Registre des habitants de la ville de Paris

Nom & Prénoms : Jeannot Destaing
Âge & Date de naissance : 27 ans
Origine sociale : La plèbe
Métier, occupation : Ouvrier parait-il, insatiable joueur, voleur du coeur de ces dames ! (kof kof)
Ambitions : Ah je l'aurais, mon complet à barbe !
Milieu fréquenté : Les voyous !
Mondanité : Un tout petit peu, la magie de la moustache, que voulez-vous ! [Mettons 10, parce que c'est rond et c'est rigolo, et qu'on sait bien que les gens ronds c'est rigolo !]
Infamie : Oh, on le connait au poste, disons, mais pour l'heure il n'a guère l'éclat de l'or qu'il poursuit... [Disons 51 ?]

L'esprit tout masqué s'avance profond, qu'en marchant, les pensées seules valent quelque chose

"Dans une chambre petite toute étouffée, dans une maison qu'est modeste on entasse la marmaille attentive... Les murs tombent mais les gamins écoutent. Ce soir ! Y sont réunis pour s'tenir chaud et plus important ! Pour entendre les extraordinaires exploits du grand Lazuli ! OYEZ BANDE DE P'TITS FRIPONS ; oyez les aventures du fameux chenapan...

Grand frère d'une p'lotonnée d'gosses, qui compte un deuxième fils - votre serviteur ! - un fils plus petit encore - hé ! on n'rit po ! - et deux toutes petites soeurrrrRRRAAAHH ! C'est l'monstre des chatouillis qui vient vous bèqu'ter !"

"Et alors ? Et alors ?"

"Et alors ! Fils du crignolier* l'plus célèbre du quartier, il était connu de tous ! Il fait fureur auprès des filles, comme il est grand et mince comme un billet, ça leur fait tourner des yeux, mais s'iou croyez qu'ça sait po s'bastoner ! Des nèfles* ! Pasqu'y fait aussi la terreur auprès des rupins, l'oiseau ! Tremmmbllleeezz ! Car le voici, La pie Lazuli ! A ses apôtres*, ses bagues brillent de mille éclats, et ça t'menace de t'envoyer bavarrois* ! Et la parure aveugle ceux qui l'reluqu'rait de trop. Pis les couleurs vous ont agressé avant même qu'y vous cause, hé !"

"Mais raconte nous pas ça ! On veut qu'tu nous raconte pour La Marjot !"

"Et l'filou s'arrête pas là. Il remet aussi adroitement le client qui grogne qu'il subtilise le cœur et la thune des belles filles. Avez-vous déjà ouï l'exploit de la Marjot ?! Ah la Marjot ! C'était par une bien belle journée d'avril, le soleil resplendissait (sic) les beaux quartiers. Là, élégant, la tignasse qu'il vient tout juste de s'faire couper*, avec sa petite mèche enroulée, tout ben collée contre la tempe, et pis l'chapeau à plume. Ah ui, ui, aujourd'hui c'est grand jour, l'est tout beau des plus beaux habits ; la bottine brillante, la chemise rayée ! Vous le voyez ? Vous le voyez ? Il se pavane comme ça !
"- Hon madame, qu'vous avez d'beau yeux qu'vous savez !"
"- Oh monsieur !"
Et elle bat des cils : IMPUDENTE ! Entre deux bat'ments, v'là t'y pas notre pie qui s'en est d'jà partie avec son bracelet d'poignet, qu'il est bien joli ! Voilà qui 'prendra aux d'moiselles à être étourdies !"

"Mais moi j'préfère, j'préfère que tu nous dise pour quand il nous a mené des fruits !"

"Allez ! Mettez vous d'accord là ! C'po la foire..."

"Alllleeezzz, Rennnnéé, tu nous a promis des histoires !"

"C'vous qui m'couper !"

"Mais on la connait d'jà celle d'la Marjot ! Tu la racontes toujours..."

"... Allez, allez ! Un peu d'respect là ! Bon ! Vous souv'nez vous, mes créants ! De cette histoire faramineuse (sic) où le grand Pie dépluma toute la tablée d'Baccara ! Mais oui mes p'tits ! Et j'm'en vons vous la conter telle qu'il la conta !

C'était par un soir de pleine luuuunne ! Ouuhh ! C'était dans un bouge mal éclairé, ils étaient tous en rond, attablés à une table toute pourrie. Ils se r'gardaient tous, la tension éclatait le pla..."

"C'est pas fini tout c'vacarme ! Il est dix heures passées, vous allez m'filer au lit imé-diat'-ment ! Et toi René, je t'ai d'jà dit de n'pas porter les affaires de ton frère ! Ça suffit maintenant, ce merdeux est loin d'être un héros, tiens ! J'vais t'el dire moi, c'que c'est qu'ton frère ! C't'un voyou qu'a pillé tout notre argent au jeu ! Ah j't'en foutrais des fruits moi, pourquoi qu'c'est qu'on bouffe du pain, hein ! Avec ses histoires de dettes et de gance* ! Allez tu m'enlèves ça tout d'suite et vous filez tous au lit ! Et pis qu'j'vous prenne pas à suivre sa route ou j'vous en colle !"







ET POUR LE VOCABULAIRE
*Crignolier :: boucher
*Mince :: qu'on utilisait également pour désigner le mot "billet"
* Apôtres :: Les doigts
*Bavarrois :: Non, vraiment, ne cherchez pas à comprendre. C'était pour la rime, et ça rime même pas vraiment :' )
*Aller se faire couper les cheveux :: Ah ah ah !
*Gance :: Clique, bande, etc.
Pour tous les (sic) ou mauvais emplois de langage :: on s'entend : )

Le Rappel

C'était un de ces bistrots crasseux, coincés entre deux rues dont il faisait l'angle, que se tenait ce jour la séance de ces derniers exploits en date, comme il aimait à le dire ; or s'il n'avait guère le quart du tiers de ce qu'il prétendait, il fallait néanmoins lui reconnaître cette petite réussite qui consistait à avoir convaincu deux ou trois de ses copains que les aventures prodigieuses qu'il contait lui était vraiment arrivé. Peut-être à force y croyait-il tellement lui même que de cette assurance lui venait une éloquence toute propice à ce genre de persuasion. Ou peut-être y a t-il pour tout discours une oreille prête à les entendre...

"Et alors même qu'y m'étalait sa science, si imprégné qu'il était d'sa pompe, la virtuosité dans l'âme j'te dis, il avait complèt'ment baissé sa vigilance. Alors, porté par son propre enthousiasme, j'en ai prof..."

Quant à ceux qui tâchait de ne s'aveugler point de ce breuvage d'illusion, ils pouvaient remarquer que l'extravagance de son attitude, les yeux du voyou n'avait de cesse de s'agitait, comme scrutant à l'horizon pour une raison qu'on ne saurait expliquer. Ou s'agitait-il simplement d'attendre...

Entrèrent à ce moment du récit deux hommes qui semblaient moins commode encore que l'oiseau. Ni de une ni de deux :
"...fité... Mais diable ! T'as vu l'heure ! Merd' c'est qu'j'devrais déjà avoir quelque galant à détrousser moi ! Faut qu'j'te laisse Felix, on s'retrouve bientôt !" Et sans même embrasser son collègue, lui tapant amicalement l'épaule, il s'en fut d'un pas naturellement pressé, saluant le tenancier et prenant l'air d'avoir quelque affaire importante. Les hommes, crût-il, ne l'aperçurent pas.

Au sortir on le prit au col et la seconde d'après, il se vautrait dans une ruelle adjacente.
"Comme le plus stupide des piafs. Quelques graines et voilà qui tente de sortir de sa cage."
"Allons, allons, pas d'embrouilles : j'avais simplement b'soin d'me dégourdir les guiboles ma foi, vous savez comme c'est, un moineau com'moi ça sautille !" Un rictus nerveux déforma son visage. Mais l'humeur n'était pas à la blague semble t-il et d'une main on asservit le bouffon. "Aïe ! Lâche moi, cesse de tire.."
"Oui, voilà un joli rasoir... Je trouve monsieur Destaing, que vous utilisez fort mal le matériel pour lequel vous m'avez fait crédit... Ah oui bien sûr, c'est parce qu'avant de posséder un si bel attirail, il eût encore fallut le gagner..." Il ajusta la coupe et rafraîchit la moustache : "Voilà, c'est mieux ainsi..." Puis lentement passa le rasoir sur la joue jusque sous la mâchoire. "Mais l'argent lui, il fait bel et bien défaut, et tu crois peut-être que je suis une banque ? Je te donne jusqu'à ce soir. Ah hélas, qu'il serait cruellement ironique qu'on te tâcha la gorge avec ce qui eût dû te donner bonne mine..." L'homme se redressa enfin et tournant des talons, s'en fut sans autre forme de procès.
"Ha, que ne parle t-on jamais de ces accidents de rasage..." se désola t-il avant de disparaître.

Jeannot, mordant la poussière, fulminant, échafauder de vains plans de vengeance. Au loin, une église sonnait la demie-heure.

Theatrum mundi...

Pseudonyme : Un certain nombre !
Âge : 22 ans
D'où nous venez-vous ? Mais diable, d’ici même : c’est mon premier décès ! (un sucre à celui qui me tapera parce qu’il aura compris)
Quelque chose à nous dire ? LE BLEU, C’EST MIEUX