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 Blague d'impressionnistes

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Pierrot Lunaire
La bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Pierrot Lunaire

Messages : 2896

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MessageSujet: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptyMer 23 Nov - 13:27


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A l'arrivée des beaux jours il est d’usage, chez tout parisien élégant, de passer quelques temps à la campagne, une fois la semaine achevée. Nombre d’illustres familles vont s’établir en une résidence secondaire, sur des terres voisines ; nombre de bourgeois viennent profiter, en voiture, du bon air hors-Paris – il est certaines choses qui n’ont jamais changé ; nombre de jeunes gens canotent, sur les rives de la Seine. Messieurs Holland et Bodinanbourg sont, semble-t-il, un peu en avance pour confirmer la règle. En ce samedi après-midi, un peu trop hors de saison, que sont-ils venus chercher en ces campagnes un peu lointaines ? Y ont-ils guetté quelque solitude, un peu d’air vivifiant, ou une promenade agréable avant de retourner à l’artifice de Paris … ? Toujours est-il qu’ils se trouvèrent, en ce jour, sur un charmant chemin de halage, sous la bise froide et le soleil pâle des derniers jours de février. Une péniche au loin traîne sa silhouette lente, et des claquements sur le sol se font entendre … Quelque chose, au loin, annonce le printemps
et ses dangers – comme une époque qui s’achève … Ces deux hommes se connaissent, comme on se connaît à force de se croiser toujours sans s’adresser plus de quelques mots – et pour cause, ils ont la même heure de promenade au Bois de Boulogne (le matin, un peu tôt, après les demi-mondaines et avant l’heure de grand passage). Le hasard a voulu les réunir ici à nouveau.

Mais cessons les tergiversations et commençons notre histoire. Nos deux protagonistes ne se sont point encore remarqués. M. Holland, (peut-être plus matinal ou peut-être plus pressé ?), marche plus avant sur le chemin, qui dessine une courbe … Est-il songeur, inconscient, perdu ? Toujours est-il qu’il semble avoir oublié que si les chemins de halage sont charmants parfois, ils sont également étroits et l’on y travaille d’un dur labeur. Soufflant dans le froid, ruisselant de sueur, deux chevaux de trait approchent, tendant tout leur corps sous les claquements du fouet. Ce sont eux qui tirent la péniche qui vogue, paresseusement, pendant qu’ils s’épuisent. M. Holland a peut-être eu le bon sens de s’arrêter, de faire un pas de côté, que sais-je ! Mais, plaisanterie du hasard ou mauvaise intention du conducteur, le fouet s’abat sur les flancs des bêtes alors qu’il passe auprès de notre élégant. Un des animaux piaffe, s’ébroue – et bouscule notre dandyscutable. Le beau costume émaillé de paille et de terre est d’un effet tout à fait déplorable.

Et tandis que l'attelage continue son chemin, que le conducteur – vous semble-t-il - a un petit rire moqueur tandis qu’il passe, c’est à voir quels seront les héros que comportera notre histoire.


Dernière édition par Pierrot Lunaire le Sam 7 Jan - 6:20, édité 1 fois
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Cyrus Holland
Dandyscutable
Cyrus Holland

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MessageSujet: Re: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptySam 26 Nov - 2:26

Une élégante promenade à la campagne est un moyen idéal de commencer la journée. Pour tout dire, c'est excellent pour le teint, qui en sort rosé et rafraîchi, ce dont je ne puis que me féliciter. De plus, s'y présenter en cette saison est d'une remarquable originalité, je trouverai donc une occasion d'utiliser cette délicieuse excentricité d'une manière ou d'une autre. L'idée fait fleurir un sourire sur mes lèvres. Voilà qui est parfait ! Absolument parfait.

Mais sans doute aurait-ce été mieux sans cet importun et ses canassons dont le manque total de civilité vient de gâcher mon beau costume. Si les règles de l'élégance admettaient les longues séries d'abominables jurons, je m'y adonnerais volontiers, mais hélas ce genre de logorrhée n'est pas encore entré dans les moeurs. C'est fort triste car la situation présente ne m'inspire guère autre chose que des imprécations à l'égard de ce conducteur si inattentif. Et dire qu'on laisse ce genre de fou conduire ! Il pourrait se produire des drames, il s'en est déjà produit un ! Voilà qui est tout à fait inconcevable. Peut-être devrais-je me plaindre à quelque ponte de l'administration, j'ai entendu dire que les Français faisaient souvent ce genre de choses - se plaindre à l'administration.

J'époussète mon costume, agacé et perturbé dans ma promenade matinale. Du regard, je scrute les alentours, espérant qu'au moins personne de ma connaissance n'a vu ce désastre - et tombe sur ce jeune homme que mes promenades m'ont amené à croiser à plusieurs reprises.

Oh Dieux.
Je suis perdu.
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Emile Bodinanbourg
Gapinanbourg
Emile Bodinanbourg

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MessageSujet: Re: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptyLun 28 Nov - 8:52

Ne pas rire. Surtout... ne... pas... rire...
Emile Bodinanbourg a tourné le dos à la scène. Un gentilhomme ne doit pas se gausser ouvertement d'un autre... Même si les circonstances sont telles que Emile en a mal aux joues à force de les mordre de l'intérieur. Son teint a pris une couleur cramoisi et ses épaules tressautent. Surtout... ne... pas... rire....

Inspiration, expiration.
Ce monsieur, d'ordinaire toujours avec ses grands airs, ce petit côté légèrement hautain dans son attitude, est maintenant simplement ridicule. Oh, pas forcément par cette chute, somme toute mémorable. Emile en a vu d'autres tomber sous les facéties de ces chevaux, et surtout de leur maître (après tout, chacun son petit plaisir quotidien, n'est-ce-pas ?). Non, non. Ce regard hagard, la figure défaite du jeune homme sont des plus risibles. Comme si c'était la fin du monde. Tomber du piédestal qu'il s'est dressé doit lui avoir fait plus de mal à l'égo que cette chute à son costume.

Inspiration, expiration.
Reprendre son calme, doucement. L'observateur se retourne pour faire face de nouveau au dandy. La lueur de panique dans ses yeux manque de faire retomber notre homme dans l'hilarité, mais il se reprend rapidement.

- Monsieur, comment vous portez-vous ? Il semblerait que ces chevaux n'aient malheureusement pas appris à respecter les gentilshommes tels que vous, dit Emile sans le moindre soupçon d'ironie (fréquenter des acteurs permet d'en tirer quelques leçons utiles). Pour vous épousseter, je crains de n'avoir d'autre mouchoir à vous donner que celui de ma pochette, mais il est à vous bien volontiers.

Après tout, le devoir d'un homme du monde, quel qu'il soit, n'est-il pas de venir en aide à son prochain ?
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Cyrus Holland
Dandyscutable
Cyrus Holland

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MessageSujet: Re: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptyJeu 1 Déc - 22:15

Il m'a vu.

Le drame n'aurait pu être pire, plus terrible encore que celui-ci. Il m'a vu, sans quoi il ne se serait pas détourné, sans doute pour s'esclaffer, un geste que je ne peux même pas lui reprocher. Sangdieu, oui, je suis ridicule dans ce costume couvert de paille ! Et dire qu'il est presque neuf, rutilant encore des finitions apportées par cet excellent tailleur aux doigts de fée, voilà qui me laisse fort chagriné.

Ah, mais... Au delà de ces considérations esthétiques, somme toute futiles, la situation est grave : comment pourrais-je rester à Paris après un pareil déshonneur ? Non, il me faut partir et partir vite, regagner mon pays, retrouver ceux qui n'ont jamais vu de moi que ma beauté et ma prestance, et prier pour que cette fâcheuse histoire ne se propage pas trop rapidement jusqu'aux salons anglais. Il me faudra sans doute trouver d'autres excuses pour reporter ce stupide mariage avec ma fiancée mais qu'importe, je suis passé maître dans cet art, et rien ne saurait me convaincre de rester dans cette ville où l'infamie m'a cruellement rattrapé. Je me terrerai quelque part jusqu'à la nuit puis regagnerai la ville, à pied, peu importe, je ne peux être vu ainsi par quelque conducteur que ce soit, je passerai par les rues les plus désertes jusqu'à mon appartement - ou plutôt par les presque plus désertes, chacun sait qu'une rue déserte est inévitablement un coupe-gorge - où je rassemblerai mes affaires avant de partir à l'aube pour l'Angleterre. Mon plan est parfait et je me sens un peu rassuré...

Sauf que je ne puis décemment quitter la société de la Forestière sans l'en prévenir ! Ce serait d'une inélégance absolue et voilà que je ne puis me permettre. Je suis coincé, acculé, prisonnier, et sans doute vais-je devoir exposer au monde entier l'opprobre qui m'a frappé.

Le temps de mes réflexions a suffi à l'homme pour se rapprocher de moi et je maudis encore les cieux de m'avoir doté d'une intelligence fort développée mais trop lente à la réaction pour être vraiment utile. J'aurais dû fuir quand je le pouvais encore, car voilà qu'il me parle et montre quelque compassion à mon égard. Peut-être tout n'est-il pas perdu, après tout.

- Merci, Monsieur, réponds-je avec un sourire peut-être un peu forcé, votre soutien m'est très réconfortant. Et j'accepte volontiers votre mouchoir.

D'ordinaire, j'aurais décliné avec quelques trésors de politesse cette offre très généreuse mais la situation exige quelques écarts à la norme.

- A n'en pas douter, ces bêtes sont conduites par un fou. Je songe à le signaler à la police. Il pourrait faire des blessés !

Et il y en a déjà eu un, de blessé : ma dignité.
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Emile Bodinanbourg
Gapinanbourg
Emile Bodinanbourg

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MessageSujet: Re: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptyLun 5 Déc - 0:43

Ah non, non, non, non , non ! Hors de question que ce jeune prétentieux ôte un sujet d'étude aussi intéressant que ce cocher à Emile ! Non, non ! Notre observateur a passé plusieurs semaines avant de pouvoir enfin obtenir de temps en temps une conversation correct avec Jean le conducteur, pour que tous ses espoirs soient réduit à néant à cause de quelques brins de paille sur un costume ! Non, non, non !

Hum... Peut-être qu'en prenant ce paon dans le sens de la plume...

- Monsieur, cet infâme cocher ne mérite pas tant de considérations de votre part. Imaginez-donc ! en le signalant à la police, votre noble nom serait associé à cet odieux personnage. Cela serait trop d'honneurs pour un homme tel que lui. Vous ne lui donneriez que maintes plaisirs à votre détriment ! Oh, non, mon bon monsieur. Permettez que mon nom souffre au lieu du vôtre. Laissez-moi porter plainte à votre place dès demain, que dis-je, dès ce soir ! Vous vous éviterez ainsi un déplacement inutile, et personne ne connaîtra votre mésaventure. J'en serais le seul témoin, et son gardien muet jusqu'au tombeau.

En a-il trop fait ? Le discours devrait pourtant avoir toucher la corde sensible de ce Narcisse d'Albion...
Décidément, ce compatriote de Jane (il avait reconnu le léger accent caractéristique) est intéressant. Et très drôle à ses dépends. Peut-être Emile devrait-t-il lui accorder un carnet de note entier pour cerner ce drôle de personnage...


- Veuillez me pardonner, je manque à tous mes devoirs. Permettez-moi de me présenter. Emile Bodinanbourg, pour vous servir ! dit-il avec son sourire le plus aimable.

Inutile d'ajouter une particule (fausse de surcroît), Narcisse d'Albion préfère sans doute cette "supériorité" mêlée "d'admiration" (insistons sur les guillemets) à une égalité théorique.
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Cyrus Holland
Dandyscutable
Cyrus Holland

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MessageSujet: Re: Blague d'impressionnistes   Blague d'impressionnistes EmptySam 17 Déc - 21:44

Je sais que j'ai plein de défauts. Ils font d'ailleurs partie de mon charme et je ne m'en débarrasserais pour rien au monde, car alors je ne serais plus qu'un petit intellectuel sans envergure ni caractère, incapable d'associer les couleurs avec goût. Mais le défaut que je n'ai pas - et n'aurai jamais ! - est la bêtise, je suis l'un des esprits les plus brillants de ma connaissance, une certitude qui m'emplit de joie chaque matin devant mon miroir, et cet esprit fameux dont je suis doté me permet de déceler derrière les tournures trop emphatiques l'ironie du propos que ce Bodinanbourg me tient. Ah, j'ai bien mérité la moquerie, mais je ne saisis pas en revanche pourquoi il tient tant à signaler cet homme à ma place.

Peut-être est-il sincère. Peut-il désire-t-il vraiment m'épargner le malheur de devoir associer mon auguste nom à ce fâcheux incident. J'ai des raisons de douter qu'on puisse trouver de la réelle sincérité chez qui que ce soit, peut-être parce que j'ai trop fréquenté ma famille de serpents et d'anguilles trop doués lorsqu'il s'agit de tourner une situation à leur avantage, raison pour laquelle je n'accréditerai pas la thèse de sa bonne foi. Sans doute ne compte-t-il pas le moins du monde se déplacer pour signaler le conducteur, je suppose donc que celui-ci est de ses amis ou de ses connaissances, ou que Bodinanbourg trouve tout à fait ridicule mon désir d'endiguer ce genre de crime dans la ville de Paris. Dans tous les cas, je suis bien ennuyé, car comment décliner cette proposition sans être indélicat ?

- Monsieur Bodinanbourg, commencé-je d'un ton peut-être un tantinet trop mielleux, j'apprécie naturellement votre considération et vos efforts mais...

Remarquez, ce serait une très bonne idée que personne d'autre que lui ne sache l'identité du "noble demoiseau à la mise remarquable qui s'est fait odieusement renverser par un chauffard lors d'une promenade dans les faubourgs".

- Mais je ne puis accepter sans songer à vous rétribuer, poursuis-je en changeant soudain d'avis sur la question. Permettez-moi au moins de vous offrir quelque compensation, je serais navré d'accepter un tel secours de votre part sans vous remercier comme il se doit.

Je ne vais pas avoir besoin de quitter Paris... Ma vie reprend soudain un tour plus ensoleillé.

Soudain, je m'aperçois de mon impolitesse : pas plus que lui, je ne me suis présenté. Aussitôt, j'ôte mon chapeau avec l'air le plus désolé du monde, contrit de mon attitude totalement inélégante.

- Me voici également manquant à la plus élémentaire des politesses, j'espère que vous accepterez mes plus humbles excuses. Je suis Cyrus Holland, votre serviteur également.

Posant mes yeux sur ma montre à gousset, j'aperçois que l'heure tourne et qu'il est plus que temps pour moi de me rendre à mes devoirs mondains dans Paris. Maintenant qu'il n'est plus nécessaire que je quitte la ville pour essuyer l'affront, autant en profiter pour augmenter encore ma notoriété et devenir le mondain le plus prisé de la ville ! Sans tergiverser, donc, je prends congé de mon interlocuteur le plus élégamment du monde en l'assurant qu'il recevrait une rétribution pour son généreux service. Ah, que j'aime Paris.
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