Jasmina possède un charme très délicat, sensible, qui touche autant à son physique qu’à sa façon d’être. Elle n’a jamais été de celles qui essaient de mettre leurs atouts de l’avant, même qu’elle est au contraire très discrète, pudique sans en faire une obsession sur le sens des convenances. Sa peau est très pâle, pas parce qu’elle se farde comme beaucoup de femmes, mais bien parce qu’elle préfère la compagnie des livres à celle des hommes, les bibliothèques aux salons, et la solitude à la vie en société. Malgré tout, elle n’est pas une ermite, ni une sauvage. Il n’est pas rare de la voir paraître dans certains évènements, au théâtre, à l’opéra. On reconnaît de loin sa chevelure longue, qui semble hésiter entre le brun et le roux. On la voir à son entrée, accompagnée le plus souvent de ses parents, ou de quelque cousin ou amie de son entourage. Hélas, depuis la disparition mystérieuse de son fiancée, on n’a plus le loisir d’apercevoir Jasmina que lorsque sa présence est expressément requise quelque part. Et ses grands yeux sombres ne sourient plus comme ils le faisaient autrefois.

Le visage de Mina a toujours été comme un livre ouvert pour ceux qui la connaissent. Les émotions y passent et s’y impriment, lui rendant parfois difficile de cacher qu’un discours l’ennuie, ou qu’elle s’oppose farouchement aux propos de quelqu’un. Dans ces moments, elle essaie de se détourner de ce qui l’embête et se concentrer sur un nouveau sujet de conversation. Mais actuellement, les émotions ont du mal à se faire un chemin à travers l’inquiétude et l’angoisse qui lui serrent le ventre.

La jeune femme n’est pas très grande, ne mesurant pas plus d’un mètre soixante-dix. Elle est loin d’être petite, ceci dit. Par contre, c’est un poids plume, ne pesant pas plus de 50 kilos. Elle est très frêle, au point qu’on pourrait croire qu’elle casserait au premier impact. Mais son esprit a toujours été fort, peut-être un peu trop pour la bonne société. Toutefois, elle garde son entêtement pour sa famille, et se garde bien d’en remontrer aux autres. En effet, on dit qu’un livre est une arme dangereuse, surtout entre les mains d’une femme. Les livres lui ont donné une grande intelligence, et surtout une très grande curiosité. Et encore. Si elle se contentait de lire des romans pour les bonnes femmes. Non. Il faut que la jeune Mina s’intéresse aux choses de l’esprit. Elle lit les journaux, explore les courants houleux de la politique, accumule les essais d’auteurs et de philosophes. Et les seules personnes avec qui elle pouvait s’entretenir de ses sujets étaient son père, et son fiancé. Maintenant il n’y a plus que son père.