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 Police et criminalité

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Pierrot Lunaire
La bouche clownesque ensorcèle comme un singulier géranium
Pierrot Lunaire

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MessageSujet: Police et criminalité   Police et criminalité EmptyLun 25 Avr - 22:55


Police et criminalité Tmp_4a10

La société industrielle a multiplié les rapports entre les différents groupes et, par là, a multiplié les codes de conduite et les interdits. Avec le temps, le Code érigé par Napoléon s'est enrichi, et de nouveaux délits sont apparus. Parallèlement se sont développées des prisons et maisons d'arrêt d'un nouveau type, visant à la fois la répression du crime, la protection de la société et la rééducation des criminels. Enfin, la police découvrait de nouveaux moyens pour retrouver les coupables et traquer les hors-la-loi. Nous nous proposons, dans ce sujet, de revenir un peu sur les formes majoritaires du crime tel qu'il se perpétrait au XIXe siècle et tel qu'on le présente dans l'imaginaire populaire ; de revenir également sur les nouvelles techniques d'investigation de la Police et enfin, sur les punitions connues par les criminels : bagne, prison ou, plus rarement, guillotine ...

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Les Délits et leurs fréquences


Au cours du siècle, la liste des délits s'enrichit constamment, ce qui traduit une évolution progressive des sensibilités : ce qui semblait normal ou peu problématique il fut un temps devient répréhensible aux yeux de la société. Le Code fonctionnant par ces ajouts successifs, on observe naturellement une montée des chiffres de la délinquance ; cela ne signifie pas qu'en 1896, l'on est plus criminel qu'autrefois.

Dans les statistiques des crimes et délits, on observe une double obsession propre à la IIIe République : elle tourne autour de la propriété et de la sexualité. La majorité des délits enregistrés sont en effet des crimes contre la propriété ou contre la morale.

    L'atteinte à la propriété est un délit des plus répandus : il en est venu, au fil du siècle, à supplanter l'homicide. Son chiffre gonfle au fil des années : en correctionnelle, on voit les vols augmenter de 238 % entre 1830 et 1880 ; les escroqueries et abus de confiance de 630 %. La nature de ses délits a également changé avec le temps : reflet de l'exode rural et de l'urbanisation des populations, de l'amélioration et de l'aménagement des routes, le vol de grand chemin baisse sensiblement. Les pillages d'églises semblent eux aussi passés de mode. En revanche, les vols urbains sont en nette progression : cela passe du domestique qui se sert dans les caves de son maître au pick-pocket qui officie dans la rue. Mais plus encore que les différentes formes de vol se généralise tout un faisceau de délits basés sur la ruse et l'astuce : usage de faux, trafics d'influence, etc.

    En un mot, le vendeur et l'escroc sont à présent au centre des préoccupations de la société industrielle. La criminalité de la violence fait place à une criminalité de la ruse, qui menace la propriété et le travail.

    ○ Dans la société moralisante et bourgeoise, les crimes contre la morale sont considérés comme particulièrement problématiques. Sous cette catégorie sont rassemblés des délits très divers : l'adultère est répréhensible d'un point de vue moral, au même titre que les outrages à la pudeur ou les crimes contre les mœurs. La société de la IIIe République est hantée par la terreur du corps, dont elle instaure, à tout instant, le contrôle. La peur de la masturbation hante les dirigeants pénitentiaires autant que les surveillants d'internat. Les délits qui subissent la plus grande inflation sont ceux perpétrés contre les enfants - l'âge légal de l'avance est par ailleurs avancé, passant de onze à treize puis à seize ans.

    Parmi les causes des affaires de mœurs, on incrimine souvent la ville et ses tentations. La population pauvre qui vit dans la promiscuité, se côtoie chaque jour dans les usines représenterait ainsi un terrain fertile aux perversions du siècle. A rebours, on célèbre l'heureuse influence de la campagne sur les moeurs. La ville, a fortiori Paris, devient alors, dans les imaginations, le repaire du vol et du vice, corrompant les paysans qui s'y installent et les poussant aux nouvelles formes de délinquance.

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Différentes catégories sociales face à la Justice


Police et criminalité Femmec10

    Femmes criminelles : Ève, instigatrice du péché originel ; Salomé ou la perversion en marche ; Messaline, l'éternelle prostituée ; nombreuses sont les figures représentant la malignité féminine. Au cours des procès, durant les enquêtes, les femmes apparaît encore, au XIXe siècle, comme l'instigatrice cachée des crimes masculin. On insiste, dans les discours moralisants, sur sa perversité, sa dissimulation : l'immoralité de la femme semblant d'autant plus dangereuse qu'elle est contagieuse.

    Les crimes perpétrés par les femmes, en revanche, apparaissent comme peu menaçants, sa violence étant bornée par sa faiblesse naturelle. Dans l'imaginaire, la femme ne peut ainsi s'en prendre qu'à plus faible qu'elle : enfant ou vieillard ; et ses crimes sont limités au seuil domestique. Ses armes de prédilection sont le feu et le poison, les armes du faible par excellence.

    Tout au long du XIXe siècle, une attention toute particulière est portée sur les crimes des femmes à l'encontre des enfants. Jugé contre-nature, l'infanticide choque et révolte. La femme qui tue sa progéniture est monstrueuse, dégénérée sinon folle. L'avortement, pratique relativement admise, inquiète également les populations dirigeantes quand le spectre de la dépopulation vient frapper les consciences. Si on le pardonne à la femme ignorante et pauvre, on fustige les femmes cultivées qui y ont recours. Ce qui se mettait sous le compte de l'ignorance devient alors une perversion aux yeux des autorités.

    Au final, la femme est très présente, dans les intrigues de justice. On craint sa mauvaise influence et, en tant que figure du désir, elle représente souvent un danger. L'on peut ajouter à cela la crainte du risque vénérien qui mène à une surveillance accrue des filles publiques. Cependant, malgré cette omniprésence dans les discours de morale et de prévention, la femme pèse bien peu au final sur la balance de la Justice : les procès de femmes sont bien moins nombreux, les acquittements plus automatiques ; et l'on évite, dans tous les cas, la condamnation à mort.


Police et criminalité Bibi_l11

    Le Vagabondage représente un délit depuis 1810. Au tournant du siècle, cependant, la répression s'intensifie, et la définition du vagabondage devient plus précise : aux hommes sans domicile certain et n'ayant pas de moyen de subsistance s'ajoutent ceux gagnant leur pain par le jeu, la mendicité ou la prostitution. Dans une société qui se stabilise et s'ordonne, l'errant, considéré comme dangereux et même anormal, est le problème à éradiquer. En ce sens, les chiffres du vagabondage augmentent, parallèlement à la montée de la répression. L'année 1890 constitutue un point culminant : l'on compte pas moins de 50 000 arrestations pour vagabondage pour 20 000 poursuites. A cette époque, alors en pleine dépression économique, les vagabonds représentaient 2% pour la population. C'est beaucoup, mais il faut garder en mémoire que le vagabondage était encore bien plus répandu au XVIIIe siècle et que par rapport à l'époque classique, le vagabondage du XIXe n'était plus qu'un reste dérisoire. En ce sens, les autorités, les médecins, les journalistes relaient un discours semblable, tenant à peindre le vagabond comme vicieux et coupable.

    Le vagabond est en effet le fainéant qui refuse l'effort et le labeur, dans une société qui se fonde sur la répartition et la hiérarchisation du travail. Main d'œuvre intermittente, il est présenté comme incapables de se fixer sur une tâche en particulier, et se caractérisent par leur absentéisme. Ils sont coupables, souvent, de petits délits - et les criminologues assurent qu'entre le vagabondage et le crime, il n'y a qu'un pas. Se cantonnant le plus souvent à des délits mineurs, il constitue la majorité des multi-récidivistes dont la Justice ne sait que faire. Au vagabond est par ailleurs associée une criminalité spécifique : faible lui-même, il menace souvent les faibles ; affamé sexuel, il est accusé d'agressions envers les femmes et d'outrages à la pudeur. Il est aussi associé au névropathe, d'après les travaux des médecins et aliénistes : Charcot lui-même théorise un syndrome de l'errance et de la fugue, "l'automatisme ambulatoire".

    En un mot, le vagabond, clochard ou galvaudeux est vu comme une anomalie par la société de la fin du XIXe siècle. Considéré comme dangereux, d'un point de vue sécuritaire comme hygiéniste, il est subversif presque malgré lui, par son refus du travail et de la propriété, préférant vivre dans la rue plutôt que de se plier aux contraintes du travail d'usine. L'État ayant réussi à éradiquer le vagabondage de groupe par des contrôles incessants, il est fondamentalement solitaire et toujours poursuivi.

    Les étrangers, à partir des années 1880, attirent à leur tour le soupçon. C'est notamment le cas des italiens, employés à de basses tâches. Que l'on ne se méprenne pas, en effet : si l'étranger pauvre est craint, on tolère très bien l'étranger riche, même si on le considère avec mépris. C'est le cas des riches américains et autres rastaquouères (gens ayant fait fortune en Amérique latine et venus flamber à Paris), dont on déplore les moeurs et attitudes excentriques, mais dont on accepte l'argent.


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Les Débuts de la police scientifique


Police et criminalité Signal10

Les méthodes de la Police ont longtemps été assez primitives. Il faut dire que jusque dans les années 1830, un criminel récidiviste était aisément identifiable : on essorillait ou on marquait encore au fer rouge les plus dangereux d'entre eux. A la fin du XIXe siècle, les choses ont changé, et la police a recours à divers moyens, souvent nouveaux, pour retrouver les coupables.

    ○ Le casier judiciaire existe depuis longtemps car il a été créé en 1848, sous l'impulsion du magistrat Arnould Bonneville de Marsangy. Il s'inscrit dans un mouvement d'individualisation des peines et de lutte contre la récidive. Grâce à lui, on peut prendre connaissance des antécédents du prévenu, et adapter son jugement selon son passé criminel.

    L'identification judiciaire a été initiée à la préfecture de Police de Paris par Camescasse, en 1882, à partir des travaux menés par Alphonse Bertillon. Elle s'étend rapidement au reste de la France et aux pays voisins. Le signalement ne comportait, jusqu'ici, que de vagues descriptions basées sur le souvenir. Inutile de préciser qu'à ce train-là, les prévenus n'avaient aucun mal à faire croire au quiproquo et à échapper à la Justice. Cette nouvelle méthode consiste à créer un fichier, recensant tous les détenus et personnes ayant été arrêtées. Chaque fiche comporte ces éléments : une photographie de profil et de face (Bertillon avait remarqué les anciens clichés, pris sans méthode, et permettant rarement une identification certaine du suspect) et plusieurs renseignements (couleur de l'iris, nuance des cheveux, empreintes digitales, marques particulières). Parallèlement a été mis au point un système de classement de ces mêmes fiches, organisé selon les différentes mensurations du corps. Bertillon fonde ainsi une section photographique et une section anthropométrique dans le laboratoire des expertises criminelles.

    Notons que le classement initié par Bertillon n'a aucunement recours à des données ethniques. Ce dernier ne cherche ni à prouver la tendance de certaines ethnies à la délinquance ni à établir un "type physique" du criminel, comme l'ont tenté les physiognomonistes avant lui. Son système vise à rationaliser le classement des fiches de détenus et criminels, afin de retrouver et d'identifier d'éventuels suspects. Pour la première fois, la Police se veut tout à fait scientifique et vise à l'exactitude documentaire.

    ○ Dès le milieu du XIXe siècle, les forces de Police avaient recours à la photographie pour garder une trace des scènes de crime qu'ils devaient examiner. Mais ces clichés, réalisés selon les moyens du bord, parfois pris par des amateurs, ne visaient pas toujours la stricte reproduction de la réalité. Outre que l'absence d'indications sur le matériel photographique employé empêchait de mesurer et de comparer les clichés entre eux, certains n'hésitaient pas à les retoucher pour les rendre plus esthétiques. Alphonse Bertillon (toujours lui) tentera d'établir une méthode de "photographie scientifique" en 1904, mais ... Nous n'en sommes pas encore là.

    (Nouveau !) Un petit mot, enfin, sur ce qui fait le succès des séries policières aujourd'hui mais n'existe pas encore : le concept de tueur en série. A cette époque, deux criminels peuvent mériter ce titre : Joseph Vacher, qui tua nombre de jeunes bergers et bergères dans le sud de la France (il n'est pas encore arrêté à l'époque du jeu) et Jack l'éventreur en Angleterre, dont l'identité n'est pas connue, et qui aurait assassiné sauvagement cinq prostituées. Mais deux cas (ou un cas et demi, Vacher n'étant pas encore arrêté) ne créent pas une théorie. Cette forme de crime est donc particulièrement méconnue, et personne ne peut, en 1897, réfléchir en terme de mode opératoire, etc. Laissons le temps à la police scientifique de constituer ses méthodes !


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Punitions : prison, bagne, guillotine


Police et criminalité August10

La Prison au XIXe est la solution qui semble la plus évidente pour la plupart des délits : vol, vagabondage, trafic, etc. Elle apparaît comme un appareil disciplinaire complet, qui se doit de prendre en charge absolument tous les aspects de l'existence du condamné : son aptitude au travail, son attitude morale, sa conduite quotidienne, etc. Selon les théoriciens d'alors, ce n'est qu'en exerçant un pouvoir absolu sur le détenu et en rythmant sa vie que la Prison parviendra à remplir son rôle. Dès lors, elle n'est pas seulement une punition : on voudrait qu'elle transforme les individus et les remette dans le droit chemin.

Les centres de détention du XIXe s'organisent selon plusieurs principes. Tout d'abord, ils essaient autant que possible d'isoler l'individu. Il s'agit de couper le condamné du monde extérieur, et de tout ce qui a pu favoriser le passage à l'acte. On veut également isoler les détenus les uns des autres, de peur que les prisons ne participent à la formation de réseaux de complicité. Enfin, cela permet de limiter les influences et de laisser le détenu face à lui-même. Parallèlement, on quadrille sa journée très étroitement : la journée est occupée par le travail et les repas, le soir par la prière. Selon les idées de l'époque, le travail doit obligatoirement accompagner la détention : le vice étant engendré par la paresse et l'oisiveté, il est primordial que l'individu se réhabitue à un dur et juste labeur ...

Dès leurs créations, on accusa beaucoup les prisons. On leur reprocha leurs conditions très dures, les abus de pouvoir des gardiens, etc. Une telle situation ne pouvait apprendre aux détenus le respect la justice républicaine. On montra du doigt son inefficacité même, les chiffres prouvant qu'un passage en prison n'empêchait pas la récidive - au contraire. On déplora également les conditions de libération : sorti de prison, le délinquant est dans l'obligation de montrer un formulaire indiquant son incarcération ... Et se trouve donc dans l'incapacité de trouver un travail, ce qui mène au vagabondage et au délit. Enfin, beaucoup dénoncèrent un système qui, en emprisonnant un criminel, livrait sa famille à la misère ...

La bagne existe encore en 1896. Cependant, les bagnes situés en métropole sont pour la plupart fermés : ainsi celui de Toulon, réputé terrible, cesse d'exister en 1873. A présent, on envoie les condamnés dans les colonies et particulièrement en Guyane française : ainsi, tout en expatriant bon nombre d'individus considérés comme "irrécupérables", on contribuait à peupler de français les territoires. On envoie au bagne les prisonniers politiques (de nombreux Communards seront envoyés à Cayenne), militaires (le capitaine Dreyfus) et les multi-récidivistes. En effet, le bagne apparaît comme la "solution" face à ce problème qui a pris une grande ampleur en cette fin-de-siècle. Le désarroi du gouvernement et des forces de l'ordre face à ce phénomène donne naissance en 1885 à la loi Waldeck-Rousseau. Les récidivistes assignés au bagne doivent à présent demeurer dans les colonies (un temps égal à leur peine si celle-ci n'excédait pas huit ans ; à vie en cas de condamnation plus lourde). En un mot : attention à vous si vous commettez de graves délits !

Les conditions de vie dans les bagnes sont très mauvaises. Les détenus sont assignés aux travaux forcés - tâches très physiques, souvent liées à des travaux d'entretien ou de construction. Les conditions d'hygiène y étaient très mauvaises, même pour le siècle, et le climat devait en perturber plus d'un ... Aussi l'espérance de vie y était-elle très basse : être condamné aux travaux forcés peut revenir à une condamnation à mort, à plus lointaine échéance ...

○ Les exécutions capitales sont relativement peu nombreuses et réservées aux crimes jugés monstrueux (ainsi le tueur en série Joseph Vacher qui, en 1896, assassinait encore les bergers et les bergères par toutes les routes de France sera-t-il exécuté). Les exécutions ne représentent plus des spectacles mis en scène en grande pompe : l'échafaud sur lequel est érigée la guillotine est supprimé par un décret de 1870, et on réalise les exécutions de préférence à l'aube, pour éviter les effets de foule. Parmi le peuple, on cherche toujours à apercevoir le "spectacle" mais la peine capitale commence à changer de statut. On lui préfère la condamnation au bagne, à l'issue presque certaine, et qui semble moins expéditive.

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