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 Vie littéraire

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Pierrot Lunaire
La bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Pierrot Lunaire

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MessageSujet: Vie littéraire   Vie littéraire EmptyLun 25 Avr - 22:55

Peut-être avez-vous croisé, cher ami, quelque allusion à un courant littéraire, quelque protestation d'auteur ... ? Ou alors vous comptez jouer un littérateur, à l'aise avec son temps, au courant de ce qui se passe ... ? Dans tous les cas, ce résumé des principaux courants littéraires de l'époque pourra peut-être vous aider !

Notez que si vous cherchez des informations sur le théâtre, c'est direction Spectacles et Loisirs !


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Honoré Daumier, La Lecture

La littérature de tous les jours
Romans-feuilletons, best-sellers et auteurs à succès

Nous commencerons par un aspect dont on parle peu dans les histoires littéraires mais qui peut être utile à qui est un peu curieux. Quels sont, en effet, les auteurs à succès de l'époque ? En effet, la plupart des grands noms que nous avons retenus (mettons par exemple Baudelaire, Rimbaud ou Mallarmé) ne sont appréciés que par une frange très restreinte de la population. Les autres lisent, c'est entendu, mais que lisent-ils ?

  • L'ère de la littérature industrielle. Le XIXe siècle a vu se développer un double phénomène : d'une part, l'augmentation de l'alphabétisation des populations même pauvres, après les diverses lois sur l'enseignement ; d'autre part, les progrès de l'imprimerie qui ont permis le développement d'une production de masse.
    A la fin du siècle, les œuvres à grands succès se tirent donc à des dizaines, voire des centaines de milliers d'exemplaires, ce qui était inimaginable, quelques décennies auparavant. C'est alors la période des grands éditeurs (Arthème Fayard et Flammarion, par exemple) qui développent des collections à moindre prix, dans le but de vendre au tout venant. Les tenants de la culture élitiste en viennent parfois à déplorer ce phénomène, voyant un dévoiement de la littérature dans ces ouvrages nouveaux, écrits la plupart du temps pour plaire à un large public.

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    Pierre-Auguste Renoir, La Liseuse

  • Mais que lisent ces classes populaires ou ces classes moyennes émergentes ? Il y a d'abord des auteurs aujourd'hui classiques qui ont eu un succès populaire. C'est le cas de Victor Hugo, dont les éditions bon marché ont été très prisées tout au long du siècle. C'est le cas également d'Émile Zola, notamment pour L'Assommoir, qui bénéficia d'une grande publicité par le scandale qu'il causa. A sa suite, tous les romans de son grand cycle Les Rougon-Macquart dépasseront les 60 000 exemplaires (mention spéciale pour Nana et pour La Débâcle). D'autres auteurs, à l'instar de Jules Verne ou des Daudet, conquerront le public populaire par l'intermédiaire de l'école : nombre de ces "classiques", encore lus aujourd'hui ou non, furent distribués, chaque année, comme livres de prix.

  • Mais il y a aussi toute une production spécifique, toute une littérature "de la ménagère" qui fait les choux gras de la presse et des éditeurs populaires. Cette littérature se présente le plus souvent sous la forme de romans-feuilletons, publiés au bas des journaux. Occasion rêvée pour les quotidiens de fidéliser la clientèle ! Il faut le dire : ces ouvrages ne se caractérisent pas la plupart du temps par leur grande qualité littéraire. Riches en rebondissements, ils utilisent à l'envi tous les ressorts du mélodrame et du roman d'aventures. Les personnages comme les situations y sont souvent stéréotypés : brigands vicieux, jeunes femmes victimes, enfants trouvés, noirs secrets de famille, etc. Représentant les classes populaires et bourgeoises, reproduisant la hiérarchie inhérente à ce monde, ces romans donnent à voir le destin tragiques de victimes, trompées, trahies par des personnages sans scrupule. Cependant, si le mal est très très présent dans ces livres, souvent manichéens, les récits ne remettent jamais en cause l'ordre social, qui n'est dysfonctionnant que par les abus de mauvaises personnes - punies à la fin.

    Vie littéraire Livre-10

  • Quelques auteurs et quelques titres, enfin !
      ○ L'un des grands noms du roman populaire français est Eugène Sue. Son œuvre-phare commence à dater un peu, en 1896, mais elle fut constamment rééditée et constitua une inspiration pour de nombreux continuateurs : il s'agit des Mystères de Paris. (1842-1843). Son intrigue préfigure celles des "romans de la victime" de la fin du XIXe. L'héroïne Fleur-de-Marie, belle et chaste, vit dans la condition la plus abjecte. Torturée de mille manières, elle est pourtant sauvée par Rodolphe, jeune homme d'origine princière, capable d'évoluer dans les bas-fonds et apportant son aide aux miséreux. L'ouvrage recèle nombre d'intrigues et de personnages secondaires, et fait voyager dans le Paris populaire de l'époque. Nombreux seront les continuateurs : on citera l'un des plus célèbres, Paul Féval, avec ses Mystères de Londres (1843).

      Xavier de Montépin a eu du mal à accéder à la gloire : à l'heure de ses débuts, il écrivait dans l'ombre de Ponson du Terrail. Mais à la mort de ce dernier, Montépin gagne ses galons. C'est notamment son roman La Porteuse de pain (1885), qui marqua les générations : archétype du roman de la victime, il décrit la quête tragique de Jeanne Fortier, "bonne ouvrière" et veuve, accusée à tort d'avoir fait brûler son usine et envoyée en prison. Vingt ans plus tard, celle-ci s'évade et cherche à faire éclater la vérité. En un mot, l'innocence persécutée et finalement réhabilitée.

      ○ Parmi ceux qui ont connu le succès et la célébrité dans les dernières années du XIXe siècle, il faut aussi compter Georges Ohnet. Le succès de son roman-phare, Le Maître des forges (1882), lui permettra de s'acheter une grande propriété à la campagne et de se faire construire un hôtel vide à Paris. En opposition avec le roman strictement populaire et le naturalisme, il dépeint avant tout le milieu bourgeois et tout spécialement la femme du monde, avec ses aspirations et ses fantasmes. Il livre ainsi des histoires d'amour conventionnelles, traite des problèmes de couple, dans des romans dévorés par la classe moyenne et la bourgeoisie. Si son style est particulièrement décrié dans le monde des lettres, le succès de Georges Ohnet ne se démentira pas jusque dans les années 1900.

      ○ Bien entendu, les auteurs de romans populaires sont nombreux et leur production est souvent impressionnante. En choisissant trois noms importants parmi d'autres, nous oublions Ponson du Terrail, Jules Mary, Émile Richebourg, Pierre Decourcelle ou Paul Mérouvel. Leurs titres sont souvent évocateurs, à l'instar de Roger-la-Honte, Séduite et vengée, Chaste et flétrie, La Pocharde, Vierge et mère, Les Crimes de l'amour, Les Forçats du mariage, Les Réprouvées, Coeur de neige ou Le Fils du diable ... A l'aune de ces exemples, libre à vous d'inventer vos propres romans feuilletons, plein de rebondissements, de crimes et de trahisons !



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Henri Gervex, Rolla

Le Naturalisme
Roman scientifique ou roman social ?

Le courant initié par Émile Zola connut son apogée dans les années 1880 avant de s'essouffler peu à peu. Fort d'un succès de scandale, il s'attachait à décrire des milieux que la littérature avait encore boudés, à parler de situations sans concessions ni idéalisations. Fondé sur des bases théoriques assez fragiles, il ne survécut pas vraiment à son initiateur ... Mais constitua une étape importante dans le renouveau (et la crise !) du roman, à la fin du XIXe siècle.

  • Présentation du naturalisme.
      ○ Le naturalisme s'est choisi pour premier modèle L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, publiée en 1869. Émile Zola déclairait ainsi, dans Le Voltaire : "Voilà le modèle du roman naturaliste, cela est hors de doute pour moi. On n'ira jamais plus loin dans la vérité vraie, je parle de cette vérité terre à terre, exacte, qui semble être la négation même de l'art du roman." C'était trahir, sans doute, la volonté de son auteur qui avait déjà refusé l'étiquette de "réaliste" et qui déclarait à Maupassant, en 1876, voir dans le naturalisme "un mot vide de sens" ...

      ○ Mais qu'importe, la machine était lancée ! Émile Zola, son fondateur et fer de lance, s'est inspiré des théories de Darwin sur la sélection naturelle, des travaux du docteur Lucas sur l'hérédité et, enfin, de l'introduction à la médecine expérimentale du biologiste Claude Bernard. Zola va justement tenter d'appliquer les méthodes de ce dernier à la littérature : le romancier est moins un artiste qu'un expérimentateur cherchant à vérifier des hypothèses et confirmer des lois. Ainsi, en faisait évoluer des personnages au sein d'un univers soigneusement repris du réel, il s'agit d'étudier leurs réactions et de voir le déterminisme social et héréditaire à l'œuvre. Le naturalisme se fonde donc sur une théorie assez hasardeuse reliant la littérature à la science. Si les disciples du grand maître ont vite pris leurs distances avec cette idée, on peut se demander si Zola lui-même croyait à ses formulations : il y a beaucoup d'effets romanesques et de style littéraire, dans ses romans ; bien plus sans doute que d'observations scientifiques.

      ○ Il faut aussi rappeler que le naturalisme a pris, assez tôt, un caractère social et politique. Émile Zola présentait déjà L'Assommoir comme " le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et ait l'odeur du peuple". Des ouvrages comme L'Assommoir ou Germinal (1885) donnent à voir directement la lutte des classes et condamnent une société créatrice de misère. Les détracteurs du naturalisme ne s'y sont pas trompés et reprocheront souvent à Zola l'idéologie sous-jacente de ses romans. En dernier lieu, l'écrivain s'engagera comme on sait dans la crise de l'affaire Dreyfus, publiant le pamphlet " J'accuse " où il dénonce plusieurs hauts dignitaires de l'armée française. Il fut traduit en justice pour diffamation et dut s'exiler en Angleterre pour fuir sa condamnation.


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    Édouard Manet, Portrait d’Émile Zola

  • Grandeur et décadence du naturalisme.
      ○ Malgré une assise théorique fragile, le naturalisme connaît d'abord un large succès. A la suite d'Emile Zola, de nombreux jeunes auteurs font leurs premiers pas dans la littérature par le naturalisme : c'est le cas d'Henri Céard, de Guy de Maupassant ou encore de Joris-Karl Huysmans. Cela ne va pas sans scandales : les critiques pleuvent de la part des universitaires et des écrivains mondains, conservateurs ou catholiques. On accuse les naturalistes d'être vicieux et vulgaires, de se complaire dans la description du vice des hommes (voir par exemple cette caricature). Un fervent catholique comme Barbey d'Aurevilly dira de Zola qu'il " se vautre dans le ruisseau et [qu']il le salit " !

      ○ Mais le naturalisme s'essouffle, faute de savoir se renouveler. La plupart des auteurs catalogués comme naturalistes se détachent peu à peu de cette étiquette. Certains s'en éloignent radicalement, comme Alphonse Daudet qui revient à ses récits provençaux ; d'autres dépassent la notion de naturalisme en livrant des œuvres plus ambiguës et délivrant d'autres messages, comme Octave Mirbeau. A bien y regarder, seul Zola s'en tient à ses théories, et ça le dessert plus qu'autre chose : en 1887, de jeunes romanciers naturalistes font sécession en publiant dans Le Figaro le Manifeste de la Terre où ils se disent choqués par le dernier roman d'Emile Zola et renient celui "dont le charme s'embourbe dans l'ordure." Aux approches des années 1890, presque tout le monde a cessé de croire aux naturalisme et on se tourne déjà vers d'autres modèles et d'autres perspectives.


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Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve

Décadence & Symbolisme
Mysticisime, poésie et tutti quanti

Décadence, symbolisme, mysticisme sont divers courants, plus ou moins liés ensemble, qui se développèrent en opposition au naturalisme. Porteurs d'innovations formelles intéressantes, exprimant le mal-être d'une génération en crise, ils furent le fait de plusieurs petits groupes d'auteurs d'avant-garde. Mal appréciés du grand public, ce sont ces gens-là qui gravitaient alors dans les milieux cultivés, se faisaient leur place dans les salons et les sièges des revues d'art. Voici quelques uns des principes et des idées qui les caractérisent.

  • La notion de décadence.
      ○ A la fin des années 1870 commence à se répandre un mot qui habitera la littérature et la production artistique de la fin du XIXe siècle : c'est l'idée de décadence. Elle commence à circuler à partir de l'œuvre de Baudelaire, à qui Manet écrivait, en 1865 : "Vous n'êtes que le premier dans la décrépitude de votre art". Le mot connut une fortune particulière au lendemain de la défaite de 1870, qui voyait remise en cause la grandeur d'une France qui avait été vaincue par l'armée allemande. Il fut repris par la jeune génération, habitée d'un certain mal de vivre et nourrie par les lectures de Schopenhauer. Le sonnet de Verlaine intitulé Langueur ("Je suis l'Empire à la fin de la décadence / Qui regarde passer les grands barbares blancs") est révélateur de cet esprit naissant.

      ○ Ces jeunes gens, enfants de 1870, se réunissent dans les tavernes, les brasseries (par exemple le d'Harcourt) et les cabarets. Pensant être venus trop tard dans un monde trop vieux, ils prennent la littérature et l'art avec plus de désinvolture que leurs ainés et se font parfois iconoclastes. Ils diffusent leurs idées et leurs littératures par l'intermédiaire de la presse, dans de petites revues spécialisées et souvent auto-financées ; et se réunissent sous forme de petits groupes sous des noms hauts en couleur : zutistes, Hydropathes, Hirsutes ou encore Vilains Bonhommes !

      ○ L'ouvrage phare, celui qui ouvrit la voie à la décadence en littérature s'intitule A Rebours. Il est de Huysmans, ancien disciple de Zola, et fut publié en 1884 : l'auteur y pousse la logique du naturalisme à son comble, et la dépasse pour exprimer autre chose. A Rebours conte le dégoût profond de l'aristocrate Des Esseintes pour la société et le monde : celui-ci s'enferme chez lui et s'entoure de tableaux, de fleurs, de parfums et de livres, tous relevant d'une esthétique de décadence. Mais au-delà de cela perce une angoisse plus profonde, un véritable malaise devant le monde. Aussi Barbey d'Aurevilly (toujours lui) dira-t-il de ce roman : " Après un tel livre, il ne reste plus à l'auteur qu'à choisir entre la bouche d'un pistolet ou les pieds de la croix. "

      ○ On ne peut enfin parler d'école décadente. La décadence ou le décadentisme semblent bien plus une façon de penser, un esprit qui traverse le siècle qu'un mouvement artistique avec ses règles et ses principes. Malaise face au monde, esthétismes meurtris, pessimisme exacerbé et esprit de désinvolture caractérisent cette littérature qui ouvrit la voie au symbolisme.


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Gustave Moreau, Samson et Dalila

  • Le symbolisme.
      ○ A partir des années 1885-1886, de jeunes poètes (le symbolisme est plus une histoire de poésie que de roman) fréquentent le salon de Mallarmé et des discussions naissent de nouvelles idées. Divers principes sous-tendront la réunion de ces poètes, parfois anciens décadents, sous l'étiquette du symbolisme. Cette nouvelle école se construit surtout contre le naturalisme et le scientisme - elle s'oppose également à l'esprit décadent. Le symbolisme mettra du temps à trouver ses théories officielles : les définitions de ce mouvement un peu ambigu, fils du décadentisme tout en repoussant le décadentisme, mystique par certains aspects, ne seront fixées qu'assez tard, et le mouvement comptera, comme toujours, ses dissidents.

      ○ Pour résumer un peu vite les principales idées du symbolisme, nous dirons tout d'abord qu'il est une forme d'idéalisme : l'univers où nous vivons n'est qu'un rêve et n'existe que selon l'idée que l'on s'en fait. Ainsi la poésie, en tant qu'usage le plus pur du langage, leur semble le seul moyen d'accéder à l'absolu et à la connaissance. Ce qui pose problème alors, c'est qu'il y a peut-être autant de chemins vers cet "absolu" que d'écrivains. Certains vont chercher une réponse dans l'occultisme, alors à la mode. D'autres se réfugient dans des mondes oniriques, les légendes d'autrefois et les mythes wagnériens (rappelons que Wagner est alors particulièrement à la mode).

      ○ La poésie symboliste se veut souvent obscure, usant de mots inhabituels (les mots de tous les jours étant "souillés" par l'usage utilitaire qu'on en fait), mais elle est aussi novatrice puisqu'elle tend à propager une nouvelle forme de poésie, à travers le vers libre. Parfois considérés comme des originaux, les symbolistes conservèrent une influence jusqu'aux premières années du XXe siècle, et sont, en 1896, les figures de proue des mouvements d'avant-garde. Ce sont eux que vous croiserez au Théâtre d'Art ou chez la Forestière, par exemple !


Ainsi auront été esquissés les principales formes de littérature existant en 1896. A vous à présent de briller en salon ... ou de cacher vos lectures honteuses !

Citation :

Les formes de spectacle (opéras officiels, théâtre symboliste, pantomime) seront abordés dans le sujet des spectacles, afin de ne pas surcharger ce post.

J'ai choisi de faire l'impasse, pour l'instant, aux mouvements littéraires un peu surprenants (si je vous parle du naturisme en littérature ?) ou plus marginaux, dans la volonté d'aller à l'essentiel. Mais ce point pourra être complété si vous le désirez. Une demande expresse par message privé ou dans les suggestions suffira ! Wink
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