Registre des habitants de Paris
Nom & Prénoms : Connue sous le pseudonyme de "Misia", son vrai nom, que personne n'utilise plus depuis longtemps, est Louise.
Âge & Date de naissance : Vingt-six ans. Elle est née le 13 février 1871.
Origine sociale : Misia est née dans les bas-fonds, et y a toujours vécu. Mais la jeune femme en est certaine : elle n'y restera plus longtemps.
Métier, occupation : Misia est ce qu'on appelle une "gigolette", en d'autres termes, une fille des rues, une prostituée. Mais attention, pas auprès du vulgum pecus. Si pendant un temps Misia ne choisissait pas ses clients, elle vise dorénevant les hommes de la haute, de ceux qui ont de l'argent et peuvent l'entretenir.
Ambitions : Misia est une ambitieuse. Ce qu'elle désire le plus serait de s'immiscer dans les cercles mondains, un monde dont elle rêve et pour lequel elle est prête à tous les compromis. Misia veut être une grande dame, et mener grand train.
Milieu fréquenté : Les quartiers malfamés de Paris, depuis un certain temps déjà. Mais cela fait bien quelques mois que ses pas l'amènent en des endroits plus propices à la satisfaction de ses aspirations : la jeune femme quitte de plus en plus le monde d'où elle vient pour des lieux moins miséreux.
Réputation : Pas très bonne. Qui en douterait ? Si elle est déjà considérée comme une "mondaine" par les filles de son rang, pour les autres, elle n'est rien, et même pire. Dix points d'infamie.
Drôle d'histoire
***
Connaissez-vous l'histoire de la petite araignée qui monte, qui monte, qui monte...
Avril 1888Se promener dans les bas-quartiers de Paris, même en plein jour, était une aventure risquée, surtout si l'on avait le porte-feuille un peu trop rempli.
Cela n'était fort heureusement pas le cas de Misia, qui ne possèdait pas grand chose d'autre que la petite robe jaune et le grand châle noir un peu miteux qu'elle portait sur le dos.
Cette petite robe jaune, Misia y tenait ; c'était la sienne, et pas celle que sa grand-mère lui avait léguée. Il n'était pas question pour la jeune fille de porter une de ces antiquités poussiéreuses et passées de mode. Elle avait beau adorer sa grand-mère, elle n'était pas prête à tous les sacrifices... Celui qu'elle était en train de faire était déjà bien suffisant.
Paris, la nuit. Une silhouette frêle arpente les trottoirs. Grandes enjambées et mines farouches. On n'apprend pas si vite à attirer. Surtout quand on n'est pas encore vraiment une femme. Surtout quand on a peur.
Sur qui allait-elle tomber ce soir ?
Jeune, vieux ? Mi-vieux ?
Vicieux ou pas trop ?
Intimidé ou bien déjà rôdé ?
Ces nuits-là étaient toutes différentes. Mais l'appréhension était toujours la même : sur qui allait-elle tomber ?
***
Janvier 1888Françoise Cordier, née Tronion, était morte la nuit dernière. La mère de Louise avait une infection pulmonaire, et pas d'argent pour tenter de se soigner. Elle était morte auprès de sa fille et de sa mère. Mais la présence des deux êtres auxquels elle tenait plus que tout au monde était une maigre consolation : elle pensait surtout à Louise. Sa fille n'avait pas encore dix-sept ans, et Françoise partait en ne lui léguant rien, ou presque. Comment parviendrait-elle à vivre, et à faire vivre sa grand-mère, qui était déjà vieille et ne pourrait pas l'aider ?
Louise, malgré sa douleur, pensait exactement aux mêmes choses qu'à sa mère. Cela lui était apparu d'abord comme un souci secondaire, auquel il faudrait réfléchir plus tard, mais elle ne pouvait faire refluer son angoisse devant un avenir qui s'annonçait incertain et misérable : elle avait conscience d'être une piètre couturière, et de toute façon, le métier qu'avait exercé sa mère durant toute sa vie avait à peine suffi à les faire survivre toutes les trois.
Non, elle devait trouver autre chose.
***
Un matin de 1891Elle essuya du bout des doigts le noir qui avait un peu coulé depuis l'extrêmité de son oeil, et qui s'étirait, trainée sombre zigzagante jusqu'au dessus de l'arrête du nez.
Elle arrangea rapidement les mèches éparses qui s'étaient enfuies de son chignon, appliqua vivement un peu de rouge sur ses lèvres.
Elle se regarda dans le miroir ; remarqua que sa robe était un peu lâche au niveau des épaules et la réajusta.
Un mal de tête de chien. Elle mit un peu d'eau sur ses mains et les posa sur son front en appuyant doucement. Des battements de tambour incessants à l'intérieur de sa tête.
Elle soupira. Elle aurait voulu pouvoir dormir un peu, et même beaucoup, en fait. Elle se sentait épuisée. Elle jeta un rapide coup d'oeil en direction du lit à sa droite, et abandonna aussitôt l'idée qui lui avait l'espace d'un instant traversé l'esprit... L'homme dormait paisiblement : il respirait fort, mais cela n'aurait pas empêché la jeune femme de dormir tant elle se sentait fatiguée. De plus, il n'était ni répugnant ni terrifiant, mais Misia avait quelques principes- sortes de fiertés personnelles, ou seulement d'habitudes prises- de ne jamais se réveiller après eux. C'était comme ça, peut-être un peu ridicule, peut-être aussi une de ces choses qui la
rassurait.
Souvent, elle était prise d'insomnie, et malgré son envie de dormir et dormir encore, elle n'y parvenait pas. Peur de se réveiller à leur côté ? Angoisse plus profonde qui la dépassait ? Elle n'avait jamais essayé de comprendre pourquoi elle avait ce "blocage". Au fond, c'était sans doute sans importance.
En outre, Misia n'avait pas vraiment les moyens d'aller consulter un de ces nouveaux "docteurs" au pratiques controversées...
Et en guettant le moment plus propice pour les jeunes demoiselles de sortir dans les rues de Paris, elle attendait.
***
Rien ne devait avoir d'importance. Sinon, cela ne marcherait jamais. Oui oui, elle se prostituait, mais ce n'est rien, pas important. On donne son corps mais on se garde bien de donner autre chose. Alors, finalement, ce n'est pas grand chose...
C'avait été terrible au début. Comme pour toutes. Et puis, comme il n'y a pas d'autres solutions... autant ne pas rendre les choses encore plus sombres. Ne pas se désespérer, envers et contre tous. Nourrir d'autres desseins, des projets extraordinaires, rêver d'une autre vie.
Des bals, des salon, de belles robes, des regards admiratifs, des dîners somptueux... De plus en plus, tout cela tournait à l'obsession dans l'esprit de Misia. Elle avait toujours pensé qu'elle ne resterait pas dans ce monde putride toute sa vie, mais depuis sa rencontre avec Emmy, cela devenait une certitude.
"Tu ne vas pas quand même pas rester là toute ta vie... ?"-Non ! ... Mais...
-Mais quoi ? Quel âge t'as déjà ?-Bientôt vingt-cinq ans.-Vingt-cinq ans ! Non mais tu te rends compte !? Et tu en es encore là, avec des yeux pareils !-...""Tu perds ton temps ma chérie. Si tu ne fais rien, dans trois ans, c'est trop tard. Alors fais ce qu'il faut, maintenant.-Et qu'est-ce que je dois faire ?"***
Et ce qu'Emmy avait expliqué à Misia par la suite n'était pas tombé dans l'oreille du chat. C'en était fini des bourgeois médiocres... et même s'ils étaient fortunés, tiens, elle n'en voulait plus ! Après tout, Emmy avait raison : elle avait vraiment de jolis yeux en amande...
***
1895Sa grand-mère était morte la veille. Misia avait passé la nuit à ses côtés, en lui tenant la main, lui parlant parfois, ne disant rien pendant de longs moments.
La vieille dame ne lui avait pas délivré de sages paroles son dernier soupir venu, elle avait seulement accentué la pression sur la main de sa petite fille. Madeleine Tronion en était persuadée : Misia pouvait y arriver. Elle pouvait devenir une vraie dame ... Elle-même n'avait-elle pas fait tourner bien des têtes lorsqu'elle était plus jeune ? Et cela malgré sa mauvaise naissance ! Et celle-ci, avec sa petite bouche rouge et ses jolis yeux, lui ressemblait tant...
Bien sûr, elle aurait préféré que sa petite fille ne passe pas par cette voie-là : c'était tellement contraignant ! Mais malheureusement, elle n'était pas née dans un berceau doré, alors tant pis pour les sacrifices qu'il fallait exécuter, la destination en vaudrait la peine !
Misia deviendrait une princesse parisienne.
Elle l'espérait tellement.
***
Theatrum mundi
Pseudonyme : N'ai pas.
Âge : Dix-huit ans (bientôt et demi, sisi )
D'où nous venez-vous ? D'une contrée peut-être pas si lointaine...
Quelque chose à nous dire ? J'ai mis un peu beaucoup de temps à finir ma fiche mais... mais rien. Désolée ! ^^ Et j'espère ne pas avoir fait d'erreurs dans les dates :p