Registre des habitants de la ville de Paris

Nom & Prénoms : Lionel Fervand
Âge & Date de naissance : 24 ans né le 21 janvier 1873
Origine sociale : Bourgeois parisien
Métier, occupation : Dandy, vivant de ses écrits
Ambitions : Etre plus connu parmi les personnes les plus influentes
Milieu fréquenté : Salons, théâtre, etc...
Mondanité : ...
Infamie : ...

Tout esprit profond s'avance masqué

Que dire si ce n'est que Lionel Fervand est un jeune homme provenant de la bourgeoisie française ? Devenu riche grâce à un héritage conséquent, peut-être aurait-il mieux fait de se trouver une femme et fonder sa petite famille. Mais que nenni ! D'un caractère dépensier, Lionel aime assouvir sa soif de luxe et de plaisirs en dilapidant toute sa fortune. Et comment fait-il lorsqu'il n'a plus de vivres ? Très bonne question, le pauvre joue aux jeux d'argent (bien qu'il ne ressorte souvent sans son chapeau tant il perdit au change) et vit de ses écrits tout simplement. Oui, détrompez-vous, ce bourgeois est quelqu'un d'intelligent qui aime se cultiver tant par ses voyages que par ses lectures. Ah la lecture ! Comment rester indifférent face à Baudelaire, Wilde, Kant, Flaubert et tant d'autres qui inspirèrent le garçon par leur mode de pensée et leur style de vie. En effet, le jeune homme ne laisse personne indifférent en arborant ses vêtements noirs ou tout simplement en ouvrant la bouche. Il met un point d'honneur sur sa manière de s'exprimer !

Lionel agace, fascine, exaspère, charme... D'un air hautain, il parcoure les rues de Paris avec sa canne, non qu'il en ait une quelconque utilité, mais cela fait toujours son effet... Le jeune homme porte fièrement un bouc bien découpé et des cheveux sombres qu'il porte courts. Ses yeux nuits semblent vous transpercer au plus profond de votre âme. Oui, c'est un personnage énigmatique, égoïste, hautain, arrogant, manipulateur, dépensier, buveur... Tant de défauts qui, pourtant, font de lui un être ambitieux, désireux de se faire une place plus élevée que celle qu'il n'a déjà parmi le gratin de la haute société en faisant passer ses idées à travers l'écriture. Lionel écrit toutes sortes de choses. Il dénonce notamment la condition difficile que vivent les classes du prolétariat en cette aube du XXème siècle, mais il lui arrive aussi d'écrire des romans érotique. Il est prêt à tout pour y parvenir quitte à sacrifier ce qu'il a de plus précieux.

Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose

Paris de 1897, un jeune homme marche, sa canne en main, dans les rues bondées de la capitale. Les regards se tournent vers lui. Des yeux interrogateurs le dévisagent.

"Mais qui est cet énergumène ?" pensent les hommes et "Mais qui est-il pour se comporter de la sorte ?" pensent les femmes.

Tant de questions que ce posent ces couards qui restent sans réponse, car aucun d'eux n'osent les lui demander. Et pourtant, une jeune femme téméraire de basse condition se sentant l'âme d'une héroïne se tient devant l'inconnu et l'interpèle.

-Qui êtes-vous ?

L'inconnu s'arrête et baisse les yeux sur la jeune femme. Les traits de son visage n'exprimaient rien à la vue de cette impertinente, qui pourtant avait toute la beauté d'une femme de son âge. Sans grands discours et sans intérêt profond pour cette dernière, car il déteste qu'on le dérange de la sorte, le jeune homme répond nonchalamment :

-Mademoiselle, je suis un rêve inaccessible.

Puis il continue son chemin comme si la conversation n'avait jamais eu lieu. Il avançait avec élégance, le regard droit devant lui sans faire attention aux autres. À quoi pouvait-il penser ? Et bien, Lionel Fervand poursuivait intérieurement la discussion qu'il aurait pu avoir s'il s'était retrouvé devant une femme possédant un esprit plus aiguisé.

Oui, mademoiselle un rêve inaccessible. Cherchez à me connaître, vous ne me chérirez point du tout. La gent féminine me désire, les gentils hommes m'envient, mais vous ne m'aimerez pas. Et ce ressenti s'accroîtra au fil des jours. Vous semblez intriguée ? Mais sachez que je ne cherche pas à être aimé, à vrai dire, je n'en ai cure de ce que vous pouvez bien penser de moi. Aimez-moi, détestez-moi cela me va très bien. Tenez pour dit que peu m'importe le sentiment que je vous procure, je ne reste indifférent pour personne. J'agace, j'énerve, je fascine, je charme, mais dans vos esprits, il n'y a aucune trace d'indifférence. Oui, mademoiselle, je suis un rêve. Un magnifique monstre d'égoïsme amateur de vin. Ah le vin ! Breuvage béni des dieux qui m'enivre et me permet de me dégager de ce Spleen, cet ennui qu'est notre monde. Poète maudit ou maudit poète, je poursuis cette recherche de l'Idéal comme l'a fait ce regretté Baudelaire, il y a de cela plusieurs années, mais je ne vis pas dans le passé. Les idées ont évoluées et je vis avec mon temps comme mes contemporains tel que Maurice Barrès et le comte de Montesquiou. Mais vous ne savez certainement pas qui était Baudelaire, vous pauvre femme inculte. Peu m'importe, vous m'êtes indifférente.

Voilà ce à quoi pensait Lionel Fervand, pauvres illusions, pauvre sot, pauvre naïf. Ce fringuant solitaire et emmerdeur marchait, exaspérant les foules soit par son silence soit quand il vous faisait l'honneur de vous parler. Ambitieux jusqu'à la mort, il arrivera à se faire une place encore plus élevée dans cette société qu'il domptera.

D'ailleurs, ne serait-ce pas lui que l'on aperçoit au coin de la rue?

Theatrum mundi...

Pseudonyme : David
Âge : 18 ans
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