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| Here's a lullaby to close your eyes. | |
| Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Here's a lullaby to close your eyes. Dim 3 Juin - 13:48 | |
| Ces derniers jours cloitrés chez moi ne formèrent pas un mur suffisamment solide pour empêcher les petites nouvelles et rumeurs d’entrer. Je trouvai, depuis quelques temps, que je sortais trop, que je négligeais mon poupon, celui-ci très désireux d’attention à cause de sa santé encore trop fragile. Je l’avais bordé, je lui avais parlé longuement en le trainant avec moi. Il babillait sur un ton cristallin, se faisait un peu pleurnicheur mais, conciliant, il arrêtait bien vite de verser des larmes lorsqu’on le lui demandait. Alors que je berçais le bambin au creux de mes bras, le tenant tout contre mon cœur, une étrange nouvelle vint jusqu’à moi : Emeline était malade. Sans doute l’aurais-je deviné si j’avais lu le journal. Peut-être l’aurais-je su plus tôt si nous échangions un peu plus de lettres. Il ne s’agissait pas de mauvaise volonté, seulement d’une petite haine inoffensive contre la langue française qui me révulsait. On ne faisait plus de grammaire aussi compliquée !
Presqu’à contre cœur, je reposai l’enfant dans son berceau et me changeai de robe. J’allais me rendre chez Madame Le Roux, ne serait-ce que pour lui tenir compagnie durant sa viduité. La prévenir et m’annoncer avant ? Non, c’était beaucoup trop classique, et les chances qu’elle me refuse étaient plutôt élevées. Moi aussi, si mon mari décédait, j’enverrais balader pas mal de monde. Et pas que ça ! Mais il valait mieux ne pas imaginer le pire alors que tout se passait bien pour moi, en ce moment.
« Mes amours, je vais m’absenter pour l’après-midi, d’accord ? » Levant la tête vers moi, ils semblèrent curieux. Leur douce et dévouée mère, sortir ? Non, il s’agissait d’une blague. Je me penchai vers eux et les embrassai tour à tour en les serrant dans mes bras, néanmoins, un certain petit héritier demeura accrocher à mes jupes. « Mère, je peux venir ? » Je me redressai et le regardai de haut, pensive. Emeline serait-elle contrariée si j’emmenais le plus sage de mes fils ? Je soupirai et me dis qu’une jeune présence aimable ne pouvait pas être de trop. Dans le pire des cas, je l’enverrai jouer dans la pièce voisine…
J’entrai dans la demeure des Le Roux. Je saluai le domestique m’ayant ouvert la porte et sans attendre de me faire annoncer, je montai à l’étage des chambres. Par le passé, j’ai fait de régulières visites, passant un brin de temps avec la jeune Emeline, lorsqu’elle était encore pétillante et accompagnée de son amoureux de mari. J’ignorais pourquoi mais cette maison avait quelque chose de chaleureux, d’intime, que les autres demeures ne possédaient pas. Je marchai dans le couloir à toute vitesse et toquai à la porte « Madame, c’est moi, Catharina, puis-je entrer ? » Accoudée à la grande porte, je patientai, tenant mon fils silencieux par la main. Si j’étais connue pour ma patience légendaire, celle-ci ne brillait pas aujourd’hui car j’entrai doucement, sans attendre de réponse.
À pas rapide, je me dirigeai vers la jeune femme, me posant près du lit où elle se trouvait, impassible. « Les rumeurs n’étaient pas fausses, vous avez une mine déplorable. » Je penchai la tête sur le côté et fit signe à l’enfant de s’approcher. Dans ses petites mains il tenait, fermement, un joli bouquet d’iris fraichement cueillis et, se collant contre le rebord du lit, les tendis tout haut à la veuve. « Pour vous. » Il parlait très bas et se montrait très timide. Je souris et croisai les bras sous ma poitrine. « Pardonnez-moi, meg hjertet, si ma venue si soudaine vous contrarie. Mon inquiétude à votre égard grandissait à vue d’œil, je n’ai pas pu résister. » Caressant la courte tête blonde, je m’assis sur le rebord du lit, face à elle. « …Et je ne repartirai pas d’ici avant que vous ayez repris quelques couleurs. » Je pouvais paraitre sévère, mais ma voix restait particulièrement douce et mon visage serein.
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| | | Emeline Le RouxLa fille du capitaine
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Ven 15 Juin - 8:23 | |
| Qu’est-ce qui était le plus souffrant? L’ennui ou la solitude? Les maux de l’âme ou les maux du corps? Et que faire quand tous ces malheurs assaillaient Emeline simultanément, la transformant en un être fantomatique, valsant entre la vie et la mort? Clouée au lit depuis deux bonnes semaines, Emeline crut être arrivée au point de non-retour. Elle ne traverserait pas cette épreuve, elle en était incapable. Son état empirait de jour en jour. Elle avait le visage émacié par le manque d’appétit et cette nausée qui l’empoisonnait un peu plus chaque heure. Les yeux cernés par le manque de sommeil et bouffis par les larmes, la pauvre était misérable à voir. Elle avait interdit qu’on lui rende visite, sous aucun prétexte. La seule personne autorisée était à franchir la porte de sa chambre était Clara, sa domestique. Il fallait bien que quelqu’un l’aide pour sa toilette et ses soins quotidiens… car affaibli comme elle l’était, elle ne se déplaçait plus vraiment.
Vêtue d’une simple chemise de nuit – à quoi bon s’habiller convenablement si on gardait le lit jour et nuit – Emeline se reposait, bien emmitouflé sous les couvertures. À demi ensommeillée, elle regardait par la fenêtre tout en caressant son ventre d’une main. Elle avait finalement cessé de renier cette chose qui grandissait dans son ventre. Or, cette acceptation fut une étape douloureuse de cette maternité impromptue [voir RP en cours avec Eugénie, Au bonheur des dames]. Elle se consolait en se disait que, sans doute, ce petit être aurait quelques traits de son père… maigre consolation pour cette perte qui avait eu l’effet d’un terrible ouragan.
Elle plissait les yeux par moment, tiraillée par de douloureuses crampes au ventre. Était-ce normal? Elle n’en avait aucune idée. Elle se contentait de souffrir allant même jusqu’à pousser quelques gémissements quand ses tourments étaient trop grands.
Soudain, la porte d’entrée claqua. Emeline retint son souffle alors qu’elle percevait des voix au rez-de-chaussée. Des voix familières… Celle de Clara, d’abord, puis celle plutôt grave d’une femme. Bien vite, des bruits de pas rapide se firent entendre. Emeline eut à peine le temps de se redresser qu’on tambourina à la porte de sa chambre. « JE… NE… VEUX PAS DE… VISITE! » Avait-elle fini par souffler, en enterrant les paroles qui venaient d’être prononcées par celle qu’Emeline n’avait pas encore reconnue. Frustrée d’être ainsi dérangée, elle se laissa retomber sur les oreillers douillets, les bras croisés sur sa poitrine. C’est alors que la porte grinça doucement et que deux individus firent irruption. Une femme, belle, grande, rayonnante et un petit garçon blondinet, aussi joli que sa mère.
Son visage s’illuminait pour la première fois depuis des lustres. Un sourire détendu s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle tendait ses bras vers Catharina.
« Oh… Chère amie! »
Elle prit le bouquet qu'on lui tendit en prenant soin de remercier ce petit bonhomme à la bouille irrésistible. Elle baissant ensuite la tête, comme mal à l’aise.
« Je sais, je ne voulais pas qu’on me vît dans un tel état. Je ne voulais pas qu’on soit inquiété outre mesure, je… je… ». Elle étouffa un sanglot.
« Ça ne va pas du tout, très chère amie… j’ai honte de ne pas vous avoir faire quérir plus tôt… » Comme pour appuyer ses dires, elle souleva la couverture pour dévoiler son ventre rebondi. Elle prit les mains de Catharina dans les siennes et les posa contre son ventre, en observant d’un œil inquiet la réaction de son amie.
Dernière édition par Emeline Le Roux le Mar 19 Juin - 1:53, édité 1 fois |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Dim 17 Juin - 16:52 | |
| Les fortes de protestations d’Emeline ne m’arrêtèrent pas une seconde. Sa voix était trop faible, son ton trop plaintif. Entendant mon capricieux mari hurler chaque jour, j’en avais vu des pires que la petite Emeline. Je portais un certain amour maternel envers cette jeune femme, ça m’était venu instinctivement. Elle était moins rigide que les bonnes femmes de ce monde trop attachées aux coutumes et conventions, plus agréable à côtoyer puisque celle-ci ne passait pas son temps à me reprocher le surplus d’attention et d’amour que j’accordais à mes enfants. Comment le pourrait-elle, de toute façon ? Elle-même ridiculement mariée par amour, envers et contre tous. C’était notre petit point commun, cette petite chose qui faisait que nous nous comprenions.
Je fus heureuse de voir l’attitude de la veuve Le Roux s’adoucir radicalement. Je tendis les bras à mon tour et attrapai ses mains, me posant près d’elle, constatant les dégâts de ces deux semaines d’isolement. Une fois le joli bouquet offert, le petit gardant glissa derrière moi et je le senti poser sa main contre mon dos. Éternel timide, il se cachait derrière mes larges manches à la mode française. Je me penchai sur mon amie, rapprochant mon visage du sien, créant une certaine intimité, une atmosphère de confiance. « Vous n’avez pas à avoir honte, Emeline. » J’esquissai un mince sourire compatissant. « Je crois que j’aurais réagi de la même façon… »
Surprise ! Je me reculai, comme pour avoir une vue d’ensemble de ce bedon rebondi sur lequel mes mains étaient posées. Je demeurai silencieuse un moment puis bougeai délicatement mes mains sur son ventre, comme m’assurant que c’était bien vrai. Si je semblais stupéfaite, je n’en étais pas moins ravie. Un sourire s’étira sur mes lèvres roses et je levai les yeux vers Emeline. Presque plus enjouée qu’elle. « C’est merveilleux ! » Je clignai des yeux un moment, chassant cet heureux évènement pour revenir à l’état de la dame. Mon regard se durcit, alors que je le promenais sur son corps ainsi que sur son visage. « …Dites-moi, ma chère, vous êtes au lit parce que vous avez des nausées et que des odeurs quelconque vous embêtent, pas vrai ? » Je regardai ses bras, la pâleur de ses mains, ses joues, ses cernes. Tout cela était-ce dû aux symptômes de la maternité où y avait-il autre chose derrière ?
J’écartai la couverture et mis a découvert le corps de la jeune Emeline. J’attrapai ses mains et me levai, la tirant avec minutie et douceur pour qu’elle se mette sur pied à son tour. Le petit garçon recula, jetant un long coup d’œil au ventre de Madame Le Roux et se désintéressa : Ce n’était pas sa première fois avec une femme enceinte et il n’était guère impressionné. Lentement, je fis faire à Emeline quelques pas, gardant les yeux rivés sur elle, la soutenant. « Vous mangez bien, j’espère ? Et oui, vous allez m’avoir sur le dos pour les prochains mois. » Je lui renvoyai un sourire radieux, positive malgré sa situation délicate. Je ne pouvais m’empêcher de penser que cette grossesse tombait pile poil, considérant la mort précoce de Monsieur Le Roux.
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| | | Emeline Le RouxLa fille du capitaine
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Mar 19 Juin - 4:45 | |
| La présence ô combien opportune de la charmante Catharina embaumait l’air de son parfum frais et vivifiant, dissipant le remugle ambiant. Sa voix si douce et musicale la transportait à cette époque – pas si lointaine – où elle était encore dans la fleur de l’âge, naïve, profitant avec candeur des multiples réunions mondaines sous le regard attentif de son paternel. Cette époque où rien n’aurait pu venir entacher son état béatitude, où tous ses rêves étaient encore possibles, où les promesses de l’amour lui permettaient d’espérer…
Son amie était rassurante et maternelle, faisant disparaître ses craintes, ses doutes et sa culpabilité. En ces temps si tourmentés, Emeline n’aurait pu souhaiter une visite plus apaisante et bénéfique que celle-là. Le sourire contagieux de Catharina la fit sortir de sa torpeur qu’elle avait cru sempiternelle. Or, c’est seulement lorsque son amie lança un « c’est merveilleux! » que toute sa tension et sa nervosité tombèrent d’un seul coup. Elle lui sourit, soulagée, quoi que épuisée par ce trop-plein d’émotion.
C’est alors que le regard de Catharina se fit plus scrutateur, avant que celle-ci ne décide tout bonnement d’écarter la couverture qui la recouvrait encore partiellement. Surprise par ce geste si soudain, Emeline l'observait, interloquée. Son amie, dans l’énervement, la bombardait de questions, mais Emeline, trop épuisée, ne parvenait pas encore à en saisir le sens. C’est alors qu’elle se sentit tirer vers le rebord du lit puis soulevée. Elle frissonna quand ses pieds nus touchèrent le parquet. Soutenue par son amie, elle tremblotait, assurément incapable de se tenir droite sans son aide. Elle la fit marcher – clopiner serait plus exacte – comme on l’aurait fait avec un bambin. Et comme un bambin qu’on voit marcher pour la première fois, on sait qu’il finira pas retomber sur son popotin lorsque ses petites jambes potelées flancheraient. Emeline ne tenait pas particulièrement à vivre cette expérience sans doute fort douloureuse et déconseillée par son état.
S’agrippant aux épaules de son amie, elle la suppliait du regard de bien vouloir la déposer sur le lit. « Je n’en peux plus, Catharina, s’il te plait, je suis épuisée ». Son menton lui pointa la méridienne qui faisait face à la fenêtre où elles pourraient s’assoir convenablement afin de poursuivre leurs échanges. Une fois appuyée contre le dossier du canapé elle souffla enfin. Puis, se retournant vers son amie, elle la renseigna sur son état.
« J’ai effectivement la nausée… Et l’histoire se répète tous les jours depuis des semaines! Je n’en peux plus Catharina… Je ne sais que faire! Je n’avale presque rien, je me sens si fatiguée et ma domestique, Clara, m’a confirmé ce matin même que j’avais une tête horrible. » Elle s’esclaffa de bon cœur, totalement en accord avec cette affirmation. Puis, elle ajouta :
« Oh Catharina, si vous saviez… je suis si heureuse de vous avoir sur le dos pour les mois à venir! » dit-elle en lui offrant un sourire radieux. |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Mar 19 Juin - 15:23 | |
| Je la tenais fermement et la fis avancer. Je voyais qu’elle n’était pas solide sur ses jambes et n’avais aucune intention de la laisser tomber. Les rondeurs d’Emeline –hormis son ventre- sous sa robe de nuit se faisaient bien rares, j’en étais presque peinée. La jeune veuve parue ensuite à bout de souffle et je la guidai pour la faire asseoir près de la fenêtre. Je n’allais pas l’épuiser davantage alors que la demoiselle était suffisamment affaiblie, je n’étais pas si cruelle. Je demeurai debout un instant, à la regarder de haut en bas.
Et là, les paroles de cette chère Madame Le Roux me fendirent presque le cœur. Ne rien avaler ? Et petit bébé lui, qu’allait-il manger ? Je fermai les yeux, portant les doigts à mon front, réfléchissant à ce que je pourrais bien faire d’elle. Je me rapprochai d’elle en soupirant et allai m’asseoir à ses côtés. Je la jaugeai du regard quelques secondes avant de répondre sur un ton délicat, pas du tout accusateur comme on aurait pu le croire. « Emeline, si vous ne mangez pas, comment votre bébé le fera-t-il ? » Je souris néanmoins, elle avait cette tête de cadavre que même sa domestique confirmait, et une femme avec un drôle d’accent sur le dos pour les mois à venir.
« Oui… Vous auriez dû me faire quérir bien avant… » Ces domestiques étaient-ils trop dociles pour contester Madame ou simplement idiots ? Affamé une pauvre femme enceinte… ! Tout pour qu’elle aille mieux, évidemment. Pourtant, vu la tragédie de l’Opéra sur Monsieur Le Roux, un héritier ne devait pas être de trop. Je chassai néanmoins cette légère tension qui s’accumulait dans ma tête et repris mon air aimable. « Vous ne devriez pas vous arrêter aux nausées. Si vous ne mangez pas correctement, vous n’aurez pas d’énergie et donc resterez…» Je la regardai, ses cernes, son teint de mort, sa maigreur. « …Aussi épuisée. »
Je tendis alors les bras vers l’avant, sans mot. Interpelé –et habitué à ce geste- le petit garçon tranquille s’approcha et se glissa jusqu’à moi. Je l’emprisonnai entre mes griffes de mère et caressai affectueusement son dos. « Je suis certaine que si vous reprenez quelques couleurs et mangez un peu, non… beaucoup plus, Bébé Le Roux aura une bonne santé et, en plus, il sera tout aussi adorable. Right, meg elske ? » Timide, il acquiesce brièvement.
Je pris alors les petites mains de mon fils et les agitai distraitement, levant les yeux sur la pièce, puis sur la porte de la chambre. « D’ailleurs, on va vous faire manger immédiatement. » Attrapant le garçon par-dessous les épaules, je le pris dans mes bras et le porta avec moi –qu’est-ce qu’il était lourd d’ailleurs, il me sembla qu’hier il était plus léger- pour le déposer près de la porte que j’ouvris et quémandez « Clara ? Apportez-nous à manger… Et pas qu’une portion de pigeon ! » J’esquissai un sourire presqu’enjoué qui, subtilement, dissimulait une autorité sadique et j’envoyai la main à la bonne avant de refermer la porte. Je revins vers ma chère amie, à l’endroit où je m’étais précédemment posée. « Meg dear Emeline, depuis quand savez-vous que vous êtes enceinte ? »
- Spoiler:
Meg elske : Mon amour. Meg dear : Ma chère, mais remixé à la Catharina, ahah.
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| | | Emeline Le RouxLa fille du capitaine
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Mer 20 Juin - 7:01 | |
| Emeline se sentait bien idiote maintenant que son amie lui confirmait ses doutes quant à cette praegnatio qui déformait impunément son corps de jeune femme. En fait, elle était terrifiée par cette métamorphose si soudaine; elle n’avait pas l’expérience de sa charmante amie, déjà entourée de quatre magnifiques marmots. Quoique la voix de Catharina fut douce et calme, la culpabilité lui fit pencher la tête lorsqu’elle lui demanda comment, à son avis, son bébé pouvait se nourrir si elle faisait la grève de la faim. Oh! Comme elle s’en voulait d’avoir ainsi négligé ce petit être qui essayait tant bien que mal de grandir en elle! Un enfant qui ressemblerait peut-être à Alexis… Était-il trop tard? Avait-elle encore une chance de mettre au monde un enfant en bonne santé?
« Oh, beklager… Catharina, dites-moi quoi faire, je ferai tout ce que vous jugerez à propos! Je vous en conjure! »
En fait, lorsqu’Emeline rendait visite à son amie – avant l’attentat, bien entendu – elle tendait souvent l’oreille quand son amie échangeait avec sa famille dans sa langue maternelle. Avec le temps, elle avait appris quelques mots de ce dialecte magnifique qu’elle aimait bien utiliser en sa compagnie, quoique sa prononciation fût toujours à retravailler…
Catharina avait assis son petit garçon sur ses genoux, un véritable petit angelot descendu sur terre pour attendrir le cœur des mamans. Elle ne put retenir un sourire ému avant de tendre la main vers ses cheveux pour les caresser tout doucement.
« Je suis certaine que si vous reprenez quelques couleurs et mangez un peu, non… beaucoup plus, Bébé Le Roux aura une bonne santé et, en plus, il sera tout aussi adorable. Right, meg elske ? »
« Oh, j’espère que tu as raison… » Puis, s’adressant au petit garçon aux grands yeux océan : « … et c’est vrai que tu es mignon toi… un vrai petit ange! »
Ensuite, Catharina se leva d’un bond en direction de la porte en trimballant son fils bien contre elle. Elle entendit son amie hurlez dans le couloir et ne retint que deux mots : Clara et manger. Ouf, c’était aujourd’hui que se terminerait son jeûne apparemment. Anxieuse, Emeline se tortillait une mèche de cheveux en regardant distraitement par la fenêtre, jusqu’à ce que son amie la rejoigne enfin.
« Enceinte… hum… je n’en sais trop rien. Ah si, je me rappelle. Une cliente d’une boutique où j’ai dû me rendre pour rafraichir mes tenues – levant les yeux au ciel – m’a mise sur la piste il y a bien… deux semaines déjà. Mais pour les nausées, elles remontent environ au début du mois de février… »
Puis, posant ses mains contre son ventre, elle ajouta : « J’espère que tout se passera bien… c’est sans doute le plus beau cadeau que la vie pouvait me faire après… ce qui est arrivé », dit-elle en souriant timidement.
Finalement, on pouvait l’entendre murmurer, alors qu’elle caressait ses courbes : « mon bébé, min baby… » |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Jeu 28 Juin - 12:12 | |
| Je trouvais amusant d’entendre Emeline répéter les mots scandinaves avec lesquels je parlais… Même si la prononciation n’était pas au rendez-vous mais, moi-même j’étais une lacune de la langue française ambulante. Ça me faisait chaud au cœur de voir quelqu’un qui considérait ma langue maternelle autrement qu’une langue barbare. Alors que je serrai mon fils contre moi, celui-ci, docile, se laissa faire, esquissa un maigre sourire. Gêné, il se contenta d’abord de lever les yeux vers la dame aux longs cheveux noirs puis, terriblement embarrassé par les compliments, il dissimula un instant son visage derrière ses petites mains.
Je me remplis d’une soudaine autorité et demandai sur le champ de la nourriture à cette chère… Clara. Je revins à Emeline, tenant mon garçon par la main et me rassis près d’elle, L’enfant en fit autant entre nous, dans l’espace qui nous séparait. Je paraissais sévère, presqu’indifférente et, de tout cœur, j’espérais que mon amie ne l’interprétait pas d’une mauvaise façon. Après tout, il fallait que je garde la tête froide si je voulais correctement la guider jusqu’à la fin de sa grossesse. Ne m’en voudrait-elle pas si elle perdait son bébé, malgré les conseils que je lui aurais donné ? L’unique trace restante de son défunt et bien trop aimé mari se trouvait dans son ventre, à sa place, je maudirais n’importe qui étant lié de près ou de loin à sa perte. Cependant, Emeline savait se montrer beaucoup moins dure que moi, autant avec elle-même qu’avec les autres.
Je pris un instant pour réfléchir. Depuis février ? Nous étions en Avril. Ajoutons à cela que les nausées ne viennent pas directement au début et… « …Je crois alors, ma chère, que vous en êtes à peu près à la moitié de votre grossesse ou moins. » J’esquissai un sourire compatissant. N’importe quelle femme accrochée à la mondanité dirait que se trainer un bébé après le décès de son époux serait fatal, mal tombé. Un enfant serait une grosse tache pour l’homme qui épouserait une femme anciennement mariée.
Tout d’un coup, une certaine question me monta à la tête, alors que je tirais doucement mais distraitement sur l’oreille de mon fils –celui-ci se laissa faire un moment avant de repousser ma main, mécontent. « Dites-moi… » Sérieuse, je levai mes grands yeux océan vers elle. « Lorsque votre bébé sera né, qu’allez-vous faire avec ? » Cela susciterait des interrogations chez n’importe qui mais, venant de moi, c’était clair et évident. Emeline, allez-vous donner votre bébé à une femme de classe inférieure ? Allez-vous le larguer à de la famille en pleine campagne ? Mon air se radoucit, mais je ne cessais de la fixer. La jeune femme connaissait très bien mon avis là-dessus –et elle était peut-être la seule, d’ailleurs. Je posai ma main sur la sienne de façon maternelle pour démontrer que, quoi qu’elle dise, je ne la laisserais pas tomber.
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| | | Emeline Le RouxLa fille du capitaine
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Dim 1 Juil - 9:41 | |
| Emeline avait, pour la première fois depuis des semaines, éprouvé un sentiment de plénitude. Avec sa fidèle amie à ses côtés, elle avait la naïve conviction que rien de fâcheux ne pouvait lui arriver. Lorsque Clara arriva finalement avec le repas, Emeline la pria de bien vouloir apporter un vase pour y mettre le joli bouquet printanier qu’on lui avait apporté – bouquet dont le discret parfum embaumait déjà la pièce...
Comme toujours, avec Clara, il n’y avait pas de demi-mesure. Tout d’abord, celle-ci servit un potage : une bisque d'écrevisses servie avec son pain du jour – encore chaud et tartiné de beurre. Ensuite, sous divers couvercles métalliques apportés par les autres domestiques, on retrouvait aléatoirement timbale à la milanaise, cerf sauce poivrade, tombée de chou-fleur rôti à l’ail et, finalement, asperges sauce hollandaise. Et dire qu’Emeline ne recevait que deux invités! Mais détrompez-vous, cette chère Clara n’avait point oublié le dessert! En revenant avec le vase, elle transportait dans l’autre main le dernier plat et non le moindre : une bavaroise au chocolat. De quoi rallier les bouches les plus fines... ou enfantines!
Une table – où l’on avait déposé le bouquet de fleurs et les différents mets – et quelques chaises occupaient un coin de la pièce. Emeline, Catharina et son fils y prirent place, certains avec plus ou moins d’empressement. Résonnait toujours dans la pièce la remarque de Catharina sur l’avancement de sa grossesse. Déjà la moitié! Après tout, qui souhaiterait qu’un tel calvaire s’étende davantage? Elle espérait simplement que les symptômes pour le moins incommodants s’estompent, ce qui normalement devait être le cas. La nausée, la fatigue chronique et les sauts d’humeur n’étaient présents, généralement, que lors du premier trimestre de la grossesse. À la bonne heure!
C’est alors que Catharina lui posa une question à laquelle elle ne s’attendait pas. « Lorsque votre bébé sera né, qu’allez-vous faire avec? » Où voulait-elle en venir? Croyait-elle vraiment qu’Emeline aurait pu abandonner son enfant, se séparer de lui alors qu’elle l’aurait porté en elle pendant 9 mois? Elle qui avait tant jalousé son amie qui ne pouvait souffrir d’ennui avec ses quatre enfants, tous si adorables...
Et puis de toute façon, il n’y avait aucune raison de renier cet enfant. Il était légitime, il aurait sa place dans le monde comme tous les autres. Peut-être même qu’un jour Emeline trouverait un homme assez aimable qu’il ou elle appellera « papa »... Cela n’était pas impossible, cela c’était déjà vu. Elle n’était pas la première à mettre au monde un orphelin de père.
« Catharina, qu’allez-vous imaginer? Que croyez-vous que je puisse faire de cet enfant? Rien, si ce n’est que de l’aimer et de le chérir telle la prunelle de mes yeux. Voilà ce qui attend cet enfant. Pour l’amour! Avez-vous donc si peu confiance? »
Elle s’en voulait d’avoir haussé le ton, elle qui pourtant avait été heurtée par la question de son amie. Elle savait que son amertume de durerait pas. Elle tenait beaucoup trop à cette amitié pour laisser un imbroglio mettre un froid entre eux. Elle se tourna donc vers Catharina et prit ses mains dans les siennes.
« Min kjære, je vais avoir besoin de vous et cet enfant aussi... Vous savez pertinemment que je ne pourrais me séparer de lui, n’en doutez plus, je vous en prie. » Dit-elle, tout sourire.
Comme pour lui témoigner de la pureté de ses intentions, elle se servit un bol de soupe et porta la cuillère à ses lèvres. Elle reprit plusieurs cuillérées avant d’ajouter : « C’est divinement exquis. Il faut que vous goûtiez, je vous assure! » |
| | | Catharina de FréneuseL'enfant reconnaît sa mère à son sourire.
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| Sujet: Re: Here's a lullaby to close your eyes. Ven 6 Juil - 5:12 | |
| Je voyais qu’Emeline semblait s’apaiser et cela me soulageait. Je craignais qu’elle n’ait en tête que les évènements de ma dernière grossesse : Prématurée, pénible. Bref, l’un des cauchemars de la maternité auquel on ne voudrait pas être confronté. Pourtant, la jeune femme paraissait énormément rassurée de me voir là –et surtout, en pleine santé, nullement inquiète concernant les négligences de ses derniers mois. Je n’étais point d’un naturel optimiste mais, pour ma chère Emeline, je tentai de me convaincre que tout ce passerait bien.
Je pris place à la table, lissant les plis de ma robe et fis signe à l’enfant timide qu’il pouvait également se prendre une chaise. Bien assis sur son fessier, la table lui arrivait à la hauteur des épaules et cela m’arracha un sourire qu’il remarqua bien vite. Il s’en offusqua presque, gêné par sa petite taille. « …Mother... » Il me regarda comme un animal battu vous regarde et je me tournai vers Emeline « Meg hjertet, pourriez-vous faire venir un coussin pour mon fils, s’il vous plait ? » L’enfant, soigneux, restait sagement assis. Conscient de plus en plus de son image, il savait que monter ses pieds n’étaient pas très bien vu !
Tomba alors la fameuse question qui brulait mes lèvres. Levant mes yeux des plats, je regardai la jeune Emeline, d’un air vide, presque dur. Si elle savait à quel point j’avais confiance en rien ni personne ! …Sauf elle. Ma méfiance envers tout était immense. Les amies que je possédais se limitaient sur les doigts de ma main. Je lui esquissai un sourire, relevant le visage et refermant mes mains sur les siennes. « Ce n’est pas en vous que je manque de confiance, Emeline. N’ayez crainte…! »
Je l’imitai et me servis une soupe pour y gouter à mon tour. Autant que la nourriture de mon pays me manquait, autant celle-ci était délicieuse ! J’acquiesçai donc à ses paroles et versai le potage dans un second bol que je tendis à mon garçon. Il la regarda un moment, puis attrapa sa cuillère pour l’avaler. Timide mais gourmand, ce petit. Il savourait la soupe mais ses yeux lorgnaient plutôt vers le gâteau.
Je me redressai et jetai un coup d’œil à la portion que mon amie avait prise. « Vous allez en reprendre, j’espère ? » Je poussai le panier de pain vers elle, n’oubliant pas de m’en prendre un avant, pour l’inciter à en prendre. Je séparai une petite partie du mien et la donnai au garçon. Au passage d’une des domestiques, il tendit le bras et attrapa son vêtement, l’interpelant silencieuse. Il attendit d’avoir son attention pour murmurer un petit « Butter… please. » Il y avait de ses journées où l’ainé préférait parler qu’en anglais. Était-ce dû à la timidité ? Je savais pertinemment qu’il aurait pu dire « beurre », comme tout le monde. Je pris une inspiration et le corrigeai, pour la domestique « Il aimerait que vous lui passiez le beurre. » On parlait très peu l’anglais chez les nobles français, et je doutai que les employés d’Emeline le comprennent.
« Mon cœur, pourquoi ne parles-tu pas français ? » Il fronça les sourcils et adopta un air triste. « Father said I spoke badly in French. » Je roulai les yeux au ciel et me penchai sur lui, caressant sa joue. « Si tu ne parles pas français, tu ne t’amélioreras jamais ! » Il hocha la tête, et regarda Emeline, tout piteux. « Désolée de pas parler French. », « Français, français… ! », « …de pas parler français. » Puis, retournant à son silence, il continua sa soupe.
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