• CACHOT : Toujours affreux. La paille y est toujours humide. On n'en a pas encore rencontré de délicieux.
• CAFÉ : Donne de l'esprit. N'est bon qu'en venant du Havre. Dans un grand dîner, doit se prendre debout. L'avaler sans sucre, très chic, donne l'air d'avoir vécu en Orient.
• CAMPAGNE : Les gens de la campagne meilleurs que ceux des villes : envier leur sort. A la campagne tout est permis ; habits bas, farces, etc.
• CATHOLICISME : A eu une influence très favorable sur les arts.
• CÉLÉBRITÉ : Les célébrités : s'inquiéter du moindre détail de leur vie privée, afin de pouvoir les dénigrer.
• CÉLIBATAIRES : Tous égoïstes et débauchés. On devrait les imposer. Se préparent une triste vieillesse.
• CENSURE : Utile, on a beau dire.
• CERCLE : On doit toujours faire partie d'un cercle.
• CHAMPAGNE : Caractérise le dîner de cérémonie. Faire semblant de le détester, en disant que "ce n'est pas du vin". Provoque l'enthousiasme chez les petites gens. La Russie en consomme plus que la France. C'est par lui que les idées françaises se sont répandues en Europe. [...]
• CHANTEUR : Avalent tous les matins un oeuf frais pour s'éclaircir la voix. Le ténor a toujours une voix charmante et tendre, le baryton un organe sympathique et bien timbré, et la basse une émission puissante.
• CHAPEAU : Protester contre la forme des chapeaux.
• CHARCUTIER : Anecdote des pâtés faits avec de la chair humaine. Toutes les charcutières sont jolies.
• CHEMINS DE FER : Si Napoléon les avait eus à sa disposition, il aurait été invincible. S'extasier sur leur invention et dire : "Moi, monsieur, qui vous parle, j'étais ce matin à X... ; je suis parti par le train de X... ; là-bas, j'ai fait mes affaires, etc., et à x heures, j'étais revenu !"
• CHEVAL : S'il connaissait sa force, ne se laisserait pas conduire. [...] Cheval de course : le mépriser. A quoi sert-il ?
• CIGARES : Ceux de la Régie, "tous infects". Les seuls bons viennent par contrebande.
• CLUB : Sujet d'exaspération pour les conservateurs. Embarras et discussion sur la prononciation de ce mot.
• COMÉDIE : En vers, ne convient plus à notre époque. On doit cependant respecter la haute comédie.
Castigat ridendo mores.• COMMUNION : La première communion : le plus beau jour de la vie.
• CONSERVATEUR : Homme politique à gros ventre. "Conservateur borné ! - Oui, monsieur, les bornes servent de garde-fou."
• CONVERSATION : La politique et la religion doivent en être exclues.
• CORSET : Empêche d'avoir des enfants.
• COURTISANE : Est un mal nécessaire. Sauvegarde de nos filles et de nos soeurs tant qu'il y aura des célibataires. Devraient être chassées impitoyablement. On ne peut plus sortir avec sa femme à cause de leur présence sur le boulevard. Sont toujours des filles du peuple débauchées par des bourgeois riches.
• CRITIQUE : Toujours éminent. Est censé tout connaître, tout savoir, avoir tout lu, tout vu. Quand il vous déplaît, l'appeler Aristarque, ou eunuque.
D
• DAGUERRÉOTYPE : Remplacera la peinture (v. photographie).
• DÉBAUCHE : Cause de toutes les maladies des célibataires.
• DÉCOR de théâtre : N'est pas de la peinture : il suffit de jeter en vrac sur la toile un seau de couleurs ; puis on l'étend avec un balai ; et l'éloignement avec la lumière fait l'illusion.
• DÉCORATION de la Légion d'honneur : La blaguer mais la convoiter. Quand on l'obtient, toujours dire qu'on ne l'a pas demandée.
• DÉCORUM : Donne du prestige. Frappe l'imagination des masses. "Il en faut ! Il en faut !"
• DÉJEUNER des garçons : Exige des huîtres, du vin blanc et des gaudrioles.
• DILETTANTE : Homme riche, abonné à l'Opéra.
• DINER : Autrefois on dînait à midi, maintenant on dîne à des heures impossibles. Le dîner de nos pères était notre déjeuner, et notre déjeuner était leur dîner. Dîner si tard que ça n'appelle pas dîner, mais souper.
• DRAPEAU national : Sa vue fait battre le coeur.
• DUEL : Tonner contre. N'est pas une preuve de courage. Prestige de l'homme qui a eu un duel.
E
• ÉCLECTISME : Tonner contre comme étant une philosophie immorale.
• EMBONPOINT : Signe de richesse et de fainéantise.
• ENCYCLOPÉDIE : En rire de pitié, comme étant un ouvrage rococo, et même tonner contre.
• ENTHOUSIASME : Ne peut être provoqué que par le retour des cendres de l'Empereur. Toujours impossible à décrire, et pendant deux colonnes le journal ne parle que de ça.
• ENTRACTE : Toujours trop long.
• ÉPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.
• ÈRE (des révolutions) : Toujours ouverte puisque chaque nouveau gouvernement promet de la fermer.
• ÉTUDIANT : Portent tous des bérets rouges, des pantalons à la hussarde, fumant la pipe dans la rue et n'étudient pas.
• EXÉCUTIONS CAPITALES : Se plaindre des femmes qui vont les voir.
F
• FABRIQUE : Voisinage dangereux.
• FARD : Abîme la peau.
• FAUBOURGS : Terribles dans les révolutions.
• FEMMES DE CHAMBRE : Plus jolies que leur maîtresses. Connaissent tous leurs secrets et les trahissent. Toujours déshonorées par le fils de la maison.
• FEUILLETONS : Cause de démoralisation. Se disputer sur le dénouement probable. Ecrire à l'auteur pour lui fournir des idées. Fureur quand on y trouve un nom pareil au sien.
• FIGARO (Le Mariage de) : Encore une des causes de la Révolution !
• FLEGME : Bon genre, et puis ça donne l'air anglais. Toujours suivi de imperturbable.
• FOLLICULAIRES : Les journalistes. Quand on ajoute de bas étage, c'est le comble du mépris.
• FORÇATS : Ont toujours une figure patibulaire. Tous très adroits de leurs mains. Au bagne, il y a des hommes de génie.
• FOSSILES : Preuve du déluge. Plaisanterie de bon goût, en parlant d'un académicien.
• FRANC-MAÇONNERIE : Encore une des causes de la Révolution ! Les épreuves de l'initiation sont terribles. Cause de dispute dans les ménages. Mal vue des ecclésiastiques. Quel peut bien être son secret ?
• FUSILLADE : Seule manière de faire taire les Parisiens.