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 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)

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Louison Delorme
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants, dans tes jupons remplis de parfums.
Louison Delorme

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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptySam 18 Mai - 10:08

Je garderais certainement de cette soirée un souvenir inoubliable pour plusieurs raisons. J'avais eu un délicieux compagnon pour toute cette soirée et il m'avait fait vivre une expérience qui, pour avoir été quelque peu chaotique et surprenante, n'en resterait pas malgré tout fort agréable, peut-être parce qu'elle avait cassé en moi certains interdits. Je voudrais certainement renouveler cette expérience de l'opium et j'étais persuadée que Jean était un habitué. Une porte s'était ouverte et je ne la refermerais pas. Elle n'était pas la seule porte ouverte au cours de cette soirée puisque, et la nouvelle n'était pas anodine, Jean m'avait annoncé que le directeur des Folies Bergères était prêt à m'engager. Je savais bien que c'était pour devenir danseuse su ventre dans un cabinet privé, que je devrais m'exhiber devant des messieurs qui recherchaient plus la sensualité que les effets artistiques. Ce serait toujours mieux que cette sinistre cage que représentait pour moi la Reine Blanche et la maquerelle qui dirigeait les filles avec sa main de fer. Il me faudrait sans doute continuer à vendre mes charmes dans la petite chambre que je devrais louer. Mais j'aurais une certaine forme de liberté. Et de cela je serais redevable à Jean.

Béni soit le jour où je l'avais rencontré. Je ne redeviendrais certainement jamais la jeune fille de bonne famille que j'avais été du temps où ... j'étais encore chez les miens. Je ne reverrais certainement jamais les miens mais peu importait ... je savais que je vivrais d'autres moments exaltants dans la capitale, je verrais du monde, des gens et des événements que je n'aurais jamais vu ailleurs, si j'étais resté dans ma morne province. J'idéalisais sans doute beaucoup, encore un peu sous l'effet de ce que j'avais fumé mais cela me convenait sans doute.

Et ce soir j'allais aussi découvrir l'endroit où habitait Jean. J'avais osé lui faire cette proposition de le remercier à ma façon pour cette soirée. Il avait bien sûr compris quelle était ma façon de le remercier et ne l'avait pas refusée. Nous avions fait le voyage dans u fiacre que le cocher avait conduit vivement dans les rues de la capitale. C'était la première fois que j'expérimentais ce mode de transport et, certes toujours un peu sur mon nuage, j'en étais toute émerveillée. Je n'avais pas bien compris quand Jean m'avait dit que "je serais sans doute la dernière" ... de quoi parlait-il, je n'osais lui poser la question et peu importait.

Nous venions d'arriver. Toujours aussi parfait gentleman, il me précéda pour monter l'escalier qui était bien sombre. Quand il ouvrit la porte de son appartement je ne vis que peu de choses, tout étant bien sombre. Mais cela ne m'empêcha pas d'en être émerveillée, n'ayant jamais vu comme appartement parisien que la misérable chambre sous les toits où m'avait entraînée Arthur avant de me précipiter dans les bras de la maquerelle. Et j'eus l'impression que l'appartement de Jean était superbe et élégamment décorée. J'idéalisais tout mais peu m'importait.

"mon ami ... vous me faites un grand honneur de me conduire dans ce lieu où vous vivez. J'en suis flattée et ... très émue.

Dans le silence qui nous entourait et qui ajoutait au cérémonial du moment, je m'approchait de Jean et lui déposait un baiser sur la joue. Puis le baiser se fit moins chaste et mes lèvres voulurent goûter à la douceur et à la chaleur des siennes. Tandis que je l'embrassais je défis son costume ainsi que son gilet que je posais sur une chaise. J'étais dans ses bras et je me sentais bien, loin des tracas habituels. Je n'étais plus là la femme légère que j'étais devenue mais ... j'oserais presque dire une femme normale.

"Jean ... après cette soirée je verrais la vie d'un autre œil ... et je vous en sais gré. Même lorsque je passerais un moment avec des .... avec mes futurs clients, j'aurais moins honte et en souffrirait moins... peut-être plus du tout. "

J'étais dans ses bras et ces confidences venaient tout naturellement. J'eus cependant une hésitation.

"cela ne vous choque pas que je dise cela mon ami ?"

J'avais furieusement envie de sentir la chaleur de son corps contre le mien, la douceur de ses caresses, son souffle chaud et rassurant.
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Louison Delorme
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptyDim 2 Juin - 1:40

Cette soirée resterait pour moi inoubliable, d'abord parce que j' avais appris de la bouche de Jean que quelqu'un, le directeur des Folies Bergère, était prêt à me racheter pour me faire travailler dans on établissement. Je savais bien que cela ne me couperait pas du milieu qui était désormais le mien, que mon corps constituait ma source de revenu principal, que ce fut parce que je danserais aux Folies ou parce que je continuerais à recevoir chez moi ... mais je serais plus libre que je ne l'étais aujourd'hui. Un petit détail qui changeait beaucoup de choses. Cela ne voulait pas dire que Louise Cottin n'était pas définitivement morte et enterrée. Mais l'épisode avec Arthur s'éloignait et c'est cela qui me réjouissait.

Et c'était d'autant plus vrai qu'en ce matin, car il devait être bien tard à cet instant, je venais de franchir le seuil de la demeure de Jean. Cet homme était décidément délicieux. Il y avait chez lui tellement d'attention et de douceur. Nous étions dans sa chambre et je n'éprouvais aucune honte, bien au contraire. J'appréciais la douceur de sa main qui courrait sur ma joue. Il me rassurait par sa manière de dédramatiser ce qui était ma situation de prostituée depuis qu'Arthur m'avait mise entre les mains de la mère maquerelle. Je soupçonnais certes que Jean fréquentât plus souvent qu'à son tour des prostituées mais il savait me mettre à l'aise, cherchait à me déculpabiliser. Son baiser était si doux ...

Nos corps ne firent rapidement qu'un et je cherchais à lui donner le plaisir qu'il attendait et qu'il méritait. La sensation que j'éprouvais était tellement différente de tout ce que j'avais vécu jusque là. Je lui rendais ce qu'il m'avait permis de vivre ce soir-là avec cette expérience si nouvelle à l'œil d'Eboli, le plaisir que pouvait provoquer l'opium, mais aussi d'avoir appris que je recouvrais une certaine forme de liberté. Je lui devais bien cela. Mais je n'éprouvais nulle contrainte et je faisais l'amour d'une façon jamais connue depuis que j'avais quitté ma famille. Ce fut une folle sarabande dans son lit et quand nos corps se séparèrent, épuisés de s'être tant donné, la moiteur des draps nous collait à la peau. J'étais épuisée et ravie de constater qu'il en était de même de Jean. Je crois que mes yeux se fermèrent après cette chevauchée.

Je sentis la caresse de ses doigts courant sur mon dos, effleurant peau. J'ouvris péniblement les yeux et le regardait, souriant et bien dans ma peau. Il me demanda si j'avais réfléchi à un nom de scène pour les Folies bergères. Je lui souris de plus belle et me lovais contre lui, voulant sentir la chaleur et la douceur de son corps..

"Non mon ami ... je n'y ai pas songé ... mais ... je sui certaine que vous, de votre côté, avez une petite idée, voire .... une très bonne idée sur ce sujet...."

J'avais constaté qu'il me tutoyait et cela me combla. Je restais une fille que l'on appelait "de petite vertu" mais je savais pouvoir compter sur Jean.

"il me faudrait certainement un nom à consonance orientale puisque je devrais faire quelques numéros de danse du ventre... "

Je me collais à Jean, voulant sentir la chaleur rassurante de son corps.


Dernière édition par Louison Delorme le Jeu 6 Juin - 18:18, édité 1 fois
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Jean de Fréneuse
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptyMer 5 Juin - 10:41

Une idée... Une très bonne idée ? Jean secoua la tête.

- Non... Je n'y ai pas songé. Je me suis contenté de transmettre le message, tu sais, je ne suis pas doué pour les affaires du spectacle.

Il avait répondu cela légèrement sur la défensive, comme si quelque chose l'avait vexé. Dans les faits, pour un homme qui avait pour profession de foi de vivre, loin des divertissements de la masse et des esthétismes des élites ; pour un homme qui était tout un héritage, d'histoire et de valeurs, se voir ramené aux simples préoccupations des imprésarios avait quelque chose de presque déplacé. Cependant, il se reprit bien vite : qu'y pouvait une pauvre fille ? Il ajouta bien vite, évitant un peu son regard :

- Mais j'peux essayer d'y réfléchir avec toi, si tu veux... Voyons... Tu as raison. Il faut quelque chose qui fasse oriental, mais c'que j'y connais, à ces choses-là... ! Salammbô ? Mais il faudrait pour cela danser avec un serpent, sinon ça n'a pas de sens... Je ne sais pas si tu serais ravie de danser avec un gros serpent...

Il se redressa un peu puis, dans un élan nerveux, s'élança vers la carafe et la bassine de toilette. Il porta un peu d'eau à son visage. Il rattrapa, semble-t-il, quelques bribes de son esprit au fond de la vasque.

- Ah, suis-je bête de n'y avoir pas pensé ! Que dirais-tu de Salomé ? Mais... attention ! il faut un instinct de croqueuse d'homme... Tu penses que ça irait ? - Un temps. Et retournant avec un semblant d'hésitation jouée vers le lit - Tu n'es pas du genre à réclamer la tête de l'homme que tu aimes à ceux que tu auras séduit, n'est-ce pas ? Ta carrière pourrait être de courte durée si c'était le cas...

Et, savourant ses bêtises, il reprit place dans le lit.

Citation :
Et voilà ! D'ailleurs, je me permets de signaler un petit quelque chose : ton premier paragraphe n'a pas de fin, donc je suppose qu'il y a eu un petit souci technique. Wink
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptyJeu 6 Juin - 19:27

Allongée dans le lit, je savourais ce moment de calme et baignait dans l'atmosphère si particulière qui régnait dans la chambre de Jean. Par certains côtés tout cela me ramenait irrésistiblement aux années tranquilles et faciles que j'avais vécues chez mes parents. Je chassais rapidement les pensées qui m'entraînaient vers la famille bourgeoise de province qui avait été la mienne. Je savais que Louise Cottin était morte et que je la ferais pas renaître. Je serais bientôt cette danseuse orientale aux Folies Bergères, lascive et sensuelle, cherchant à séduire et envoûter la clientèle masculine. Femme fatale assumée, libre de mes choix jusqu'à un certain point, je profiterais des avantages dont la nature m'avait physiquement dotée, des formes généreuses dont j'avais pu maintes fois constater l'attrait qu'elles exerçaient.

Tranquillement accoudée au fond du lit creusé par nos ébats, lissant distraitement les draps encore empreints de la chaleur du corps de Jean qui venait de se lever un instant pour s'humecter les visage d'un peu d'eau fraîche, je l'écoutais me proposer quelques noms de scène en réponse à ma question. Il avait d'abord été réticent à l'exercice, comme si une sorte de pudeur l'avait retenu, à moins que ce ne fut qu'il considérât la tâche fort éloignée de ses préoccupations habituelles. L'homme restait toujours si mystérieux pour moi.

Le nom de Salomé sortit finalement de sa bouche et mon esprit vagabonda quelque peu à cette évocation. Quelques images défilèrent aussitôt dans ma tête, une peinture que j'avais eu l'occasion de voir lors de mes rares sorties de ma vie parisienne, mais aussi ces pages de Gustave Flaubert que j'avais lues en cachette, dans ma famille, jeune fille avide de lecture souvent sensuelle.... « Sans fléchir ses genoux en écartant les jambes, elle se courba si bien que son menton frôlait le plancher ; et les nomades habitués à l'abstinence, les soldats de Rome experts en débauches, les avares publicains, les vieux prêtres aigris par les disputes, tous, dilatant leurs narines, palpitaient de convoitise...» et ces vers de Mallarmé qui, par un fâcheux oubli de ma part, avaient été trouvés dans ma chambre ce qui m'avait fait subir les foudres de mes parents ... «des calices De mes robes, arôme aux farouches délices,
Sortirait le frisson blanc de ma nudité,
Prophétise que si le tiède azur d’été,
Vers lui nativement la femme se dévoile,
Me voit dans ma pudeur grelottante d’étoile, ...»


Ce nom me plait décidément beaucoup et je m'amuse des remarques de Jean sur le caractère de croqueuse d'hommes de Salomé. Il est vrai que cette danse qui a éveillé un instant mon imagination et mes sens était pour demander la tête de Jean Baptiste à son beau-père. Je serais certes beaucoup plus paisible que cela et je pourrais croquer les hommes d'une toute autre façon.

"croqueuse d'homme ... l'idée ne me déplait pas ... pourvu que cela reste tout en sensualité ... et sans violence aucune ... Salomé ... l'idée est fort intéressante et je la retiens..."

Mon doigt courait sur la poitrine de Jean qui était revenu prendre place à mes côtés dans le lit. Puis mes lèvres remplacèrent le doigt avant que je ne le regarde longuement, un sourire au coin des lèvres...

"pensez-vous que les hommes aimeront être croqués par Salomé, danseuse aux Folies Bergères ? ... et ... vous mon ami?..."

Spoiler:
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptySam 8 Juin - 5:35

Le nom la rendit songeuse un instant. Dans la pénombre, Jean l'observait, se demandant bien ce qui se passait dans cette jolie tête qui semblait légère - si légère... Il était sans doute à mille lieues de penser que cette belle fille, qui ne semblait jurer que par les plaisirs matériels, se remémorait des souvenirs littéraires. La mauvaise graine était la mauvaise graine, n'est-ce pas... ? Elle répondit d'ailleurs avec une audace certaine qui le fit rire. Lorsqu'elle releva la tête, il lui saisit le menton et soutint son regard. Le sien, rendu plus noir encore dans l'obscurité de la chambre, brûlait à présent de curiosité :

- Vous ne semblez avoir peur de rien, c'est curieux. Jouez-vous ?

La question pouvait sembler étrange, mais cette femme, qui semblait avoir si peu d'attache aux choses, si peu de craintes quant aux conséquences des choses. Peut-être se contentait-elle d'exister, telle qu'elle était, à affirmer ses élans et désirs, avec simplicité. Mais quel homme, en 1897, était habitué à voir cela... ?

- Je veux dire... Faites-vous semblant, parce que c'est ce qu'on vous a appris à La Reine blanche... ? Qui êtes-vous vraiment, quelles sont vos aspirations, au fond ?

Il était retourné au vouvoiement, comme par réflexe. Non qu'il s'était tant éloigné, mais ces revirements, ces jeux entre le "tu" et le "vous" étaient monnaie courante. Et lâchant le menton de Louison, il ajouta, songeur :

- Mais je pense qu'ils ne diraient pas non, en effet.

Un soupir... la bougie mourut. Jean tendit la main vers le tiroir de la table de nuit, y saisit une bougie. Il chercha ensuite, en tâtonnant, une boîte d'allumettes...

- Fichtre, pas moyen d'remettre la main sur ces fichues allumettes... Tant pis ?

Et si Louison ne put voir son sourire dans le noir, elle put sans doute le deviner au ton de sa voix.
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptyDim 9 Juin - 19:03

J'aimais parler avec une certaine légèreté, ne serait-ce que pour oublier que la vie parisienne n'avait pas été jusque-là à la hauteur de ce que j'en attendais, c'est le moins que l'on puisse dire. Cette vie avait pourtant pris au cours de cette soirée un tournant que j'appréciais et qui, à mes yeux, m'ouvrait de nouveaux horizons. L'expérience du fumoir avait aussi libéré en moi le trop plein de réserve qui s'était accumulé. Les effets de l'opium s'étaient certes à peu près totalement estompés mais j'en étais malgré tout ressortie une autre femme.

Et mon commentaire sur la croqueuse d'hommes, précédée de quelques réminiscences littéraires qu'une jeune fille de bonne famille n'aurait sans doute pas dû emmagasiner, avait visiblement mis Jean en joie. Il rit et je pris ce rire comme un encouragement et un compliment. Il me demanda si je jouez et je dois dire que la question me prit quelque peu de court. Et, tandis qu'il tenait un instant mon menton dans sa main, je me mis à réfléchir à cette question que je ne m'étais jamais posée en fait. J'avais sans doute envie de jouer avec la vie ... avec les hommes. Et cette existence qui s'ouvrait devant moi ne serait peut-être pas un choix par défaut. Plaire aux hommes, les séduire, oser braver certains interdits, m'amuser et profiter des plaisirs de la vie ... n'était-ce pas là des aspirations enfouies en moi depuis mon adolescence et que les circonstances, aussi sordides furent-elles parfois, avaient peu à peu mises en lumière.

"Ne faut-il pas prendre la vie comme un jeu mon ami ? ... et je suis décidée à la prendre ainsi. On ne gagne pas à tous les coups mais je vous suis reconnaissant de m'avoir aidée à comprendre que ... cette année passée à la Reine Blanche était un mal ... nécessaire..."

La bougie s'étant éteinte, nous étions maintenant de nouveau dans l'obscurité de cette nuit si importante et pas encore achevée. J'entendais que Jean cherchait les allumettes et pestait de ne pas pouvoir mettre la main dessus.

"Le petit souffle de liberté que j'ai senti ce soir me plait beaucoup ... et je sais que je ne dois pas avoir honte de plaire aux hommes ... de les séduire. Je ne vous choque pas Jean ..."

Question ou affirmation, le doute pouvait être permis dans mon intonation. Mais je savais que je ne le choquais pas. Je savais aussi qu'il ne lui déplaisait pas que je sois là, dans son lit. Je ne connaissais pas vraiment sa vie, s'il avait de la famille ou pas. Je ne connaissais de lui que l'homme qui fréquentait les milieux un peu troubles de la vie parisienne. Mais n'était-ce pas le lot de beaucoup d'hommes de cette ville. Et cela m'ouvrait quelques perspectives intéressantes. Jean venait de reconnaître que les hommes aimeraient être croqués par Salomé, la danseuse, et je perçus dans sa voix qu'il se classait dans cette catégorie. Comme je perçus aussi dans sa voix qu'il ne regrettait pas de ne pas trouver les allumettes. Nous étions dans le noir et la chaleur de mon corps nu à ses côtés avait réveillé en lui quelques désirs bien naturels. Louise avait définitivement disparu, retournée dans les oubliettes de sa province natale. Louison, ou Salomé, la sensuelle courtisane allait déployer tout son art pour que ce moment reste gravé dans le souvenir de celui dont je partageais le lit en cette nuit... Je pressai ma cuisse contre lui, mon visage se pencha sur lui, dans l'obscurité et mes lèvres coururent, légères et brûlantes, sur la poitrine de Jean, cherchant un instant sa bouche, s'y attardant un moment avant de redescendre lentement. Je constatai à quel point il brûlait d'un désir à assouvir. Et je m'y employai.
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Jean de Fréneuse
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptyMar 11 Juin - 4:41

Ne faut-il pas prendre la vie comme un jeu, mon ami ? Jean eut un pauvre sourire, un peu triste, lorsqu'il entendit cette question. Cela le tentait, bien sûr... Mais à présent, les dés étaient jetés et il était trop tard, n'est-ce pas... ? Il resterait aliéné à sa belle petite vie, avec son épouse, ses enfants et la somme de ses obligations sociales. A rebours, Louison, qui semblait si prisonnière - de son destin, de sa condition - semblait libre à jamais. L'étrange et triste paradoxe... ! L'heure, pourtant, n'était point à la philosophie, et la jeune femme l'avait bien compris.

- Non, fort étrangement, vous ne me choquez pas, répliqua-t-il.

Et puis il la laissa faire et, fort étrangement, la conversation mourut, au profit d'autre chose... Singulière chose que le désir, qui vous laisse pantelant, presque sans conscience... Le noir et le silence de la maison les accompagnèrent, dans leurs luttes et leurs caresses... Sans doute brisèrent-ils un peu trop la tranquillité de la vieille maison car, soudain, la tuyauterie résonna de quelques coups bien sentis et l'on entendit une voix, étouffée, qui venait du dessus :

- C'est pas bientôt fini ? J'vais appeler les mœurs, moi ! Débauché !

Jean laissa crier, Louison dans ses bras... Ce ne fut que lorsqu'ils s'écroulèrent de nouveau dans le lit qu'il lâcha, après un temps de silence :

- Vous êtes délicieuse... et nous gênons les voisins. Mais qu'ils se rassurent, cela ne devrait plus durer. Hélas ! cette chambre appartiendra bientôt à un autre. Fini l'appartement de célibataire ! je me marie... - Et pour rassurer la jeune femme il ajouta, sans y songer - Mais je viendrai assister à vos débuts au music-hall, bien entendu. Vous irez loin, je crois - je l'espère pour vous... Vous semblez prête à prendre tous les risques.

Il fit mine de se lever mais se ravisa.

- Nul besoin de bougie, voyez. L'aube ne va pas tarder, il doit être près de cinq heures...

Et, une main s'égarant dans les cheveux dénoués de la jeune femme, il ajouta, baissant la voix :

- Je crains qu'il ne soit bientôt temps de vous ramener... Mais avant, vous vous rafraichirez un peu... Puis je sonnerai François bientôt et il apportera deux chocolats, vous voulez bien ?

Au loin, un coq chanta.
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MessageSujet: Re: 1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean)   1897 - huit mois déjà et il ressurgit du passé (PV Jean) - Page 2 EmptySam 3 Aoû - 5:01

C'était si différent des relations que j'avais eues avec des hommes depuis des mois. Ces moments d'étreinte charnelle avec Jean me faisaient tellement de bien. Il m'avait fallu attendre si longtemps mais je n'étais pas déçue et je crois bien que cet homme si mystérieux ne l'était pas non plus. Ce fut une succession de cavalcades effrénées qui transforma le lit en un vaste champ de bataille et fit résonner la chambre de soupirs et de gémissements, chacun de nous deux répondant à l'autre dans un plaisir totalement partagé. Les échos devaient aller bien au-delà des murs de la garçonnière car il y eut bientôt des coups répétés sur la tuyauterie et quelques éclats de voix réclamant silence et retenue. Cela ne mit pas fin à nos effusions qui durèrent encore un moment avant que nos corps ne s'écroulent, épuisés.

Je reprenais doucement mon souffle, mon corps luisant d'une fine pellicule de sueur, tellement je m'étais donnée. J'écoutais la voix douce de Jean qui m'annonça, presque innocemment, qu'il allait bientôt se marier. Je découvrais ainsi qu'en fait il ne l'était pas, étant restée dans le doute complet au sujet de sa situation familiale depuis que je l'avais rencontré. J'avais eu tellement d'hommes mariés à la reine Blanche que je savais que tout était possible dans les milieux parisiens. J'éprouvais cependant une pointe de tristesse, prenant en un premier temps cette confidence comme un achèvement de notre relation. Pourtant il prit aussitôt soin, pour ma plus grande joie, de venir assister à mes débuts au music hall, aux Folies Bergères. Et il le fit en termes élogieux pour moi ce qui me combla encore plus d'aise. Ses doigts courraient dans ma chevelure, avec cette douceur et ce respect qui caractérisaient bien le personnage. Jean me proposa de me faire reconduire après que nous ayons pris un chocolat préparé par son domestique.

"Jean vous êtes décidément merveilleux et je regretterais presque que vous soyez bientôt marié... Mais vous méritez vraiment d'être heureux. J'espère seulement que cela ne m'empêchera pas de vous faire ... visiter le logement que je pourrais louer dès que j'aurais gagné un peu d'argent... C'est à vous que je dois ce tournant dans ma vie et ... je vous en resterez durablement débitrice ..."  

Il est vrai qu'une nouvelle vie s'ouvrait devant moi et j'étais bien décidée à saisir ma chance. J'étais certaine que l'argent gagné à danser aux Folies Bergères et à recevoir à mon compte quelques messieurs favorablement impressionnés par mes formes et mes prestations de danseuse me permettrait de me faire une petite place.

Je sortis du lit pour aller me rafraichir comme me l'avait proposé mon hôte. Tandis que je marchais calmement dans la pièce, je devinais le regard de Jean ne quittant pas ma silhouette qu'aucun vêtement ne venait cacher à ses yeux. Je revins, après quelques ablutions, et nonchalamment je cachais ma nudité avant que le domestique ne vienne nous apporter les chocolats promis. Il n'y eut pas trop de nostalgie alors que mes yeux observaient le jour naissant à travers le carreau de la fenêtre. Et nous continuâmes à deviser sur un ton que je qualifierais de léger et serein, nos voix par moments entrecoupés de mon rire cristallin et primesautier. Je sentais venir le moment où le cocher serait bientôt dans la rue, attendant de me ramener une dernière fois dans la maison où je venais de passer des moments qui ne seraient bientôt plus qu'un lointain souvenir de ma première vie parisienne.

[HJ : désolée pour mon silence un peu long]
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