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 On apprend pas aux vieux singes...

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Zhûn
Je laisse aller, me laisse inhaler, Les vapeurs en dégradé ...
Zhûn

Messages : 22

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MessageSujet: On apprend pas aux vieux singes...   On apprend pas aux vieux singes... EmptyVen 31 Aoû - 10:20


    Zhûn faisait partie intégrante de l'Oeil d'Eboli. Il en était l'essence, l'âme, le fumoir ne pouvait vivre sans lui. Le voir en dehors était rare et curieux - personne ne pensait que l'homme puisse sortir et se mélanger à la foule, aux Occidentaux. Zhûn dénotait dans le paysage tel un touriste dans les temps modernes, une plante exotique dans un jardin anglais. Il intriguait, attirait les regards, ne pouvait passer inaperçu.

    Zhûn en était conscient et fier. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de copier les Occidentaux, d'embrasser leurs moeurs. Il voulait conserver tout ce qui forgeait son identité - à savoir son passé, ses coutumes, ses manières venues d'une autre contrée.

    Aujourd'hui Zhûn se rendait au Chat Noir, suite à une invitation qu'il avait menée auprès d'un de ses clients. Un homme aimant faire tourner les tables en espérant faire venir l'esprit d'un grand homme - comme s'il était possible de convoquer l'esprit d'un ancêtre, ah que les Occidentaux étaient crédules ! Enfin cela promettait d'être amusant et fort instructif. Zhûn laissait le soin aux prestidigitateurs du Chat Noir de les régaler de leurs tours. Lui observerait en riant dans sa barbe.

    Passant les portes de ce lieu curieux de Paris, Zhûn avisa rapidement son client. Se dirigeant à sa rencontre, il n'attendit pas que les présentations soient faites. Après tout ils se connaissaient.

    — M'sieur Nelsac, suis content que vous v'niez.

    Prenant place sur le siège après avoir salué comme il se doit son compagnon du jour, il héla un serveur pour que la boisson coule à flot. Et sûrement pas une piquette, oh non !

    — Y a des beaux spectacles ici qu'c'est beau à voil. Puis de la magie...

    Un homme tel que lui ne devait pas utiliser de mots complexes et savants, cela ne collait pas à son image de gentil sauvage un peu benêt. Qu'il est dur de jouer les idiots, mais c'était pour la bonne cause.

    Spoiler:
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Eustache de Nersac
Mage d'Épinal
Eustache de Nersac

Messages : 9

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MessageSujet: Re: On apprend pas aux vieux singes...   On apprend pas aux vieux singes... EmptyJeu 13 Sep - 12:34

La rencontre que Ferdinand Dumont avait faite peu de temps auparavant ne laissait pas d'être intéressante... Vraiment très intéressante. Un Asiatique, nommé Zhûn - nom étrange, mais après tout, Elmonzar ou Eustache de Nersac n'était pas précisément mieux -, dirigeant d'une fumerie d'opium, avec qui il avait échangé quelques paroles. L'homme n'était pas une lumière, de toute évidence, gardait un accent nasillard et étroit d'extrême-Orient, employait des mots basiques... mais il semblait avoir gardé en tête bien des souvenirs de son pays, à en juger par l'apparence de sa fumerie d'opium l'OEil d'Eboli. Les deux hommes avaient ce jour-là échangé quelques paroles, et l'Annamite avait offert au Français de le retrouver quelque temps plus tard dans un fort célèbre cabaret au nom parfaitement adapté au sujet de la conversation.

Le lieutenant de marine, ponctuel comme un officier, se rendit à l'heure dite au cabaret du Chat Noir, jeta à peine un coup d'oeil sur l'assistance - il connaissait déjà ce beau monde et l'atmosphère du Chat Noir, aussi décalée soit-elle - et fut abordé par son Asiatique. Un salut raide à la militaire répondit au bonsoir - vieille habitude ! - et les deux hommes allèrent s'asseoir à la table de l'Annamite, qui commanda immédiatement à boire. Eustache le remercia sans autre formalité. L'autre enchaînait déjà sur la beauté des spectacles de magie... Ah ! encore un qui confondait magie et spiritisme ! C'est qu'Eustache de Nersac n'était pas dupe des tours de magie : cacher une carte dans sa manche, sortir un lapin d'un chapeau ou escamoter des objets, voilà qui est à la portée de tout un chacun... Mais le spiritisme ! c'est une autre affaire ! Il s'abstint pourtant de tout commentaire désagréable : de un, parce qu'il tenait à son entretien ; de deux, parce qu'il était de toute façon convaincu que son interlocuteur n'était pas une lumière.

"Très beau, en effet. Ces saltimbanques ont de l'habileté, bigre ! On croirait presque à une intervention surnaturelle... " Mais le ton de l'homme laissait bien sous-entendre qu'il ne considérait tout ça que comme du cirque. Ni plus, ni moins.

Jugeant plus correct de laisser son interlocuteur entamer le sujet épineux de leur rencontre, il n'ajouta rien et fit mine de regarder d'un oeil le spectacle.
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Zhûn
Je laisse aller, me laisse inhaler, Les vapeurs en dégradé ...
Zhûn

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MessageSujet: Re: On apprend pas aux vieux singes...   On apprend pas aux vieux singes... EmptySam 22 Sep - 0:55

    L'Occidental retournait ses paroles comme l'on retourne un gant, montrant les coutures mal ajustés et les défauts. Soit, tant mieux. Il le prenait pour un simple d'esprit, un être crédule qui croyait encore à la magie comme les enfants.

    — Ils savent tlomper, c'est dans leu' natule.

    Zhûn aurait pu être ajouté que la tromperie faisait parti de la nature même de l'homme, mais cela aurait été trop audacieux. Et aurait dévoilé qu'il savait penser plus loin que le bout de son nez. Il y tenait à son rôle, il ne fallait pas tout gâcher !

    Sur scène un homme se mettait à déclamer un poème sans queue ni tête, usant de mots qui ne devaient pas même exister. "Remettons le cacographe au sein de son sarcophage !"Qu'est-ce qu'était qu'un cacographe et comment pouvait-on le faire rimer avec sarcophage ? Les Occidentaux étaient décidément bien curieux.

    L'homme quitta la scène, laissant la place à un lourd tissu que des hommes se mirent à tendre. L'attention revint parmi le public - que le poème alambiqué avait endormi - tout comme dans l'esprit de Zhûn. Voilà le parfait spectacle pour relancer la conversation.

    — Z'avez déjà vu un spectacle d'ombles ? Sont plodigieux.

    Bien moins que ceux de son pays en vérité. Les figures de carton n'avaient pas ce souci du détail que Zhûn avait toujours affectionné. Ils étaient grossiers, tout comme les récits qui vantaient des guerres ou tentaient de donner un tour de conte oriental frisant le ridicule. L'annonce du spectacle fut faite tandis que les lumières étaient baissées.

    — La malche à l'étoile. C'est le meilleur, glissa Zhûn tout bas, la pénombre invitant à la confidence.

    Zhûn aurait pu redire des choses sur ces scènes tirés de la Bible, mais au moins il ne pouvait pas nier que la traversée dans le désert n'était pas sans charme.

    Spoiler:
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