y croit !
Dernière édition par Harold Chambard le Sam 29 Oct - 2:59, édité 1 fois |
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Pierrot LunaireLa bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
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| Sujet: Re: Harold le Déplumé Sam 22 Oct - 9:40 | |
| Héhé, je suis bien heureuse que tu aies terminé ta fiche : la crainte est toujours que le joueur se démotive entre temps, et ce personnage est si prometteur que c'eût été vraiment dommage. J'ai par ailleur le plaisir de te valider, car je ne vois rien à redire au sujet de ta fiche. Tu as bien senti l'époque (j'aime beaucoup l'introduction de ton test RP, ou même ce "Votre moustache m'est sympathique" x)). Te voilà donc avec 0 points de Mondanité, et ces 40 d'infamie - ces jauges peuvent évoluer si tu remplis des défis RP, remportes des concours hors jeu, etc. A présent, commencent les choses sérieuses ! Te voilà libre de créer ton fichier de personnage et même ta boîte aux lettres si tu as envie, de chercher un partenaire RP, de poster dans la section jeu (un sujet d'intrigue va être ouvert incessamment sous peu, tu peux t'y inscrire si tu le désires), de venir faire connaissance dans le flood et y demander un rang personnalisé ... Et tutti quanti ! N'hésite pas si tu as la moindre question, aussi. J'espère que tu te plairas parmi nous ! Au plaisir de te recroiser en jeu |
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